Texte de l'entretien :
Jean-Pierre Chevènement s’est lancé dans la course présidentielle le 6 novembre dernier. Il est l’invité de notre page politique pour l’interview du mois et s’explique sur sa démarche.
Le Pays : Ségolène Royal a laissé la porte entrouverte pour d’éventuelles négociations entre le MRC et le PS. Quelle est votre position ?
Jean-Pierre Chevènement : Vous imaginez bien que je ne me suis porté candidat qu’après mûre réflexion. Le débat entre le MRC et le PS est ancien et s’enracine dans l’histoire. Nous étions en désaccord sur la guerre du Golfe et sur le traité de Maastricht quand j’ai décidé avec d’autres camarades de créer le Mouvement des citoyens en 1992-1993. Sur ces deux sujets le temps nous a donné raison : chacun voit bien que l’écrasement de l’Irak a ouvert un boulevard à l’intégrisme. Sur l’Europe le peuple français est revenu sur le oui donné du bout des lèvres en 1992 lors du référendum sur Maastricht. Mais le débat entre le PS et le MRC ne s’est jamais interrompu. J’ai toujours espéré infléchir l’orientation du PS. Avec des résultats inégaux. Je n’ai pas réussi sur le dossier de la Corse, la délinquance, les services publics et la politique industrielle. Mais je sais que ma famille politique c’est la gauche au sens large et dans toute sa diversité.
Jean-Pierre Chevènement s’est lancé dans la course présidentielle le 6 novembre dernier. Il est l’invité de notre page politique pour l’interview du mois et s’explique sur sa démarche.
Le Pays : Ségolène Royal a laissé la porte entrouverte pour d’éventuelles négociations entre le MRC et le PS. Quelle est votre position ?
Jean-Pierre Chevènement : Vous imaginez bien que je ne me suis porté candidat qu’après mûre réflexion. Le débat entre le MRC et le PS est ancien et s’enracine dans l’histoire. Nous étions en désaccord sur la guerre du Golfe et sur le traité de Maastricht quand j’ai décidé avec d’autres camarades de créer le Mouvement des citoyens en 1992-1993. Sur ces deux sujets le temps nous a donné raison : chacun voit bien que l’écrasement de l’Irak a ouvert un boulevard à l’intégrisme. Sur l’Europe le peuple français est revenu sur le oui donné du bout des lèvres en 1992 lors du référendum sur Maastricht. Mais le débat entre le PS et le MRC ne s’est jamais interrompu. J’ai toujours espéré infléchir l’orientation du PS. Avec des résultats inégaux. Je n’ai pas réussi sur le dossier de la Corse, la délinquance, les services publics et la politique industrielle. Mais je sais que ma famille politique c’est la gauche au sens large et dans toute sa diversité.
Vous êtes donc prêt à négocier ?
Ceux qui font courir ces rumeurs totalement infondées, notamment dans Le Nouvel Observateur paru jeudi, ne visent qu’à déstabiliser ma candidature. Il n’y a plus eu de rencontre avec le PS depuis juin. La direction du PS a privilégié un accord avec les radicaux de gauche. C’est son droit. Avec nous, elle se refuse à aborder les questions de fond : la mondialisation, la réorientation d’une Europe qui nous met à la merci des concurrences les plus déloyales et qui nous asservit à la dictature des marchés financiers avec les résultats que nous voyons : chômage de masse qui ne recule pas, précarité, inégalités croissantes. La direction du PS ne nous a fait aucune proposition quand il en était temps. Après avoir beaucoup attendu, j’ai pris la décision de me porter candidat. Pour faire réussir vraiment la gauche. Car s’il faut battre Sarkozy, il faut aussi éviter de nouvelles déconvenues, bref, mettre en oeuvre un projet cohérent.
Beaucoup à gauche estiment que votre décision de vous présenter est un coup de bluff pour obtenir plus de circonscriptions pour les législatives.
C’est mal me connaître. Je me bats avant tout pour faire avancer les idées que je crois bonnes pour la gauche et pour le pays. J’émets de sérieuses réserves vis à vis du projet du PS : sur l’Europe qui n’a pas besoin d’une nouvelle Constitution mais d’une réorientation économique, sur les institutions, car tout en étant favorable à la revalorisation du Parlement, je ne suis pas pour le retour à un régime d’assemblée, sur la politique étrangère où le risque de l’inféodation à la diplomatie américaine est réel, etc.
La question de la seconde circonscription du Territoire de Belfort dont le MRC a demandé le gel n’est toujours pas tranchée.
Je trouve amusant, alors que le PRG a obtenu du PS le gel de 36 circonscriptions, que la même chose ne soit pas possible avec le MRC. Cela traduit un état d’esprit révolu, et même, sur le plan local, une certaine méchanceté que, franchement, je ne pense pas avoir méritée. En particulier dans le Territoire de Belfort où je n’ai quand même pas rien fait. C’est de l’antichevènementisme primaire ! Les Verts, les communistes vont aussi obtenir des circonscriptions où le PS ne présentera pas de candidat. Pourtant, eux, ont un candidat à l’élection présidentielle. C’est le « deux poids, deux mesures » !
Selon un sondage Ipsos paru la semaine dernière vous êtes crédité de 1,5 % des intentions de vote. Cela suffit-il pour peser dans la campagne ?
Le CSA me créditait de 3 à 4 % des intentions de vote : en admettant qu’il y a 30 millions d’électeurs 1,5 % représente 450 000 électeurs et 4 % 1,5 million : le nombre de voix que j’ai obtenues en 2002. La campagne débute à peine, mon premier meeting aura lieu le 28 novembre au gymnase Japy à Paris (XIème). J’ai toujours pensé que ce serait difficile au début, mais que je conquerrai progressivement mon espace, parce que mon projet est cohérent et qu’il répond aux attentes des classes populaires. Tous les autres ne peuvent pas en dire autant.
Le MRC est un petit parti politique. Avez-vous les moyens de financer une campagne ?
Les bulletins, affiches et professions de foi sont payés par l’État. Même avec 1 million d’euros, j’aurai quand même les moyens de faire une campagne, certes courte mais intense. Je suis très résistant et je serai très présent ; mes arguments sont solides et je fais confiance à la force des idées. Le peuple français a parlé fort le 29 mai 2005. Cela ne doit pas rester sans suite. J’ajoute que j’ai dans le pays des réseaux de sympathisants nombreux. Je leur fais confiance pour se mobiliser parce que l’enjeu c’est, bien sûr, de battre M. Sarkozy avec tout ce qu’il représente de régression sociale, de politique de sécurité gesticulatoire et de capacité de division du pays. Mais je veux surtout mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités. Seule la réorientation de l’actuelle construction européenne permettra d’éviter de nouvelles déconvenues.
Un jour vous dites, et vos amis avec vous, que vous irez jusqu’au bout. Le lendemain vous dites que si Le Pen présente un risque au premier tour, vous « préconiserez la réunion de tous les candidats de gauche ». Vous ne craignez pas de brouiller les pistes et de rendre votre position illisible ?
Je suis très clair : je suis candidat parce que nous ne pouvons pas faire l’économie du débat. La campagne présidentielle est l’occasion unique de fixer les grandes orientations de la politique du pays. Par ailleurs, il va de soi que le candidat de gauche arrivé en tête au premier tour devra recevoir le soutien des autres au second. Je n’ai pas prononcé le mot « retrait ». J’ai préconisé une concertation si Le Pen était présent et représentait effectivement une menace.
Mais que ferez-vous si Jean- Marie Le Pen obtient ses 500 parrainages ?
Il ne les a pas encore et il n’est pas souhaitable qu’il les obtienne. Les maires ont un rôle de filtre démocratique à jouer. Ceci étant, en 2002, personne ne lui accordait la moindre chance avant le premier tour — il avait obtenu 5,9 % des suffrages aux élections européennes de 1999. Il a fallu que le candidat socialiste fasse beaucoup de bêtises pour passer derrière Jean-Marie Le Pen. Maintenant, nous devons être plus vigilants. J’ai proposé, si par malheur il y avait un risque Le Pen, une réunion de tous les candidats de gauche avant le premier tour pour apprécier la situation. Je prendrai mes responsabilités et j’attends que les autres en fassent autant.
Dans votre programme vous prônez une Europe de coopérations à géométrie variable. Cela ne risque-t-il pas de rendre encore un peu plus floue la construction européenne ?
Au contraire : il est inévitable que nous allions vers une Europe qui avance à plusieurs vitesses quand on est 27, et bientôt 30. C’est d’ailleurs déjà le cas au niveau de la zone euro, qui ne comprend que douze pays. Mais je ne suis pas contre l’attribution de délégations de compétences à l’Eurogroupe, par exemple pour la politique de change et la politique budgétaire, à condition qu’il y ait un contrôle démocratique de leur exercice. Un gouvernement économique permettrait de progresser vers une Europe du plein emploi, plus sociale et moins inféodée aux grands intérêts financiers.
Au niveau national, vous misez toujours sur le nucléaire.
Arrêter le programme EPR (réacteur de troisième génération) comme a été arrêté Superphenix en 1997 serait très grave. Ne gâchons pas l’atout essentiel que constitue notre industrie nucléaire, la première du monde. D’autant que le nucléaire n’émet pas de gaz à effets de serre. D’ici 2040, nous avons besoin d’une quinzaine d’EPR au moins en France pour pourvoir à nos besoins en électricité. Or, quand je lis le programme socialiste, je suis très inquiet pour ce programme EPR qui, soit dit en passant, assurera le plan de charge de l’usine Alstom de Belfort pour les décennies à venir…
Votre programme prévoit toute une panoplie d’actions. Comment le financez-vous ?
Ce ne sont pas des mesures dispendieuses. En ce qui concerne les universités, par exemple, (augmentation de 25 % en cinq ans des dotations de l’enseignement supérieur, sur la base de projets N.D.L.R.) c’est un effort comparable à celui consenti dans les années quatre-vingt pour la recherche. Nos universités sont extrêmement pauvres il faut les remettre à niveau. Autre exemple : la hausse d’un tiers des places en crèche. L’effort fait à Belfort, où nous offrons plus de 500 places, nous pouvons le faire au niveau du pays.
Vous vous êtes, vous aussi, déclaré partisan d’un assouplissement de la carte scolaire. C’est-à-dire ?
Je pense à la mise en place de classes passerelles pour permettre aux enfants des quartiers d’habitat populaire de se rendre, sur la base de leurs résultats, dans d’autres établissements. On peut aussi penser à un redécoupage de la carte notamment avec la technique américaine du busing : des autobus gratuits qui emmènent les élèves dans certains établissements. Tout cela de façon à réaliser une vraie mixité sociale.
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Le chiffre 8
C’est le nombre de « chantiers » que Jean-Pierre Chevènement se propose d’ouvrir pour faire « vivre le modèle républicain ». Parmi les propositions, citons la mise en place d’un examen probatoire avant l’entrée en classe de 6e « pour vérifier l’acquisition des apprentissages fondamentaux et éviter les échecs ultérieurs », la mise en place de centres de rééducation par le travail pour les multirécidivistes, le « bouclier-logement » ou encore la création d’une « école des parents ». Le candidat prône par ailleurs six chantiers pour « remettre la France d’aplomb ». Il prévoit, entre autres, de consacrer au moins 2 % du PIB à la Défense
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Mots clés
Nation :
« La nation, c’est la communauté des citoyens, sans distinction d’origines. Cela n’a rien à voir avec la conception de M. Le Pen. »
République
« La République, c’est un corps de principes : la liberté ; la laïcité, qui est une conception très moderne ; l’égalité des hommes et des femmes, l’égalité de tous face à la loi, l’égalité des chances ; la fraternité, avec le refus du racisme ; la citoyenneté comme équilibre indissociable entre les droits et les devoirs, et la souveraineté populaire, car sans elle il n’y a pas de démocratie. ».
Europe :
« Je ne fais pas dans le pia-pia européiste mais je suis autant, sinon plus européen que d’autres. Je crois à la nécessité de faire émerger un acteur européen stratégique au 21e siècle. Mais aujourd’hui l’euro cher pénalise nos exportations, décourage l’investissement, précipite les délocalisations. Le marché européen est ouvert à tous les vents. Il est temps de prendre des mesures anti dumping social et de réorienter la construction européenne pour préserver le tissu industriel et relancer la croissance et l’emploi. »
Taux d’activité :
« Je n’ai jamais été un religionnaire des 35 h. Le travail est un flux et l’augmentation des taux d’activité est notre principale marge de croissance. Il faut que les salariés puissent travailler plus, en gagnant plus bien sûr. Le taux d’activité de la France est trop bas, c’est le plus bas du monde. Nous avons donc des réserves de croissance : utilisons-les pour le progrès social, l’amélioration des salaires et la hausse du pouvoir d’achat. »
Ceux qui font courir ces rumeurs totalement infondées, notamment dans Le Nouvel Observateur paru jeudi, ne visent qu’à déstabiliser ma candidature. Il n’y a plus eu de rencontre avec le PS depuis juin. La direction du PS a privilégié un accord avec les radicaux de gauche. C’est son droit. Avec nous, elle se refuse à aborder les questions de fond : la mondialisation, la réorientation d’une Europe qui nous met à la merci des concurrences les plus déloyales et qui nous asservit à la dictature des marchés financiers avec les résultats que nous voyons : chômage de masse qui ne recule pas, précarité, inégalités croissantes. La direction du PS ne nous a fait aucune proposition quand il en était temps. Après avoir beaucoup attendu, j’ai pris la décision de me porter candidat. Pour faire réussir vraiment la gauche. Car s’il faut battre Sarkozy, il faut aussi éviter de nouvelles déconvenues, bref, mettre en oeuvre un projet cohérent.
Beaucoup à gauche estiment que votre décision de vous présenter est un coup de bluff pour obtenir plus de circonscriptions pour les législatives.
C’est mal me connaître. Je me bats avant tout pour faire avancer les idées que je crois bonnes pour la gauche et pour le pays. J’émets de sérieuses réserves vis à vis du projet du PS : sur l’Europe qui n’a pas besoin d’une nouvelle Constitution mais d’une réorientation économique, sur les institutions, car tout en étant favorable à la revalorisation du Parlement, je ne suis pas pour le retour à un régime d’assemblée, sur la politique étrangère où le risque de l’inféodation à la diplomatie américaine est réel, etc.
La question de la seconde circonscription du Territoire de Belfort dont le MRC a demandé le gel n’est toujours pas tranchée.
Je trouve amusant, alors que le PRG a obtenu du PS le gel de 36 circonscriptions, que la même chose ne soit pas possible avec le MRC. Cela traduit un état d’esprit révolu, et même, sur le plan local, une certaine méchanceté que, franchement, je ne pense pas avoir méritée. En particulier dans le Territoire de Belfort où je n’ai quand même pas rien fait. C’est de l’antichevènementisme primaire ! Les Verts, les communistes vont aussi obtenir des circonscriptions où le PS ne présentera pas de candidat. Pourtant, eux, ont un candidat à l’élection présidentielle. C’est le « deux poids, deux mesures » !
Selon un sondage Ipsos paru la semaine dernière vous êtes crédité de 1,5 % des intentions de vote. Cela suffit-il pour peser dans la campagne ?
Le CSA me créditait de 3 à 4 % des intentions de vote : en admettant qu’il y a 30 millions d’électeurs 1,5 % représente 450 000 électeurs et 4 % 1,5 million : le nombre de voix que j’ai obtenues en 2002. La campagne débute à peine, mon premier meeting aura lieu le 28 novembre au gymnase Japy à Paris (XIème). J’ai toujours pensé que ce serait difficile au début, mais que je conquerrai progressivement mon espace, parce que mon projet est cohérent et qu’il répond aux attentes des classes populaires. Tous les autres ne peuvent pas en dire autant.
Le MRC est un petit parti politique. Avez-vous les moyens de financer une campagne ?
Les bulletins, affiches et professions de foi sont payés par l’État. Même avec 1 million d’euros, j’aurai quand même les moyens de faire une campagne, certes courte mais intense. Je suis très résistant et je serai très présent ; mes arguments sont solides et je fais confiance à la force des idées. Le peuple français a parlé fort le 29 mai 2005. Cela ne doit pas rester sans suite. J’ajoute que j’ai dans le pays des réseaux de sympathisants nombreux. Je leur fais confiance pour se mobiliser parce que l’enjeu c’est, bien sûr, de battre M. Sarkozy avec tout ce qu’il représente de régression sociale, de politique de sécurité gesticulatoire et de capacité de division du pays. Mais je veux surtout mettre la gauche à la hauteur de ses responsabilités. Seule la réorientation de l’actuelle construction européenne permettra d’éviter de nouvelles déconvenues.
Un jour vous dites, et vos amis avec vous, que vous irez jusqu’au bout. Le lendemain vous dites que si Le Pen présente un risque au premier tour, vous « préconiserez la réunion de tous les candidats de gauche ». Vous ne craignez pas de brouiller les pistes et de rendre votre position illisible ?
Je suis très clair : je suis candidat parce que nous ne pouvons pas faire l’économie du débat. La campagne présidentielle est l’occasion unique de fixer les grandes orientations de la politique du pays. Par ailleurs, il va de soi que le candidat de gauche arrivé en tête au premier tour devra recevoir le soutien des autres au second. Je n’ai pas prononcé le mot « retrait ». J’ai préconisé une concertation si Le Pen était présent et représentait effectivement une menace.
Mais que ferez-vous si Jean- Marie Le Pen obtient ses 500 parrainages ?
Il ne les a pas encore et il n’est pas souhaitable qu’il les obtienne. Les maires ont un rôle de filtre démocratique à jouer. Ceci étant, en 2002, personne ne lui accordait la moindre chance avant le premier tour — il avait obtenu 5,9 % des suffrages aux élections européennes de 1999. Il a fallu que le candidat socialiste fasse beaucoup de bêtises pour passer derrière Jean-Marie Le Pen. Maintenant, nous devons être plus vigilants. J’ai proposé, si par malheur il y avait un risque Le Pen, une réunion de tous les candidats de gauche avant le premier tour pour apprécier la situation. Je prendrai mes responsabilités et j’attends que les autres en fassent autant.
Dans votre programme vous prônez une Europe de coopérations à géométrie variable. Cela ne risque-t-il pas de rendre encore un peu plus floue la construction européenne ?
Au contraire : il est inévitable que nous allions vers une Europe qui avance à plusieurs vitesses quand on est 27, et bientôt 30. C’est d’ailleurs déjà le cas au niveau de la zone euro, qui ne comprend que douze pays. Mais je ne suis pas contre l’attribution de délégations de compétences à l’Eurogroupe, par exemple pour la politique de change et la politique budgétaire, à condition qu’il y ait un contrôle démocratique de leur exercice. Un gouvernement économique permettrait de progresser vers une Europe du plein emploi, plus sociale et moins inféodée aux grands intérêts financiers.
Au niveau national, vous misez toujours sur le nucléaire.
Arrêter le programme EPR (réacteur de troisième génération) comme a été arrêté Superphenix en 1997 serait très grave. Ne gâchons pas l’atout essentiel que constitue notre industrie nucléaire, la première du monde. D’autant que le nucléaire n’émet pas de gaz à effets de serre. D’ici 2040, nous avons besoin d’une quinzaine d’EPR au moins en France pour pourvoir à nos besoins en électricité. Or, quand je lis le programme socialiste, je suis très inquiet pour ce programme EPR qui, soit dit en passant, assurera le plan de charge de l’usine Alstom de Belfort pour les décennies à venir…
Votre programme prévoit toute une panoplie d’actions. Comment le financez-vous ?
Ce ne sont pas des mesures dispendieuses. En ce qui concerne les universités, par exemple, (augmentation de 25 % en cinq ans des dotations de l’enseignement supérieur, sur la base de projets N.D.L.R.) c’est un effort comparable à celui consenti dans les années quatre-vingt pour la recherche. Nos universités sont extrêmement pauvres il faut les remettre à niveau. Autre exemple : la hausse d’un tiers des places en crèche. L’effort fait à Belfort, où nous offrons plus de 500 places, nous pouvons le faire au niveau du pays.
Vous vous êtes, vous aussi, déclaré partisan d’un assouplissement de la carte scolaire. C’est-à-dire ?
Je pense à la mise en place de classes passerelles pour permettre aux enfants des quartiers d’habitat populaire de se rendre, sur la base de leurs résultats, dans d’autres établissements. On peut aussi penser à un redécoupage de la carte notamment avec la technique américaine du busing : des autobus gratuits qui emmènent les élèves dans certains établissements. Tout cela de façon à réaliser une vraie mixité sociale.
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Le chiffre 8
C’est le nombre de « chantiers » que Jean-Pierre Chevènement se propose d’ouvrir pour faire « vivre le modèle républicain ». Parmi les propositions, citons la mise en place d’un examen probatoire avant l’entrée en classe de 6e « pour vérifier l’acquisition des apprentissages fondamentaux et éviter les échecs ultérieurs », la mise en place de centres de rééducation par le travail pour les multirécidivistes, le « bouclier-logement » ou encore la création d’une « école des parents ». Le candidat prône par ailleurs six chantiers pour « remettre la France d’aplomb ». Il prévoit, entre autres, de consacrer au moins 2 % du PIB à la Défense
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Mots clés
Nation :
« La nation, c’est la communauté des citoyens, sans distinction d’origines. Cela n’a rien à voir avec la conception de M. Le Pen. »
République
« La République, c’est un corps de principes : la liberté ; la laïcité, qui est une conception très moderne ; l’égalité des hommes et des femmes, l’égalité de tous face à la loi, l’égalité des chances ; la fraternité, avec le refus du racisme ; la citoyenneté comme équilibre indissociable entre les droits et les devoirs, et la souveraineté populaire, car sans elle il n’y a pas de démocratie. ».
Europe :
« Je ne fais pas dans le pia-pia européiste mais je suis autant, sinon plus européen que d’autres. Je crois à la nécessité de faire émerger un acteur européen stratégique au 21e siècle. Mais aujourd’hui l’euro cher pénalise nos exportations, décourage l’investissement, précipite les délocalisations. Le marché européen est ouvert à tous les vents. Il est temps de prendre des mesures anti dumping social et de réorienter la construction européenne pour préserver le tissu industriel et relancer la croissance et l’emploi. »
Taux d’activité :
« Je n’ai jamais été un religionnaire des 35 h. Le travail est un flux et l’augmentation des taux d’activité est notre principale marge de croissance. Il faut que les salariés puissent travailler plus, en gagnant plus bien sûr. Le taux d’activité de la France est trop bas, c’est le plus bas du monde. Nous avons donc des réserves de croissance : utilisons-les pour le progrès social, l’amélioration des salaires et la hausse du pouvoir d’achat. »