Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Partager l'effort



L'effort demandé aux salariés du secteur public des transports pour aligner à quarante ans leur durée de cotisation serait mieux compris si cet effort était partagé. On ne peut que déplorer que M. Sarkozy ait commencé par faire l'inverse en multipliant les cadeaux fiscaux aux catégories les plus aisées. Le gouvernement serait bien inspiré de négocier pour faire accepter l'objectif d'une élévation du taux d'activité dans notre pays, objectif reconnu dans l'accord MRC-PS du 9 décembre 2006.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mercredi 14 Novembre 2007 à 19:03 | Lu 7033 fois



1.Posté par Franc-tireur le 14/11/2007 21:52
le fond du problème des retraites comme du taux d'activité n'est pas seulement démographique mais économique : élever le taux d'activité cela veut avant tout dire accroitre le niveau de l'emploi. Et avec moins de 2 % e croissance et la crise financière qui se profile à l'horizon je crois bien que la messe est dite. Qui plus est "l'élévation du taux d'activité" n'est pas une bonne chose en soi : si un plus grand nombre de salariés travaille dans des emplois peu qualifiés et à faible productivité (genre la nouvelle domesticité, qui comme le notait justement les économistes classiques sont du travail improductif)cela ne sera aucunement favorable à la compétitivité de notre pays...

D'ailleurs, l'allongement de la période d'activité (hausse de la durée de cotisation, augmentation de l'âge de départ à la retraite) est même une contre tendance, puisqu'elle vise à maintenir dans l'emploi des salariés âgés afin d'éviter que le chômage ne baisse trop vite : car ce que veullent éviter les gouvernements et la patronat c'est une situation du marché du travail trop favorable aux salariés, ce qui se traduirait immanquablement par de l'inflation salariale.

Qui plus est, en ce qui concerne la soi disante équité de la réforme du régime de retraite, il ne faut pas oublier qu'en 2003 lorsque Chérrèque et la CFDT ont négocié l'allongement de la durée de cotisation, il devait il y avoir une contrapartie en terme de prise en compte de la pénibilité. 4 an splus tard, en attend encore ! Et il y afort à parier qu'on attendra encore longtemps...




2.Posté par Claire Strime le 15/11/2007 14:57
Le "risque" de l'inflation salariale, ce qui obsède tant M.Trichet...

3.Posté par Xavier DUMOULIN le 18/11/2007 15:13
De la gauche groggy à Sarkozy : histoire accomplie ou nouveaux défis?

Les idées dans l'air du temps épousent le courant dominant d'une idéologie néolibérale triomphante. En début d'été notre billet sur les sept piliers du néolibéralisme synthétisait la critique de ce système en commentant le manifeste altermondialiste élaboré par l'Association pour la Taxation des Transactions financières et pour L'Aide aux Citoyens (ATTAC). On peut avoir, et c'est mon cas, quelques divergences de vue avec l'approche altermondialiste. Force est pourtant de considérer dans les domaines économiques et sociaux, la pertinence d'une réflexion sans dogmatisme et des propositions ouvertes radicalement alternatives aux politiques en oeuvre hier et aujourd'hui, en France et en Europe.

Dans ce sens , je n'ai jamais approuvé cette argumentation de campagne visant à s'appuyer sur le bilan des années Jospin pour expliquer le contre sens de la gestion gouvernementale de la droite avec les mêmes instruments de politique économique. Le réveil social appelle la gauche à plus de clarté dans sa définition d'une politique vraiment alternative. Est-ce à dire que tout est possible ici et maintenant? Pour ma part je ne le pense pas. Mais ce n'est pas renoncer à changer en profondeur les orientations dans lesquelles s'enlise le pays depuis près de vingt cinq ans - depuis l'acceptation par la gauche de la politique de l'offre qui conduisait logiquement à la perspective du grand marché, de la monnaie unique et des critères de convergences économiques -, que de proposer des solutions négociées et adaptées aux évolutions démographiques, à la préservation de notre système de protection sociale et aux exigences de la compétitivité de notre économie en butte à la mondialisation libérale. Il n'est donc pas sacrilège de prendre en compte ces réalités. Ce qui est insupportable à nos concitoyens c'est sans doute cet alignement d'une gauche défaite sur le prêt à penser d'une droite arrogante qui surfe imprudemment sur l'idéologie libérale tout en feignant d'espérer quelques correctifs dans les domaines les plus aberrants tel que le taux de change de l'euro vis à vis du dollar. Il faudrait pour cela une approche bien différente s'accompagnant d'une volonté de peser dans les négociations européennes. Le sommet de Lisbonne a démontré le défaitisme et la trahison des dirigeants français envers nos citoyens. La position du PS - qui ne résume pas celle des militants socialistes - accompagne tristement cette abdication, traduisant en cela une totale absence d'ambition.

Fukuyama avait-il donc raison d'annoncer la fin de l'histoire avec le triomphe planétaire de l'hégémonisme américain et de son modèle? Si demain notre diplomatie devait être liée aux orientations d'une Europe inféodée aux Etats Unis et à l'OTAN, si nos politiques marquaient davantage encore le pas vers un abandon de nos instruments de régulation au seul bénéfice de la finance mondiale, si notre souveraineté devait s'effacer devant les règles supranationales, sanctionnées par des jurictions européennes s'affranchissant de nos principes et de nos lois, si notre République devait céder la place au modèle communautariste et inégalitaire, si le consommateur remplaçait le citoyen et la tolérance la laïcité, alors Paris - qui vaut pourtant bien mieux qu'une messe de sommet européen - serait bel et bien mis en bouteille et nos terroirs réduits à nos caves. L'attrait pour le modèle multiculturaliste - qui n'est peut être pas sans relation avec le renoncement à l'exception culturelle au nom de l' idéologie néolibérale et de la marchandisation des biens culturels - ne passe -t-il pas par la liquidation des formations sociales nationales qui osent encore affirmer leurs singularités? Le patriotisme constitutonnel , cher à Habermas n'est qu'une vue de l'esprit. Il épouse un peu cet “effacement de l'avenir” voulu par les élites mondialisées. Les peuples européens aspirent à des coopérations renforcées dans les domaines de la recherche, de la formation, du développement durable et des grands projets industriels. Ils veulent en ce sens une Europe en marche offrant un espace régional suffisament puissant pour être en capacité de résister à la mondialisation libérale, voire d'offrir une nouvelle voie de coopération avec les pays du sud de la méditerranée et de l'Est.

On le voit, la gauche n'est pas au bout de ses peines. Loin de l'alignement de sa principale composante sur les déraisons du libéralisme, il lui faut bien au contraire afficher une posture offensive dans un monde certes complexe. A l'écoute du mouvement social, et sans céder au simplisme et au démagogisme, une gauche d'avenir doit ouvrir au pays un horizon de progrès en travaillant à son unité sur des bases radicalement nouvelles. Nous en reparlerons très prochainement sur notre blog (référencé "socialiste et républicain 07" sur ce blog).

Debout la gauche! Salut et fraternité.


4.Posté par Deslilas le 19/11/2007 07:42
2007 et 1995, entre Thatcher et Juppé...
Deuxième semaine du conflt sur les régimes spéciaux de retraite.
La majorité des journaux français et les radios et télés continuent à relayer la communication du gouvernement qui reproduit les techniques utlisées en 1995 pour décrébiliser voire déstabiliser le mouvement de grève : utilisation à charge de sondages instables sur la popularité ou l'impopularité de la grève et des revendications des salariés, part belle faite aux usagers mécontents de l'absence de transports et "remontés" contre les grévistes, complaisance envers les manifestations de l'UNI et des franges extrêmistes de l'UMP, tentative de division du front syndical ...

Cela ressemble étrangement à l'attitude du gouvernement Juppé et des directions des entreprises concernées en 1995.

Seule nouveauté, le parallèle fait avec Margaret Thatcher et son conflit avec les mineurs anglais. Sarkozy serait la nouvelle dame de fer.

Mais n'est pas Thatcher qui veut et il ne faut pas confondre la situation des mineurs anglais avec celle des producteurs français de transport public.

Les conséquences d'une grève prolongée sont sans aucune comparaison dans les deux cas
. - Thatcher pouvait se permettre d'attendre le pourrissement à la longue d'un conflit très impopulaire qu'elle avait anticipé et qui n'avait pas de répercussion importante sur la vie du pays.La seule comparaison pertinente concerne la détermination des grévistes.
Les conséquences du blocage des transports publics en France se font rapidement sentir pour l'ensemble du pays et la convergence avec de nombreux sujets de mécontentements allumés avec frénésie sous couvert de "modernisation" peut mettre le gouvernement en difficulté.
Mener avec brutalité plusieurs conflits simultanément n'est pas une stratégie payante.
La seule comparaison pertinente concerne la détermination des grévistes.
La dramatisation médiatique orchestrée par le gouvernement, le bras de fer, la volonté d'humilier les salariés et de discréditer les syndicats comme cela a été fait avec un succès passager pour le Parti socialiste ne peut que renforcer la combativité des grévistes.

Par ailleurs contrairement à ce qui est dit les taux de participation à la grève actuelle sont supérieurs à ceux de 1995 au même stade de déroulement du mouvement.
Et l'impopularité est moins importante qu'elle l'était avant de se retourner en 1995.

Dans un mouvement social rien n'est joué d'avance, à l'heure actuelle tout reste possible. Tout dépendra des capacités des uns et des autres de tirer enseignement des conflits précédents et de leur possibilité de proposer des solutions autres que les vieux schémas djéà appliqués.
Une seule certitude l'importation de la méthode brutale Thatcher des années 1980 dans la France de 2007 est vouée à l'échec même si elle est conduite en façade par une personne toute en rondeurs.

5.Posté par Claire Strime le 19/11/2007 14:36
La grande différence entre Thatcher et Sarkozy est que Thatcher a du commencer les privatisations.

Sarkozy a eu, lui, d'"illustres" prédécesseurs.


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