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Appel à une refondation de toute la gauche


Jean-Pierre Chevènement a adressé dans le courant du mois de juin 2008, cet appel à une refondation de la gauche aux responsables du Parti socialiste (François Hollande), du Parti communiste (Marie-George Buffet) et du Parti radical de gauche (Jean-Michel Baylet). Il réitère son appel à débattre de ce texte.


Appel à une refondation de toute la gauche
A moins de quatre ans de la prochaine élection présidentielle qui est devenue, dans notre système politique, l’élection directrice, celle autour de laquelle toutes les autres s’ordonnent, nous devons porter un regard lucide sur le rapport des forces à l’échelle mondiale afin de créer l’évènement qui permettra d’ouvrir à la France un nouveau chemin de progrès.

Trois échecs successifs à l’élection présidentielle depuis 1995 n’ont pas été l’effet du hasard. Ils s‘enracinent dans la distance prise à l’égard de la gauche par l’électorat populaire. Cette distanciation a elle-même des causes anciennes et profondes. Le projet que nous portions dans les années soixante-dix s’est heurté de plein fouet à la victoire du néo-conservatisme libéral, au tournant des années quatre-vingt et à la politique d’ouverture généralisée des marchés, y compris des marchés de capitaux. Le capitalisme financier a pris progressivement le pas sur le capitalisme industriel. Avec l’effondrement du communisme, les multinationales ont mis en concurrence les territoires et les main-d’œuvre à l’échelle mondiale, entraînant une délocalisation ouverte ou sournoise des activités des pays anciennement industrialisés vers les pays émergents à bas coût salarial, dont certains sont dotés d’immenses « armées de réserve industrielles ». Le développement des fonds spéculatifs et des fonds de pension a abouti à l’instauration d’une véritable « dictature » de l’actionnariat. Mais, victime de ses excès, la « globalisation » est entrée en crise profonde avec la dérive du système financier, le retour de l’inflation et l’éclatement du système monétaire international.



I – La « globalisation » est entrée en crise

Cette « globalisation », en effet, est un phénomène à la fois économique et politique. Ce serait rester à la surface des choses que de voir dans les « subprimes » américaines et les dérives du capitalisme financier à l’échelle mondiale la cause essentielle de la crise actuelle. Le surendettement des ménages américains a été encouragé par les autorités publiques pour sortir de la précédente crise née de l’explosion de la bulle technologique, en septembre 2000. La réalité est que les Etats-Unis ont depuis longtemps un train de vie qui dépasse leurs moyens. Ils ont proclamé imprudemment la fin de l’Histoire après la chute de l’Union Soviétique. L’Histoire les a rattrapés. Les pays émergents se sont autonomisés. L’Hyperpuissance américaine a cru pouvoir pratiquer une politique de fuite en avant avec un déficit commercial abyssal. Elle est devenue tributaire des réserves de change chinois. Enfin, l’Administration Bush a entraîné ses alliés en Irak, provoquant, au nom de « la guerre contre la terreur », un véritable « clash des civilisations ».

Les Etats-Unis se trouvent confrontés aujourd’hui à trois problèmes cumulatifs : la récession économique, la chute du dollar, l’enlisement en Irak et au Moyen-Orient. Ils n’ont plus les moyens de maintenir seuls leur domination mondiale. Avec un budget militaire de 640 Milliards de dollars (plus de la moitié des budgets de défense à l’échelle mondiale), les Etats-Unis cherchent en Europe et en Asie des supplétifs. Cette situation est très dangereuse. Nous n’avons pas à nous mettre à la remorque d’une politique américaine sur laquelle nous n’exerçons aucun contrôle, comme le fait Nicolas Sarkozy en subordonnant notre défense à l’organisation militaire intégrée de l’OTAN.
C’est seulement en restant indépendants ou en se donnant les moyens de le devenir, que la France et l’Europe se feront respecter et pourront modérer utilement et orienter l’usage de l’Hyperpuissance américaine. En effet, ce sont les règles du jeu à l’échelle mondiale qui doivent être modifiées, dans le cadre d’un monde multipolaire rendu d’ailleurs inévitable par la montée des grands pays émergents (Chine – Inde – Brésil, etc.) et le retour de la Russie.

Là sont les rôles de l’Europe et de la France, levier de notre responsabilité au monde. Nous voulons rester les alliés des Etats-Unis. L’opinion publique européenne est éprise de paix. Elle souhaite que les Etats-Unis redeviennent la grande nation qu’ils sont, en acceptant la réalité d’un monde multipolaire nourri par le dialogue des cultures et régi par le droit.

La crise de la « globalisation » bat en brèche les postulats libéraux auxquels la gauche française s’est heurtée depuis plus de deux décennies : ainsi le libre-échangisme, car personne, même à l’O.M.C, n’attend plus d’une nouvelle libéralisation des échanges un rebond de la croissance à l’échelle mondiale. Ainsi encore le refus des politiques industrielles au nom d’une conception idéologique de la concurrence libre qui a fini par paralyser l’action publique. Enfin, le refus de l’intervention des Etats, car même les pays les plus libéraux renflouent, sur fonds publics, leur système financier et même leurs grandes entreprises industrielles. Tout montre qu’après trois décennies de « globalisation » succédant aux « trente glorieuses » du New Deal, un nouveau cycle historique est près de s’ouvrir.



II – Une nouvelle politique est possible

C’est à l’échelle mondiale qu’il faut agir.

A) Au niveau mondial

Les désordres monétaires sont devenus insupportables. Des fourchettes de parités doivent être définies et défendues collectivement. Les Etats-Unis doivent rétablir leur épargne. Ils peuvent être aidés à retrouver l’équilibre de leur balance commerciale par une croissance concertée des autres parties du monde. Il faut aussi que les grands pays émergents prennent davantage en compte chez eux les besoins de leur population, ainsi que le respect, au Nord, des équilibres sociaux et, dans le monde, des exigences environnementales. C’est à ce prix seulement que les pays anciennement industrialisés pourront continuer à ouvrir leurs marchés à une concurrence qui repose sur l’avantage comparatif d’un très bas coût de main d’œuvre. Une régulation concertée des échanges internationaux est nécessaire. Elle devra ménager l’accès libre aux marchés des pays riches des produits des pays les moins avancés, et notamment de l’Afrique. Leurs productions, à l’inverse, doivent être protégées. L’aide publique au développement, scandaleusement négligée, devra être rétablie et accrue. Les institutions financières internationales devraient trouver une nouvelle vocation dans la correction des inégalités croissantes de développement. Cette nouvelle donne ne sera rendue possible que par une mobilisation de l’opinion mondiale et par la réunion de grandes conférences internationales sur le modèle de Bretton-Woods en 1944-45, et l’acceptation par tous de nouvelles règles d’organisation collectives.


B) Au niveau européen

La voix de l’Europe sera essentielle, en tant qu’elle donne l’exemple, malgré toutes ses imperfections, du dépassement d’animosités séculaires entre les peuples. Mais l’exemple de l’Europe ne sera convaincant que si elle-même se révèle capable d’organiser un modèle équilibré de développement.
A cet égard l’instauration d’un gouvernement économique de la zone euro est un enjeu décisif. Une politique de change moins pénalisante pour l’activité, la mise en œuvre de politiques contracycliques fondées sur l’investissement et la Recherche, créeront un environnement propice pour l’harmonisation sociale et fiscale et la promotion des services publics. L’Europe ne peut se résumer à la mise en concurrence des systèmes sociaux. Il est temps de lui donner un contenu progressiste. Le rôle de l’Allemagne sera déterminant. Celui de la France n’est pas moins important pour réorienter la construction européenne dans le nouveau contexte mondial. Les institutions européennes ont l’impérieux devoir de réagir, en s’appuyant davantage sur les Etats qui restent les principaux acteurs de l’initiative publique.


C) Au niveau national

L’urgence première sera de faire face à la récession qui vient. Aucun moyen ne devra être négligé, y compris l’intervention de fonds d’épargne publics, pour préserver le tissu industriel. L’éducation, la recherche, et plus généralement une politique d’investissements seront favorisées. La cohésion sociale, l’activation du sentiment républicain, la solidarité civique face à toutes les formes de communautarisme seront constamment recherchées. Une véritable écologie, au service de l’humanité tout entière, ne saurait s’enraciner que sur le terreau des Lumières, rejetant toutes les formes d’obscurantisme. Tel est notamment le cas pour ce qui est de la lutte contre le réchauffement climatique et pour un développement durable. La science et la culture doivent, en effet, rester au cœur de notre action.


Pour porter cette ambition pour la France, pour une Europe européenne et pour un monde plus humain, il nous faut, sans tarder, en réunir les moyens. La gauche française ne peut forcer l’avenir qu’en dépassant ses tropismes. Il est urgent pour elle de prendre un nouveau départ et pour cela d’organiser « l’évènement » qui, trente-sept ans après Epinay, permettra une nouvelle refondation, comme elle a su le faire à chaque étape de son histoire. Cet évènement ne saurait être que la création d’un grand rassemblement de toute la gauche, ouvert à toutes ses sensibilités, radicales voire utopiques ou au contraire plus gestionnaires. La question n’est pas de savoir jusqu’où ira le rassemblement. L’impératif c’est le rassemblement lui-même qui doit se faire avec l’ensemble des hommes et des femmes de gauche et de progrès, mais en conservant la visée unitaire qui a toujours permis les grandes avancées de la gauche. Beaucoup des clivages hérités du passé ont été tranchés par l’Histoire. D’autres se sont déplacés et doivent être résolus par le débat.

Ce serait faire un énorme cadeau à la droite conservatrice que de vouloir camper côte à côte un parti social-libéral tourné vers le centre et un parti se disant révolutionnaire cherchant à capter, sans vue d’ensemble, toutes les contestations quelle qu’en soit la nature. Une grande fédération de toute la gauche doit se définir, d’une part, à travers une analyse du monde et précisément de la globalisation libérale et, d’autre part, à travers un projet comportant des éléments programmatiques réalisables.

Avant de se poser le problème des alliances, la gauche doit savoir où elle habite. Elle vise à rassembler le monde du travail sur un projet humaniste. Elle porte l’héritage républicain qui, à partir de la notion d’intérêt général, permet le dépassement des intérêts particuliers, des égoïsmes, des corporatismes et des communautarismes. La pluralité d’appartenances conduit à définir une multiplicité d’intérêts généraux qu’il faudra savoir hiérarchiser, à travers un projet nouant ensemble l’intérêt national, l’intérêt européen et les intérêts de l’humanité dans son ensemble.
Rien là qui ne soit conforme au patriotisme républicain et à l’internationalisme, dont Jaurès avait su montrer la complémentarité.

La valorisation du travail, la recherche de l’égalité et d’un progrès mieux partagé, l’épanouissement individuel prenant tout son sens dans un dessin de réussite collective, la promotion du sens des responsabilités, bref du civisme, constituent un socle de valeurs pour l’édification d’une République moderne, démocratique et sociale.

A partir de ces orientations, nous proposons que toutes les organisations et toutes les personnalités de gauche et de progrès qui le voudront réunissent dans tous les départements des forums de l’Unité. Ces forums, largement ouverts, auront à traiter quelques sujets clés :

- l’analyse de la globalisation et des conséquences à en tirer pour l’action de la gauche ;
- la valorisation du travail ;
- l’avenir de la protection sociale ;
- les enjeux de l’éducation et de la recherche ;
- la forme du nouveau rassemblement à créer.


Ces forums pourraient déboucher sur des Assises de la gauche en 2009 qui prépareraient, sur la base d’un projet clair, un Congrès de la fédération de toute la gauche anticipant sur le possible grand parti qu’il nous faudra créer. C’est à l’occasion de ce moment que serait élu, au suffrage universel des militants, le candidat de la gauche à l’élection présidentielle de 2012. Ce candidat ne serait pas seul. Il serait porté par un projet collectif et par un élan qu’il nous appartient de faire lever sans attendre dans le pays.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Jeudi 2 Octobre 2008 à 12:40 | Lu 7878 fois



1.Posté par furaxauboulot le 03/10/2008 12:43
Une refondation de la gauche s'envisage selon JPC de deux façons semble-t'il :
1. Sur le plan des idées directrices et l'actualité avalise chaque jour son raisonnement déjà ancien. Les leaders de la gauche ne pourront qu'abonder dans son sens dans les grandes lignes tout en ne lui en reconnaissant d'ailleurs pas officiellement la paternité.
2. Sur le plan structurel au sein de cette famille politique , il apparait difficile de faire la jonction des troupes. Celles-ci ne parlent pas le même langage ( exemple : l'Europe ). En outre , l'hégémonie du PS se maintiendra sauf explosion à Reims. Ni le PC , ni les Verts , ni a fortiori le PRG ne seront à même de la contre-balancer. Quant au MRC , il ne peut rivaliser nonobstant le charisme de son Président , même si son audience s'accroit. D'autant que dans cette mouvance , soyons clairs ; certains lorgnent du côté d'une alliance avec NDA et beaucoup ne portent pas le PS dans leur coeur.
3. Il faudra compter à l'avenir avec deux trublions qui vont grignoter le fonds de commerce de la gauche : Bayrou à sa droite , Besancenot à sa gauche.

2.Posté par republicain le 06/10/2008 11:28
La Gauche n'existe plus... et le MRC non plus.

Nous avons perdu la bataille faute de combattant. Les généraux se sont rendus, en soldat fatigué j'ai bien essayé de continuer, la cause, ma France, en valait la peine, mais je suis fatigué de tout ça.

La France républicaine se suicide, mais après tout, la France n'est peut être pas éternelle. Il est temps d'éteindre la lumière et de dormir, peut être que demain tout ira bien...

3.Posté par furaxauboulot le 06/10/2008 19:36
Après l'inflation des interventions dans la foulée de l'élection au Sénat de JPC , c'est aujourd'hui "silence radio". En l'espace de quelques petites semaines , l'opinion s'est révélée tétanisée par la Crise Financière. Repli sur les préoccupations personnelles en regard de celle-ci. Aveu probablement de l'impossibilité de juguler cette crise par des recettes Franco-Françaises. Impossibilité également sur le plan Européen ? Les critères de Maastricht seront remis en cause. Le chemin serait-il aussi limpide que l'on a bien voulu nous le faire croire depuis ce fameux traité ? Puisque le crise est mondiale , que les mécanismes qui l'ont engendré sont mondiaux , que la solution est mondiale hors solutions à la marge , quelles conséquences politiques ?

Le FMI et la Banque Mondiale font se refaire une virginité à bon compte et tout continuera comme avant car , vous le savez , tout cela relève des Experts ( ceux qui se sont trompés comme d'habitude ).

Les vraies questions sont alors les suivantes : quelle alternative politique à la Nomenklatura mondialisée défaillante ? Qui prend le relais ? Qui propose une politique de substitution ?

Réponse : personne.

Morale de l'histoire : la refondation de la gauche , les querelles au PS , tout le monde en a plus qu'assez.

4.Posté par furaxauboulot le 06/10/2008 21:16
"Republicain " est trés fatigué et on peut le comprendre mais voilà qu'il aurait tendance à capituler , ce qui ne lui ressemble pas. Il illustre parfaitement mon propos qui a croisé le sien . Son intervention a été mise en ligne tardivement. La mascarade du "tout à (pseudo) gauche à suffisament duré.Maintenant , nous sommes au stade du "Salut public" réunissant tous les Républicains , Patriotes , ennemis du capitalisme néo-libéral. Le temps est venu de fermer la page des alliances avec les édiles parvenues du PS.La règle du jeu était différente il y a de celà encore quelques semaines , elle a changé. Maintenant , il faut se resaisir rapidement sinon , on ne nous le pardonnera pas. L'occasion est historique.

5.Posté par furaxauboulot le 10/10/2008 22:24
J'aimerais que JPC s'exprime s'il le juge utile sur les thèses d4 Alain Badiou .

6.Posté par furaxauboulot le 13/10/2008 19:55
Mon intervention n°5 peut paraitre singulière. JPC a certainement d'autres chats à fouetter . Pour autant la notice sur Badiou est la suivante ( sur Wikipedia ) :

Son père, Raymond Badiou, résistant SFIO, fut maire de Toulouse de 1944 à 1958. Ancien élève de l'École normale supérieure, major de l'agrégation de philosophie en 1960, il enseigne d'abord en lycée (tout en collaborant ponctuellement avec l'ENS), puis au Centre universitaire expérimental de Vincennes dès sa création (année 1968-1969). Il contribue au développement de cette Université (désormais Paris VIII, déplacée de Vincennes à Saint Denis) durant une trentaine d'années. Il devient professeur à l'École normale supérieure de la rue d'Ulm en 1999, puis professeur émérite dans cette institution[1].

Il a également été directeur de programme au Collège international de philosophie.

Il a été très influencé par Louis Althusser dans ses premiers travaux épistémologiques, et fait appel à la mathématique, seule capable, selon lui, de déployer l'ontologie.

Outre son activité de philosophe, Alain Badiou est romancier et dramaturge, ce qui l'a amené à travailler avec des metteurs en scène comme Antoine Vitez ou Christian Schiaretti. Il est aussi un militant politique, et assure le secrétariat de l'Organisation politique (fondée en 1985) avec Sylvain Lazarus et Natacha Michel. Et enfin, il effectue un travail d'éditeur, auquel l'a initié son ami François Wahl : il a longtemps codirigé avec Barbara Cassin la collection « L'ordre philosophique » aux Éditions du Seuil. Après avoir quitté Le Seuil suite à un conflit de politique éditoriale, Cassin et Badiou poursuivent leur collection philosophique, désormais intitulée « Ouvertures », chez Fayard.

Parmi ses autres responsabilités, Alain Badiou anime Les Conférences du Perroquet, est Membre perpétuel de l'Académie de philosophie du Brésil.

On peut diviser sa vie et son œuvre en deux parties. Cependant, Alain Badiou lui-même récuse totalement cette dichotomie.

D'une part, ses travaux de philosophie à proprement parler, dont les plus importants sont L'être et l'événement (1988), suivi en 2006 de Logique des mondes.L'être et l'événement 2. Ouvrages exigeants, on abordera plus aisément les principaux concepts "badiousiens" en lisant d'abord le recueil Conditions préfacé par François Wahl, ou les trois courts volumes Abrégé de métapolitique, Petit manuel d'inesthétique et Court traité d'ontologie transitoire parus en 1998.

De manière synthétique, disons que pour Badiou la philosophie doit, à la suite de Platon, dire en concept la possibilité de la vérité, qu'il y a, en exception du régime ordinaire d'un monde, une césure possible, laquelle atteste une vérité. Par conséquent la philosophie, bien que singulière dans l'ordre des discours, demeure en quelque sorte à la lisière des mondes particuliers, tout en étant par nature incapable de produire une forme discursive adéquate à l'Être (ontologie du multiple pur). Cette tâche est spécialement dévolue aux mathématiques qui, elles, formalisent adéquatement le multiple indépendamment de tout monde existant.

Philosopher c'est tenir contre toute sophistique à la vérité et repérer dans la variété des mondes, des discours, où sont les indices qu'une vérité a eu lieu. Car de la vérité ne subsiste jamais que le lieu de son lieu, elle-même étant par nature toujours soustraite à l'inscription mondaine, seule une trace matérialise qu'une recomposition véritable d'un monde a eu lieu, qu'un événement a eu lieu.

La philosophie tombe donc sous la condition des procédures de vérités en même temps qu'elle discerne le vrai du faux. Ces procédures déclare Badiou sont de type artistique, scientifique, politique ou amoureux et ce n'est que dans la guise d'une fidélité événementielle qu'un trajet subjectif s'accomplit, qu'un sujet fidèle se constitue.

Alain Badiou est un militant politique. Il a été l'un des dirigeants du maoïsme français (militant à l'UCFML) comme d'autres normaliens célèbres (Benny Lévy, le linguiste Jean-Claude Milner, les lacaniens Jacques-Alain Miller et le psychanalyste et chroniqueur de télévision Gérard Miller, qui, eux, militaient à la Gauche prolétarienne, etc.). À soixante-dix ans, il ne renie rien ou presque de cet héritage. Ce militantisme s'inscrit dans sa philosophie, comme on peut le lire dans plusieurs de ses ouvrages récents : L'éthique, la série des Circonstances (I, II, III et IV)[4], qui parlent du terrorisme ou de l'élection française de 2002, dernièrement Le Siècle et, comme suite de L'être et l'événement, Logiques des mondes le 9 mars 2006.

Alain Badiou est convaincu que la philosophie doit parler de son temps et, comme la plupart des penseurs continentaux de sa génération, il combat l'idée selon laquelle les problèmes philosophiques sont des questions éternelles, posées par tout le monde d'une manière analogue. Enfin il est un des seuls à soutenir et à argumenter des thèses aujourd'hui iconoclastes : refus de l'humanisme et de l'idée que l'homme a comme tel une valeur absolue ; critique de la démocratie parlementaire au nom d'une démocratie véritable ; et défense du communisme en tant qu'idée clivant la politique de ce qu'elle n'est pas contre les désastres des communismes dogmatiques.

Alain Badiou est une figure de la vie intellectuelle française, et ses livres Le Siècle et De quoi Sarkozy est-il le nom ? ont rencontré le succès. Depuis la mort de Jacques Derrida, il est l'un des philosophes français les plus connus à l'étranger (notamment en Amérique latine, aux États-Unis, où il participe sans doute de la mode française en général, et en Asie), en particulier parce qu'il perpétue une tradition sartrienne pour laquelle philosophie et engagement politique sont indissociables.

Nous sommes tous épris de réflexion. La philosophie est consubstantielle à la Poitique. Un regard différent sur le capitalisme peut nous aider dans notre esprit critique et notre souci de synthèse. Peu connu du public , reconnu par les intellectuels , il serait dommage de faire l'économie d'une connaissance a minima de ses thèses.


7.Posté par Naradatta le 15/10/2008 16:35
Bonjour.
Je sais que ce genre de sujet est une grosse pomme de discorde, mais j'aimerais savoir ce que JPC et les intervenants de ce blog pensent des incidents du match France-Tunisie.

Il est inacceptable à mon sens qu'un hymne, quelqu'il soit, puisse être sifflé.

Or malheureusement, lorsque je lis des contributions sur le web de gens qui se revendiquent de gauche, on à le droit au chapitre habituel sur la détestation du blanc, la repentance coloniale etc... complètement à côté de a plaque mais bon, avec Dray et compagnie on est habitués.

Je me sentirais moins seul si je savais que les républicains sociaux ont une certaine convergence à ce niveau avec le gaulliste que je suis.

Moi j'aurais aussi fait arrêter le match si un quelconque poivrot arriéré de hooligan franco-français avait sifflé l'hymne tunisien.

Bien à vous.

8.Posté par alain.girard le 15/10/2008 23:16
Ne soyons pas pessimistes comme le sont certains de nos Camarades quant à la refondation de la gauche .C'est une idée , une volonté qui ne pourra prospérer qu'à travers une action militante tant à l'intérieur comme à l'extérieur du MRC
Comme dans chaque parti il faut laisser de l'espace aux discours et propositions mais aussi construire une opposition constructive qui aide à la réflexion .Un combat politique n'est jamais satisfait ni terminé ,on peut être déçu mais la situation aujourd'hui appelle de notre part une réelle confrontation des idées et des stratégies .je crois que la gauche est devant une immense responsabilité que le MRC ne réduit pas une simple thématique .Il faut se souvenir de ces durs combats de nos anciens et relire les moments historiques qui ont débouchés sur de vrais acquis sociaux .C'est peut être dans ce domaine qu'il nous faut au MRC réfléchir et ne pas se laisser entrainer dans ces vieux chémas de l'unité de la gauche Chacun a sa place et le MRC solidaire de cette gauche ne doit pas paraître comme une simple chambre d'écoute ni comme une formation révant de se retrouver à nouveau au sein d'un grand parti dont le chef en serait encore le PS Il faut rester fidèle à nos idées républicaines mais en même temps verser du poivre sur la salade car c'est de cette manière que nous serons le mieux compris Je souhaite pour ma part que le MRC ne se perde pas dans cette grande braderie mais au contraire se détermine sur le terrain comme force politique engagée pour lutter contre la politique de Sarkosy mais aussi comme force politique de gauche au sein d'une gauche qui a tout inétrêt à tendre la main .

9.Posté par Claire Strime le 16/10/2008 09:40
Ah la gauche!! Vous aurez remarqué que la plupart de ses représentants (de MGB à Voynet en passant par Guigou et Bartolone) se sont empressés de tomber dans le piège de Sarko après les sifflets du match France-Tunisie. La gauche continue de s'autoproclamer défenseuse victimaire des minorités ethniques, religieuses, des "communautés" et des marginaux de tous types.

Et pendant ce temps là Sarkozy renforce son monopole de la défense des "braves gens" et autres sans grades (80 % d'approbation de la suspension des matchs, réaction logique face à 1 manifestation de xénophobie antifrançaise).

C'est au delà de ce qu'il pouvait espérer, surtout au lendemain d'1 plan européen qui se plante dès aujourd'hui; la gauche est tombée dans le panneau et le PS poursuit sa transformation en parti démocrate des communautés.

C'est mal parti pour la refondation de la gauche.

10.Posté par Naradatta le 16/10/2008 10:22
JPC a toujours prôné une certaine exigeance républicaine. Or je vois mal les caciques du PS se rallier à cette exigeance. Et d'après ce que je vois dans ma ville, dirigée par le PS, même l'échelon local se vautre dans les vices que l'on n'a de cesse de dénoncer : communautarisme voire course à l'électorat ethnicisé, approbation tacite de la négation de l'état régalien, politique urbaine à la fois malthusienne, socio-darwiniste et bourgeoise censitaire (malheur aux classes moyennes, il fallait soit être rentier soit magouiller les allocs!!!).

Ca peut paraître caricatural, mais c'est du vu de mes yeux vu.

Et oui Claire Strime, sarko se fait un bon coup de pub, le français de base (comme moi) se sent de moins en moins enclin à la tolérance (ou plutôt avec Guigou au tolérantisme mâtiné d'autodétestation). Et c'est avec ces gens que JPC devrait voisiner en cas de refondation de la "gauche" (comme si il n'y en avait qu'une seule).

A l'horizon de 2009, la question que l'on devrait tous se poser est celle de la proximité maximale. Quelle est elle? Où est elle? Entre JPC et les eurofédéralistes anti-nationaux anti-républicains type Moscovici-Aubry-Voynet.....? Ou entre JPC et le gaulliste social NDA.

Le but est d'avoir des députés au parlement européen pour dire notre fait et défendre la France et les français.

Cordialement.

11.Posté par Naradatta le 16/10/2008 16:07
Tiens, je viens de lire ça (je précise que je suis scientifique).

"FC Lab s'inscrit dans un projet de recherche et essais sur la pile à combustible qui a été lancé en 1999 à Belfort, par volonté politique. Les élus locaux, avec à leur tête Jean-Pierre Chevènement, avaient alors fortement milité pour que la ville accueille une activité tournée vers une technologie d'avenir, au moment où son pilier industriel Alstom se trouvait au creux de la vague."

Chapeau JPC. La même cohérence chez vous que celle que je peux retrouver chez NDA.

12.Posté par furaxauboulot le 18/10/2008 10:25
Naradatta , au sujet de votre intervention n°7:
Je pense que de trés nombreux Tunisiens ou Français d'origine Tunisienne ont été extrèmenent mécontents et honteux du comportement de quelques excités générateurs ensuite de racisme dans l'opinion.

13.Posté par Pascal OLIVIER le 18/10/2008 13:45
Le sport c’est la guerre, Robert Redeker et avant lui Jean-Marie Brohm avaient raison de l’affirmer.
Un ministre, et encore plus un président de la République n’ont rien à faire dans un stade. Lionel Jospin l’a payé au prix fort, mais la démagogie est la plus forte qui pousse des hommes politiques à participer à ces guerres ritualisées en les enrobant d’un discours sur l’amitié entre les peuples. A les entendre on pourrait croire qu’il y a plus de transcendance dans le sport que dans les valeurs de la République.
Ce n’est pas seulement la Marseillaise qui a été sifflée, les huées ont commencé juste avant que la chanteuse Lââm n’entame l’hymne national. Ce qui lui est reproché c’est de trahir sa tribu. Le pire avait été l’an dernier lors du match contre le Maroc. Après les sifflets désormais de rigueur qui accompagnent notre chant révolutionnaire, les joueurs de l’équipe de France avaient été sélectivement huéees. Ont échappé à la bronca les présumés musulmans, Benzema, Ben Arfa ou Nasri ainsi que Ribery et Anelka parce que parait il convertis à l’islam.
Ceux qui flattent la supposée culture d’origine d’une partie de nos compatriotes tout en dénigrant notre histoire et nos valeurs républicaines portent une lourde responsabilité et empêchent le travail de deuil nécessaire à toute assimilation. La substitution de la notion d’intégration à celle d’assimilation a été dévastatrice. On assimile des citoyens, on intègre des communautés. Entre ces deux vocables il y a toute la différence entre le modèle français et le modèle communautariste anglo-américain. Avec Liberté-Egalité-Fraternité nous étions des citoyens, avec tolérance et respect nous régressons au stade de sujets prêts à accepter des statuts personnels particuliers et dérogatoires. Parler d’échec de l’intégration est donc une gageure. Nous avons effectivement intégré des communautés avec toutes les conséquences que cela implique.
Le communautarisme c’est la guerre, au moins des identités, le sport c’est la guerre ritualisée, il est même étonnant que ces rencontres sportives ne finissent pas plus souvent en pugilat.
Il faut à tout prix que la gauche réhabilite la notion d’assimilation avant que la catastrophe ne soit irréversible.

14.Posté par Naradatta le 19/10/2008 10:53
En réponse aux deux posts sur le foot.

Oui, la gauche libérale anti-nationale incarnée par les Jospins et consorts porte une grande responsabilité (qu'elle ne reconnaîtra jamais) dans la naissance du communautarisme avec son "multiculturalisme" de faibles revendiqué, phénomène qui ne gêne en aucune façon la droite de la finance mondialisée qui a toujours lorgné sur le mode de vie anglo-saxon.

Et oui, mes amis tunisiens, franco-tunisiens, français d'origine tunisienne etc... ont honte.

Mais j'aurais aimé, de la part de JPC comme de celle de NDA des déclarations de rappel des principes républicains. En tout cas autre chose que la complaisance lamentable du PS, ou les déclarations pseudo-martiales d'un sarko qui dans le même temps promet à Ben Ali plus de visas.

15.Posté par furaxauboulot le 23/10/2008 18:05
Ce qui doit a priori être une fête se transforme en problème national. Les communautés de facto ( je dis bien "de facto" ) doivent faire la police chez elles.S'il n'y a pas de "communauté" structurée , il faut alors que les personnes qui ont les mêmes racines se fassent entendre. Or , sauf omission de ma part , il n'y a pas de réactions. C'est peut-être que les intéressés se sentent suffisamment Français pour ne pas se sentir concernés? Le débat est ouvert.

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