Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la mission « Relations avec les collectivités territoriales » ne concerne qu'un montant limité de crédits : 2,4 milliards d'euros, soit 4 % seulement des concours financiers que l'État apporte aux collectivités locales.
En 2007, M. Mercier avait proposé la suppression de cette mission ; vous n'avez pas suivi cette suggestion. Nous avons donc l'occasion de porter un regard d'ensemble sur la place que l'État accorde aux collectivités territoriales.
Nous constatons d'abord le souci d'associer les collectivités territoriales à l'effort de maîtrise des finances publiques, euphémisme pour évoquer la réduction de leurs dotations. Ce souci est approuvé par la majorité, mais je m'interroge sur la logique de la politique mise en œuvre par le Gouvernement.
En 2007, M. Mercier avait proposé la suppression de cette mission ; vous n'avez pas suivi cette suggestion. Nous avons donc l'occasion de porter un regard d'ensemble sur la place que l'État accorde aux collectivités territoriales.
Nous constatons d'abord le souci d'associer les collectivités territoriales à l'effort de maîtrise des finances publiques, euphémisme pour évoquer la réduction de leurs dotations. Ce souci est approuvé par la majorité, mais je m'interroge sur la logique de la politique mise en œuvre par le Gouvernement.
D'abord, il convient d'observer que la dette des collectivités locales, c'est de la bonne dette, celle qui finance les investissements, qu'il faut distinguer de la mauvaise dette, comme nous l'avons indiqué lors du débat sur la dette publique. M. Sarkozy, en annonçant hier son plan de relance, à Douai, a sans le savoir – comme M. Jourdain faisait de la prose – théorisé le concept de bonne dette.
Son plan de relance de 26 milliards d'euros va essentiellement gonfler la trésorerie des entreprises. Je ne suis pas persuadé que cela aura un effet très rapide sur l'activité économique. Pour plus des deux tiers, ce plan abondera la trésorerie des collectivités locales puisque l'État leur remboursera par anticipation 5 milliards d'euros sur le FCTVA. Cela devrait permettre de réaliser 2,5 milliards d'euros d'investissements.
Ce dispositif est très curieux. En effet, le Fonds de compensation de la TVA est inclus dans l'enveloppe normée. Sa vive croissance – 12,8 % – va donc venir en déduction des dotations que l'État affecte aux collectivités locales. Il donne d'une main ce qu'il reprend de l'autre ! Pourtant, « donner et retenir ne vaut » dit le proverbe !
Le débat, très compliqué, porte sur la nature même du FCTVA : est-ce une dotation ou simplement un remboursement ? M. Woerth, ministre des comptes publics, a fini par rendre les armes. Il a reconnu, ici même, au Sénat, qu'il s'agissait en fait du remboursement d'une dette. Dès lors, les choses sont claires : le FCTVA ne devrait pas être intégré dans l'enveloppe normée.
Le Gouvernement prévoit de rembourser par anticipation 5 milliards d'euros sur le FCTVA au mois de janvier dans l'espoir que les collectivités locales vont investir. Rien n'est moins sûr ! Compte tenu de la conjoncture, elles peuvent préférer se désendetter. L'effet n'est donc nullement garanti.
Si le Gouvernement avait voulu accélérer le rythme des investissements des collectivités locales, il aurait pu augmenter, ne fût-ce que légèrement, le taux de remboursement sur les investissements réalisés en 2009 et 2010. Au lieu de cela, il prétend rembourser par anticipation ce qu'il devra payer de toute façon.
Certes, vous avez prévu une convention entre le préfet et la collectivité pour conditionner cette aide à l'investissement réalisé en 2009, mais il n'est que trop prévisible que ce système favorisera les effets d'aubaine : les collectivités effectueront en 2009 les investissements qu'elles ont de toute façon prévu de réaliser.
Le choix du FCTVA comme levier de la relance est donc très contestable. C'est le serpent qui se mord la queue, madame le ministre.
L'augmentation des remboursements dus au titre du FCTVA va donc réduire le montant des dotations d'ajustement, notamment la DCTP perçue par les villes anciennement industrialisées, qui sont souvent parmi les plus pauvres.
Par un jeu d'amendements, le Sénat a obtenu qu'une déduction s'opère à hauteur de 100 millions d'euros. Il n'y a pas de petits profits ! Au terme de la construction de cette usine à gaz, les dotations d'ajustement, qui devaient initialement baisser de 21 %, ne devraient donc plus diminuer que de 14 %.
Certes, M. Marini fait valoir que l'inclusion du FCTVA dans l'enveloppe normée ne change rien au calcul des droits de chaque collectivité ayant réalisé un investissement donnant lieu à remboursement. C'est peut-être exact au niveau de chaque collectivité prise séparément, mais ce n'est pas vrai globalement ; il y aura un effet systémique : l'inclusion du FCTVA dans l'enveloppe normée découragera les collectivités d'investir puisque les remboursements de TVA viendront en déduction des dotations de fonctionnement.
Tout occupé qu'il est à freiner l'investissement des collectivités locales, politique préalablement annoncée et qui, au fond, sous-tend ce budget, le Gouvernement se prend les pieds dans le tapis en prétendant accélérer des remboursements qui viendront en déduction de ses concours.
M. Arthuis, président de la commission des finances, a indiqué que le FCTVA ne devait pas se transformer subrepticement en dotation. ; je ne peux qu'approuver ce propos. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire, madame le ministre !
Ce projet de budget est essentiellement restrictif. Le projet de loi de finances inclut dans le périmètre de l'enveloppe normée, outre le FCTVA, diverses lignes nouvelles telles que la dotation de développement urbain, dédiée à cent communes particulièrement défavorisées, et le Fonds d'accompagnement des communes au titre des restructurations de Défense. Ce dernier est doté de 5 millions d'euros : une poignée de cacahuètes, madame le ministre ! Au surplus; ces nouvelles lignes budgétaires ne coûteront rien à l'État, puisqu'elles viendront en déduction de la DCTP.
Vous faites valoir comme un cadeau aux collectivités une augmentation de 2 % de la DGF et de l'enveloppe normée, avec une inflation qui, avez-vous décrété, sera de 1,5 %. Mais, en 2007, l'inflation était de 3,5 % ! Et maintenant, il n'y a plus de régularisation a posteriori, ce que je déplore profondément.
J'observe la stabilisation en valeur, voire la baisse, de nombreuses dotations : dotation générale de décentralisation, dotation spéciale instituteurs, dotation globale d'équipement des communes et des départements, dotation départementale d'équipement des collèges, dotation régionale d'équipement scolaire, dotation de développement rural, compensation de la part salaires de la taxe professionnelle, compensation des pertes de base d'imposition à la taxe professionnelle…
La baisse prévue pour les dotations d'ajustement est ramenée de 2 milliards d'euros à 1,5 milliard, paraît-il ; mais elle n'en jette pas moins une lumière crue sur le contenu essentiellement restrictif, je le répète, de ce budget.
L'effort de péréquation, que je salue – 70 millions d'euros au travers de la DSU, 50 millions d'euros au travers de la DDU –, viendra lui aussi en déduction de la dotation forfaitaire, qui constitue le minimum vital pour des milliers de petites communes.
Enfin, la réforme de la taxe professionnelle est inquiétante pour l'autonomie fiscale de nos communes, de nos intercommunalités et des départements ; il faudrait au demeurant veiller à ne pas priver les intercommunalités des concours financiers dont elles ont besoin, car elles constituent, je le crois, une réponse adéquate à la spécificité française que représente dans un pays européen l'existence de 36 600 communes.
Nous aurons d'autres occasions, madame le ministre, d'évoquer l'architecture territoriale du pays, le « millefeuille », comme on l'appelle, et j'ai quelques idées sur le sujet.
J'aimerais que vous nous annonciez, comme tout à l'heure le ministre des affaires étrangères à un autre propos, que cette grande question fera l'objet d'un débat de fond : elle exige que vous recherchiez le consensus, qui implique forcément une discussion large, approfondie, dont l'examen de ce fascicule budgétaire ne nous donne pas la possibilité. Quand donc, madame le ministre, y serez-vous disposée ?
Son plan de relance de 26 milliards d'euros va essentiellement gonfler la trésorerie des entreprises. Je ne suis pas persuadé que cela aura un effet très rapide sur l'activité économique. Pour plus des deux tiers, ce plan abondera la trésorerie des collectivités locales puisque l'État leur remboursera par anticipation 5 milliards d'euros sur le FCTVA. Cela devrait permettre de réaliser 2,5 milliards d'euros d'investissements.
Ce dispositif est très curieux. En effet, le Fonds de compensation de la TVA est inclus dans l'enveloppe normée. Sa vive croissance – 12,8 % – va donc venir en déduction des dotations que l'État affecte aux collectivités locales. Il donne d'une main ce qu'il reprend de l'autre ! Pourtant, « donner et retenir ne vaut » dit le proverbe !
Le débat, très compliqué, porte sur la nature même du FCTVA : est-ce une dotation ou simplement un remboursement ? M. Woerth, ministre des comptes publics, a fini par rendre les armes. Il a reconnu, ici même, au Sénat, qu'il s'agissait en fait du remboursement d'une dette. Dès lors, les choses sont claires : le FCTVA ne devrait pas être intégré dans l'enveloppe normée.
Le Gouvernement prévoit de rembourser par anticipation 5 milliards d'euros sur le FCTVA au mois de janvier dans l'espoir que les collectivités locales vont investir. Rien n'est moins sûr ! Compte tenu de la conjoncture, elles peuvent préférer se désendetter. L'effet n'est donc nullement garanti.
Si le Gouvernement avait voulu accélérer le rythme des investissements des collectivités locales, il aurait pu augmenter, ne fût-ce que légèrement, le taux de remboursement sur les investissements réalisés en 2009 et 2010. Au lieu de cela, il prétend rembourser par anticipation ce qu'il devra payer de toute façon.
Certes, vous avez prévu une convention entre le préfet et la collectivité pour conditionner cette aide à l'investissement réalisé en 2009, mais il n'est que trop prévisible que ce système favorisera les effets d'aubaine : les collectivités effectueront en 2009 les investissements qu'elles ont de toute façon prévu de réaliser.
Le choix du FCTVA comme levier de la relance est donc très contestable. C'est le serpent qui se mord la queue, madame le ministre.
L'augmentation des remboursements dus au titre du FCTVA va donc réduire le montant des dotations d'ajustement, notamment la DCTP perçue par les villes anciennement industrialisées, qui sont souvent parmi les plus pauvres.
Par un jeu d'amendements, le Sénat a obtenu qu'une déduction s'opère à hauteur de 100 millions d'euros. Il n'y a pas de petits profits ! Au terme de la construction de cette usine à gaz, les dotations d'ajustement, qui devaient initialement baisser de 21 %, ne devraient donc plus diminuer que de 14 %.
Certes, M. Marini fait valoir que l'inclusion du FCTVA dans l'enveloppe normée ne change rien au calcul des droits de chaque collectivité ayant réalisé un investissement donnant lieu à remboursement. C'est peut-être exact au niveau de chaque collectivité prise séparément, mais ce n'est pas vrai globalement ; il y aura un effet systémique : l'inclusion du FCTVA dans l'enveloppe normée découragera les collectivités d'investir puisque les remboursements de TVA viendront en déduction des dotations de fonctionnement.
Tout occupé qu'il est à freiner l'investissement des collectivités locales, politique préalablement annoncée et qui, au fond, sous-tend ce budget, le Gouvernement se prend les pieds dans le tapis en prétendant accélérer des remboursements qui viendront en déduction de ses concours.
M. Arthuis, président de la commission des finances, a indiqué que le FCTVA ne devait pas se transformer subrepticement en dotation. ; je ne peux qu'approuver ce propos. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire, madame le ministre !
Ce projet de budget est essentiellement restrictif. Le projet de loi de finances inclut dans le périmètre de l'enveloppe normée, outre le FCTVA, diverses lignes nouvelles telles que la dotation de développement urbain, dédiée à cent communes particulièrement défavorisées, et le Fonds d'accompagnement des communes au titre des restructurations de Défense. Ce dernier est doté de 5 millions d'euros : une poignée de cacahuètes, madame le ministre ! Au surplus; ces nouvelles lignes budgétaires ne coûteront rien à l'État, puisqu'elles viendront en déduction de la DCTP.
Vous faites valoir comme un cadeau aux collectivités une augmentation de 2 % de la DGF et de l'enveloppe normée, avec une inflation qui, avez-vous décrété, sera de 1,5 %. Mais, en 2007, l'inflation était de 3,5 % ! Et maintenant, il n'y a plus de régularisation a posteriori, ce que je déplore profondément.
J'observe la stabilisation en valeur, voire la baisse, de nombreuses dotations : dotation générale de décentralisation, dotation spéciale instituteurs, dotation globale d'équipement des communes et des départements, dotation départementale d'équipement des collèges, dotation régionale d'équipement scolaire, dotation de développement rural, compensation de la part salaires de la taxe professionnelle, compensation des pertes de base d'imposition à la taxe professionnelle…
La baisse prévue pour les dotations d'ajustement est ramenée de 2 milliards d'euros à 1,5 milliard, paraît-il ; mais elle n'en jette pas moins une lumière crue sur le contenu essentiellement restrictif, je le répète, de ce budget.
L'effort de péréquation, que je salue – 70 millions d'euros au travers de la DSU, 50 millions d'euros au travers de la DDU –, viendra lui aussi en déduction de la dotation forfaitaire, qui constitue le minimum vital pour des milliers de petites communes.
Enfin, la réforme de la taxe professionnelle est inquiétante pour l'autonomie fiscale de nos communes, de nos intercommunalités et des départements ; il faudrait au demeurant veiller à ne pas priver les intercommunalités des concours financiers dont elles ont besoin, car elles constituent, je le crois, une réponse adéquate à la spécificité française que représente dans un pays européen l'existence de 36 600 communes.
Nous aurons d'autres occasions, madame le ministre, d'évoquer l'architecture territoriale du pays, le « millefeuille », comme on l'appelle, et j'ai quelques idées sur le sujet.
J'aimerais que vous nous annonciez, comme tout à l'heure le ministre des affaires étrangères à un autre propos, que cette grande question fera l'objet d'un débat de fond : elle exige que vous recherchiez le consensus, qui implique forcément une discussion large, approfondie, dont l'examen de ce fascicule budgétaire ne nous donne pas la possibilité. Quand donc, madame le ministre, y serez-vous disposée ?