ActualitésIntervention de Jean-Pierre Chevènement (introduction au débat avec François Hollande) lors de l'université d’été du MRC, Valence, le 5 septembre 2010.
Je suis heureux, en conclusion de notre Université d’été, de pouvoir ouvrir le débat avec François Hollande avec lequel j’ai toujours entretenu des relations amicales et sympathiques, et qui n’est pas seulement un homme politique expérimenté et avisé, étant donné les responsabilités qu’il a exercées durant dix ans à la tête du parti socialiste, mais un homme qui réfléchit et qui, sans céder sur ses fondamentaux réformistes, peut procéder à des inventaires qui conditionnent l’avenir, parce qu’il permettent de bouger et d’évoluer.
Or, la gauche pour gagner vraiment, c’est-à-dire pour réussir, doit bouger impérativement. Il faut faire « bouger les lignes » ; telle a été la conclusion de notre dernier Congrès, les 26 et 27 juin derniers. Nous avons, François Hollande et moi, des points d’accord, par exemple la nécessité d’une réforme de la fiscalité des revenus fusionnant l’IRPP et la CSG de façon à associer justement tous les Français à l’effort nécessaire, si nous voulons non seulement réduire les déficits, mais marquer nos priorités dans le domaine de l’éducation notamment et de la jeunesse. Nous avons - ou en tout cas nous avons eu – des points de désaccord, notamment sur l’Europe et par conséquent sur la nation, et par conséquent sur l’indépendance nationale sans laquelle on ne peut exercer les effets de levier nécessaires. François Hollande a affirmé une haute ambition parfaitement légitime : celle de devenir Président de la République en 2012. Il m’est arrivé de dire qu’on ne naissait pas homme d’Etat mais qu’on pouvait le devenir. Simplement, pour devenir Président de la République française, il faut aussi s’identifier pleinement à la France. Le moment d’un débat de fond est venu. J’aurais souhaité qu’il puisse être abordé dans une autre configuration, avec la constitution, au lendemain de la présidentielle de 2007, d’un grand parti de toute la gauche. Cette ambition que nous avions faite nôtre à notre Congrès du Kremlin-Bicêtre de 2008 s’est heurtée au conservatisme des structures politiques de la gauche. Je l’ai regretté. Nous abordons donc l’échéance de 2012 en ordre dispersé. Ce peut être un avantage si le débat permet de faire bouger les lignes.
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Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 5 Septembre 2010 à 17:20
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Dépêche AFP, dimanche 5 septembre 2010, 14h33.
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement, a annoncé dimanche qu'il décidera à l'automne 2011 s'il se présente à l'élection présidentielle de 2012 ou s'il soutient le candidat que le PS doit désigner par les primaires.
M. Chevènement s'exprimait après un débat avec François Hollande en clôture de l'université d'été de son mouvement, qui a travaillé pendant deux jours à Valence (Drôme) sur trois thèmes: sortir de la logique des marchés financiers, la crise de la zone euro, et refaire de la France un grand pays industriel et technologique. Annonçant qu'il rencontrerait la numéro un du PS Martine Aubry le 15 septembre, le fondateur du MRC n'a pas exclu d'être candidat à l'élection présidentielle de 2012, comme en 2002: "Je ne renie rien de mon discours de 2002: modifier le fonctionnement de la BCE, donner plus de pouvoirs au Conseil européen...", a-t-il dit à l'AFP. Les actes du colloque du 12 avril 2010 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à l'hebdomadaire Les Inrockuptibles, mercredi 25 août 2010.
Comment expliquez-vous ce retour brutal du discours sécuritaire chez Nicolas Sarkozy ? Est-ce uniquement pour masquer les dégâts de l’affaire Woerth ou les conséquences de la politique de rigueur ?
Jean-Pierre Chevènement : La sécurité, pour M. Sarkozy, est un dérivatif. La question principale est la question économique. Nicolas Sarkozy a été pris à contre-pied depuis son élection par la crise du capitalisme financier mondialisé. Il est aujourd’hui face à une situation difficile du fait de la crise de l’euro et des plans de rigueur que l’Allemagne a réussi à imposer à tous les pays de la zone euro. Le rapport de forces entre la France et l’Allemagne et la pression des marchés financiers ne lui permettent guère que de raser les murs. L’irruption massive de ce discours sécuritaire a essentiellement pour but de masquer l’extrême difficulté d’une politique de rigueur qui doit, conformément aux exigences de Bruxelles et du pacte de stabilité, ramener le déficit de l’Etat de 8 à 3% du PIB, soit presque 100 milliards d’euros à économiser en trois ans. C’est impossible, même avec une croissance forte - qu’on ne voit pas à l’horizon. Et le concours de politiques de rigueur auxquels se livrent actuellement les gouvernements de la zone euro ne peut mener qu’à une récession catastrophique. Et pour masquer cette réalité objective, le gouvernement décide donc de mettre le projecteur sur les roms et de multiplier les expulsions… C’est le discours classique du bouc-émissaire. Il y a bien sûr des noyaux durs de délinquance, je connais le dossier, mais on ne peut pas assimiler l’ensemble des roms à ces délinquants. On ne peut pas non plus assimiler les roms et les gens du voyage, ça n’a rien à voir. Le risque est grand de générer des amalgames. Personne n’est vraiment dupe dans le fond ; le gouvernement n’utilise pas de simples ficelles, il déroule un câble. Il y a un pas qu’aucun gouvernement ayant un peu de déontologie ne devrait franchir. A force de généralisations abusives, il a été franchi. C’est la raison pour laquelle la gauche , selon moi, ne doit pas tomber à pieds joints dans le piège qui lui est tendu. L’inégalité devant la sécurité est une réalité, il y a des gens qui souffrent plus que d’autres de la délinquance au quotidien. C’est un terrain très glissant pour la gauche. Elle devrait le savoir par expérience, et elle va devoir confier sa riposte à des gens qui savent de quoi ils parlent. Carnet de Jean-Pierre ChevènementAvec le général Pierre-Marie Gallois, c’est un visionnaire, un patriote, un homme aux multiples talents, un des grands penseurs français de la stratégie nucléaire qui disparaît.
Pierre-Marie Gallois était un officier non conformiste. Il n’avait jamais accepté l’effondrement de 1940 et s’était très vite retrouvé à Londres, servant dans l’aviation de bombardement. Son patriotisme était viscéral : plus jamais 1940 !
Sous la IVe République, il joua un rôle éminent, comme conseiller ministériel, puis comme officier détaché à l’OTAN pour ouvrir la voie d’un armement nucléaire à la France. Consulté par le général de Gaulle dès avant son retour au pouvoir, en 1958, Pierre-Marie Gallois restera comme l’un des théoriciens majeurs de la dissuasion nucléaire et de l’autonomie de décision qu’elle confère. Il restera avant tout comme un grand Français, un homme profond, allant tout de suite à l’essentiel. Il ne laissera pas seulement derrière lui une œuvre écrite imposante. Il a été dans toutes les fonctions militaires et industrielles qu’il a occupées, un homme d’influence. Son charisme et sa puissance de conviction ont contribué à ce que notre pays se dote d’abord de l’arme nucléaire et préserve ensuite le noyau dur de la dissuasion : « l’autonomie de décision », encore réaffirmée par le Président de la République dans son discours de Cherbourg, en 2008. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de la Fête de la Rose à Frangy-en-Bresse, dimanche 22 août 2010.Il était l'invité du journal de RTL de 18h, dimanche 22 août 2010.
20100822 RTL.mp3 (4.65 Mo)
Dépêche AFP, dimanche 22 août 2010, 14h25.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC, a estimé dimanche à Frangy-en-Bresse (Saône-et-Loire) que les primaires impliquaient "un accord minimal", faute de quoi ce serait "une machine à opérer des désistements automatiques".
Accueilli par Arnaud Montebourg (PS), ordonnateur de la Fête de la Rose dans cette commune bourguignonne, le sénateur de Belfort, qui avait été très sévère sur le processus des primaires, a affirmé: "Je crains que s'il n'y a pas un accord minimal au départ, ce soit une machine à opérer en quelque sorte des désistements automatiques". Le député socialiste est pour sa part un ardent partisan des primaires dont il a défendu l'idée au PS. "Il s'agit de mettre la gauche à la hauteur, de bâtir l'équation de la réussite et par conséquent de faire bouger les lignes", a affirmé M. Chevènement, qui juge nécessaire de "parler du fond, du projet". "C'est la rentrée politique. Un discours de vérité, un discours sur la réussite de la gauche en 2012 ne peut pas faire de mal". Participera-t-il aux primaires socialistes? "Ca, c'est une autre affaire. Les primaires, ça implique un accord minimal. On va parler du fond", a assuré l'ancien ministre. Rappelant qu'il avait été pendant 29 ans membre du Parti socialiste, où il a créé et animé le courant Ceres, M. Chevènement, venu "sous l'amicale pression d'Arnaud Montebourg", a ensuite déclaré, en signant le livre d'or de la mairie: "L'essentiel est de réussir. Nous n'avons pas le droit de décevoir". "Nous avons une longue histoire depuis le congrès d'Epinay" (1971), a relevé celui qui fut de la fondation du PS avec François Mitterrand. Un repas champêtre de quelque 500 convives a suivi, M. Montebourg devant s'exprimer dans la journée. |
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