Jean-Pierre Chevènement était l'invité du matin de RFI animé par Frédéric Rivière, mardi 19 juillet 2016.


Verbatim :
Il faut porter un jugement nuancé. Les Français ont manifesté beaucoup de dignité. La minute de silence a été respectée dans tout le pays.
Manuel Valls a été sifflé par une petite partie des personnes présentes sur la promenade des Anglais et ce n’est pas à leur honneur, car je pense que Manuel Valls fait son travail. C’est notre premier ministre et les reproches qui lui sont faits par certains leaders de la droite de ne pas avoir pris les moyens qu’il devait prendre ne sont pas argumentés.
Lesquels fallait-il prendre ? Comment pouvait-on empêcher ce camion fou de semer la mort sur la promenade des Anglais ? L’individu n’était pas connu des services de renseignement. La tâche des pouvoirs publics est très difficile or il faut quelles que soient les opinions politiques, on fasse preuve d’un certain loyalisme, d’un certain légalisme. Il y a un président de la République, il y a un premier ministre, il y a un ministre de l’Intérieur auquel je veux rendre hommage parce qu’il a un travail considérable à faire tous les jours. Je trouve que les reproches qui sont faits sont des reproches tout à fait excessifs. On ferait mieux de réfléchir à la réponse collective que nous devons apporter à ce défi du terrorisme.

Il y a effectivement des attentats, ce n’est pas nouveau, c’était prévisible, et ça va continuer, parce que nous sommes en présence d’un problème infiniment complexe qui met en jeu toutes les tensions de la société française et ne l’oublions pas, un monde musulman traversé de conflits, de convulsions, une guerre interne entre le terrorisme djihadiste et on pourrait élargir, mais pas trop élargir.

le 19 Juillet 2016 à 15:06 | Permalien | Commentaires (21)

Les actes du colloque du 18 avril 2016 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica: "Etats-Unis, horizon 2017"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica
  • Introduction de Loïc Hennekinne, ambassadeur de France, membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
  • Sur les élections primaires, par André Kaspi, historien, spécialiste des États-Unis, auteur, entre autres, de « Les Américains » (2 tomes, rééd. 2014, Points) et « Les présidents américains », en collaboration avec Hélène Harter (Tallandier, 2012)

le 11 Juillet 2016 à 18:22 | Permalien | Commentaires (0)
J’apprends avec grande peine le décès de Michel Rocard. Il reste pour moi le jeune secrétaire général du PSU que j’ai connu au milieu des années 1960, quand j’ai crée moi-même le CERES, avant tout un militant sincère qui croyait à la force des idées et à bien des égards, l’espoir de sa génération.

Il est devenu ensuite un acteur incontournable du Parti Socialiste.

Il a campé, en 1977, au congrès de Nantes, une opposition entre deux cultures du socialisme, l’une jacobine, l’autre autogestionnaire et décentralisatrice. Cette opposition qui m’a toujours parue un peu factice a gouverné nos relations sans nuire à leur cordialité .Sa culture était plus mendésiste que mitterrandienne.

Les Français ont aimé sa sincérité. Ils ont apprécié la compétence du premier ministre.

Michel Rocard n’a pas été Président de la République mais il restera comme une figure idéologique majeure du socialisme français dans la seconde moitié du XXème siècle.

J’exprime à sa famille et à ses proches toute ma sympathie et ma tristesse
Mots-clés : michel rocard

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 3 Juillet 2016 à 09:21 | Permalien | Commentaires (2)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement avec Le Figaro Magazine, propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières, vendredi 1er juillet 2016


"Le sentiment d’appartenance est nécessaire à la démocratie"
Nous avions rendez-vous avec l’ancien ministre de l’Intérieur pour évoquer sa vision de l’Histoire de France. Le Brexit nous a fait dévier de notre chemin initial. Mais pour cet homme d’Etat, qui raisonne encore à l’échelle du temps long, tout se tient : le passé éclaire le présent.

L’apocalypse n’a pas eu lieu. Le Brexit, loin d’être le cataclysme annoncé est, pour Jean-Pierre Chevènement une chance de sursaut. Une nouvelle page de l’Histoire qui s’ouvre. L’Histoire, à l’entendre, c’est ce qui manque aux Français pour se réconcilier avec eux-mêmes. Pour mieux la défendre, l’ancien ministre de l’Education nationale a rédigé la préface d’un manuel scolaire à paraître *, qui fait la part belle à la chronologie et aux grands hommes. Jean-Pierre Chevènement y rappelle son attachement au « récit national » et signifie son refus de toute repentance. « L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. Mais il n’est peut-être pas moins vain de s’épuiser à comprendre le passé, si l’on ne sait rien du présent », écrit Marc Bloch dans Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien. En disciple de l’auteur de L’Etrange Défaite, Jean-Pierre Chevènement scrute les siècles précédents pour mieux analyser les maux de notre époque. Il voit dans « la déconsidération de soi à laquelle nous nous sommes laissé réduire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », la cause profonde de la crise existentielle de l’Europe contemporaine.

Le Figaro Magazine: Avec le Brexit, une nouvelle page de l’Histoire de l’Europe s’ouvre-t-elle ?
Jean-Pierre Chevènement:
Certainement. Il faut repenser l’Europe à partir de l’exigence de la démocratie. Les Britanniques n’avaient qu’un pied dans l’Europe mais ils ont voulu conserver leur capacité à décider par eux-mêmes de ce qui les regarde. Ils sont attachés à leur Parlement. Ils ne veulent pas être régis de manière opaque par des anonymes qu’ils n’ont pas désignés. La démocratie vit dans les nations. Elle suppose un sentiment d’appartenance. La seule instance démocratique légitime dans l’Europe actuelle c’est le Conseil des chefs d’Etats et de gouvernement. Mais elle n’est pas outillée pour décider. Quant au Parlement européen, il gagnerait à procéder des Parlements nationaux. Il n’y a pas de « démos » européen. Personne ne connaît son « député européen ». Il faut faire un retour et un détour par les nations pour refonder démocratiquement l’Europe.

En second lieu, l’Europe telle qu’elle a été conçue par Jean Monnet et Jacques Delors (marché unique, monnaie unique) souffre de son économicisme : elle n’a jamais été une entité stratégique. Elle n’offre aucune protection face aux menaces et aux défis qui nous attendent. Je suggère une grande conférence pour revoir les traités, à la lumière de ces deux observations. Si ce n’est pas possible, il faudra saisir les Français par référendum.

le 1 Juillet 2016 à 18:24 | Permalien | Commentaires (8)

Tribune de Jean-Pierre Chevènement, Marianne, 1er juillet 2016.
Opaque et technocratique, la Commission de Bruxelles a dépossédé les Etats de leurs prérogatives et s'est substituée aux droits nationaux, sans pour autant répondre aux défis de notre époque. Il est de temps de défendre l'Europe et ses travailleurs et de remettre la politique au poste de commande.


Relever l’idée européenne par la démocratie
Le Brexit n’a pas seulement révélé, comme l’éclair illumine un paysage nocturne, les fragilités de la construction européenne, il a sonné comme un retentissant et cuisant désaveu à l’égard des institutions de Bruxelles.

La Grande-Bretagne avait un statut à part, dans l’Union européenne. Et pourtant, il faut croire que l’intelligence collective de son peuple a préféré délaisser ce statut avantageux pour reprendre en main et en toute transparence le contrôle entier de son destin. L’opinion claironnée de la plupart des élites européennes, au lendemain du Brexit, est que la Grande-Bretagne s’est tirée une balle dans le pied, que son économie va entrer en récession et que peut-être le Royaume-Uni va éclater. Cela est possible, encore que peu probable.

Mais si c’était le contraire qui était vrai ? Si la Grande-Bretagne avait quitté un édifice branlant où elle n’avait d’ailleurs mis qu’un pied, avant qu’il ne s’effondre sur sa tête ? La Grande-Bretagne a vu avec inquiétude la prolifération des règles et des normes européennes élaborées, sans aucun contrôle démocratique véritable, par une Commission européenne technocratique et opaque, l’envahissement du droit dérivé et surtout la supériorité du droit européen sur le droit national. En maints domaines, le Parlement de Westminster n’avait plus le dernier mot. Le problème allait donc bien au-delà de l’immigration polonaise. La question de fond était : est-ce qu’un gouvernement démocratique est encore possible dans nos sociétés dites « avancées » ? Mais en quoi seraient-elles avancées si elles commençaient par renoncer au principe de « self government » ? Ce débat n’était-il pas légitime ?

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 1 Juillet 2016 à 10:57 | Permalien | Commentaires (3)

Tribune collective* publiée dans Le Figaro, vendredi 1er juillet 2016.


Une conférence pour une nouvelle construction européenne
Les auteurs lancent un appel pour une renégociation des traités qui s'articulerait autour de trois priorités : la souveraineté, la prospérité et l'indépendance stratégique.

Le peuple britannique a exprimé souverainement sa volonté de rester maître des décisions qui le concernent. Ce vote courageux et massif est évidemment une claque pour la dérive technocratique dans laquelle l'Union européenne actuelle s'est laissé enfermer depuis au moins trois décennies, sur la base de traités marqués au coin du néolibéralisme alors triomphant (Acte unique, traité de Maastricht, traité de Lisbonne), ou de l'ordo-libéralisme allemand (traité de cohérence budgétaire dit « TSCG » de 2012).

Tout montre que dans la plupart des pays européens, les citoyens n'acceptent plus d'être gouvernés par des instances non élues, fonctionnant en toute opacité. Le vote britannique peut être une chance : il doit être l'occasion de réorienter la construction européenne, en articulant la démocratie qui vit dans les nations avec une démocratie européenne qui reste à construire.

Nous demandons la réunion d'une conférence européenne sur le modèle de la conférence de Messine de 1955 qui, après l'échec de la Communauté européenne de défense (CED), a permis de remettre la construction européenne sur les rails et a préparé efficacement le traité de Rome. Cette conférence se réunirait à vingt-sept, avec un statut spécial d'observateur pour la Grande-Bretagne.
Mots-clés : brexit europe

le 1 Juillet 2016 à 10:23 | Permalien | Commentaires (2)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Jean-Jacques Bourdin dans Bourdin Direct sur BFM TV et RMC, mercredi 29 juin 2016.


"Il faut changer d'Europe et nouer des partenariats avec la Russie et la Turquie"
Voir le podcast vidéo ici et la sélection des propos de Jean-Piere Chevènement .
20160629_invitebourdin_9.mp3 Bourdin Direct sur RMC et BFMTV  (9.11 Mo)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement avec Atlantico, propos recueillis par Alexis Franco, dimanche 26 juin 2016.


"Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même le pays fondateur par excellence. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite"
Atlantico : Après plusieurs semaines de débats tendus entre les partisans du maintien et ceux de la sortie, le Royaume-Uni a voté en faveur d’un désengagement de l’Union européenne. En France, le discours eurosceptique jouit d’un écho inédit dans l’opinion au point que selon certains sondages, le camp cumulé en faveur d’une sortie de l’Europe dépasse les 50%. Faut-il, tout comme en Angleterre, organiser un référendum sur ce sujet dans notre pays ?
Jean-Pierre Chevènement :
Je ne suis pas intervenu jusqu’à aujourd’hui (ndlr : vendredi 24 juin 2016) dans le débat sur le Brexit.

C’est une affaire qui regardait d’abord le peuple britannique. Celui-ci s’est exprimé massivement et en toute souveraineté pour sortir de l’Union européenne où la Grande-Bretagne jouit pourtant d’un statut spécial. C’est dire à quel point tous les peuples rejettent le fonctionnement opaque et technocratique des institutions européennes actuelles. La situation de la France n’est pas celle de la Grande-Bretagne. Nous sommes l’un des pays fondateurs de l’Europe et même, on peut le dire, le pays fondateur par excellence, celui qui, seul, pouvait prendre l’initiative de cette construction au début des années 1950. Cela nous donne un devoir de responsabilité pour la suite, quelles qu’aient été les erreurs commises dans cette construction, et il y en eut de nombreuses.

Les traités européens, en effet, sont marqués au coin du néolibéralisme alors triomphant (Acte Unique 1986, traité de Maastricht 1992, traité de Lisbonne qui reprend les termes du projet de traité constitutionnel européen rejeté par le peuple français en 2005). Vous me dites que, selon certains sondages, une majorité de Français serait en faveur d’une sortie de l’Europe. Le problème pour la France ne se pose pas ainsi. Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. L’idée européenne mérite de survivre mais sur d’autres bases, essentiellement celle de la démocratie qui vit d’abord dans les nations. C’est pourquoi je propose la tenue d’une Conférence européenne à 27 avec un statut d’observateur pour la Grande-Bretagne en vue de revoir les traités. Il faudrait outiller le conseil européen, seule instance démocratique légitime pour préparer et suivre l’exécution de ses décisions. Le Parlement européen, enfin, serait plus légitime s’il procédait des parlements nationaux. On ne peut construire une démocratie européenne qu’à partir des démocraties nationales. C’est seulement dans l’hypothèse où ces propositions ne seraient pas reprises qu’il faudrait interroger les Français et bien sûr par référendum. Mais nous n’en sommes pas là pour le moment.

le 26 Juin 2016 à 18:04 | Permalien | Commentaires (3)
1 ... « 52 53 54 55 56 57 58 » ... 269


Derniers tweets

Abonnez-vous à la newsletter








Mots-clés des 30 derniers jours