Entretien de Jean-Pierre Chevènement à l'Alsace, 5 septembre 2008.
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense et président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) se prononce en faveur d’un retrait progressif des troupes françaises en Afghanistan.
L'Alsace : Faut-il maintenir une présence française en Afghanistan ? Jean-Pierre Chevènement : Le seul objectif qu’on puisse se donner, c’est d’aider l’Afghanistan à devenir un État digne de ce nom. À mes yeux, la tâche des soldats français devrait se borner à former les soldats afghans. Les Américains ont pollué le dossier afghan dès le départ. Doublement. D’abord en ne mettant pas les moyens — ils ont envoyé 8 000 hommes en Afghanistan contre 140 000 en Irak, pays qui n’avait rien à voir avec les attentats du 11 septembre. Ensuite, en déclenchant avec l’ensemble du monde musulman ce qui a été ressenti comme une guerre de civilisation. George Bush parle de guerre contre le terrorisme mais il faut distinguer, en Afghanistan, les tribus pachtounes qui forment la majorité de la population et Al-Qaïda et ses alliés qui ne représentent qu’une petite minorité. Vous êtes donc favorable au retrait des troupes françaises ? Je ne demande pas un retrait immédiat et total mais un retrait progressif. La nouvelle administration américaine, après les élections de novembre, va redéfinir les objectifs. Il est dommage que nous soyons totalement à la remorque de l’Amérique. On voit là tout le danger de la réintégration de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’Otan. C’est le plus sûr moyen de se faire entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres. L’Afghanistan n’a jamais été dans la zone des intérêts prioritaires de la France. Cette guerre n’a rien à voir avec les intérêts de la France. Faut-il, comme le dit ministre de la Défense, que le gouvernement afghan discute avec les talibans qui « ne sont pas dans le djihad » ? Il n’y a pas de talibans modérés mais il faut engager la discussion avec la guérilla pachtoune pour la séparer d’Al-Qaïda et de Ben Laden. On ne peut pas faire passer un pays du Moyen âge au XXIe siècle à coup de bombes guidées par laser. On n’exporte jamais ses valeurs à la pointe des baïonnettes. On devrait le savoir depuis la Révolution française. Pour Nicolas Sarkozy, si on laisse tomber l’Afghanistan on déstabilise le Pakistan… Le Pakistan a aussi ses propres problèmes et la bombe nucléaire pakistanaise est avant tout dirigée contre l’Inde. En fait on peut toujours trouver de bonnes raisons pour justifier un engagement militaire. Avec cette déclaration de Nicolas Sarkozy, nous sommes dans le grand n’importe quoi. Propos recueillis par Céline Mazeau
Rédigé par Chevenement.fr le 6 Septembre 2008 à 01:28
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Dépêche AFP, mercredi 3 septembre 2008, 16h03.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a déclaré mercredi que la brutale mutation de Dominique Rossi, patron des forces de sécurité en Corse, "était tout à fait dans la veine de la bande dessinée de Pétillon".
Interrogé en marge du Comité de liaison de la gauche, l'ancien ministre de l'Intérieur a jugé que "la manière dont le ministère de l'Intérieur a réagi était tout à fait dans la veine de la bande dessinée de Pétillon", en allusion à "L'enquête corse" de René Pétillon, où le détective Jack Palmer se trouve aux prises avec les indépendantistes. Dominique Rossi a été muté à l'IGPN après la brève occupation par des nationalistes de la propriété de l'acteur Christian Clavier, un proche de Nicolas Sarkozy. "C'est évidemment une sanction injustifiée", a estimé M. Chevènement. Mais le patron du MRC se dit "insurgé" par une autre affaire": "l'absence de réaction des pouvoirs publics à l'exigence des indépendantistes formulées lors des Journées d'été en juillet dernier que la BNP ne fasse plus de prêts aux non-résidents pour l'acquisition d'une maison". "Même M. Clavier ne pourrait plus avoir un emprunt pour acquérir sa villa, mais il n'en avait peut être pas besoin!", a-t-il lancé. Pour lui, "la BNP s'est couchée. L'Etat n'est pas intervenu, ni le préfet, ni le ministère des Finances, ni la commission bancaire. Il n'y a eu aucune réaction des pouvoirs publics par rapport à cette mesure anti-républicaine et le ressort même du système mafieux", a-t-il déploré. Alors que limogeage du responsable des forces de sécurité en Corse provoque un tollé, Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RTL Soir. L'ancien ministre de l'Intérieur a parlé d'une gestion "pétillonnesque" de la police nationale, en référence au dessinateur de la BD "L'enquête Corse".
RTL-02092008.mp3 (3.05 Mo)
Voici le programme final de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen qui se tient les 6 et 7 septembre à Belfort sur le thème : l'état de la gauche et les perspectives de sa refondation.
Le programme est téléchargeable ci-dessous au format PDF.
Dépêche AFP, dimanche 31 août 2008, 17h17.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républician et citoyen (MRC), a exorté dimanche le PS à "se reprendre", estimant que lors de son université d'été à La Rochelle "il a donné le sentiment de se désintéresser des questions de fond".
"Le PS a donné le sentiment de se désintéresser des questions de fond, qu'il s'agisse de la crise économique mondiale ou des risques d'une nouvelle guerre froide sur notre continent", a déploré M. Chevènement dans un communiqué. En outre, selon lui, "le débat sur l'Europe qui avait traversé le parti socialiste lui-même, a été refermé". "Il est temps que le PS se reprenne pour refonder la gauche sur des bases républicaines et offrir au peuple français une alternative véritable au fondamentalisme de marché dont l'échec est partout visible", a-t-il conclu. Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque organisé à Poitiers, le 21 août 2008, par la Fondation « Prospective et Innovation » sous la présidence de M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, sur le thème « La Chine vue de l’Inde : Une lecture politique des relations Inde-Chine ».
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs, Le fait est là : La Chine a creusé l’écart. Depuis 1979 et le tournant opéré par Deng Xioping (« Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, l’important est qu’il attrape des souris »), le PIB de la Chine a été multiplié par sept. Le PIB chinois aux taux de change courants, pèse aujourd’hui 3.100 milliards de dollars et se rapproche de celui du Japon (5.000 milliards de dollars). Ce développement a été tiré par les multinationales qui représentent plus de 60 % des exportations chinoises. Il s’inscrit naturellement dans le cadre du rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis, entamé dès 1972 par la visite à Pékin du Président Nixon à Mao Tsetoung. Il y a une alliance de fait qui s’exprime par le soutien que la Chine, avec ses réserves libellées en dollar et placées en bons du Trésor américain, apporte au cours du dollar. Les firmes multinationales américaines mais aussi japonaises et européennes captent environ 70 % de la valeur ajoutée par la maîtrise qu’elles conservent encore de la technologie et de la distribution. Cette alliance est naturellement tissée de rivalités. Quoi qu’il en soit, la Chine est devenue, vis-à-vis de tous les pays de l’Asie orientale, le premier client et le premier fournisseur, y compris vis-à-vis du Japon. Sa croissance agit comme un formidable moteur pour le développement de toute la région. Notons que dans le même temps (les trente dernières années), la croissance du PIB indien a été sensiblement moins rapide que celle de la Chine. Le PIB indien pèse environ trois fois moins que le PIB chinois, même si la croissance indienne, largement tirée par les services aux entreprises, a eu tendance à s’accélérer nettement ces dernières années. Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement au Parisien.fr, propos recueillis par Eric Hacquemand, édition du 27 août 2008.
Sur le dossier afghan, Jean-Pierre Chevènement reproche à Nicolas Sarkozy d'avoir «cédé à la pression de l'administration américaine». L'ancien ministre de la Défense, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), se prononce en faveur d'un désengagement progressif, mené en concertation avec la communauté internationale dans le cadre de l'ONU.
La mort de dix soldats français marque-t-elle l'échec de la politique suivie par Nicolas Sarkozy en Afghanistan ? Jean-Pierre-Chevènement. Je compatis d'abord à la douleur des familles. Depuis huit ans, les erreurs succèdent aux erreurs. L'administration de George Bush a pollué le dossier afghan dès le départ. D'abord en consacrant l'essentiel de ses forces, 140 000 hommes, à l'invasion de l'Irak et seulement 8 000 en Afghanistan. Et d'autre part en créant les conditions d'un conflit de civilisations. Son concept de «guerre contre la terreur» est beaucoup trop flou. Il confond Al-Qaïda et l'ethnie pachtoune dominante en Afghanistan. Or, Nicolas Sarkozy a cédé à la pression de l'administration américaine. Son alignement l'a conduit à renforcer notre contingent militaire au détriment de notre sécurité globale. La responsabilité du commandement militaire dans la préparation de cette patrouille est-elle en cause ? Un général français, le général Stollsteiner, a déploré un excès de confiance. La protection de nos soldats a été gravement déficiente. La clarté doit être faite. Etes vous favorable au retrait des militaires français ? Dans l'immédiat, nos troupes devraient être cantonnées dans un rôle d'instruction de l'armée afghane. Notre rôle est seulement d'aider l'Afghanistan à devenir un Etat indépendant. Le désengagement dépend d'une équation plus générale qui inclut le Pakistan aujourd'hui gravement déstabilisé. Ce retrait progressif mérite une concertation internationale approfondie dans le cadre de l'ONU, y compris avec la Russie et la Chine. Dépêche AFP, mardi 26 août 2008, 15h24.
Jean-Pierre Chevènement, président du MRC, a déclaré mardi à l'AFP qu'il fallait une "redéfinition beaucoup plus claire" du rôle et des objectifs que poursuit la communauté internationale en Afghanistan.
"Il faut une redéfinition beaucoup plus claire des objectifs et du rôle que la communauté internationale peut jouer pour aider l'Afghanistan à exister en tant que pays indépendant", a affirmé l'ancien ministre. "Il est extrêmement important d'aider les Afghans à reconstruire leur Etat, et de borner le rôle des troupes françaises à un rôle d'instruction des forces afghanes", a jugé M. Chevènement. Selon lui, "des concertations approfondies de la communauté internationale, qui n'exclueraient personne --ni la Chine, ni la Russie--, sont nécessaires" pour tenter de "stabiliser cette région". "Avec l'invasion de l'Irak, les Etats-unis ont doublement pollué le dossier afghan", selon lui, "d'abord parce qu'il ont mis en Irak l'essentiel de leurs forces et puis, parce qu'en s'intéressant plus au pétrole qu'à la guerre contre la terreur, ils ont créé les conditions d'un conflit de civilisation". "L'Afghanistan ne peut pas être isolé du contexte régional, alors qu'au Pakistan la situation se dégrade rapidement", a encore relevé l'ancien ministre. |
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