Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission Politique sur France 24. Il répondait avec Alexandre Adler aux questions de Roselyne Febvre et de Jean-Marie Colombani.Allocution d’ouverture de Jean-Pierre Chevènement au colloque de l'IRIS, Algérie Quelles transitions ?, Paris, le mardi 15 mars 2016.
Je suis très honoré que l’IRIS m’ait demandé de prononcer l’allocution d’ouverture de ce colloque. Je le suis comme Président, depuis cinq ans, de l’Association France Algérie (AFA) créée en 1963 à l’instigation du Général de Gaulle pour fortifier les liens entre les sociétés française et algérienne. Ayant organisé plusieurs colloques sur L’Algérie et la France au XXIe siècle (17/12/2011) et sur les relations économiques et le développement industriel de l’Algérie, l’AFA a ainsi préparé la visite de François Hollande à Alger en décembre 2012.
Nul n’ignore que l’Algérie est confrontée à une baisse de 70 % de ses revenus pétroliers depuis deux ans, comme l’a déclaré le Président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion du 45ème anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, en février dernier. Or, les hydrocarbures représentent 97 % des exportations algériennes et une part très importante de ses recettes fiscales. La situation économique et sociale de l’Algérie constitue la première partie de votre colloque. ActualitésLes actes du colloque du 1er février 2016 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Jean-Pierre Chevènement était l'invité du matin de RFI, vendredi 11 mars 2016. Il répondait aux questions de Frédéric Rivière.
Verbatim express
La crise migratoire est un problème devant lequel les Européens sont très embarrassés. Les accords de Schengen n’étaient pas faits pour des circonstances exceptionnelles, je dirais même qu’il y avait dès le départ, en 1985, quelque audace à reculer notre frontière au Pirée et même aux îles grecques. On savait bien qu’un pays périphérique comme la Grèce n’était pas outillé pour réaliser un contrôle efficace aux frontières. Je vous rappelle que le budget de Frontex c’est 80 millions d’euros, c’est absolument dérisoire, c’est moins que le budget accordé à nos propres services en France. La Grèce n’est pas équipée pour effectuer des contrôles. Le nombre de visas enregistrés est probablement le tiers des gens qui passent. En tout cas il n’y a pas de coopération efficace entre le système Frontex et d’autre part Europol et les polices nationales. On voit que les prises d’empreintes par le sytème Rodac ne sont pas utilisées par la police, donc c’est un système très peu satisfaisant. Les choses se sont beaucoup aggravées à l’été 2015. Il y avait un courant de réfugiés, ce qu’on peut comprendre étant donné la guerre qui sévit en Syrie et en Irak, c’est normal. Mais les déclarations de Mme Merkel à la fin du mois d’août 2015 ont transformé une bourrasque en tempête, c’est ce qu’on appelle un « appel d’air ». Mme Merkel a manifestement commis une erreur puisqu’elle a unilatéralement annoncé que l’Allemagne allait accueillir plus de 1 million de réfugiés en faisant fi du principe de Dublin, qui fait que c’est dans le pays d’enregistrement que l’asile doit être accordé. C’est donc tout le système européen qui a été déséquilibré. On s’aperçoit que ce n’est pas sans conséquences et même sans conséquences fâcheuses : nous sommes à la veille d’élections allemandes dans les Landers du Sud Ouest et de la Saxe donc Mme Merkel naturellement fait aujourd’hui le contraire de ce qu’elle avait annoncé puisqu’elle vient de conclure directement avec le premier ministre turc un accord de réadmission de tous les réfugiés arrivés en Grèce avec en contrepartie l’accueil d’un nombre de réfugiés syriens équivalent. Nous avons été placés devant le fait accompli. Agenda et médias
Après les attentats de Paris en 2015, nous sommes sortis de l’univers libéral-libertaire pour entrer dans une nouvelle ère idéologique où les concepts de nation, de frontières, d’autorité, et des emblèmes comme la Marseillaise, le drapeau, reprennent une signification. Les Français se sont rassemblés autour de la Nation, autour du patriotisme républicain et de ses emblèmes.
C’est un changement considérable. Il faut en prendre la mesure, rompre avec les erreurs anciennes qui nous ont conduits là où nous en sommes. Ces choix désastreux qui remontent aux années 1980 ont une matrice commune : la perte de confiance en la France, dans l’Etat-nation comme cadre de souveraineté, de responsabilité, de démocratie et de citoyenneté, dans la République comme matrice de notre destin. « La République et la nation » : autour de ces deux notions capitales, République Moderne vous propose cette confrontation exceptionnelle des points de vue. « La République et la nation » Mercredi 30 mars 2016 De 17h00 à 21h00 à l’Assemblée nationale, salle Colbert Ils interviendront lors de cette rencontre : Jean-Pierre Chevènement, président de République Moderne Régis Debray, philosophe, écrivain, médiologue Marcel Gauchet, historien, philosophe Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, Vice-Présidente de République Moderne Henri Guaino, député des Yvelines Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Economie Jérôme Sainte-Marie, auteur de « Le nouvel ordre démocratique » Inscription préalable indispensable avant le vendredi 25 mars à 16h00. Compte tenu du dispositif de sécurité de l’Assemblée nationale, il est impératif de renvoyer l’ensemble des informations mentionnées ci-dessous à l’adresse suivante : repmoderne@gmail.com avant le 25/03/2016 à 16h00 (vous recevrez un mail de confirmation). La présentation d’une pièce d’identité à l’accueil de l’Assemblée nationale sera impérative. Nous insistons bien sur l’obligation de nous envoyer ces informations avant la date limite, aucune dérogation ne sera accordée de la part du service de sécurité de l’Assemblée nationale. Nom : …………………………………………………………………… Prénom : ……………….………………………………………………. Date de naissance : ……………………………………………………. Lieu de naissance : …………………………………………………….
Yves Guéna était l’incarnation d’un patriotisme français venu des profondeurs, spontané, qui ne se discutait pas. Il avait à peine dix-huit ans quand, répondant à l’appel du Général de Gaulle, il réussit à gagner l’Angleterre.
Combattant de la France Libre du premier jour jusqu’au dernier, il est un modèle pour les jeunes générations. Je connais aussi son exigence républicaine : il mettait l’intérêt du pays au-dessus de toute considération. Il s’était opposé au Traité de Maastricht et à tout ce qui pouvait affaiblir notre République. La France perd un de ses derniers héros et je vois disparaître, pour ma part, avec tristesse, un ami admiré et respecté. J’adresse à son épouse et à toute la famille d’Yves Guéna, l’expression de ma grande peine personnelle et de ma profonde sympathie.
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Entretien croisé entre Nicolas Baverez et Jean-Pierre Chevènement paru dans Le Figaro, vendredi 4 mars 2016, propos recueillis par Marie-Laetitia Bonavita.
Le Figaro : Quelle est la nature de la crise que nous traversons ?
Nicolas Baverez: L’étymologie grecque de crise, krisis, renvoie au point décisif de la maladie où l’on se dirige vers la mort ou vers la guérison. La crise actuelle fait coexister un monde qui meurt et un monde qui naît. Loin d’être achevée, elle se prolonge parce qu’elle correspond à une grande transformation du capitalisme et du système international : nous sommes donc sortis de la récession, mais nullement de la crise. Les séquelles du monde qui meurt sont immenses : pressions déflationnistes, 200 millions de chômeurs, fin des Trente Glorieuses en Chine, 200 000 milliards de dollars de dettes supplémentaires depuis 2008. Malgré les liquidités qu’elles déversent, les banques centrales ne parviennent pas à traiter les problèmes structurels. Ils ne peuvent être résolus que par le politique qui ne cesse de reporter les réformes indispensables. Les défis du monde qui naît sont nombreux : révolution démographique liée à l’urbanisation et au vieillissement de la population, surgissement des nouvelles classes moyennes du Sud, émergence d’un capitalisme plus entrepreneurial et partenarial, ère numérique, préoccupation écologique, réveil des tensions géopolitiques autour des passions nationales et religieuses. Or, l’Occident et l’État, qui ont réassuré l’histoire du monde depuis le XVIe siècle, non sans tragédies et sans échecs, sont remis en question. Discours de Jean-Pierre Chevènement, devant le groupe de travail "politique étrangère de la France" de l'IFRI, jeudi 18 février 2016.
Introduction
Principes La place de la politique étrangère dans les institutions peut être centrale ou subordonnée : c’est ainsi que Couve de Murville écrit « C’est devenu presque un lieu commun de dire que la Ve République pendant onze ans, fut d’abord sinon essentiellement, une politique extérieure, la pensée du général de Gaulle ayant été tout entière dominée par la volonté de rendre à la France dans le monde, la place et le rôle qu’il estimait devoir lui revenir, et son action, dans tous les autres domaines, ne visait qu’à réunir les moyens d’atteindre cet objectif suprême. » (1) Cette ambition n’a pas survécu longtemps au général de Gaulle. Les choix opérés par les Présidents Giscard d’Estaing et Mitterrand en matière européenne ont abouti à des transferts massifs de souveraineté que leurs successeurs n’ont nullement remis en cause, bien au contraire ; Notre diplomatie a conduit la France à revenir dans le giron de l’Alliance atlantique, et cela bien après la fin de la guerre froide : le retour à l’organisation militaire intégrée de l’OTAN intervient en 2008, presque vingt ans après la chute du Mur de Berlin. Pourtant l’indépendance nationale n’a rien perdu de son sens dans un monde « zéropolaire ». Reste à le démontrer, comme y incite le rapport Védrine sur la réintégration de l’organisation militaire de l’OTAN par la France. Si l’indépendance redevient le maître mot de notre politique étrangère, si la France continue à se définir comme pont entre les cultures et trait d’union entre les nations, alors la politique étrangère peut redevenir centrale dans notre politique car elle éclaire et donne sens à l’ensemble. Reste le problème des moyens : La France se flatte encore de disposer de la gamme complète des instruments de la puissance. A l’horizon 2050, elle peut théoriquement demeurer dans le peloton de tête des dix ou douze premières nations (Le P5, l’Allemagne, le Japon, l’Inde, le Brésil et un petit nombre d’« émergents »). Mais si l’érosion de sa substance matérielle, principalement industrielle, se poursuit, la contradiction apparaîtra entre une économie déclinante et le maintien des outils de sa puissance. C’est la question des moyens qui, alors, devient centrale. A quelles conditions soutenables la France peut-elle retrouver la croissance nécessaire à son maintien au rang des grandes nations indépendantes ? La dialectique de la fin et des moyens, dans le cadre des contraintes européennes que nous avons acceptées, pose le problème de la volonté politique. En d’autres termes, la France a-t-elle les ressources non seulement matérielles mais aussi morales qui lui permettent de rester une « grande nation » ?
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