Marianne : Vous avez rencontré en tête à tête François Bayrou, que la direction du PS persiste à tenir à distance…
Jean-Pierre Chevenement : François Bayrou a déclaré vouloir tendre la main à la gauche et il a demandé à me voir. Il n’y a pas de raison de refuser de débattre sur le fond avec le président d’une formation qui est alliée au PS dans nombre de régions et de municipalités ! Un refus de dialogue dans ces conditions démontrerait un sectarisme qui est la plaie de notre vie politique.
Vous ne lui demandez donc pas, comme Martine Aubry, de donner de nouvelles preuves d’évolution à gauche ?
Son évolution, qui l’éloigne de la droite, obéit à une logique politique. François Bayrou mène un combat courageux. Il est ostracisé par la droite. Il demande à débattre du fond. Ayons confiance en la force de nos idées : allons-y !
Vous participeriez donc au « Parlement de l’alternance » proposé par Bayrou ?
Il y a deux ans, le MRC avait proposé des assises de la gauche pour la refondation républicaine d’un parti de toute la gauche. Il faut débattre du fond, et cela sans sectarisme : pourquoi donc ne pas réunir, à cet effet, un « parlement de l’alternance », y compris avec François Bayrou? L’important, c’est de sortir la gauche du bourbier dans lequel elle s’est enfoncée, faute d’avoir su tirer les leçons de ses échecs depuis 1993. Et pour ce faire, il est plus efficace de travailler sur le fond que d’attendre une quelconque repentance de ceux qui ont cédé aux sirènes du néolibéralisme.