Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Une page se tourne. Une autre s’ouvre



Dans la grave crise que traverse notre pays et face au danger de régression que représenterait, au plan intérieur et au plan extérieur, l’élection de Nicolas Sarkozy, j’ai considéré qu’il était de mon devoir d’aider Ségolène Royal et d’anticiper sur le soutien que je lui aurais, de toute façon, apporté au deuxième tour. J’entends les objections de ceux qui auraient voulu que nous nous battions jusqu’au dernier sang, le mien bien évidemment, pour faire entendre une voix originale. Je les rassure : cette voix, vous continuerez à l’entendre, et déjà par l’intermédiaire de ce blog, auquel j’ai pris goût, et plus généralement dans la campagne à laquelle j’entends participer pleinement avec mes amis pour créer une forte dynamique de premier tour au bénéfice de Ségolène Royal. J’ai considéré qu’il était de ma responsabilité de privilégier un choix stratégique : celui d’être présent et actif à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur, au risque de durcir inutilement les différences.

C’est d’abord mon choix, comme on dit. Je l’ai fait en toute connaissance de cause. Les choses se sont passées très vite. Avertie en octobre de la décision que j’avais prise d’être candidat, Ségolène Royal avait souhaité me rencontrer, ce qui nous avait permis d’effectuer un tour d’horizon politique utile, les contacts ayant été suspendus depuis juin, entre le PS et le MRC. Mercredi 6 décembre Ségolène, autour d’un thé, m’a fait connaître sa préférence pour un accord politique rapide, de façon à créer une dynamique positive dès le premier tour. J’ai réfléchi : j’aurais certes pu maintenir ma candidature jusqu’au 16 mars ou jusqu’au 22 avril : mon espace n’était pas négligeable, puisque les sondages me créditent d’un potentiel de 23 % et que j’ai rassemblé plus de un million et demi de voix en 2002.

Les choix stratégiques sont toujours difficiles : au Congrès d’Epinay en 1971, le Ceres avait accepté de soutenir de ses mandats (8,5 %) l’alliance entre François Mitterrand, Gaston Defferre et Pierre Mauroy (45 %) contre Guy Mollet et Alain Savary. L’affaire n’avait pas été simple avec nos militants, bien que la motion finale comportât la perspective d’un programme commun. Mais l’affaire en valait la peine : nous avons alors créé une dynamique qui, dix ans après, a mis la gauche au pouvoir.

La situation aujourd’hui n’est plus la même. Je vois l’espace et l’avenir d’une gauche tout entière rassemblée derrière Ségolène, avec le soutien de républicains sincères qui la préféreront à Nicolas Sarkozy. La crise du pays est là, profonde. Les enjeux sont plus rapprochés. Ségolène Royal a montré qu’elle avait beaucoup de caractère, qualité essentielle d’un « homme d’Etat ». Sa présence, le changement de génération qu’elle incarne, le fait qu’elle soit une femme constituent autant d’atouts extraordinaires pour la gauche. Je mesure aussi ce que son élection peut signifier pour l’image de la France dans le monde. Et puis, entre elle et moi, le courant passe. Je fais confiance à son sens des responsabilités et à sa capacité à incarner la France qui est et doit rester une grande puissance politique. En tout cas je l’aiderai de mon mieux, avec l’expérience qui est la mienne dans les différents postes que j’ai occupés de la Recherche à l’Intérieur, en passant par l’Industrie, l’Education et la Défense.

L’accord politique passé dans la soirée de samedi à l’Assemblée Nationale avec François Hollande et une délégation du Parti socialiste est un bon accord qui prend pleinement en compte nos préoccupations, notamment sur la réorientation de la construction européenne et sur le relèvement de la République. Je sais que le fond des choses malheureusement n’intéresse que rarement les commentateurs. Je conseille cependant à certains blogueurs qui se croiraient autorisés à donner des leçons de pureté, à se reporter au texte de l’accord disponible sur ce blog : ce n’est pas un « texte vague », comme je le lis dans Le Parisien, sous la plume de Frédéric Gerschel, généralement plus attentif aux questions de fond. Que l’accord comporte un volet électoral ne scandalise que les hypocrites : a-t-on jamais vu que les idées pouvaient se passer d’hommes et de femmes pour les porter ? Aussi bien seules les circonscriptions sont indiquées : comme je l’ai indiqué à la Convention, je proposerai les noms des candidats à nos instances nationales car il importe que notre représentation parlementaire soit efficace.

J’ai pu convaincre la Convention Nationale du MRC, réunie salle Olympe de Gouges à Paris, puisqu’elle a adopté l’accord à une forte majorité (85 % des mandats). Ce n’était pourtant pas facile et je comprends l’humeur de quelques-uns. Je fais aussi confiance à leur capacité de réflexion : dans la vie il faut savoir se décider, et se décider au bon moment. Moi-même je ne savais pas encore samedi si je maintiendrais ou non ma candidature. Ce qu’a dit Ségolène Royal, venue à la fin de notre Convention, est clair : « Ce n’est pas une union factice, mais une alliance au long cours, de mouvement à mouvement, de personne à personne. C’est un moment très important pour l’histoire de la gauche ».

Comme elle, je crois à la nécessité de réconcilier l’idée européenne et l’idée républicaine et de dépasser, en dynamique, le clivage entre le oui et le non. Ce ne sera possible que par une réorientation de fond de la construction européenne, telle qu’elle est prévue par nos accords, et cela devant les opinions publiques.

Une page se tourne. Une autre s’ouvre. A nous d’en faire une belle et grande page de l’histoire de la gauche et de l’histoire de France.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Lundi 11 Décembre 2006 à 14:09 | Lu 13622 fois



1.Posté par L. le 11/12/2006 14:49
Tout de même, quelle déception... Même si je peux comprendre l'intêret d'une telle stratégie, je me demande vraiment si le jeu en vaudra la chandelle : hormis une dizaine de siège (et encore), quid d'idées politiques "mrc" réellement adoptées par le ps ? Pourquoi avoir affirmé haut et fort vouloir aller jusqu'au bout ? Uniquement pour maintenir un peu plus la pression sur le ps ? Je pensais avoir trouvé un candidat qui représentait mes idées, que j'estimais, et là... j'ai l'impression que l'on m'a volé mon premier tour.

2.Posté par Hugo le 11/12/2006 15:07
Je ne suis pas très surpris de votre décision dans le sens où, considérant que vous vous battiez pour des idées et non pour la gloire, je m'attendais à ce que vous vous désistiez en un moment. C'est plus le moment qui m'interpelle, est-il opportun ? Pour ma part, il me semble arriver bien trop tôt.
Car je ne crois pas à la soudaine compréhension du monde et de l'Europe de Ségolène Royal... ou alors, les comprenait-elle d'avant, et dans ce cas cela voudrait dire que son positionnement pour le Oui lors du référendum était une posture carriériste, une incommensurable trahison donc.
Comme je ne peux imaginer qu'elle soit ainsi, je pense donc qu'elle s'adapte temporairement à la situation politique posée par le MRC, sans en penser un mot, ou peu.
Aussi quelles garanties avons-nous que nos accords seront respectés, que le parti socialiste n'apostasiera pas une antépénultième fois ? Serions-nous (MRC) en possibilité d'obtenir les Finances, et donc la possibilité de peser sur l'Europe éco pour sa réorientation, dans le gouvernement futur ? Pour ma part, tant que je n'aurai pour unique garantie que la bonne mine de Ségolène, et aucune indication quant à un futur gouvernement, je ne prendrai pas le risque de voter contre mon pays et mes concitoyens. A une sociale libérale éprouvée qui nous annonce qu'elle a soudainement tout compris de la situation, et en dans l'attente des preuves de sa bonne foi, sans tergiverser je préfère un gaulliste tout autant éprouvé qui ne fera pas passer le dernier des français derrière l'Europe des rentiers.

3.Posté par lionel le 11/12/2006 16:13
Même si je suis déçu, je comprends parfaitement votre démarche et vos motivations. Je doute cependant qu'àprès une éventuelle victoire du PS, Royal s'inspire un tant soi peu de nos idées.
J'ai peur que cette union ne soit en fait qu'une dissolution fatale du MRC dans la tisane tiède du social-libéralisme.
J'espère me tromper...

4.Posté par Joseph Tura le 11/12/2006 17:15
Toute action est un pari.

Bravo pour la manoeuvre rondement menée grâce à des circonstances assez favorables. Vous vous êtes remis dans le vrai jeu et pas dans le témoignage suicidaire. Maintenant, il faut peser.

Vous vous êtes bien ( et trop) reposé depuis 2002 maintenant il faut travailler.

5.Posté par Jean Pierre Barsacq le 11/12/2006 19:07
Bravo...c'était la meilleure solution possible. Si, comme nous l'espérons, Ségolette est élue, nous pourrons, de nouveau, avoir de l'influence sur la politique de la France...c'est la seule chose qui, au final, compte vraiment.

6.Posté par Valentine le 11/12/2006 19:22
Il est rare qu'un homme politique se montre aussi responsable... au bon moment !

7.Posté par Elie Arié le 11/12/2006 19:38
Je ne pense pas que Chevènement avait le choix; la seule question est celle du moment, qui paraît bien proche du meeting de lancement de campagne de Japy; mais je n'ai pas en main tous les éléments de sa décision, et, de toutes façons, épiloguer sur le passé ne sert à rien.

Deux questions se posent aujourd'hui, me semble-t-il:

1-Quels moyens de "peser" pour que cet accord politique soit appliqué? Rappelons que l'accord signé par le PS avec le PRG prévoit un nouveau TEC; rappelons que certaines circonscriptions sont déjà réservées pour le ralliement des Verts, qui acceptent plus facilement le nucléaire civil iranien que le nucléaire civl français, prévu dans notre accord: jamais l'Union n'a été un combat comme aujourd'hui;

2-La persistance du MRC (ou de ce qu'il en reste) se justifie-t-elle? Ne serions-nous pas désormais plus efficaces comme courant à l'intérieur du PS qu'à l'état de groupuscule qui consacre ses dernières forces à s'entredéchirer? Car il me semble que la seule réussite du MRC depuis 5 ans, c'est d'avoir apporté la preuve de son incapacité à exister.

8.Posté par Jorg Schumacher le 11/12/2006 20:16
Chers camarades,

C'est vrai que cette décision est dur à supporter, mais je suis d'accord qu'il faut conjuguer tous les efforts pour faire obstacle à une victoire de l'UMP. Mme Royal a fait preuve du courage dans ses actions. Elle se fait durement critiquer par des gens "politiquement corrects" parce qu'elle ose prendre des initiatives - aller en Proche-Orient, attaquer le règne incontrôle de la BCE - qui sont complètement en phase avec les position de JP Chevènement. En face, il y a quelqu'un qui critique l'arrogance française dans une capitale étrangère.
N'est-elle pas la seule candidate républicaine capable de s'imposer face à un adversaire intelligent et déterminé qui affiche la volonté d'en finir avec une certaine idée de la République pour mettre en place un tout autre modèle?

Meilleures salutations,

Jörg

9.Posté par creton le 11/12/2006 20:52
merci d'avoir été assez humble et courageux pour s'être retiré, à un moment critique de notre histoire politique.

10.Posté par maurice Galeski le 11/12/2006 22:32
Enfin !

Enfin Jean Pierre Chevènement semble vouloir sortir d'une politique d'isolement qui tournait le dos à la raison. Je m'en félicite, mais cependant rien n'est acquit. La revanche sur Jospin ne suffit pas à faire une politique pour le pays aujourd'hui. L'incantation à la ferveur non plus. Jusqu'à présent Ségolène Royal n'a pratiquement rien dit; sinon sur la démocratie participative qui a le mérite de couper l'herbe sous les pieds de l'extrème gauche. Je note favorablement ses propos sur la Banque Européenne. Il est temps de reprendre en compte cette question. Mais ce que j'attends ce sont ses propositions sur la pauvreté, l'aide à la détresse, la politique sociale, sur l'emploi et sur le commerce extérieur avec la question des transfères de technologie, problèmes de nos ventes airbus, aéronautique, alstom, construction navale à relancer et soutenir , chaîne de montages, usines à l'étranger délocalisation etc...Le problème de la recherche ,1 million de jeunes chercheurs partis à l'étranger depuis 1994… le logement social, logement des plus démunis et surtout puisque tout cela coûtera beaucoup d'argent, quelle politique fiscale ? Car il faut aller au devant des classes moyennes qui sont de plus en plus touchés et en voie de paupérisation.

Apres des années d'effort fiscal reposant sur les épaules des classes moyennes, constater que nous sommes passées à 6 800 000 pauves dans ce pays est inadmissible.
Je ne suis pas près d'oublier la politique totalement indigente de la Gauche dans ce domaine, dans le logement social par exemple, politique des revenus etc....Il faudra nous dire où on ira chercher l'argent. C'est surtout en fonction de cela que je me déterminerai. Il faut que S. Royal nous dise ce qu'elle entend faire .

Enfin j'espère que la politique énergétique passera par un engagement résolu d'une politique d'investissement pour les collectivités locales et privées et les foyers sur la diversification des souces énergétiques.
La régulation de la production agricole entre les pays productivistes et les pays du sud. Cessation d'une politique de recherche aux solutions globalisante ( exemple des OGM) ...
Beaucoup d'autres choses encore.... la démocratisation des services publiques dans leur gestion et leur visées sociales, cesser de couvrir et donner un blanc seing aux pratiques de la police.
Je souhaite aussi entendre autre chose de la politique franco-arabe et de son corollaire pétrolier, l'aide au développement, l'Afrique. Quele type d'aide et pourquoi ? Sur quels critères, programmes ?, aides aux gouvernements ? Régulation des échanges ....
Il nous faut donner la priorité dans ces domaines aux pays qui ont été liés à notre histoire y ont et participé (ancienne colonies), d'où la priorité dans la régularisation des sans papiers et sur l’ immigration des gens venant de ces pays et donner pédagogiquement à l'opinion publique la justification morale de cette politique. C'est tout un travail d'éducation , d'école du civisme et de la solidarité ... et de réparation établie sur les données de nos histoires communes. Enfin, surtout en finir avec la mythologie et la supercherie gaulliste, même la plus diffuse et présentes aussi dans les rangs de la Gauche . Il faut tourner résolument la page des pratiques de ces trente dernières années.
Tout ceci dit, je suis heueux du choix de Jean Pierre, mais tout est à faire car jusqu'à présent rien n' a été dit et annoncé par la candidate.



11.Posté par Francis le 11/12/2006 22:44
Merci Jean-Pierre de nous permettre de porter toujours avec fierté et détermination notre idéal républicain et notre dévouement au bien public. Une nouvelle page de notre histoire se tourne en effet : la refondation de notre République est en marche, nous mettrons toutes nos forces au service de Ségolène

12.Posté par M.OUARI le 11/12/2006 23:03
l'idée d'aider segolene royale est géniale, c'est la seule façon de battre sarkosy, une décision prise au bon moment, Mr Chevenement voûs êtes à la hauteur de gerer la crise politique que mene la france d'aujourd'hui nous comptons sur votre poids pour la gauche l'emportera.

13.Posté par Pierre Nenny le 11/12/2006 23:06
WELCOME IN BOBOLAND MISTER CHEVENEMENT !
Pierre Nenny

14.Posté par goalexandre le 11/12/2006 23:08
Bonsoir

Je vous remercie pour de votre sagesse votre geste va dans le sens que plusieurs d'entre nous désirons trés fortement .Le peuple souffre et a besoin de toutes les bonnes volontées de gauche .

je pense que la gauche ne doit pas se disperser dans des querelles inutiles il faut nous concentrer sur des solutions a trouver realistes et concretes comme vous le faites dans votre vidéo a jappy;
il faut consulter le peuple il faut l'ecouter.

toutes les intelligences collectives de gauche doivent imperativement se mettre en action pour que nous ayons toujours une longueur d'avance sur cette droite suiviste qui ne sait que copier nos idées ;

Villepin et chirac qui parle de social et de representativité syndicale je rêve mais je ne suis pas dupe et je suis sur qu'ils ont une idée derriere la tête ,nous devons les demasquer

15.Posté par M ichel Casanova le 11/12/2006 23:21
C'est bien. L'accord politique préserve l'essentiel. L'accord électoral n'est pas négligeable compte tenu de notre potentiel de départ. Au final, je pense que vous avez agit en homme d'Etat encore une fois. Les pères "La vertu" aux pieds collés dans le ciment de leurs certitudes et qui crient à la trahison devraient considérer que vous êtes à même désormais de faire entendre nos idées urbi et orbi et de peser où et quand il le faudra. Il y a six mois encore, qui aurait parié un tel retour par la grande porte ? A quoi sert-il de se réunir à trois ou quatre dans une cabine téléphonique pour se répéter que nous avons raison ? Bien plus haut que nos regrets, il y a la France et la République. C'est à l'essentiel qu'il faut penser.Salut et fraternité citoyen Chevènement et que vive la République!

16.Posté par genifer le 12/12/2006 07:26
Tous pareil, déclaration je vais aller au bout et ;...en échange de quelques postes ..à obtenir et parachutage pour placer des amis on abanodnne ses convictions. Et vous voulez que la politique soit crédible, ce doit être cela le renouveau

et que dire sur ceux qui ont cassé du sucre dpuis 2002 sur Chevenement et qui vous dressent aujourd'hui un tapis rouge...j'ai un doute sur la couleur..

17.Posté par isabelle le 12/12/2006 14:38
Il n'est pas interdit d'être rusé en politique, mais là c'est du grand art !
Moins opportuniste qu'Arnaud ou Jack, meilleur tacticien que Dominique (qui a pourtant voté OUI) ou que Laurent (mais il avait voté NON, non ?)....je suis impressionnée !

Sur le fond ... pour que je vote Ségolène dès le premier tour, il vous faudra me convaincre que le projet socialiste porte bien l'essentiel de votre programme de candidat. Bon courage pour cette campagne et amitiés républicaines !

18.Posté par Daniel Leburgue le 12/12/2006 17:00
Bonjour;
J'ai jusqu'à maintenant toujours voté à gauche depuis ma première participation aux législatives de 1967 jusqu'en 2002....
Toutefois au fil des élections , ce vote à gauche est devenu moins un vote de conviction qu'un vote de rejet de toutes les autres options qui m'apparaissaient pires.
J'explique cette évolution comme la résultante de 3 éléments.
1)Cadre dirigeant dans de grandes entreprises, j ai été confronté aux réalités de la guerre économique, de la mondialisation des échanges commerciaux, des problèmes sociaux dans le monde du travail .
De par mes activités dans la vie sociale comme bénévole d'association , j'ai ainsi complété mon immersion sociale qui avec ma vie professionnelle m'a permis de nuancer mes positions grâce à ces expériences de terrains.
2)Par ailleurs, mes activités professionnelles et personnelles m'ont amené à voyager dans de nombreux pays du monde et d'y avoir des amis et connaissances qui m'ont permis de mieux connaître ce qui se passe ailleurs et le positionnement de mon pays: organisation de la société , répartition des richesses, protection sociale, dynamisme économique, rôle international, etc..
3) J'ai de plus en plus trouvé que le discours des responsables syndicaux, ( salariés comme patronaux) et des hommes politiques français étaient emprunts d'idéologie figée, et de "solutions" erronées ou ringardes peu adaptées aux réalités de notre temps.
Trop peu de membres du personnel politique avaient réellement une expérience vécue de la vie réelle : la vie en entreprise pour gagner sa vie; les réalités économiques et sociales etc...
Par ailleurs, la démagogie politique et syndicale à des fins électoralistes de personnes devenues des professionnels apparatchiks cumulant mandats , langue de bois, et abandons successifs de responsabilités et leviers de manoeuvres au profit d'un marché financier apatride seulement avide profit à court terme ou se laissant aller à l'air du temps.
J'ai voté non au dernier référendum , convaincu de la catastrophe de ce qu'est devenue l'Europe et la France diluée dans cette Europe patchwork et passoire.
Depuis le vote des Français , je désespérais de voir des propositions concrètes émerger afin de relancer le moteur européen sur de nouvelles bases qui tiennent compte du vote français et hollandais
La campagne pour 2007 débutante me laissait perplexe tant aucun candidat ne paraissait prendre en compte le vote des français; Sarko et Ségo "ouistes" lors du dernier référendum, trop occupés à faire de la surenchère démago semblaient ignorer que bon nombre de questions fondamentales dont la France a besoin ne peuvent se résoudre qu'avec une politique européenne efficace basée sur une autre logique que celle du oui au référendum.

Les non de la mouvance d'extrême gauche restait empêtré dans les attitudes protestataires et utopistes de marxismes et trotskysmes d'un autre âge.



Enfin la candidature de Jean Pierre est apparue comme une lumière car le programme proposé de sa candidature n'était pas celle d'un homme du passé et dépassé, qualifié de souverainiste par les médias qui aiment l'enfermer ainsi , mais une liste cohérente de propositions certes difficiles à réaliser mais cohérente s entre une République française retrouvant ses élans et une Europe qui privilégie ses ressortissants et cesse d'être plus championne du libéralisme que la patrie du libéralisme sauvage par excellence que sont les US .
Jean Pierre malgré ses faibles moyens par rapport aux grandes structures que sont l'UMP et le PS me paraissait capable de séduire.
Seuls handicaps et de taille:
1- il ne donnait pas l'image d'un renouvellement de la classe politique, même si son programme était innovant et crédible.
2- A supposer que sa candidature aille jusqu'au bout , comment et avec qui gouverner? Le pb du MRC est le même que celui de Bayrou : la faiblesse de ses forces et de ses moyens pour se faire entendre le condamne à dépasser son programme et celui de ses alliés potentiels pour en faire un vrai programme de gouvernement.
Honnêtement, ce que j'avais lu du programme du PS avant les primaires et ce que Ségo déclarait , souvent en marge du programme de son propre parti, ne me paraissait pas compatible avec le programme de Jean Pierre.

Il est vrai que Fabius battu aux primaires, un éclatement du PS par un clivage se faisant entre partisans du non et ceux du oui aurait mené tout droit à l'élection de Sarko.
Le Mrc se trouvait isolé à gauche.

Je comprends donc que tenter un accord politique était l'issue la plus réaliste.

J'ai par contre des doutes sur la capacité de Ségo à intégrer partisans du oui et du non en évitant un grand écart irréaliste.
Comment faire en sorte que le MRC n'ait pas fait un marché de dupe?
J ai le souvenir du candidat Mitterrand de 74 et 81 qui a ainsi pu bluffer les communistes et être un artisan de leur quasi disparition ( il est vrai que le PCF s'est lui même auto-torpillé par son inadaption aux réalités de notre temps).

Quelles garanties le MRC a t il que dans la campagne de Ségo les aspects liés à l'Europe se verront infléchis par ses positions?
Merci de vos éclaircissements.

19.Posté par Beuzelin Claude le 12/12/2006 17:34
Cher Jean-Pierre Chevènement.

Ma première réaction à l'annonce du retrait de votre candidature a été la stupeur pour ne pas dire plus. Vous connaissant de longue date par vos idées, vos écrits et votre action, je n'arrivais pas à y croire. Il est vrai que la nouvelle m'avait été annoncée au téléphone par une amie qui "regarde trop la télévision". La plupart des chaînes et des radios ont en effet présenté votre retrait de candidature comme un abandon en rase campagne "style Jospin".

Et puis, j'ai regardé votre intervention dans le Soir3 et j'ai lu le projet de déclaration commune PS-MRC. J'ai compris qu'il s'agissait de tout autre chose. Dans une lettre récente à vous adressée, et dans la perspective d'un dur combat d'où vous sortiriez gagnant, je vous suggérais de "créer l'évènement". Vous l'avez fait. Sur des bases politiques claires, comme à votre habitude. Bravo ! Et merci.

Amicalement.

CB

20.Posté par jean-luc le 12/12/2006 19:12
L'accord politique MRC/PS est satisfaisant. Ségolène Royal finit par manger le chapeau de Tonton. Le PS en signant cet accord renie la parenthèse libérale qu'il a ouvert en mars 83 et qui a tant éloigné les classes populaires des rivages de la Gauche. Du renoncement aux chimères soixante huitardes en passant par l'insécurité publique, la Corse, les privatisations, l'indépendance de la BCE les socialistes viennent (sans le savoir ?) d'absorber tout ce qu'il reprochaient il y a peu aux chevenèmenentistes. il ne manquait que la guerre du Golfe !
Belle esquisse d'accord programmatique mais en invoquant les alliances paradoxales du congrès d'Epinay, Jean-Pierre aurais-tu oublié que l'Union est un combat ? Quel crédit donner à celle et ceux qui il y a u an voulait renforcer l'indépendance de la BCE (projet de traité constitutionnel article III-70) ? A quand ta prochaine démission si SR est élue présidente ?

21.Posté par Bouchard le 12/12/2006 21:52
J'ai confiance en Jean Pierre Chevènement pour défendre nos idées. Parce que nous savons tous qu'il les défendra avec force et passion. Epinay, c'était l'alliance des contraires qui a permis l'accession au pouvoir d'une nouvelle génération d'hommes et de femmes de gauche au pouvoir.Ll'union est un combat que nous gagnerons avec toi.

François

22.Posté par iconoclaste le 13/12/2006 03:37
Je crains que l'absence de la candidature du Che que j'ai ressenti comme un grand espoir peut être un danger réel. Malgré le score réalisé par le Pen en 2002, je crois que ce score est inférieur à ce qu'il aurait été si certains contestataires n'avaient pu voter pour JPC. Aujourd'hui le danger est réel et Marine le Pen qui se prétendait hier "républicaine" a la radio a bien compris le créneau... récup quand tu nous tiens. Par ailleurs pour des gens comme moi, il est inenvisageable de voter pour une blairiste qui va certainement privatiser l'école après avoir fait travaillé les profs plus pour moins dans la droite ligne des actions du gouvernement actuel et des insanités proférées par son ex-sur-ministre Allègre. Pour moi, le danger pour l'école est tout aussi grand qu'avec un pote à Bush.
Donc si ce duo est au second tour, je pense aller pêcher.
Quant au 1° tour, le seul républicain qui reste est Dupont-Aignant, mais aura-t-il les 500 signatures ? Ah .... quelle tristesse.

23.Posté par Wilfrid RM MRC Rhône & Loire le 13/12/2006 04:19
L'épineuse question inter-générationnelle commence à trouver une issue.

Sans remonter à Epinay ou au congrès de Metz, disons que la question de la refondation républicaine de la gauche passe aussi par la nécessité d'une rencontre d'un Homme avec le Peuple.
JP Chevènement a beaucoup donné. Depuis la bataille de 2002, la question de la transmission n'a pas été un long fleuve tranquille. Ne serait-ce que pour le court terme, comme souvent, la vie a tranché. Ce sera une femme. Une socialiste.
Il ne s'agit pas d'un ralliement mais d'un soutien, d'une aide sans ambiguïté et sans faiblesse à Ségoléne Royale, pour qu'une stratégie innovatrice s'affirme et s'inscrive durablement comme notre peuple le réclame depuis si longtemps.
Et si, dans un même mouvement, le flambeau devait être passé avec succès... quelle belle course de relais ! Il en va du passé, du présent et de l'avenir de plusieurs générations de lutte pour une République sociale et moderne.

24.Posté par GRINDA Yvon le 13/12/2006 09:36
Cher Jean-Pierre.

C'est la mort dans l'âme, moi qui suis un de tes fidèles depuis 1969, que je te suivrai encore une nouvelle fois.
Mais, je t'en supplie, ne fais pas comme Guy Mollet qui avait un langage impécable mais quand il se trouvait au pied du mur lâchait prise (voir le 6 Février 1956 où l'Histoire de France a basculée en 24 heures ! ).
Les années décisives que nous allons vivre se situeront autour de la Méditerranée. C'est pour cela que , face à une Europe anglo-saxonne , convertie au "choc des civilisations", l'avenir est encore au sud (avant qu'il ne soit trop tard) des deux cotés de la Méditerranée.
Amicalement. Yvon

25.Posté par Elie Arié le 13/12/2006 13:37
Ségolène Royal a signé avec JPC un accord politique, que le PS vient d'entériner, rejettant tout nouveau TCE, et réaffirmant la politique énergétique nucléaire de la France.

Elle a, par ailleurs, signé un accord avec le PRG prévoyant un nouveau TCE, et s'apprête à accueillir le ralliement des Verts, hostiles au nucléaire.
Ce qui signifie que, quand elle sera élue, elle aura toutes les cartes en main pour décider qui seront les cocus.

L'union est un combat, et il ne fait que commencer. Mais il me semble qu'avoir fait entériner cet accord politique par le PS (même si les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent) est plus utile que de faire 1% aux Présidentielles en laissant ensuite les mains libres au PS; en cas de "trahison", nous aurons des arguments pour justifier cette accusation.

Nous pourrions rêver de faire plus: mais les accords ne font qu'entériner les rapports de force, et le MRC est aujourd'hui ce qu'il est, et pas ce que nous voudrions qu'il soit. La politique ne peut pas être rêvée, et il est bon de revenir un peu sur terre.

26.Posté par wilfried le 13/12/2006 19:32
En réponse à Elie Arié

Je suis d'accord lorsque vous évoquez la question du rapport de force - quei ne nous était pas favorable - pour justifier le retrait de JP Chevènement et le soutien à S. Royal...

Je suis lucide, et je ne suis pas par principe opposé à u accord politique avec le PS. Mais que ce qui pose problème c'est la façon dont cet accord a été négocié et signé.

En effet, il été négocié dans le secret et présenté abruptemetn aux militants le dimanche du vote d'une convention - dont au passaga aucun des délégué n'avaient reçus mandat pour se prononcer sur un accord politique avec le PS.

Surtout, cet accor politique se trouve noyé dans l'annonce de l'accord electoral (bien mauvais à mon sens) et surtout celle du ralliement de Chevenmenet à Royal... IResultat personne, à l'exception de qq militants ne connait l'existance de cet accord et encore moins son contenu... de ce fait il n'engage absolument pas le PS devant le peuple français.

Je crois qu'il aurai fallu se donner du temps, négocier en public avec le PS, pour que les citoyens soient pris à témoins de ce débat ... puis une fois l'accord politique et éventuelement électoral bouclé faire une conf de presse pour parler exclusvement des points politiques. Ensuite, alors on aurait pu annoncer le retrait de JPC au profit de Royal...

Je maintiens, que cet accord avec le PS a été négocié et imposé à la "hussarde"... et que c'est la raison pour laquelle on donne l'impression (mérité ?) d'aller à la soupe, et surtout que personne ne parle de l'accord politique ... d'ailleurs les dirigeants socialistes ne semblent pas en faire grand cas non plus (cf. article Figaro d'hier).

Je trouve que cet accord arrive trop tôt et dans de mauvaises conditions, pour qu'il soit politiquement porteur.
Si je me trompe tant mieux pour la France !

Mais en attendant, je reste l'arme au pied, et j'attend que le PS et Royal s'engagent vraiment, publiquement, et avec constance, sur les points de l'accord... et s'il ne le font pas je ne voterai pas pour la candidate PS.


PS : un dernier regret dans l'accord, on ne trouve plus trace d ela proposition essentiuelle du prog de Chevènement à savoir, en cas d'incapacité (hautement probable) des dirigeants européens à s'entendre pour réorienter la constructiion européenne, le droit pour le peuple français de se pronocer par referundum sur la suspension de certianes clauses des traités... sans çà pas de rapport de force face à Bruxelles... je suis , encore une fois trés trés sceptique.

27.Posté par justin le 14/12/2006 11:21
Je partage le sentiment de ceux qui ici disent ne plus savoir pour qui voter. Qui porte les valeurs républicaines auxquelles je crois ?
Royal ? Quelle rigolade ! Son discour sur la BCE me fait penser à ceux de Chirac sur la fracture sociale ou le tier monde. La seule différence c'est qu'on peut penser que parfois Chirac avait vraiment l'air sincère. Voila tous ceux qui sont pour la supra nationalité et qui profitent d'abord de l'infra nationalité pour assoir l'idée de régionalisme ou fédéralisme européen se convertir. J'ai beau me pincer. Je rève pas. Mais je répète je n'y crois pas.
Je comprend votre envie pour vous et d'autres de retrouver un siège à l'assemblée. Je veux meme bien croire votre sincérité quand vous dites penser etre plus efficace dedans que dehors. Meme si moi j'en doute, ne croyant pas à la réussite possible de la future politique de Royal. sauf si on pense "réussir" en continuant à aller dans la meme impasse blairo-zapateriste ou sociale libérale.
Royal ne veut pas seulement faire le grand écart entre le non et le oui de gauche, elle veut le faire entre le FN et LO. Et au final on aura une Merkel un peu plus sexy c'est vrai.
On peut penser que c'est deja ça. Etre une femme, ça semble d'ailleurs etre son seul interet. en tout cas le seul que les médias nous on vendue en tete de gondole.
C'est peut etre ça le vote utile du moment. On ne vote plus mais on choisit la meilleure promo du supermarché.

28.Posté par Nicolas le 18/12/2006 01:17
Monsieur Chevènement,

Je comprends bon nombre de vos raisons, mais je ne pourrais vraiment pas signer un chèque en blanc à Madame Royal, proche de Philippe Meirieux, fameux théoricien et promotteur des "nouvelles pédagogies", qui porte à mes yeux une lourde responsabilité dans le naufrage actuel de l' école et le désarroi de la jeunesse. C' en serait terminé du début de redressement imprimé par M de Robien ces derniers mois.

J' espère que sur ce point crucial votre voix saura s'imposer et nous sauver du pire.

29.Posté par monique le 18/12/2006 16:19
Je suis ravie que vous ayez rejoint Ségolène Royal. Cela m'évitera le déchirerement de choisir lors de l'élection car je vous aime bien tous les deux.
Je suis certaine que vous saurez en tant que de besoin la recentrer vers plus de patriotisme et moins de libéralisme.
Je vous fais confiance pour préserver votre capacité de peser.


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