La Dépêche: Êtes-vous convaincu par l'intervention militaire en Libye ?
Jean-Pierre Chevènement: Cette intervention, réalisée sur la base de la « responsabilité de protéger » définie par l'ONU en 2005, se déroule sous les auspices du Conseil de sécurité. Elle était nécessaire pour empêcher le déchaînement de la répression contre le peuple libyen à Benghazi, mais elle ne règle pas tout le problème. La résolution 1973 fixe un objectif limité et n'autorise que des moyens aériens. Nous risquons d'être confrontés à une partition de fait, au moins temporaire, entre la Cyrénaïque à l'Est et d'autre part la Tripolitaine à l'ouest et le Fezzan au sud. On peut se demander si Kadhafi survivra à la défaite qu'il est en train de subir à travers la neutralisation de son aviation et de ses armes lourdes. Il serait préférable, qu'après le cessez-le-feu décidé par le Conseil de sécurité, les pays de la Ligue arabe et ceux de l'Union africaine prennent en charge la réunion des conditions qui permettront au peuple libyen de s'autodéterminer. Ce n'est pas à l'Occident d'imposer ses solutions.
Que pensez-vous de la polémique sur le front républicain pour le deuxième tour des cantonales ?
Le PS pratique le désistement républicain mais pas le secrétaire général de l'UMP, Monsieur Copé. Je le regrette car Mme Le Pen n'a pas changé de nature. Elle a changé de discours, de look mais sur le fond, le FN est toujours porteur d'une idéologie démagogique qui fait de l'immigration la source de tous les maux. Certes, l'immigration pose des problèmes, mais il faut les résoudre par la voie de l'intégration et non de l'excommunication. À l'UMP, il y a des sensibilités différentes, M. Fillon vient de faire entendre une voix républicaine. Mais à sa tête, certains font passer en priorité la reconquête d'un électorat qui s'est porté ou est tenté de se porter sur le FN. C'est dangereux car c'est une dérive de toute la vie politique française qui s'ensuivrait. Le FN se développe sur la base d'une crise sociale qui dure depuis trente ans et dont la responsabilité incombe aussi bien à la politique néolibérale de la droite ou d'un PS qui s'est détourné des couches populaires.
Jean-Pierre Chevènement: Cette intervention, réalisée sur la base de la « responsabilité de protéger » définie par l'ONU en 2005, se déroule sous les auspices du Conseil de sécurité. Elle était nécessaire pour empêcher le déchaînement de la répression contre le peuple libyen à Benghazi, mais elle ne règle pas tout le problème. La résolution 1973 fixe un objectif limité et n'autorise que des moyens aériens. Nous risquons d'être confrontés à une partition de fait, au moins temporaire, entre la Cyrénaïque à l'Est et d'autre part la Tripolitaine à l'ouest et le Fezzan au sud. On peut se demander si Kadhafi survivra à la défaite qu'il est en train de subir à travers la neutralisation de son aviation et de ses armes lourdes. Il serait préférable, qu'après le cessez-le-feu décidé par le Conseil de sécurité, les pays de la Ligue arabe et ceux de l'Union africaine prennent en charge la réunion des conditions qui permettront au peuple libyen de s'autodéterminer. Ce n'est pas à l'Occident d'imposer ses solutions.
Que pensez-vous de la polémique sur le front républicain pour le deuxième tour des cantonales ?
Le PS pratique le désistement républicain mais pas le secrétaire général de l'UMP, Monsieur Copé. Je le regrette car Mme Le Pen n'a pas changé de nature. Elle a changé de discours, de look mais sur le fond, le FN est toujours porteur d'une idéologie démagogique qui fait de l'immigration la source de tous les maux. Certes, l'immigration pose des problèmes, mais il faut les résoudre par la voie de l'intégration et non de l'excommunication. À l'UMP, il y a des sensibilités différentes, M. Fillon vient de faire entendre une voix républicaine. Mais à sa tête, certains font passer en priorité la reconquête d'un électorat qui s'est porté ou est tenté de se porter sur le FN. C'est dangereux car c'est une dérive de toute la vie politique française qui s'ensuivrait. Le FN se développe sur la base d'une crise sociale qui dure depuis trente ans et dont la responsabilité incombe aussi bien à la politique néolibérale de la droite ou d'un PS qui s'est détourné des couches populaires.
Vous accusez le PS d'avoir cédé aux sirènes du libéralisme. Le PS change-t-il selon vous à l'approche de 2012 ?
Je ne fais aucun procès. Je constate que le logiciel néolibéral fondé sur une dérégulation généralisée de l'économie s'est imposé en Europe continentale depuis les années 85-92 à travers les traités de Luxembourg et de Maastricht. Ce sont toutes ces bandelettes dont il faut se défaire pour inventer une voie nouvelle, je pense par exemple à la re-règlementation des mouvements de capitaux. J'attends donc les propositions des candidats socialistes.
Le choix du candidat socialiste vous indiffère-t-il pour la présidentielle ?
J'aimerais que François Hollande fasse des propositions différentes de celles de Dominique Strauss-Kahn qui n'est pas le mieux placé pour impulser en France et en Europe une autre politique que celle qu'il met en œuvre à la tête du FMI. À défaut d'une expression nouvelle de M. Strauss-Kahn, j'aimerais entendre les voix de Martine Aubry, qui est une militante que j'apprécie, ou de François Hollande qui est bien enraciné dans la France profonde pour ouvrir à la France une politique réellement alternative.
Vous serez candidat en 2012 ?
Je ne l'ai pas exclu car ce qui pose problème aujourd'hui, c'est l'absence d'une alternative véritable à la politique du pareil au même. C'est cette absence d'alternative qui, sur la longue durée, fait le lit du FN.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï.
Source : Ladepeche.fr.
Je ne fais aucun procès. Je constate que le logiciel néolibéral fondé sur une dérégulation généralisée de l'économie s'est imposé en Europe continentale depuis les années 85-92 à travers les traités de Luxembourg et de Maastricht. Ce sont toutes ces bandelettes dont il faut se défaire pour inventer une voie nouvelle, je pense par exemple à la re-règlementation des mouvements de capitaux. J'attends donc les propositions des candidats socialistes.
Le choix du candidat socialiste vous indiffère-t-il pour la présidentielle ?
J'aimerais que François Hollande fasse des propositions différentes de celles de Dominique Strauss-Kahn qui n'est pas le mieux placé pour impulser en France et en Europe une autre politique que celle qu'il met en œuvre à la tête du FMI. À défaut d'une expression nouvelle de M. Strauss-Kahn, j'aimerais entendre les voix de Martine Aubry, qui est une militante que j'apprécie, ou de François Hollande qui est bien enraciné dans la France profonde pour ouvrir à la France une politique réellement alternative.
Vous serez candidat en 2012 ?
Je ne l'ai pas exclu car ce qui pose problème aujourd'hui, c'est l'absence d'une alternative véritable à la politique du pareil au même. C'est cette absence d'alternative qui, sur la longue durée, fait le lit du FN.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï.
Source : Ladepeche.fr.