Grands textes

Un grand parti de gauche pour un New Deal


Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans l'édition du Monde du 24 avril 2008.
L'électrochoc dont a besoin le Parti socialiste pour se reconstruire et l'emporter passe par une critique approfondie du capitalisme.


Un grand parti de gauche pour un New Deal
Certains, à gauche, comptent sur la puissance du rejet du pouvoir en place : il suffirait, à leurs yeux, que le Parti socialiste désigne demain un candidat crédible, en cohérence avec le projet social-libéral qu'il porte depuis 1983, éventuellement corrigé à la marge. Pour d'autres, les trois échecs successifs du candidat socialiste à l'élection présidentielle (1995, 2002, 2007) ne sont pas l'effet du hasard, mais la conséquence d'une rupture profonde avec les couches populaires que Ségolène Royal n'a comblé qu'en partie en 2007.

La reconquête de l'électorat populaire n'est pas possible à partir de l'existant. Elle passe par l'organisation d'un électrochoc puissant, débouchant sur la création d'un grand parti de toute la gauche, à condition bien entendu qu'il porte un projet à la hauteur des défis de la crise qui vient. Le mouvement socialiste, depuis les origines, n'a jamais fait l'économie d'une critique du capitalisme de son temps. La refondation de la gauche aujourd'hui ne peut davantage faire l'économie d'une critique approfondie de la globalisation.

Succédant à l'ère du New Deal (1945-1979), la globalisation libérale, voulue de longue date par les Etats-Unis, n'est pas qu'un phénomène économique - l'ouverture généralisée des marchés -, elle est aussi politique : elle ne marche qu'avec l'hégémonie des Etats-Unis, qui ont imposé le dollar comme monnaie mondiale et contrôlent, à travers leurs multinationales, l'essentiel des flux de richesses et notamment de matières premières. La globalisation, à travers la libération des mouvements de capitaux, a débouché sur la domination sans partage du capital financier. La crise financière actuelle trouve son origine dans le surendettement des ménages américains et dans les dérives de la sphère financière.

En réalité, les Etats-Unis n'ont plus les moyens de dominer seuls le monde. Leur politique de fuite en avant dans l'endettement intérieur et extérieur aussi bien qu'en politique étrangère, avec l'invasion de l'Irak, rencontre ses limites. La chute du dollar et l'enlisement militaire au Moyen-Orient rendent manifeste la "surextension impériale", dont l'historien Paul Kennedy avait eu l'intuition dès 1987. Les Etats-Unis cherchent en Europe des supplétifs, mais rien ne saurait enrayer la marche vers un monde multipolaire, avec la montée des grands pays émergents (Chine, Inde, Brésil, etc.) et le retour de la Russie.

La seule question qui se pose est de savoir si nous prétendons contrarier cette évolution en nous mettant, au nom d'un "occidentalocentrisme" à courte vue, à la remorque de la politique néoconservatrice américaine, au risque de tensions et de conflits multipliés, ou si, au contraire, nous voulons que la France et l'Europe tiennent leur rôle pour faire prévaloir le dialogue des cultures et l'autorité du droit international sans lequel il ne peut y avoir de paix durable dans ce monde multipolaire. Ce choix est crucial. Il ordonne toute la politique française. Il n'est pas moins décisif pour la réussite d'un processus de refondation de toute la gauche.

Celle-ci, en effet, doit s'appuyer sur la crise de la globalisation financière pour dessiner les contours du monde nouveau. Les institutions internationales, qui sont au coeur de la globalisation (FMI, OMC), sont en pleine crise : le FMI, contrôlé en fait par les Etats-Unis qui y disposent d'un droit de veto, est frappé d'impuissance et personne n'imagine plus qu'une relance de la croissance puisse résulter d'une nouvelle libéralisation du commerce international. Les pays les plus libéraux aujourd'hui n'hésitent plus à recourir à l'intervention publique, comme si les nationalisations redevenaient légitimes, dès lors qu'il ne s'agit plus que de nationaliser des pertes.

La grande crise qui vient amènera un réexamen critique de tous les postulats libéraux (libre-échangisme, effacement de l'Etat, rejet des politiques industrielles au nom de la "concurrence"). Les règles de l'organisation monétaire et du commerce international sont à revoir. Un grand parti de toute la gauche, en France, doit se donner pour visée l'organisation d'un nouveau New Deal à l'échelle mondiale. Cette nouvelle donne monétaire, sociale, environnementale, implique la réunion de grandes conférences internationales entre pays industrialisés et pays émergents. Encore faut-il pour cela qu'une volonté politique s'exprime. Sinon à quoi servirait la gauche ? Et à quoi servirait la France ?

C'est cette visée qui donnera toute sa puissance et sa légitimité à l'effort de conviction que la gauche devra déployer aussi bien en France vis-à-vis du monde du travail qu'au plan international vers les formations progressistes et vers les pays émergents. C'est ainsi que la gauche française pourra donner une juste perspective aux luttes sociales, particulièrement en ce qui concerne les délocalisations et la préservation, en France et en Europe, d'un tissu productif moderne. La gauche française doit construire autour d'elle une vaste "alliance des productifs".

Les institutions européennes auront à se réformer au feu de la crise. Le recentrage de l'Allemagne sur l'Europe, auquel nous devons contribuer, sera déterminant. Pour maintenir le tissu industriel, l'Etat ne devra se priver d'aucun moyen. Cette nouvelle donne suppose que la gauche française se réapproprie la tradition généreuse de Jaurès qui n'a jamais opposé l'internationalisme et la nation.

Ainsi, c'est à travers la conscience d'une tâche historique exceptionnelle qu'on relèvera la gauche. Je suis convaincu que l'organisation, dans tout le pays, de "forums de l'unité", dès lors que seront abordés les débats de fond, permettra d'attirer des milliers de sympathisants aujourd'hui encore sur le reculoir. Nous créerons ainsi un mouvement irrésistible vers cet "événement-électrochoc" que serait une nouvelle refondation de la gauche, à l'image de celles qui, de 1905 à 1971, ont rythmé son histoire.

Un tel parti doit s'ouvrir à toutes les sensibilités. En effet, un "parti révolutionnaire" dressé contre un parti "social-libéral" ouvrirait un boulevard à la droite. Les communistes, dont l'histoire a eu sa grandeur, trouveront mieux qu'un rôle d'appoint au PS dans la création d'un grand parti de toute la gauche. L'expérience montre que le dialogue entre des sensibilités radicales, voire utopiques, et des sensibilités plus gestionnaires peut être fécond au sein d'une même organisation.

Une phase intérimaire de type fédéral ou confédéral entre les parties constitutives est peut-être inévitable, mais le temps presse. Les échéances sont proches. Ne sous-estimons pas les capacités de rebond de Nicolas Sarkozy. Créons, pendant qu'il en est temps, l'élan nécessaire. Construisons une véritable alternative en prenant appui sur les intérêts indissociables de la France et du monde du travail.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mercredi 23 Avril 2008 à 14:58 | Lu 8190 fois



1.Posté par Do Ngoc Tran le 23/04/2008 16:07
Un reve, demain plus de PC, PS, MRC, MRG,LO, PCU, XXX,...., mais des individus concients que le monde (et la France) domine par les interets financiers par definition ultra-liberaux ne peuvent conduire qu'a des crises economiques, des famines et des guerres.
Mais avant de reformer le monde, d'abord reformer la France, en commencant par reformer les partis et les cellules, que les rivalites individuelles s'estompent devant l'interet general, que les cloisonnements artificiels entre partis s'effacent, que les dirigeants emergents n'ont autre ambition que de redonner une place a la France, actuellement tombee au rang de vassal, au plus bas niveau!

2.Posté par republicain le 23/04/2008 16:39
Bonjour,

Concernant la supression du référendum sur la Turquie, il faudrait adopter la solution suivante dans la constitution :

Préciser qu'un référendum doit être organiser concernant l'adhésion à l'Union Européenne de tout Etat dont la capitale se trouve à l'extérieur du continent Européen.

En rappelant que l'Organisation des Etats Américain pose comme condition pour la demande d'adhésion que les pays membres aient leur capitale sur le continent américain ( pour éviter que des pays comme la France, présente en Amérique Latine via la Guyane puissent en être membre).

3.Posté par Deslilas le 23/04/2008 16:54
Les problèmes de personnes ne prennent le pas que lorsque la politique disparait dans un consensus mou avec l'idéologie dominante fascinée par la globalisation.
L'électro-choc tant souhaité pour sortir la gauche "gestionnaire" de son sommeil et des délices de l'apparence du pouvoir découlera d'un retour en force du mouvement social.

4.Posté par arnautic le 23/04/2008 20:54
hélas, à gauche , ces dernières années ont davantage porté la montée en puissance des néo-conservateurs et des radicalismes qu'une possibilité de convergence. c'est peut-être un signe de tension grandissante dans le logiciel d'un PS schizophrène. qu'attendre de l'avenir de ce côté-là? allez, ne nous racontez pas d'histoires, monsieur Chevènement: pas grand chose. il faudrait un nouveau mouvement de l'Histoire pour cela, l'amplification des évènements internationaux actuels en sera peut-être le détonateur. peut-être est-ce ce que vous vouliez dire?
occis les bienpensants! mes amitiés.

5.Posté par Josette le 23/04/2008 21:23
Dans le contexte actuel,on peut distinguer, à gauche, deux données :
1° L'électorat populaire
2° Les instances dirigeantes des partis

Un précipice les sépare.

L'électorat populaire -- si mobilisé, si plein d'espoir lors du référendum de 2005 -- est en espérance de guide(s), de programme d'avenir ...

Les chefs de partis (1) ne semblent préoccupés que de leur(s) situation(s) personnelles. Ils n'ont ni foi, ni élan,ni convictions précises; ce ne sont que louvoiements, critiques politiciennes du gouvernement, aucune proposition construite, aucune vision de l'avenir,aucune réponse aux immenses problèmes d'aujourd'hui, rien, le désert ...

Tant que les choses en seront là, l'électorat populaire...s'abstiendra,votera blanc, ou, en désespoir de cause, pour n'importe quel bateleur de droite !
(1)sauf vous, Monsieur Chevènement

6.Posté par la fourmi rouge le 23/04/2008 22:24
Bonsoir Jean-Pierre,

euh .......... vous m'enlevez les mots de la bouche !



@ Deslilas

Grand naïf, va !
A la gauche de la gauche, ceux qui sont les premiers à mettre la main sur le coeur, en avançant leurs orales ( et écrites aussi, concédons leur ça ! ) convictions pures envers les classes populaires et précarisées, à être maximalistes dans le combat contre la mondialisation ... ont un appétit sans bornes pour être le pésident de tel think tank ou l'organisateur de .....

A eux aussi un hochet est quasiment vital !
A moins qu'au fond, là aussi "le consensus politique [ soit très très très ] mou caer les mots ne sont plus que des mots vidés de leur substance, prononcés de façon robotisée.

*

Hormis Jean-Pierre, rarissimes sont les sincères sages actifs et penseurs pour l'intérêt général.
Regardez le parcours de politiques auxquels nous pouvons penser les un(e) et les autres...Ca vaut bien largement de grands discours !
Le reste n'est que littérature de bibliothèque rose.



@ Josette

Je serais plus "nuancée" que vous sur l'engouement populaire pour le vote de 2005.
Il vaut celui de 2001, 2004, 2007 et 2008, non ?
Pourquoi l'isoler d'une analyse ( qu'il faut courageuse ) plus globale.

Le vote "anti", de mécontentement de ce qu'est la classe politique aux affaires, ne date pas de ces élections municipales de 2008 !
Le vote beauf non plus ....

*

C'est tout cela aussi qu'il faut regarder à la loupe, que dis-je ... au microcospe !!!

7.Posté par Xavier DUMOULIN le 24/04/2008 00:22
Je suis tout à fait en phase avec Jean Pierre Chevènement qui devance toute mes attentes alors que j'ai opté pour une perspective du type parti de toute la gauche ! On a raison d'être offensif. Mais il faut à présent se mettre tous au travail au MRC. Nous avons tant de choses à porter dans le débat public à partir de nos prochains choix de congrès !

8.Posté par Claire Strime le 24/04/2008 09:42
Ne resterait plus au PS qu'à mettre à la poubelle sa nouvelle déclaration de principes, puisque cette dernière est inapprouvable par tous ceux qui, quels que soient les moyens qu'ils préfèrent pour y arriver, veulent "rompre avec le capitalisme" m^me 1 jour lointain et non participer à sa gestion et à ses relookages (ou ravalements pour 1 terme à peu près équivalent en langue d'oïl traditionnelle).

9.Posté par snyckbis le 24/04/2008 10:53
Bref un rassemblement de la gauche républicaine.
En sont exclus idéologiquement la "deuxième gauche" ralliée à la mondialisation , les alternatifs dénués de culture républicaine et sans intention de prise de pouvoir , les altermondialistes pour la même raison , les Radicaux ( européistes ), les écologistesréputés sans fibre républicaine au sens où nous l'entendons Il ne reste plus grand monde : une partie du PS et le MRC + PCF rénové ou orthodoxe. Bref , on aboutit à un nouveau projet d'union de la gauche , voire de programme commun.D'abord un travail de réflexion de fond comme à RES PUBLICA puis par capilarité , un investissement dans le débat politique via la Culture dixit Gramsci.
A mon sens , cela ne peut se faire à court terme.

10.Posté par Claire Strime le 24/04/2008 11:42
Ou plutôt un soupçon de républicanisme dans 1 océan de cryptocommunautarisme?

11.Posté par Asterix le 24/04/2008 14:09
Comment modifier la politique de la France après toutes les concessions faites via les traités européens. Ne sommes nous pas pieds et poings liés par tous ces accords qui entravent notre liberté de choix et de décision et qui remet en cause notre modèle social. Le PS qui a voté le mini traité tient le discours de l'illusionniste au regard des réalités vécues par les citoyens et le peuple ne s'y trompe pas en ne se déplaçant plus aux urnes. Tout cela ne peut se terminer que de deux manières : la sortie de l'Europe actuelle pour en recréer une autre ou la rue. La création d'un nouveau grand parti n'échappera pas à cette obligation de quitter cette Europe là, à moins qu'il ne trompe lui aussi ses électeurs pour quelques places de notables au soleil.

12.Posté par snyckbis le 24/04/2008 14:44
Ce n'est pas avec un "soupçon"que l'on gagne les élections mais avec une majorité cohérente. Ce n'est ni demain ni après-demain...

13.Posté par Instit le 24/04/2008 15:58
Pour les naïfs qui veulent faire évoluer l’Union européenne tout en restant à l’intérieur de l’Union européenne, voici un rappel du ministre des finances allemand, Thomas Mirow.

Le ministre des finances allemand met les points sur les i : il faut l’unanimité pour modifier le traité de Maastricht. Or, l’Allemagne ne veut pas changer les missions de la Banque Centrale Européenne : lutter contre l’inflation.

De plus, l’Allemagne bénéficie d’un large soutien des autres pays européens.

Conclusion : c’est pas demain la veille qu’on changera les missions de la Banque Centrale Européenne. C’est pas demain la veille que le pouvoir politique aura son mot à dire face à la Banque Centrale Européenne.

« Le secrétaire d'Etat allemand aux Finances Thomas Mirow a averti mardi 22 avril qu'il n'était pas question d'"élargir" le mandat de la Banque centrale européenne, comme l'a suggéré la semaine dernière le futur chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi.

"La position allemande là-dessus a toujours été claire, est claire, et je puis dire qu'elle restera claire: je ne peux pas envisager un changement (de la position allemande), nous nous en tenons au traité de Maastricht", qui fixe comme priorité à la BCE de lutter contre l'inflation, a répondu M. Mirow à un journaliste qui lui demandait ce qu'il pensait de la proposition de M. Berlusconi.

"Il ne peut pas y avoir de doute sur la position allemande", a-t-il ajouté.

Le prochain chef du gouvernement italien a estimé la semaine dernière que la BCE devrait voir ses fonctions "élargies" et ne pas s'occuper uniquement du contrôle de l'inflation. Une manière de signifier qu'elle devrait aussi se préoccuper de soutenir la croissance économique, en ne maintenant pas ses taux d'intérêt trop élevés.

M. Berlusconi rejoint en cela des critiques formulées à plusieurs reprises par le président français Nicolas Sarkozy, qui a reproché régulièrement à la Banque centrale d'être trop focalisée sur la lutte contre l'inflation.

M. Mirow a souligné que même si le leader italien, qui doit prendre la tête d'un nouveau gouvernement en mai, et le président français s'alliaient pour réclamer une révision du rôle de la BCE, "il faut l'unanimité pour modifier le traité de Maastricht", qui a défini les compétences et instauré le principe de l'indépendance de la BCE.

Cette indépendance avait été posée par l'Allemagne comme une condition sine qua non pour lancer l'euro.

M. Mirow a ajouté que l'Allemagne était "loin d'être isolée" sur ce point, et qu'il y avait un "large soutien" des pays européens à la définition actuelle du rôle de la BCE. »

http://www.lesechos.fr/info/inter/afp_00060728.htm

14.Posté par Claire Strime le 24/04/2008 16:46
Salut, instit!!
A ce propos, trouvé sur le blog de NDA (contribution d'1 internaute lambda):
"M.Sarkozy avait dit : "La Turquie ne peut pas entrer dans l'Europe, puisque c'est en Asie Mineure". Et dire que j'y ai cru.
Finalement M. De Villiers était bien plus clair.
Nous nous sommes tous fait berner. Les députés UMP doivent se libérer de leurs liens et de leurs baillons, sortir de leur mutisme et modifier ce projet de réforme !"

Bon, étant donné le clivage gauche-droite, il y aura surement de + en + de gens à droite qui se détacheront de NS et les républicains parmi eux n'iront pas chez les LePen ou l'agité du bocage.

D'1 point de vue de gauche je pense moi aussi que l'entrée de la Turquie dans l'UE (comme d'autres élargissements: Croatie, Albanie, Bosnie-avec tous ses conflits non résolus) ne serait pas bonne ni pour l'Europe sociale ni pour la paix (la Turquie pilier de l'OTAN, qu'elle n'a jamais quitté depuis 1952- son ennemie la Grèce ayant rompu le commandement intégré de 1974 à 1980).

Au sein de la gauche aussi il ya du boulot pour convaincre les parlementaires de refuser les modifications institutionnelles de Sarkozy, c'est à cette aune que peut se juger l'utilité ou non d'1 parti de gauche réunissant des courants et organisations actuellement séparés.

15.Posté par Pascal Olivier le 24/04/2008 20:29
@ républicain

Et dans le cas, certes fort improbable, où la Turquie transfert sa capitale d'Angora à Constantinople ?

16.Posté par Laurane le 24/04/2008 22:54
Fourmi rouge,

Moi, je suis d'accord avec Josette.

J'ai beaucoup aimé la campagne de 2005, il y avait des débats de fond, un élan, Mélenchon avait même un sourire juvénile, -je l'aurais bien adopté comme grand frère-, j'ai appris plein de choses sur le fonctionnement de l'Europe.

Je n'ai pas du tout retrouvé ça en 2007 et 2008, où j'allais voter tristement, pour des candidats que je n'aimais pas. (C'était même le contraire, je coupais la télé pour ne pas entendre Royal, de peur de ne plus trouver la force de voter pour elle!!!)

La très rapide transformation de la victoire de 2007 en échec, notamment parce qu'il y avait une présidentielle, et la disparition de cette gauche qui s'était unie, qui avait porté des débats passionnants, c'est quelque chose qui me reste encore en travers de la gorge.
Je me sens flouée, Fourmi rouge, par ces hommes politiques que j'aime, qui sont si brillants lorsqu'ils se rassemblent, et si décevants lorsqu'ils se recroquevillent dans de petits calculs sur ce qui sera le moins risqué pour leur carrière personnelle.

17.Posté par Instit le 25/04/2008 08:41
Salut, Claire Strime !

Tu écris : " D'1 point de vue de gauche je pense moi aussi que l'entrée de la Turquie dans l'UE (comme d'autres élargissements: Croatie, Albanie, Bosnie-avec tous ses conflits non résolus) ne serait pas bonne ni pour l'Europe sociale ni pour la paix "

Un oxymore s'est caché dans cette phrase de Claire Strime.

Une bouteille de Monbazillac pour celui ou celle qui le trouvera.

18.Posté par Claire Strime le 25/04/2008 09:57
pas d'oxymore mais j'aurais du mettre 1 virgule après bonne

19.Posté par Claire Strime le 25/04/2008 10:41
Petit rappel (source wikipédia):
"Un oxymore, ou un oxymoron, est une figure de rhétorique, une alliance de mots désignant des réalités contradictoires ou fortement contrastées, étroitement liés par la syntaxe. L'oxymore est appelé paradoxisme par Fontanier.
En exprimant ce qui est inconcevable, le poète crée ainsi une nouvelle réalité poétique qui suscite un effet de surprise, en ajoutant de la force à la vérité décrite."


20.Posté par Laurane le 25/04/2008 11:07
@ Instit

Europe sociale?

(parce que quand même, tu ne penses pas à "point de vue de gauche"?)
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Rooh la la, dans le post 16, il faut bien sûr lire "victoire de 2005" (2007 signant l'aboutissement de sa transformation en échec)

21.Posté par la fourmi rouge le 25/04/2008 11:10
Bonjour Laurane,

Je ne me plaçais pas de ce point de vue bien sûr, tu l'auras compris.

Je fais un commentaire, certes rabat-joie, mais qui je crois est malheureuisement lucide.
Comme "le peuple" a voté en 2002 ( je l'avais oubliée cette date dans mon énumération, date fatidique pour la jospinie, mais aussi la fabusie, strauskahnie aux commandes alors )
.....Jospin qui en est encore le pauvre, à accuser Jean-Pierre !

Ce peuple qui "ne sait rien et ne sait pas ce qu'il fait" (pourquoi lui donner le droit de vote d'ailleurs ? comme aux femmes et à "la diversité", ces untermenschen !) qui dégoute ces cerveaux "compétents" et "expérimentés" dans leur tour d'ivoire, a voté de même en 2004 ( qui ne fut pas une victoire de la gauche, mais une défaite de Chirac : à gauche on commence à peine à le dire après avoir enfin analysé ce scrutin ), EN 2005 ( même si cela titille), en 2008 (la gauche n'a pas gagné, surtout avec les mêmes imbus et sourdingues, à la tête du PS.... : c'est l'UMP et Sarkozy qui ont perdu)

Par réaction beauf, anti politiques et appareils, anti pouvoir en place, etc....

Je ne parle pas ici tu le devine des militants -encore que...- , de ceux qui avaient lu les textes sur le CTE....une poignée quoi, faut le reconnaître.

Quand tu mesures le poids (même militant) du PRS, du MRC, du PCF... bong sang ! il va falloir ici comme dans dans d'autres domaines, avoir les yeux en face des trous, et du courage pour analyser ces votes successifs ayants les mêmes ressorts.

Je n'ai pas écrit ici ce que j'aurais aimé, mais je soulève tout simplement des motifs moins nobles que l'on aimerait, des motifs de désespoir aussi faut le percevoir ainsi, des classes populaires, paumées, trompées par les partis et politiques de tous poils, qui réagissent comme elles peuvent, même mal avec leurs bulletins.

En 2005, il y eut aussi rencontre des vrais Républicains (de gauche : pléonasme) mais aussi du Nationalisme le plus rance ....
Il y aurait à dire. Je ne veux pas aujourd'hui.

Bien à toi Laurane.

22.Posté par la fourmi rouge le 25/04/2008 11:33
Instit,


...plutôt Sauternes !


Europe sociale ?

23.Posté par la fourmi rouge le 25/04/2008 13:12
Les "grands esprits" (selon la formule consacrée) ...de gauche bien sûr, se rencontrent, n'est-ce pas Laurane ?

24.Posté par domino78 le 25/04/2008 14:46
"l'entrée de la Turquie … ne serait pas bonne ni pour l'Europe sociale ni pour la paix ".

Ne pas .. ni : n'y aurait-il pas deux négations qui s'annulent et la phrase ne voudrait elle pas dire :
"l'entrée de la Turquie … serait bonne pour l'Europe sociale et pour la paix ".

Ce n'est pas vraiment un oxymore .. quoique si on l'ajoute à un point de vue de gauche ;)).

25.Posté par Laurane le 25/04/2008 15:44
Sûr, Fourmi rouge, si on gagne, on partage la bouteille?

Sinon, je suis d'accord avec toi, pour ta noire analyse.
Comme l'écrivait E. Todd "Ce genre de crise peut nous conduire soit vers la contestation radicale du système économique, c'est-à-dire la désignation du vrai mal, avec l'idée d'une réappropriation de l'économie, soit vers la xénophobie et la désignation de bouc émissaires."
Or il faut reconnaître qu'il est beaucoup plus excitant de rechercher des bouc émissaires que de demander l'abrogation de l'article 56 du traité de Lisbonne (cf http://www.stop-finance.org/Speculation-et-crises-ca-suffit.
Et pour que la dimension révolte contre le capitalisme fou du non de gauche prenne le pas sur celle du nationalisme rance, il faudrait au minimum que des représentants du non de gauche fassent l'effort de travailler ensemble, de chercher à construire une alternative commune. Ils ont là une grande responsabilité, et ils ne semblent pas trop s'en soucier.

26.Posté par Instit le 25/04/2008 16:26
Match nul : Laurane et la fourmi rouge gagnent une bouteille de Monbazillac CHACUNE !

On les applaudit bien fort !

En écrivant l'expression " EUROPE SOCIALE ", en exprimant ce qui est inconcevable, Claire Strime crée ainsi une nouvelle réalité poétique qui suscite un effet de surprise, en ajoutant de la force à la vérité décrite.

27.Posté par Paton le 25/04/2008 16:29
Cher Jean-Pierre Chevènement,

bravo pour ce projet qui est à la fois stimulant et crédible pour régénérer la gauche. Mais passons à la question qui fâche : qui vous suit dans cette initiative ? Car je vois le PS amorçer son virage social démocrate et se transformer en une firme redoutable de promotion d'un candidat qui assumera ce "Bad Godesberg" à la française. En effet, tous les candidats pressentis, Ségolène Royal comprise (pardon), sont au diapason de cette nouvelle tonalité dominante. Pour l'anecdote, il suffit d'écrire "Marx" sur le blog de Pierre Moscovici pour se faire traiter gentiment de pauvre type. Bref, le PS est bien occupé. De l'autre côté, la frange révolutionnaire s'organise dans nouveau parti "anticapitaliste". Ils sont bien occupés aussi. Le scénario dont vous ne voulez pas, un parti normalisé dans le réformisme gestionaire cohabitant avec un parti révolutionnaire, est en train de se réaliser. En tout cas, c'est ce que je crains. Question cruciale : quels sont vos alliés au PS ? Lienman ? Fabius ? Emmanuelli ? Mélenchon ? D'autres ? Des noms !

Je souhaite vivement me tromper et que ce soit votre proposition qui s'impose à gauche.

28.Posté par Laurane le 25/04/2008 20:28
Waouh! Quelle générosité, Instit! Ca vaut trop le coup, de venir sur le blog de JPC.

29.Posté par Josette le 25/04/2008 21:57
à Laurane :
Merci. Nous ressentons les choses de la même façon.

à Fourmi rouge :
L'analyse politique : n'ayant pas eu une vie de militante, je ne suis pas à la hauteur. mais la politique m'intéresse et je crois avoir bien choisi mon analyste préféré :J.P.C. est ma référence.

Plus haut, je vous livrais doncseulement le "ressenti" d'une électrice populaire.
Certes, Fourmi rouge, ce "ressenti" était bien le même aux votes de2002,2004, 2007, 2008. Ces 4 votes obéissent certainement "aux mêmes ressorts" : le sentiment de l'existence de 2 castes : celle des instances dirigeantes des partis ( moins en 2008 -- à cause de la démocratie participative ? )
celle des "autres" :qui sont-ils ? que pensent-ils ? que veulent-ils ? comment vivent-ils ? Les dirigeants s' en f....!
Pas de dialogue réel entre les deux. (La démocratie participative ?...Un progrès peut-être ?...)

Mais en 2005, la situation est différente : la "piétaille populaire" avait marqué un point, elle s'était fait entendre --- et qu'importe qu'à la marge les Républicains fussent rejoints par quelques "Nationalistes rances" . la masse du "NON" aimait la France, la République et ses conquêtes sociales.

Hélas ! (3fois) cet espoir fut sans suite ; le "non" était l'une des lignes de fracture de la gauche ! Il n'y eut donc pas d'épilogue à ce rassemblement de "l'électorat populaire".

Et, à l'heure actuelle, je ne vois pasqui pourra réunir à nouveau cet électorat.


à Paton : Entièrement d'accord avec toute votre analyse (hélas !)

30.Posté par Josette le 25/04/2008 22:08

D'accord aussi avec Snyckbis.

31.Posté par David Dahomay le 25/04/2008 22:48
Ci-après, ma réponse à cet article :
Monsieur Chevènement,
Force est d'admettre que votre analyse et vos propositions sont extrêmement pertinentes. Je les partage en grande partie. Contrairement à ce que croient encore trop de camarades du PS, et non des moindres, il ne s'agit pas de travailler à un énième projet clé en mains (du genre 100 propositions pour la Fance), mais bien d'une refondation nécessaire, à la hauteur des enjeux mondiaux (comme le met admirablement en lumière Paul Quilès avec le "Titanic"). Et la gauche ne pourra effectivement faire l'impasse sur l'analyse du capitalisme financier et mondialisé d'aujourd'hui, mais pas seulement. Trois problématiques fortes sont trop souvent absentes des débats: Repenser et refonder la souveraineté populaire comme nationale, en particulier dans le contexte de l'intégration à l'UE (nous perdons de plus en plus de notre souveraineté du fait de la primauté des actes de l'Union sur notre droit interne. Pourquoi pas, mais le peuple français l'a-t-il seulement choisi ? Et puis, pouvons-nous nous satisfaire du fonctionnement démocratique actuel de l'UE ?)La problématique de la sécurité mondiale et de la politique étrangère de la France, dans un monde devenu plus incertain et plus instable. Il faut en finir comme vous le dites avec une vision "occidentalocentriste" et notre attachement à l'OTAN, c-à-d au grand frère américain dont le néofondamentalisme et l'impérialisme produisent davantage d'instabilité plutôt que d'apaisement. Un monde multipolaire est nécessaire et l'UE doit se doter d'une politique étrangère et militaire. Par ailleurs, la réforme de l'ONU est plus que jamais nécessaire (comme cela a été souligné dans un colloque que vous avez organisé en 2005)si on souhaite garder en tant qu'universalistes cet horizon à long terme : l'avènement d'une citoyenneté planétaire.
Enfin, troisième problématique qui m'est chère en tant qu'originaire des départements d'outre-mer: celle de la reconnaissance de la diversité et des identités culturelles au sein de la République. Rassurez-vous, tout comme vous, je suis républicain. Mais pas ce républicanisme qui dans l'histoire (je pense en particulier à la troisième République et aux conquêtes coloniales) a été souvent ce monstre froid ou en tout cas le prétexte à l'affirmation d'un certain nationalisme gaulois niant la construction multiculturelle de la Nation. Nous devons, comme l'a souvent suggéré feu Aimé Cesaire repenser la République à la lumière de ce qui vient d'être dit : "Egalité, Liberté, Identités, Fraternité".
N'empêche que, même après refondation, restera aussi le choix du leader qui, quoi qu'on dise, est capital (l'élection présidentielle est toujours la rencontre entre une femme ou un homme et les Français). Personne à l'horizon pour l'instant, et sans vouloir vexer quiconque, surtout pas Ségolène Royal.
Notre travail n'est-il pas aussi d'ores et déjà de partir à la recherche d'une ou d'un leader ?

Mes très respectueuses salutations M. Chevènement.

David Dahomay.

32.Posté par debreuille le 26/04/2008 17:17
Il est tout à fait juste de dire "La grande crise qui vient amènera un réexamen critique de tous les postulats libéraux (libre-échangisme, effacement de l'Etat, rejet des politiques industrielles au nom de la "concurrence")."
Quand le gouvernement français annonce des mesures pour encadrer la hausse des denrées alimentaires ou que le gouvernement anglais nationalise une banque, nous constatons que la nécessité créée par la réalité économique pousse des gouvernements s'affichant comme libéraux à adopter un programme de controle de l'économie pratiqué en d'autres temps par les régimes communistes.
Que la presse fasse semblant de ne pas remarquer ce revirement, soit. Mais il est dommage que l'opposition de gauche ne souligne pas cette contradiction entre un libéralisme autoproclamé qui permet de justifier le désengagement de l'état et de l'autre des nécessités économiques qui les poussent à intervenir. Il est surtout dommage, qu'a gauche, il n'y ait pas le début d'une réflexion à propos d'un mode de gouvernement économique où l'état a un rôle plus fort. Quand je dis l'état, il faut penser aussi aux états, avec un s. Je suis persuadé que la crise actuelle fait qu'il n'en faudrait pas beaucoup pour que la plupart des états, notamment sous la pression de la rue, soient d'accord pour arrêter le laisser-faire économique et envisagent une régulation coordonnée. Tomberait alors l'ultime obstacle de la contrainte extérieure à la mise en place d'une véritable politique socialiste en France.

33.Posté par Jocelyn le 28/04/2008 14:27
Il est temps en France de voire un grand mouvement rassemblant les défenseurs des idéaux républicains...
Pour cela je ne comprends guère la position du MRC à se limiter au clivache gauche-droite...
Le MRC à bien plus de point commun avec des partis de droite comme par ex DLR de Nicolas DUPONT-AIGNAN et une partie du MPF (celle de Paul marie COUTEAUX).
Il n'ya plus rien à faire à gauche pour sauver le PS de sa dérive libérale et Atlantiste.
Le temps que le MRC le comprenne, toute opposition gaulliste et républicaine aura été réduite à néant.
Vous nous laisser malheureusement à nous jeunes peu de chance d'espérer en l'avenir....

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