Agenda et médias

"Si je me suis porté candidat, c'est par patriotisme"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité de YouTube Elections 2012, en partenariat avec le CFJ, l'AFP et Twitter, mercredi 18 janvier 2012. Il répondait aux questions d'étudiants du CFJ.


Verbatim express

  • Si on peut me reprocher une chose pour 2002, c'est d'avoir eu des positions à bien des égards prémonitoires dont d'autres, qui s'exonèrent trop facilement de leurs responsabilités, auraient pu s'inspirer.
  • Si je me suis porté candidat, ce n'est pas pour négocier. Il n'y avait que des coups à prendre. Je l'ai fait par patriotisme. J'ai eu le sentiment que la France entrait dans une passe extrêmement dangereuse et que ce que j'avais dit depuis 20 ans allait se confirmer, c'est à dire que la crise de la monnaie unique allait se précipiter.
  • Jean-Luc Mélenchon s'est bonifié depuis le traité de Maastricht. Malheureusement, il n'a pas une stratégie de rassemblement, celle qui, seule, pourrait offrir une perspective de redressement de notre pays. Il faudrait qu'il s’appuie sur la souveraineté nationale, c'est à dire sur le peuple français tout entier, pour relever les défis qui sont à l'horizon.

  • A propos d'une VIe République: Je pense que la Ve République fixe clairement les responsabilités. D'ailleurs le programme commun et l'union de la gauche ont débouché sur sa pérennisation. Car, quand François Mitterrand a accédé au pouvoir en 1981, il s'est appuyé sur la Ve République.
  • L'idée des emplois jeunes était bonne et a permis de mettre le pied à l'étrier de beaucoup de jeunes
  • Pour favoriser l'emploi, il faut une monnaie moins chère, reconstituer une Ministère de l'industrie, mener une politique en faveur des PMI avec un small business act, responsabiliser les grands groupes.
  • La seule protection efficace et rapide, c'est la protection monétaire.
  • Il est scandaleux que l'Europe soit la seule zone du monde qui n'ait aucune croissance.
  • Ce qui est la cause de la crise, c'est moins la dette que les déficits commerciaux de tous les pays européens, sauf l'Allemagne.
  • Il faut concevoir au niveau européen un plan d'investissement sur emprunt européen. Il faut, là où c'est possible, procéder à des relances salariales. Par exemple, en Allemagne, cela s'est trop peu fait. Il faut, enfin, une baisse du niveau de l'euro.
  • Avec la monnaie unique, on a cru mettre un terme à des décennies d'affrontement. A vrai dire, l'euro risque de favoriser les affrontements plutôt que des les éviter.
  • On constate, pour ces 10 dernières années, que les pays européens qui étaient hors de la zone euro ont eu des taux de croissance légèrement supérieurs à ceux des pays de la zone euro.
  • L’Union Européenne n'est pas démocratique : la plupart de ses instances ne sont pas élues.
  • Je ne suis pas favorable à une intervention militaire en Syrie. C'est au peuple syrien, qui souffre terriblement, de trouver la solution. Ça n'empêche pas que des moyens de pression puissent s'exercer.
  • On n'a jamais vu les faibles s'ingérer dans les affaires des forts. Le droit d'ingérence est hypocrite.
  • A propos du conflit israélo-palestinien : Je suis profondément peiné par l'incapacité à trouver une solution à ce problème (…) Il faut le dire : la responsabilité des États-Unis est grande. M. Obama a reculé de manière spectaculaire. Cependant, je crois à son honnêteté. A long terme, il sait qu'on ne peut pas laisser puruler cet abcès au cœur du monde arabo-musulman.
  • L'Afrique a des capacités de croissance qui ont été tout à faut sous-estimées. D'une certaine manière, le fait que la Chine et les Etats-Unis s'y intéressent, moi je ne le déplore pas. L'Afrique avait besoin d'avoir autre chose qu'un tête à tête avec la France et l'Europe.
  • Le problème principal de l'Afrique est la construction d’États de droit, avec des fonctionnaires intègres, avec un appareil éducatif de qualité.
  • Je souhaite pour l’École une autre pédagogie, plus directive, une autre formation des enseignants, plus d'enseignants en primaire, une réforme de la maternelle.
  • On a détruit la police de proximité. M. Sarkozy l'a caricaturée. Je pense qu'il faut y revenir et faire travailler ensemble tous les acteurs de la sécurité.


Rédigé par Chevenement.fr le Jeudi 19 Janvier 2012 à 17:10 | Lu 3814 fois



1.Posté par Vincent GOMES le 22/01/2012 01:34
Je viens d'écouter en grande partie de ce long interview de JP Chevènement, toujours aussi intéressant, qui montre une fois de plus la qualité de ses analyses et l'éventail de sa culture et ceci dans tous les domaines.

Cependant, j'observe que JP Chevènement n'arrive pas à "décoller" dans les sondages. C'est dû d'après moi à une erreur dans son positionnement dans cette campagne. Jamais les Français ne vont voter pour quelqu'un qui n'a pas envie d'y aller, ou qui compte se désister d'avance. Tous savent quelle est l'importance de la charge présidentielle. Ils recherchent quelqu'un qui a une véritable ambition, un projet crédible pour la France.

Nul ne va voter pour un parti qui est juste là pour présenter ou faire faire partager une idée. Jamais les écologistes ou Lutte Ouvrière ne feront de score important. J'espère que JP Chevènement sera au second tour, mais il est vrai que ce sera très difficile, voire carrément improbable. Or seul un SCORE important au 1er tour sera en mesure d'avoir une influence sur les candidats présents au second tour, soit, comme dit Mr Chevènement de "faire bouger les lignes".

Je crois donc qu'il est l'heure d'y aller, et franchement, de montrer quelle est l'équipe avec laquelle il compte gouverner, de présenter son programme (on a aujourd'hui parmi nos candidats de brillants énarques, comme Mr Hollande, mais qui sont incapables d'élaborer un programme, c'est dire la faiblesse intellectuelle ou la fainéantise des hommes politiques actuels), avec quelques mesures clés très concrètes, énoncées simplement. Je fais par exemple remarquer à JP Chevènement que son discours est ardu et n'est pas compréhensible par le monde industriel (ouvriers, techniciens) - qu'il défend pourtant- ou par les employés et chez qui il n'attire guère de sympathie et encore moins d'intentions de vote. Je rappelle à Mr Chevènement que tout le monde n'a pas son niveau de connaissances ni son intelligence , mais que ce sont ces gens là (les classes moyennes et les ouvriers, voire peut-être les retraités et les chômeurs), avec leur "bon sens populaire" qui vont décider de l'avenir. Les catégories dominantes (les PDG, les hauts fonctionnaires, les banquiers, les commerciaux, les traders, maires, députés, médecins, avocats, etc..), auxquelles s'adressent les grands partis, ne représenteront qu'une petite partie des votants (à conditions que les autres se déplacent).
J'imagine que vu le musellement de la société exercé par les médias (TF1, France2, Canal+), il sera très difficile pour les "petits" candidats d'obtenir un passage aux heures de grande écoute . C'est pourquoi je suggère d'avoir des phrases percutantes, créant de l'audimat, et pouvant marquer les esprits. Ceci avant que Nicolas Sarkozy (ou le futur candidat de l'UMP) ne se présente, par exemple en démontant son bilan.

Le calendrier est essentiel et il y a actuellement dans l'actualité politique un vide à utiliser - ou pas....

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