Jérémy Chevreuil : Quelle a été votre première réaction quand vous avez appris les attentats à Paris ?
Jean-Pierre Chevènement : J’ai été consterné par le nombre de victimes qui allait sans cesse croissant. Ma pensée va bien sûr aux victimes et à leurs familles.
Cela a été une surprise pour vous ?
Non, je ne peux pas dire ça. Ces attentats ne sont pas les premiers, ils ne seront malheureusement pas les derniers. Nous sommes engagés dans une guerre d’un type particulier, une guerre asymétrique. Apparemment, les moyens de la force sont dans les mains de la République, en réalité l’adversaire est quasiment insaisissable. Il peut utiliser des armes légères mais néanmoins faire des dégâts considérables.
Il faut voir les choses dans la longue durée, montrer unité, cohésion, sang-froid, détermination au long cours, et s’il le faut bravoure, parce que cela peut durer des dizaines d’années. Nous ne sommes pas en présence de phénomènes limités et circonscris comme au temps d’Action Directe par exemple qui n’avait pas de base, dans aucune fraction de la population.
C’est la République, c’est la France qui sont attaquées, et la réponse, c’est la France, c’est la République, c’est l’unité du peuple français, comme communauté de citoyens, dans leur ensemble, qui doit permettre d’isoler ces fanatiques criminels et, un jour, de les éradiquer.
Jean-Pierre Chevènement : J’ai été consterné par le nombre de victimes qui allait sans cesse croissant. Ma pensée va bien sûr aux victimes et à leurs familles.
Cela a été une surprise pour vous ?
Non, je ne peux pas dire ça. Ces attentats ne sont pas les premiers, ils ne seront malheureusement pas les derniers. Nous sommes engagés dans une guerre d’un type particulier, une guerre asymétrique. Apparemment, les moyens de la force sont dans les mains de la République, en réalité l’adversaire est quasiment insaisissable. Il peut utiliser des armes légères mais néanmoins faire des dégâts considérables.
Il faut voir les choses dans la longue durée, montrer unité, cohésion, sang-froid, détermination au long cours, et s’il le faut bravoure, parce que cela peut durer des dizaines d’années. Nous ne sommes pas en présence de phénomènes limités et circonscris comme au temps d’Action Directe par exemple qui n’avait pas de base, dans aucune fraction de la population.
C’est la République, c’est la France qui sont attaquées, et la réponse, c’est la France, c’est la République, c’est l’unité du peuple français, comme communauté de citoyens, dans leur ensemble, qui doit permettre d’isoler ces fanatiques criminels et, un jour, de les éradiquer.
La France est-elle clairement en guerre aujourd’hui ?
Oui, mais c’est une guerre asymétrique. Daech a revendiqué l’opération mais Daech, ça peut être n’importe qui. C’est Al-Bagdhadi nominalement, mais dans la réalité, une poignée de fanatiques peut se réclamer de l’acronyme Daech et frapper dans des conditions qu’il est très difficile de prévoir. En tout cas, il va falloir s’organiser, dans la longue durée, avec beaucoup de sang-froid. Je pense que nos concitoyens comprendront qu’il faut un esprit de responsabilité, éviter les surenchères gratuites et aveugles, mais au contraire montrer beaucoup de détermination, beaucoup de calme, beaucoup de résolution.
Cette guerre, la France peut-elle la gagner ?
Elle la gagnera si on comprend bien que ce qui se manifeste là est à l’intersection des conflits du monde arabo-musulman, et d’autre part des tensions internes à notre société. Conflits du monde arabo-musulman: tout de suite vient à l’esprit la Syrie. Je pense que l’éradication de Daech est une priorité à laquelle toutes les autres doivent être subordonnées. C’est clair.
S’agissant des problèmes de notre société, il n’y a pas de culture de l’excuse à promouvoir. Bien sûr qu’il y a beaucoup d’inégalités, de discriminations, peut-être d’injustices. Cela ce n’est pas la faute de la République, c’est faute de République, c’est peut-être parce que la République n’a pas mis tous les moyens nécessaires là où il fallait. Ce qui compte, avant tout, c’est la résolution collective, celle de tous les Français quelles que soient leur origine, leur religion. La France, c’est la communauté des citoyens français. Je dirai aussi qu’il n’y a pas des Français de papier et des Français qui seraient des Français de cœur. Il y a des Français, qui ont des papiers français, mais dont le cœur aussi est français. »
Que diriez-vous aux Français qui aujourd’hui pourraient légitimement avoir peur ?
Il faut surmonter cette peur.
La France a-t-elle les moyens de gagner cette guerre ? L’état d’urgence a été décrété hier soir par le Président de la République. Faut-il aller plus loin ?
L’état d’urgence permet déjà beaucoup de choses, par exemple des perquisitions, à toute heure du jour et de la nuit. L’état d’urgence permet d’assigner à résidence des gens sur lesquels on a un certain nombre d’indices. Il y en a quand même quelques centaines. Donc, il faut des mesures énergiques, et je fais confiance aux pouvoirs publics pour prendre les mesures nécessaires. Le rétablissement des contrôles aux frontières va par exemple dans le bon sens, car il est évident qu’avec un filet à plusieurs mailles, on contrôle plus facilement qu’avec un filet à maille unique.
Vous avez été ministre de l’Intérieur. La vie institutionnelle française doit-elle suivre son cours, avec notamment des élections prévues dans trois semaines ?
Bien sûr. Ce n’est pas parce qu’il y a eu ces attentats qu’on ne va pas procéder à ces élections. La France est une République démocratique. Il faut que les choses suivent naturellement leur cours. Pas d’affolement, pas de précipitation imbécile, mais une vue longue, une capacité d’anticipation et puis une conformité avec nos principes généreux: Liberté, égalité, fraternité. Ce qui ne veut pas dire faiblesse, car il faut que la loi soit appliquée avec rigueur, il faut que la République se manifeste comme un régime énergique comme elle a su le faire à d’autres moments de son Histoire.
Source : LE BLOG POLITIQUE
Oui, mais c’est une guerre asymétrique. Daech a revendiqué l’opération mais Daech, ça peut être n’importe qui. C’est Al-Bagdhadi nominalement, mais dans la réalité, une poignée de fanatiques peut se réclamer de l’acronyme Daech et frapper dans des conditions qu’il est très difficile de prévoir. En tout cas, il va falloir s’organiser, dans la longue durée, avec beaucoup de sang-froid. Je pense que nos concitoyens comprendront qu’il faut un esprit de responsabilité, éviter les surenchères gratuites et aveugles, mais au contraire montrer beaucoup de détermination, beaucoup de calme, beaucoup de résolution.
Cette guerre, la France peut-elle la gagner ?
Elle la gagnera si on comprend bien que ce qui se manifeste là est à l’intersection des conflits du monde arabo-musulman, et d’autre part des tensions internes à notre société. Conflits du monde arabo-musulman: tout de suite vient à l’esprit la Syrie. Je pense que l’éradication de Daech est une priorité à laquelle toutes les autres doivent être subordonnées. C’est clair.
S’agissant des problèmes de notre société, il n’y a pas de culture de l’excuse à promouvoir. Bien sûr qu’il y a beaucoup d’inégalités, de discriminations, peut-être d’injustices. Cela ce n’est pas la faute de la République, c’est faute de République, c’est peut-être parce que la République n’a pas mis tous les moyens nécessaires là où il fallait. Ce qui compte, avant tout, c’est la résolution collective, celle de tous les Français quelles que soient leur origine, leur religion. La France, c’est la communauté des citoyens français. Je dirai aussi qu’il n’y a pas des Français de papier et des Français qui seraient des Français de cœur. Il y a des Français, qui ont des papiers français, mais dont le cœur aussi est français. »
Que diriez-vous aux Français qui aujourd’hui pourraient légitimement avoir peur ?
Il faut surmonter cette peur.
La France a-t-elle les moyens de gagner cette guerre ? L’état d’urgence a été décrété hier soir par le Président de la République. Faut-il aller plus loin ?
L’état d’urgence permet déjà beaucoup de choses, par exemple des perquisitions, à toute heure du jour et de la nuit. L’état d’urgence permet d’assigner à résidence des gens sur lesquels on a un certain nombre d’indices. Il y en a quand même quelques centaines. Donc, il faut des mesures énergiques, et je fais confiance aux pouvoirs publics pour prendre les mesures nécessaires. Le rétablissement des contrôles aux frontières va par exemple dans le bon sens, car il est évident qu’avec un filet à plusieurs mailles, on contrôle plus facilement qu’avec un filet à maille unique.
Vous avez été ministre de l’Intérieur. La vie institutionnelle française doit-elle suivre son cours, avec notamment des élections prévues dans trois semaines ?
Bien sûr. Ce n’est pas parce qu’il y a eu ces attentats qu’on ne va pas procéder à ces élections. La France est une République démocratique. Il faut que les choses suivent naturellement leur cours. Pas d’affolement, pas de précipitation imbécile, mais une vue longue, une capacité d’anticipation et puis une conformité avec nos principes généreux: Liberté, égalité, fraternité. Ce qui ne veut pas dire faiblesse, car il faut que la loi soit appliquée avec rigueur, il faut que la République se manifeste comme un régime énergique comme elle a su le faire à d’autres moments de son Histoire.
Source : LE BLOG POLITIQUE