Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Pourquoi le «Salut public» ?


Edito de Jean-Pierre Chevènement à Citoyens Militants, le bulletin du Mouvement Républicain et Citoyen, décembre 2009.


Pourquoi le «Salut public» ?
Dans la crise de la globalisation financière qui s’est mise en place depuis le début des années quatre-vingt, la France se trouve « cornerisée ». Nous sommes pris par la logique de la monnaie forte – hier « le franc fort » (1983-1998) et depuis 1999, l’euro. Les Etats-Unis, pour remédier à leurs déficits, laissent se déprécier le dollar : celui-ci valait 1,20 euro en 2000. Il en vaut aujourd’hui 0,65.

Par ailleurs, la globalisation s’est développée à travers l’implantation des multinationales dans les pays à très bas coût salarial et de la complète libéralisation des mouvements de capitaux et de marchandises. La France, et avec elle la zone euro tout entière, est prise en étau entre la concurrence déloyale des pays à très bas coûts, au premier rang desquels la Chine, et la compétitivité retrouvée des pays de la zone dollar.

Dans ces conditions il n’y aucune chance de pouvoir enrayer les délocalisations industrielles, la montée du chômage et le processus de déclin qui emporte l’Europe, avec en son coeur la zone euro.

La seule issue rationnelle serait que l’Allemagne accepte un gouvernement économique de la zone euro et une politique de change qui permette de rétablir la compétitivité globale de l’économie européenne et une croissance permettant le retour au plein emploi. Mais tel n’est pas le choix de la coalition CDU-CSU-FDP conduite par Mme Merkel. L’Allemagne estime avoir, grâce à sa spécialisation sur des créneaux à haute valeur ajoutée (biens d’équipements), de longues années devant elle pour s’adapter. Ses choix reflètent aussi sa démographie vieillissante, et enfin la valorisation des actifs qu’elle détient à l’étranger (plus de 500 milliards d’euros).

La France, avec 800 000 naissances par an (contre 600 000 à l’Allemagne) ne peut se satisfaire d’une quasi stagnation de son économie. Dans ces conditions et parce que la zone euro est très hétérogène, il est presque inévitable que de fortes tensions se développent en son sein. L’éclatement de la zone euro ne peut même pas être exclu, si l’Allemagne continue à imposer ses choix.

Un « bras de fer » va donc s’engager avec les Etats-Unis, la Chine et l’Allemagne. C’est pour ne pas sortir broyés de ce « bras de fer » que nous proposons un « programme de salut public ». Pour la France et pour une Europe véritablement « européenne ».

Ce programme repose sur l’idée que la France, communauté de citoyens, a besoin pour exister politiquement, d’être mobilisée sur un projet. C’est ce projet « de salut public » que le MRC propose à la France. Et en même temps c’est le moyen de « politiser », au bon sens du mot, le débat européen. C’est le moyen de faire reculer la domination de l’aristocratie financière en Europe, de favoriser le camp du progrès en Allemagne, de faire mûrir la conscience, et de faire de la construction d’une République européenne des peuples un projet progressiste.

Ce « Salut public » doit être porté par les couches populaires, celles qui vivent de leur travail mais aussi par le « peuple des citoyens », c’est-à-dire la communauté civique qu’est la France républicaine telle que nous voulons la rebâtir. Ce projet s’imposera, à travers l’immense crise qui est encore devant nous, avec le concours de tous ceux qui ne désespèrent pas d’un avenir commun.

C’est cela le sens de la « refondation républicaine » que nous n’avons cessé d’appeler de nos voeux, à vrai dire depuis que la gauche a ouvert la malheureuse « parenthèse libérale » dont chacun peut voir aujourd’hui où elle nous a conduits.

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Lire la proposition de programme de salut public du MRC dans le dernier numéro de Citoyens Militants


Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le Samedi 19 Décembre 2009 à 12:49 | Lu 4837 fois



1.Posté par BA le 19/12/2009 22:50
Vous souhaitez instaurer une politique de " Salut public " alors même que la France ne contrôle pas ses propres frontières ?

Vous souhaitez instaurer une politique de " Salut public " alors même que la France ne contrôle pas sa propre défense ?

Vous souhaitez instaurer une politique de " Salut public " alors même que la France ne contrôle pas ses propres lois ?

Vous souhaitez instaurer une politique de " Salut public " alors même que la France ne contrôle pas sa propre monnaie ?

Non mais vous rigolez ?

Franchement, c'est une plaisanterie ?

Une politique de " Salut public " imposerait d'abord et avant toute autre chose que la France retrouve son indépendance.

Une politique de " Salut public " imposerait d'abord et avant toute autre chose que la France retrouve le contrôle de ses propres frontières, de sa propre défense, de ses propres lois, de sa propre monnaie.

Tout le reste n'est que slogan, incantation, communication, évocation stérile.

2.Posté par Emmanuel Gilquin le 20/12/2009 08:19
Les hommes politiques de tous bords évoquent la puissance des exportations allemandes, sans la relier immédiatement à des structures françaises insuffisantes, voire pourries.

Die Franzosen sind Taenzer, les français sont des danseurs, dit le proverbe allemand.

Ils investissent dans la Réclame et pas dans la qualité et le service après vente.

De façon générale, les français ne sont pas sérieux, pensent nos amis germaniques ou d'Europe de l'Est.

Le sérieux s'apprend dans la famille et à l'école primaire, ce n'est qu'un peu d'inné et beaucoup d'acquis, comme je vais vous le montrer.

Le quart de sang germanique, flamand, que je possède est-il la cause d'un certain sérieux qu'évoquent spontanément mes anciens élèves?

Est ce l'héritage d'un grand père Compagnon, orphelin, avec toute une famille à charge, trop pauvre pour finir le Tour de France?

En 1953, mon père, "comique" d'origine protestante dans le style de Lionel Jospin, n'a pas voulu que je sois inscrit en primaire au Petit Collège de Calais.
Cet établissement public primaire regroupait les enfants de bourgeois.

Je fus inscrit dans mon quartier, à l'école Michelet, rue du Vauxhall.

Je me suis retrouvé au milieu d'élèves, dont environ un quart, environ,vivaient dans une pauvreté incroyable aujourd'hui.
Ils étaient chaussés de galoches en bois. Ils vivaient dans des blockhaus allemands ou des demi -lunes en tôle construites sept ans plus tôt par les libérateurs canadiens.

Nos instituteurs étaient excellents.
Ils ne se seraient jamais abaissé à faire grève pour une prime.
Jamais malades non plus, à notre grande déception.
Ils étaient respectés par tous, même et surtout par les gueux.

Messieurs Poiret, Goidin, Galler, Lemaire, n'aimaient pas les curés, mais ils voulaient les surpasser.

Bien des années plus tard, en 1970, j'ai appris que le gouvernement voulait créer un enseignement technique supérieur, plus ouvert et réactif que les sections de technicien supérieur.
De Gaulle voulait copier les Fachhochschulen allemandes.

On ne se battait pas pour les postes en IUT surtout à Villetaneuse (93).
J'en avais suffisamment appris avec mon vieux maître René de Possel, créateur de l'institut de programmation Blaise Pascal à Paris, pour vouloir créer avec cinq amis l'IUT d'informatique de Viletaneuse.
René de Possel , fondateur de Bourbaki, fut collé peu après à l'Académie des sciences, parce qu'il avait inventé le scanner, ou parce qu'il était basané, ou encore à cause de sa courageuse hostilité à la grande et désastreuse réforme des mathématiques des années 70.

Je fis la connaissance de Jean-Pierre Chevènement à Saint- Denis, où nous fumes hébergés provisoirement, dans son IUT, 2 rue de la liberté.

J'ai assisté sur 38 ans à la montée d'un établissement d'exception, l'IUT de Villetaneuse, et à son déclin, et sa chute, quand il fut annexé par des universitaires héritiers des chanoines.

Mais ceci est une autre histoire.

Professeur Emmanuel Gilquin.




3.Posté par GARCON le 20/12/2009 14:26
Bonjour à tous,

M'ouais......

Nous n'allons pas être méchant. Nous sommes au moins d'accord sur un point : un CSP en FRANCE est inéluctable.

A+. Amitiés résistantes.




4.Posté par Eva R-sistons le 20/12/2009 19:50
Un programme de Salut PUBLIC s'impose en effet, mais ne comptons pas sur Sarkozy le chantre de la PRIVATISATION (juteuse pour les nantis seulement) pour le promouvoir, ni sur les Médias pour le relayer. Le débat sur l'identité nationale est là pour masquer les VRAIS problèmes, et notamment la casse des services PUBLICS,

Ce n'est pas d'un DEBAT sur l'identité nationale dont nous avons besoin, surtout à l'heure où, discrètement, on la casse entièrement (laïcité, valeurs républicaines, indépendance nationale, protections sociales, services publics, Droits de l'Homme...), mais d'ACTES concrets pour défendre le bien PUBLIC, d'urgence,

L'heure est aux débats et aux lois privatisant, comment à la place "imposer" les nécessaires mesures de Salut PUBLIC avant qu'il ne soit trop tard ?

Retroussons les manches... Eva

5.Posté par Robespierre le 15/01/2010 21:38
Ce « Salut public » doit être porté par les couches populaires.

N'imaginez pas y parvenir avec ce type de discours, fort intéressant au demeurant, mais inintelligible par la partie croissante et majoritaire de cette "couche populaire".

Si l'objectif visé est de conserver assez crédibilité pour garantir son siège, il n'est pas nécessaire de profaner la mémoire du comité de salut public.

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