Jean Michel Aphatie : Bonjour, Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement : Bonjour, Jean Michel Apathie
Votre lointain successeur Luc Chatel annonce, ce matin dans "Le Parisien", qu'il a décidé de réintroduire la morale dans l'école primaire ; et le maître, dit il, va consacrer le plus régulièrement possible, quelques minutes à un petit débat philosophique, à un échange sur le vrai, le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l'intimité. Sans doute, la liste n'est elle pas close. Soutenez-vous, l'initiative de Luc Chatel, Jean-Pierre Chevènement ?
S'il s'agit d'une morale républicaine, oui. C'est-à-dire qu'il faut déduire la morale du civisme. Il est évident qu'il ne faut pas aller vers le conditionnement des esprits. Ce n'est pas le rôle de l'Education nationale.
Mais en gros, vous soutenez Luc Chatel, c'est une bonne idée ?
Je pense, étant donné l'évolution de la société, du rôle des familles qui, malheureusement, s'effacent, il est bon que l'école, qui est quand même la grande institution dans laquelle se retrouve tous les Français, la dernière, joue également ce rôle.
Donc un bon point pour Luc Chatel. Je signale au passage à nos auditeurs, que vous venez d'avoir un dialogue avec Luc Chatel que les éditions Plon ont publié sous la direction de Nicolas Beytout.
Je le suggère à Luc Chatel dans ce livre...
... Le retour de la morale ?
Oui.
Donc, c'est vous alors ?
Non, non, je ne le prétends pas. Il ne m'écoute pas en tout, malheureusement.
Jean-Pierre Chevènement : Bonjour, Jean Michel Apathie
Votre lointain successeur Luc Chatel annonce, ce matin dans "Le Parisien", qu'il a décidé de réintroduire la morale dans l'école primaire ; et le maître, dit il, va consacrer le plus régulièrement possible, quelques minutes à un petit débat philosophique, à un échange sur le vrai, le faux, le respect des règles, le courage, la franchise, le droit à l'intimité. Sans doute, la liste n'est elle pas close. Soutenez-vous, l'initiative de Luc Chatel, Jean-Pierre Chevènement ?
S'il s'agit d'une morale républicaine, oui. C'est-à-dire qu'il faut déduire la morale du civisme. Il est évident qu'il ne faut pas aller vers le conditionnement des esprits. Ce n'est pas le rôle de l'Education nationale.
Mais en gros, vous soutenez Luc Chatel, c'est une bonne idée ?
Je pense, étant donné l'évolution de la société, du rôle des familles qui, malheureusement, s'effacent, il est bon que l'école, qui est quand même la grande institution dans laquelle se retrouve tous les Français, la dernière, joue également ce rôle.
Donc un bon point pour Luc Chatel. Je signale au passage à nos auditeurs, que vous venez d'avoir un dialogue avec Luc Chatel que les éditions Plon ont publié sous la direction de Nicolas Beytout.
Je le suggère à Luc Chatel dans ce livre...
... Le retour de la morale ?
Oui.
Donc, c'est vous alors ?
Non, non, je ne le prétends pas. Il ne m'écoute pas en tout, malheureusement.
Mais là, il vous a sans doute un peu écouté. Un autre débat dans cette rentrée, des manuels des classes de Première en Sciences et vie de la terre, expose aux lycéens, la théorie du "genre sexuel", selon laquelle, je cite, un de ces manuels et je résume sans doute la pensée : "Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n'est pas pour autant que nous pouvons pour autant nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Ceci relevant surtout de la construction culturelle ou de la construction sociale". Et alors des députés de droite, disent "c'est scandaleux, c'est de l'idéologie, ce ne sont pas des faits scientifiques. Il faut retirer ceci des manuels, interdire ces manuels". Les soutenez-vous ?
Je n'ai pas lu ce manuel. Il me parait absolument évident que le sexe ne résulte pas seulement d'une construction culturelle. Mais on peut très bien expliquer aussi que il y a des rôles que l'on attribue aux hommes ou aux femmes, et qu'après tout on peut dépasser cela. On l'a vu d'ailleurs dans le domaine du travail.
Donc vous retireriez ou pas cet enseignement ?
Je juge sur pièce.
Vous êtes un peu prudent !
Non, je juge sur pièce. Ça mérite d'être examiné.
Allez, c'est un débat compliqué, je vous l'accorde. Nouvelle économique d'hier soir : le déficit budgétaire prévu en 2011, sera plus important, à cause notamment d'une mauvaise rentrée sur les sociétés. Ce qui traduit un ralentissement de l'activité en France. Bercy prévoit qu'au lieu de 91 milliards de déficit, en 2011, il y en aura 95. Ce qui est évidemment pas une bonne nouvelle. Ça laisse un autre choix qu'une politique de rigueur, Jean-Pierre Chevènement, quand les déficits ne sont plus maîtrisables, qu'ils sont à ce niveau : 95 milliards d'euros de déficit cette année ?
Mais je vous fais observer que cet accroissement du déficit résulte d'une moindre croissance. C'est à dire qu'il y a moins de rentrée fiscale et la question qui se pose est la suivante : est ce que c'est en réduisant encore les dépenses, dans les domaines d'ailleurs, publics ou privés qu'on va retrouver un trend de croissance, une tendance générale à la croissance positive. Moi, je pense qu'on ne peut réduire la dette que si...
... On augmente le déficit, c'est ça ?...
Non !... Que s'il y a une croissance, et je pense qu'aujourd'hui en Europe, on est en train de se laisser enfermer dans un cercle vicieux : rigueur, récession, moins values fiscales, déficit, endettement...
A ce cercle vicieux, vous opposez un autre cercle vicieux. C'est-à-dire que pour faire de la croissance, il faut faire de la dépense publique, et si on fait de la dépense publique, on fait du déficit...
Non, non, je pense qu'on peut faire autrement. Par exemple, j'ai écrit au Président de la République, au début du mois d'août, pour lui dire qu'il fallait que la Banque centrale européenne rachète des titres de la dette publique espagnols et italiens.
Ce qui ne règle pas le problème...
La crise de l'euro est là, elle nous pend au bout du nez. C'est dramatique, et c'est au nom de la crise de l'euro qu'on veut nous imposer une soit disant "règle d'or" que j'appelle moi, "règle d'airain", et qui nous conduit tout droit vers le gouffre qu'on prétend éviter. Je pense que la monétisation d'une partie de la dette que réalisent les Etats-Unis, le Federal Reserve Board américain, la Banque Centrale américaine a pris en pension 1500 milliards de dollars de bons du trésor. De ce côté-ci de l'Atlantique, on a acheté 60 milliards d'euros l'an dernier, 50 au mois d'août. Sa fait 110. C'est très peu. C'est moins d'un dixième.
Donc, je pense que il faut se donner une souplesse, une mobilité et une légère inflation contribuerait aussi à rendre plus facile, en même temps que la croissance, le problème de la résorption de la dette. Bien évidemment, il faudra résorber la dette.
On n'y échappera pas !
Mais vous savez, les Américains avaient une dette en 1950 de 350% de leur PIB. Ils l'ont résorbée. Comment ? Par la croissance.
Et bien très bien, faisons comme les américains dans les années 50. Compte tenu de ce contexte économique, c'est sérieux quand la gauche dit : "Tiens, si on gagne l'élection présidentielle, on reviendra à la retraite à 60 ans". C'est sérieux de dire ça, Jean-Pierre Chevènement ?
Moi, je ne raisonne pas comme ça. Je pense que la retraite doit dépendre du nombre des annuités de cotisations.
Donc ne vous ne croyez pas à la retraite à 60 ans, au retour à la retraite à 60 ans, vous n'y croyez pas ?
Je pense que c'est une bonne réforme pour les ouvriers, pour les gens qui travaillaient de leurs mains, qui avaient des métiers pénibles.
Vous croyez au retour à la retraite à 60 ans ?
Je pense que le problème ne doit pas être posé uniquement à travers l'âge. C'est la durée de cotisations qui compte.
On précisera tout ça... Martine Aubry a dit hier soir, à propos de Dominique Strauss Kahn : "Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de DSK vis-à-vis des femmes". Peut-être des hommes pensent-ils comme les femmes ? Et vous, vous en pensez quoi, personnellement de DSK .
Écoutez, je n'ai pas l'expérience de Martine Aubry pour parler de ces choses là. Je pense, je me suis exprimé clairement. J'ai défendu la présomption d'innocence. Maintenant, il faut que Dominique Strauss-Kahn s'explique un jour, et qu'il le fasse publiquement.
Pour dire quoi ?
Pour dire ce qui s'est passé.
Il doit le faire ?
Je pense qu'il faudra qu'il le fasse. Mais moi, je ne veux pas lui mettre le couteau sous la gorge. Je pense qu'il a le droit de souffler, de se reconstruire un peu. Enfin, il prendra la parole quand il le jugera utile.
François Hollande est le favori des primaires au sein du parti socialiste. Il ferait un bon Président de la République, François Hollande, Jean-Pierre Chevènement ?
Favori, en fonction des sondages publiés.
De l'air du temps ?
On ne sait pas très bien qui votera dans ces primaires. C'est très aléatoire.
Vous vous échappez de ma question.
Non, pas du tout. J'ai de la sympathie pour François Hollande. C'est un homme très fin, astucieux. Et je pense qu'il serait un bon président en période normale. Simplement, la période n'est pas normale. Nous allons vers des secousses énormes.
Alors qui ferait un bon président, en période anormale d'après vous ?
Écoutez, il faut vraiment une vision d'homme d'Etat. Il faut savoir que les atouts de la France ne sont pas immenses.
Vous pensez à quelqu'un ?
Ils existent, il faut les jouer avec beaucoup de méthode, beaucoup de sang froid. Je pense que nos rapports avec l'Allemagne, sont tout à fait décisifs. Il faut obtenir de l'Allemagne qu'elle assouplisse sa position sur les questions monétaires. Notamment sur l'architecture de la monnaie unique, le rôle de la banque centrale est essentiel.
Vous pensez à quelqu'un pour un Président en situation anormale ? Vous avez un profil en tête ?
Ça se fabrique, ce sont des qualités qui s'acquièrent..
Et puis on a huit mois pour le fabriquer, Jean-Pierre Chevènement.
Je pense que la campagne est longue. J'aurais l'occasion de m'exprimer d'ici la fin de l'automne, vous en saurez plus à ce moment-là.
Source : RTL.fr
Je n'ai pas lu ce manuel. Il me parait absolument évident que le sexe ne résulte pas seulement d'une construction culturelle. Mais on peut très bien expliquer aussi que il y a des rôles que l'on attribue aux hommes ou aux femmes, et qu'après tout on peut dépasser cela. On l'a vu d'ailleurs dans le domaine du travail.
Donc vous retireriez ou pas cet enseignement ?
Je juge sur pièce.
Vous êtes un peu prudent !
Non, je juge sur pièce. Ça mérite d'être examiné.
Allez, c'est un débat compliqué, je vous l'accorde. Nouvelle économique d'hier soir : le déficit budgétaire prévu en 2011, sera plus important, à cause notamment d'une mauvaise rentrée sur les sociétés. Ce qui traduit un ralentissement de l'activité en France. Bercy prévoit qu'au lieu de 91 milliards de déficit, en 2011, il y en aura 95. Ce qui est évidemment pas une bonne nouvelle. Ça laisse un autre choix qu'une politique de rigueur, Jean-Pierre Chevènement, quand les déficits ne sont plus maîtrisables, qu'ils sont à ce niveau : 95 milliards d'euros de déficit cette année ?
Mais je vous fais observer que cet accroissement du déficit résulte d'une moindre croissance. C'est à dire qu'il y a moins de rentrée fiscale et la question qui se pose est la suivante : est ce que c'est en réduisant encore les dépenses, dans les domaines d'ailleurs, publics ou privés qu'on va retrouver un trend de croissance, une tendance générale à la croissance positive. Moi, je pense qu'on ne peut réduire la dette que si...
... On augmente le déficit, c'est ça ?...
Non !... Que s'il y a une croissance, et je pense qu'aujourd'hui en Europe, on est en train de se laisser enfermer dans un cercle vicieux : rigueur, récession, moins values fiscales, déficit, endettement...
A ce cercle vicieux, vous opposez un autre cercle vicieux. C'est-à-dire que pour faire de la croissance, il faut faire de la dépense publique, et si on fait de la dépense publique, on fait du déficit...
Non, non, je pense qu'on peut faire autrement. Par exemple, j'ai écrit au Président de la République, au début du mois d'août, pour lui dire qu'il fallait que la Banque centrale européenne rachète des titres de la dette publique espagnols et italiens.
Ce qui ne règle pas le problème...
La crise de l'euro est là, elle nous pend au bout du nez. C'est dramatique, et c'est au nom de la crise de l'euro qu'on veut nous imposer une soit disant "règle d'or" que j'appelle moi, "règle d'airain", et qui nous conduit tout droit vers le gouffre qu'on prétend éviter. Je pense que la monétisation d'une partie de la dette que réalisent les Etats-Unis, le Federal Reserve Board américain, la Banque Centrale américaine a pris en pension 1500 milliards de dollars de bons du trésor. De ce côté-ci de l'Atlantique, on a acheté 60 milliards d'euros l'an dernier, 50 au mois d'août. Sa fait 110. C'est très peu. C'est moins d'un dixième.
Donc, je pense que il faut se donner une souplesse, une mobilité et une légère inflation contribuerait aussi à rendre plus facile, en même temps que la croissance, le problème de la résorption de la dette. Bien évidemment, il faudra résorber la dette.
On n'y échappera pas !
Mais vous savez, les Américains avaient une dette en 1950 de 350% de leur PIB. Ils l'ont résorbée. Comment ? Par la croissance.
Et bien très bien, faisons comme les américains dans les années 50. Compte tenu de ce contexte économique, c'est sérieux quand la gauche dit : "Tiens, si on gagne l'élection présidentielle, on reviendra à la retraite à 60 ans". C'est sérieux de dire ça, Jean-Pierre Chevènement ?
Moi, je ne raisonne pas comme ça. Je pense que la retraite doit dépendre du nombre des annuités de cotisations.
Donc ne vous ne croyez pas à la retraite à 60 ans, au retour à la retraite à 60 ans, vous n'y croyez pas ?
Je pense que c'est une bonne réforme pour les ouvriers, pour les gens qui travaillaient de leurs mains, qui avaient des métiers pénibles.
Vous croyez au retour à la retraite à 60 ans ?
Je pense que le problème ne doit pas être posé uniquement à travers l'âge. C'est la durée de cotisations qui compte.
On précisera tout ça... Martine Aubry a dit hier soir, à propos de Dominique Strauss Kahn : "Je pense la même chose que beaucoup de femmes sur l'attitude de DSK vis-à-vis des femmes". Peut-être des hommes pensent-ils comme les femmes ? Et vous, vous en pensez quoi, personnellement de DSK .
Écoutez, je n'ai pas l'expérience de Martine Aubry pour parler de ces choses là. Je pense, je me suis exprimé clairement. J'ai défendu la présomption d'innocence. Maintenant, il faut que Dominique Strauss-Kahn s'explique un jour, et qu'il le fasse publiquement.
Pour dire quoi ?
Pour dire ce qui s'est passé.
Il doit le faire ?
Je pense qu'il faudra qu'il le fasse. Mais moi, je ne veux pas lui mettre le couteau sous la gorge. Je pense qu'il a le droit de souffler, de se reconstruire un peu. Enfin, il prendra la parole quand il le jugera utile.
François Hollande est le favori des primaires au sein du parti socialiste. Il ferait un bon Président de la République, François Hollande, Jean-Pierre Chevènement ?
Favori, en fonction des sondages publiés.
De l'air du temps ?
On ne sait pas très bien qui votera dans ces primaires. C'est très aléatoire.
Vous vous échappez de ma question.
Non, pas du tout. J'ai de la sympathie pour François Hollande. C'est un homme très fin, astucieux. Et je pense qu'il serait un bon président en période normale. Simplement, la période n'est pas normale. Nous allons vers des secousses énormes.
Alors qui ferait un bon président, en période anormale d'après vous ?
Écoutez, il faut vraiment une vision d'homme d'Etat. Il faut savoir que les atouts de la France ne sont pas immenses.
Vous pensez à quelqu'un ?
Ils existent, il faut les jouer avec beaucoup de méthode, beaucoup de sang froid. Je pense que nos rapports avec l'Allemagne, sont tout à fait décisifs. Il faut obtenir de l'Allemagne qu'elle assouplisse sa position sur les questions monétaires. Notamment sur l'architecture de la monnaie unique, le rôle de la banque centrale est essentiel.
Vous pensez à quelqu'un pour un Président en situation anormale ? Vous avez un profil en tête ?
Ça se fabrique, ce sont des qualités qui s'acquièrent..
Et puis on a huit mois pour le fabriquer, Jean-Pierre Chevènement.
Je pense que la campagne est longue. J'aurais l'occasion de m'exprimer d'ici la fin de l'automne, vous en saurez plus à ce moment-là.
Source : RTL.fr