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Non à une Constitution « bis » !


Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Le Monde, édition du 8 novembre 2007.
A défaut de refuser le traité de Lisbonne, le PS devrait au moins s'abstenir de le cautionner.


Non à une Constitution « bis » !
Ecrasée par son "surmoi" européiste, Elisabeth Guigou n'envisage pas d'autres solutions pour les socialistes que de voter oui au traité de Lisbonne (Le Monde du 1er novembre et de faire ainsi la courte échelle à M. Sarkozy pour imposer par la voie parlementaire une Constitution bis.

Elisabeth Guigou n'oublie qu'une chose : le 29 mai 2005, le peuple français a rejeté à 55 % des voix un projet de Constitution dont le traité de Lisbonne reprend toute la substance. M. Sarkozy a certes annoncé pendant la campagne présidentielle qu'il ferait ratifier par la voie parlementaire un "mini-traité" ou un "traité simplifié". Mais ce n'est absolument pas de cela qu'il s'agit !

Avec 256 pages empilant les articles qui modifient les traités existants, le traité de Lisbonne n'est nullement un "mini-traité", encore moins un "traité simplifié". C'est d'abord une mystification. On comprend la frustration de M. Giscard d'Estaing, qui, certes, retrouve intégralement son oeuvre dans le traité de Lisbonne, mais brisée en mille morceaux que seuls des juristes besogneux pourront laborieusement recoller. Ce n'est pas ainsi qu'on comblera le déficit démocratique de l'Europe !

Sur le fond, le traité de Lisbonne est surtout un "maxi-traité" qui ne mérite aucune des circonstances atténuantes que lui trouve Elisabeth Guigou. Celle-ci a-t-elle lu l'article 17 bis : "Avant d'entreprendre toute action sur la scène internationale... chaque Etat membre consulte les autres au sein du Conseil européen ou du Conseil" ? Et l'article 19 : "Lorsque l'Union a défini une position sur un thème à l'ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-membres qui y siègent (la France et la Grande-Bretagne) demandent que le Haut Représentant de l'Union pour la politique extérieure soit invité à présenter la position de l'Union" ?

Chacun peut comprendre que si de telles dispositions avaient été en vigueur en 2003, la France, ne pouvant s'opposer à la fois aux Etats-Unis et à l'Union européenne, dont la majorité des Etats membres sont alignés sur eux, n'aurait pu se dissocier de l'invasion de l'Irak, pas plus que demain elle ne pourra éviter de cautionner des frappes militaires sur l'Iran, si les Etats-Unis, déjà engagés dans la campagne présidentielle de 2008, venaient à les décider !

L'article 27 réitère que l'OTAN reste pour les Etats qui en sont membres (la quasi-totalité) le cadre de leur défense. Exit la défense européenne ! Cela est tout à fait conforme à la politique d'alignement de M. Sarkozy, mais Elizabeth Guigou, qui se déclare "internationaliste" et prétend lutter pour une Europe capable de "peser" en faveur de la paix et de "tirer la rive Sud de la Méditerranée", peut-elle approuver ce texte que seule l'unanimité des Vingt-Sept permettra de modifier ?

Elisabeth Guigou prétend "maîtriser les effets pervers de la mondialisation". Peut-elle ignorer que le protocole no 6 réintroduit par la fenêtre le principe de la "concurrence libre et non faussée" que M. Sarkozy se vante d'avoir fait supprimer de la liste des objectifs de l'Union ? Les statuts de la Banque centrale européenne demeurent inchangés : avec un euro à 1,50 voire 1,60 dollar, Don Trichet continuera à batailler contre les moulins de l'inflation ! Pendant ce temps-là, aux termes du protocole n° 3, l'Eurogroupe "se réunira de manière informelle". Bonjour les dégâts !

Les socialistes pourront-ils assumer les délocalisations qui se poursuivent et le saccage de notre tissu industriel ? Pensent-ils qu'après avoir approuvé le traité de Lisbonne, ils pourront se défausser sur le gouvernement de choix qui résulteront des "contraintes européennes" qu'ils auront eux-mêmes acceptées ?

La vérité est que le Parti socialiste, s'il pouvait compter sur ses dirigeants, aurait un boulevard devant lui : ce qui avait été rejeté par référendum ne peut être adopté que par la même voie. Tel était l'engagement du "projet socialiste" adopté à l'unanimité en 2006, et celui de la candidate socialiste en 2007.

En refusant au moins de prendre part au vote, à défaut de dire non (compte tenu de ses antécédents), le Parti socialiste resterait fidèle à ses engagements. Il éviterait de cautionner l'immense reculade dont M. Sarkozy se targue comme d'un succès diplomatique. Il pourrait alors s'appuyer sur la volonté démocratiquement exprimée du peuple français pour exiger demain une réorientation économique, sociale et politique de la construction européenne. Le Parti socialiste ne pourrait sans doute pas empêcher M. Sarkozy de faire voter son "maxi-traité complexifié". Au moins ne servirait-il pas de marchepied !

Le PS s'isolerait-il à l'égard de la gauche européenne ? Il suffit de voir les difficultés des gauches allemande et italienne pour comprendre qu'un rôle historique incomberait au Parti socialiste français : celui de tracer le chemin pour sortir l'Europe de l'ornière où elle s'enfonce, inféodée qu'elle est aux orientations monétaires ou diplomatiques des Etats-Unis. Dire non à la Constitution bis serait le choix de l'intelligence historique, celui du courage et de l'inventivité. Il n'est en tout cas pas trop tard pour sauver l'honneur, car c'est sur cette base-là seulement qu'on pourra demain reconstruire !

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Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen.
L'article est également en ligne sur le site du Monde.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mercredi 7 Novembre 2007 à 14:14 | Lu 7589 fois



1.Posté par Hélène le 07/11/2007 14:52
"... Le PS s'isolerait-il à l'égard de la gauche européenne ? Il suffit de voir les difficultés des gauches allemande et italienne pour comprendre qu'un rôle historique incomberait au Parti socialiste français : celui de tracer le chemin pour sortir l'Europe de l'ornière où elle s'enfonce, inféodée qu'elle est aux orientations monétaires ou diplomatiques des Etats-Unis. Dire non à la Constitution bis serait le choix de l'intelligence historique, celui du courage et de l'inventivité. Il n'est en tout cas pas trop tard pour sauver l'honneur, car c'est sur cette base-là seulement qu'on pourra demain reconstruire ! .."
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Monsieur Chevènement, votre tribune est formidable vraiment ;

> Vos propos sont concrets et bien ciblés,
> l'exemple de l'Iran pour la politique étrangère est indéniablement clair.

Quant à la partie que je cite dans ce post, c'est réellement ce qu'il faut développer.

Oui c'est de la France, dont la voix est écoutée dans le monde, que les contestations doivent s'élever ;

En effet, dernier exemple en date, l'Irak ;
aussitôt que J Chirac et D de Villepin ont fait valoir leurs arguments sans peur je dirais même avec un grand courage, des milliers de contestations se sont élevées dans tous les pays.

A quoi cela sert il à la gauche française d'attendre que le PSE ne soit plus crédible (et il est en voie de l'être). Encore une fois, le ps est a en retard de plusieurs trains.

Il se libéralise au moment où les partis d'oppositions en Europe entament t un virage à gauche ...

2.Posté par Anne Carré le 07/11/2007 15:29
Pourquoi le PS ne pourrait-il que refuser de prendre part au vote sur le traité dit "simplifié"?

Il doit impérativement s'opposer à la réforme constitutionnelle préalable à la ratification en empêchant ainsi la majorité des 3/5 des voix exprimées nécessaire à cette réforme et ainsi provoquer un référendum ! C'est la seule voie possible pour ne pas se rendre complice d'un déni de démocratie, seul moyen pour les socialistes de ne pas perdre leur honneur. Toute autre solution n'est que politicaillerie: le respect de la démocratie ne se négocie pas.

Edito pour action du site www.traite-simplifie.org://:
Edito 4 = le 6 Novembre 2007

Sans doute notre site se doit-il d'être plus clair: le respect de la démocratie est entre les mains du PS et uniquement entre les mains du PS. Lui seul a la possibilité de contraindre Nicolas Sarkozy à un référendum en s'opposant à la réforme de la Constitution française nécessaire à la ratification du traité dit "simplifié" ( explications plus détaillées là).

Le PS vient de se prononcer pour le Oui au Traité. Cette nouvelle n'a absolument aucune importance.

En revanche, le PS, divisé sur cette question, n'a pas pris position sur son attitude lors de la probable réforme constitutionnelle, repoussant cette décision, d'après Stéphane Le Foll, bras droit du premier secrétaire François Hollande, au moment-même où serait convoqué le Congrés.

Or il n'existe qu'une seule attitude à avoir si l'on ne veut être complice d'un déni de démocratie: le Non à la Réforme constitutionnelle. Pas l'abstention , la non-présence au Congrés ou autre faribole : les 3/5 que doit obtenir N. Sarkozy lors de ce vote sont bien les 3/5 des voix exprimées.

Le PS a du mal à se positionner? Aidons-le. Nous appelons tous les démocrates, qu'ils aient été favorables ou non au TCE en 2005, à écrire à tout responsable politique socialiste pour lui rappeler que la reconstruction de son parti ne saurait se faire sur les décombres de la démocratie, et que si le peuple est contraint au silence, il a de la mémoire, et saura le faire savoir lors des prochaines échéances électorales : un parti qui trahit la démocratie ne mérite pas les votes des citoyens.

La liste des parlementaires français vous est proposée sur cette page : http://www.traite-simplifie.org/, la liste des fédérations PS peuvent se trouver par exemple là , et après on peut trouver d'autres liens.... Proposition de courrier là.





3.Posté par Hélène le 07/11/2007 16:18
"... Pourquoi le PS ne pourrait-il que refuser de prendre part au vote sur le traité dit "simplifié"? .."
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Pour ce qui me concerne, le problème n'est pas exactement dans l'accord ou l'abstention du ps sur le traité européen.

Il l'est dans le manque de clarté que ce parti offre aux yeux citoyens français.

Ses objectifs désormais vont ils se rapprocher de ceux des libéraux, ainsi que tout le laisse à penser ?
En soi cela n'est pas génant dès lors qu'il le dit clairement.

Evidemment, la partie gauche risque de se détacher, mais cela ne peut être que bénéfique pour les Français qui ont un réel besoin d'un vrai parti d'opposition de gauche

Il est temps que le ps admette que l'on ne peut pas avoir le beurre, l'argent du beurre, et le sourire de la fermière.

4.Posté par yves le 07/11/2007 22:39
Cessons de nous leurrer !! Bien sûr que le PS ne va pas voter non pour renvoyer vers un referendum qui le ferait éclater. Ses dirigeants sont massivement pour le nouveau traité,et leur abstention ne sera que pour montrer qu'ils sont encore dans l'opposition. Plus généra

5.Posté par Patrice le 08/11/2007 00:42
Guigou sétait engagée à se retirer de la politique si le Non l'emportait au réferendum de 2005....
engagement "irréversible" comme celui des renégats ouiouistes du PS; la terreur blanche est enclanchée en son sein; le contrat mis sur Georges Sarre sera demain placé sur Mélenchon, Emmanuelli ou Fabius.
Le peuple français doit-il se laisser endormir sans réagir par un PS dispatchant certains collabos dans le gouvernement le plus libéral-atlantiste de la Vème république et en éliminant en interne toute position critique sur une UE façonnée pour les détenteurs de capitaux?

6.Posté par eva journaliste-resistante le 08/11/2007 02:03
Un nouveau site pour le referendum http://r-sistons.over-blog.com , le blog de la résistance à l'intolérable qu'on prépare sur le dos des peuples.

Au fait, je lance un appel (voir lettre ouverte à la gauche, et le dernier article) pour que la gauche se remue contre la casse sociale, et contre la guerre imminente ! Il y a urgence !


Quand j'étais au PS, j'étais CERES.
Amicalement, Eva

7.Posté par Hélène le 08/11/2007 13:41
A patrice

"la terreur blanche est enclanchée en son sein"
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c'est quoi la terreur blanche ?

8.Posté par bouchard le 08/11/2007 14:50
Bonjour,
la déroute politique de la gauche à laquelle nous assistons est la conséquence des choix politiques du parti socialiste. Le oui à la constitution européenne, le oui au libéralisme économique, le oui à l'Otan nous rappellent les jours les plus sombres de la SFIO. Que des dirigeants socialistes rallient le pouvoir en place ne traduit que l'absence d'un discours propre à la gauche en ce début de siècle. Prenons le maquis pour éviter toute compromission avec ces gens là. Retrouvons sur ce chemin escarpé les valeurs de la gauche .

9.Posté par Hélène le 08/11/2007 18:31
La seule position des représentants du parti socialiste qui compte pour moi est la position qu'il faudra qu'il adopte en décembre pour la modification de la constitution française.

Modification sans laquelle l'adoption du traité par le parlement ne peut avoir lieu.

Si leur position rejoint celle de la droite, il n'y aura pour le ps aucune, je dis bien aucune excuse contre le déni de démocratie.

Si le président s'appuie (sur une seule béquille) sur le fait qu'il a été élu en prévenant qu'il ferait appel au vote parlementaire, il n'en sera
aucunement de la même manière pour le ps.

> Ce dernier renierait ce qu'il a toujours dit - référendum -
> en faisant activement un déni de démocratie - par la modification de la constitution -
> avec le passage en force du traité européen.

Et si c'est le cas, cela devra être dénoncé très haut et très fort, car son attitude sera moins légitime que celle du président de la république

En effet, sa position serait moins légitime que celle de Nicolas Sarkozy.

10.Posté par Hyacynthe le 08/11/2007 22:58
Tout a fait d'accord. Le PS n'aura plus aucune legitimite, plus aucune credibilite.... Si le PS joue à ce jeu là, autant qu'il change d'étiquette !!!
Le PS s'il veut se ressaisir et retrouver une unité, doit d'abord chercher à défendre le vote des français et le droit des peuples à s'exprimer.
Et surtout ne pas se renier. Il n'a aucune raison de faire le jeu du psdt. Il n'a aucune raison de faire modifier la constitution française.... Sauf à jouer à l'imposteur !!!

11.Posté par Playtime le 08/11/2007 23:29
EUROPE A 12
Le 2 juin 1992, par référendum, les Danois rejettent le traité de Maastricht à 50,7 % malgré l'intense campagne des principaux partis politiques, des syndicats et des grands médias en faveur du oui.
Après quelques menus aménagements et APRES UN SECOND REFERENDUM au Danemark le 18 mai 1993, le traité est ratifié.

EUROPE A 15
Le 8 juin 2001, par référendum, les Irlandais rejettent le traité de Nice à 54% malgré l'intense campagne des principaux partis, de l'Eglise catholique et des grands médias en faveur du oui. Les Irlandais étaient les seuls Européens à se prononcer par référendum sur ce traité.
Après quelques menus aménagements et APRES UN SECOND REFERENDUM en Irlande le 21 octobre 2002, le traité est ratifié.

EUROPE A 25
Le 29 mai 2005, par référendum, les Français rejettent le traité constitutionnel européen à 55% malgré l'intense campagne des principaux partis politiques et des grands médias en faveur du oui. Trois jours plus tard, les Néerlandais en font de même à 61%. Les Britanniques, les Suédois, les Polonais et les Tchèques n'ont pas l'occasion de les imiter car le processus de ratification est suspendu dans leurs pays devant les fortes probabilités de rejet.
Si nous n'arrivons pas à nous faire entendre, le traité constitutionnel européen, devenu traité de Lisbonne par quelques artifices, sera pourtant ratifié SANS REFERENDUM ni en France, ni aux Pays-Bas, ni en Angleterre, ni en Suède, ni en Pologne, ni en Tchéquie !

Il ne faut pas cesser de mettre en évidence cette évolution inquiétante : dans l'Europe actuelle, plus l'opposition démocratique est manifeste, plus elle est contournée et bafouée.

12.Posté par bouchard le 09/11/2007 12:06
Faut il rappeler que le PS était en faveur du oui au référendum, qu'un de ses principaux dirigeants est devenu avec l'aide de Nicolas Sarkozy le directeur général du fond monétaire international organisme basé à Washington, que la candidate du PS à l'élection présidentielle avait des positions plus dures que celle de George Bush sur l'Iran, que le ministre des affaires étrangères de Nicolas Sarkozy créateur du droit d'ingérence et favorable aux bombardements de la Serbie, de l'Afghanistan et de l'Irak était ou est encore un dirigeant du PS. Alors la crédibilité du PS.
Le seul soucis du PS ce sont les élections municipales. Nicolas Sarkozy l'a bien compris et une victoire du PS aux municipales ne semble guère
le géner en particulier à Paris . Au fait la réforme des collectivités locales ne prévoient elles pas de réduire le nombre de mairie à 4000 sur les 37000 existantes. Plus il y aura de maire de gauche et plus la droite sera favorable à une refonte des collectivités locales. Et le spectacle des maires dans les négociations de refonte sera plaisant.

13.Posté par snyckbis le 20/11/2007 15:33
Nous observons tous les jours des signes de démission devant les enjeux politiques des socialistes , du haut au bas de l'échelle des responsabilités.Jusqu'où ira la déchéance de ce parti dit"de gauche"?




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