Monsieur le Premier ministre,
L’intervention rapide et efficace de nos forces armées a rempli les objectifs fixés, le 10 janvier 2013, par le président de la République. Elle a évité que la République du Mali ne disparaisse et ne soit remplacée par un sanctuaire terroriste où Aqmi – Al Quaïda, au Maghreb islamique – aurait tenu les premiers rôles. C’eût été une victoire pour le djihadisme global, et une défaite non seulement pour la France mais pour l’Afrique tout entière, pour l’Europe et pour la cause de la démocratie dans le monde. En quelques semaines, nos forces armées ont infligé des pertes sévères aux groupes terroristes armés et repris le contrôle des villes du Nord et de l’intégralité du territoire malien.
Le groupe RDSE s’associe à l’hommage rendu à nos soldats. Ils ont fait preuve d’une remarquable capacité de réaction : le 11 janvier, le lendemain de l’intervention présidentielle, ils stoppaient l’avancée des groupes terroristes entre Djabali et Konna. Le 30 janvier, Kidal, au Nord, était reprise et enfin Tessalit le 7 février. Tout cela en moins d’un mois ! L’opération Panthère, lancée le 19 février dans l’Adrer des Iffoghas, touche aujourd’hui à son terme. Cette brillante guerre de mouvement a illustré une parfaite intégration des différentes unités engagées.
Je tiens à rendre hommage à nos soldats. Ils ont bien mérité de la République ! Je m’incline devant ceux qui sont tombés. Je n’oublie pas non plus les soldats tchadiens qui ont, eux aussi, montré leur valeur et dont une trentaine sont morts au combat.
L’intervention rapide et efficace de nos forces armées a rempli les objectifs fixés, le 10 janvier 2013, par le président de la République. Elle a évité que la République du Mali ne disparaisse et ne soit remplacée par un sanctuaire terroriste où Aqmi – Al Quaïda, au Maghreb islamique – aurait tenu les premiers rôles. C’eût été une victoire pour le djihadisme global, et une défaite non seulement pour la France mais pour l’Afrique tout entière, pour l’Europe et pour la cause de la démocratie dans le monde. En quelques semaines, nos forces armées ont infligé des pertes sévères aux groupes terroristes armés et repris le contrôle des villes du Nord et de l’intégralité du territoire malien.
Le groupe RDSE s’associe à l’hommage rendu à nos soldats. Ils ont fait preuve d’une remarquable capacité de réaction : le 11 janvier, le lendemain de l’intervention présidentielle, ils stoppaient l’avancée des groupes terroristes entre Djabali et Konna. Le 30 janvier, Kidal, au Nord, était reprise et enfin Tessalit le 7 février. Tout cela en moins d’un mois ! L’opération Panthère, lancée le 19 février dans l’Adrer des Iffoghas, touche aujourd’hui à son terme. Cette brillante guerre de mouvement a illustré une parfaite intégration des différentes unités engagées.
Je tiens à rendre hommage à nos soldats. Ils ont bien mérité de la République ! Je m’incline devant ceux qui sont tombés. Je n’oublie pas non plus les soldats tchadiens qui ont, eux aussi, montré leur valeur et dont une trentaine sont morts au combat.
J’aimerais aussi, rendre un hommage particulier au ministre de la Défense pour la manière simple et directe dont il s’est acquitté de sa tâche, sur le terrain au contact des hommes, mais aussi au Parlement, en associant étroitement les parlementaires à l’action en cours. Mes remerciements vont bien évidemment aussi à Monsieur le Ministre des Affaires étrangères dont je mesure aujourd’hui la rudesse de la tâche ainsi qu’à vous-même, Monsieur le Premier ministre, qui avez réuni à plusieurs reprises les représentants des groupes parlementaires.
La phase proprement militaire s’achève, et vous avez pu annoncer un début de retrait de nos troupes. Nous nous en réjouissons. Ce n’est pas le sujet du débat mais je tiens à dire combien je me réjouis de l’arbitrage rendu par le Président de la République sur le budget de la Défense. 31,4 Milliards d’euros y seront consacrés en 2014. Sinon c’eût été le déclassement stratégique de la France, la perte d’un « avantage comparatif » inestimable, en Europe et dans le monde.
Bien sûr, nul ne pourrait prétendre que le terrorisme aujourd’hui est éradiqué ! C’est pourquoi les sénateurs du groupe du RDSE autoriseront, bien entendu, la prolongation de l’intervention des forces armées françaises au Mali. Mais le danger, immense, a été écarté. Cette intervention n’a été – faut-il le répéter – en aucune manière une ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays. Elle s’est faite à l’appel des autorités légitimes du Mali, en application de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, et avec l’approbation du Conseil de Sécurité. C’est pourquoi le soutien international n’a pas fait défaut, en dehors de quelques propos vite retirés de quelques responsables – ou plutôt irresponsables - sans doute égarés par une conception étroite et bornée de la religion, trop souvent détournée à des fins politiques.
*
Le plus difficile maintenant reste à faire et cette tâche vous incombe pour l’essentiel, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères. Nous connaissons votre talent. Il aura à s’exercer dans les arcanes de la vie politique et de la société maliennes, celles de l’ONU, de l’OUA, de la CDEAO, sans parler de l’Union européenne, dont le soutien est resté pour le moins « cantonné », selon l’euphémisme du rapport qu’avec M. Gérard Larcher qui coprésidait avec moi le groupe de travail sénatorial, nous avons fait approuver, à l’unanimité, par la CAEDFA, sous l’intitulé : « Mali : comment gagner la paix ? » Je me bornerai à souhaiter que l’Union européenne, faute d’avoir manifesté sa solidarité sur le plan militaire, la manifeste sur le plan financier. Peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous attendez de la Conférence de Bruxelles du 15 mai : quel plan de reconstruction de l’Etat malien et quel plan de développement du Sahel ? Et quel montant estimez-vous pour cela, chaque année, nécessaire ? Sans développement, pas de sécurité et réciproquement ! Une politique de prévention coûtera toujours moins cher que de nouveaux conflits aisément perceptibles à l’horizon.
Je ne développerai pas les dix principales recommandations du rapport de la CAE et de la Défense. Comme je le relevais déjà le 16 janvier, dans cet hémicycle, c’est le facteur temps qu’il faut maîtriser. Le temps, Monsieur le Premier ministre, ne joue pas pour nous. Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres du monde. L’explosion démographique qui les caractérise, avec des taux de fécondité avoisinant sept enfants par femme, menace tous les efforts de développement que nous pourrons tenter pour enrayer les trafics de drogues et de cocaïne, souvent générateurs de plus de revenus que l’agriculture pastorale.
L’ombre d’un islamisme régressif, dont les habitants de Gao et de Tombouctou ont pu avoir un avant-goût, s’étend sur toute l’Afrique de l’Ouest. Croyez-vous que Iyad Ag Ghali n’aurait pas trouvé à Bamako des soutiens pour proclamer sa version de la charia ? D’après les informations que M. Larcher et moi-même avons puisées à bonne source, une mosquée, une madrassa, serait construite chaque semaine, au Mali. Il nous a été dit qu’une majorité « wahhabite » au Conseil des institutions islamiques de Bamako avait pu s’opposer au projet du Code de la famille progressiste proposé, en 2009, par le Président Amadou Toumani Toure. La charia s’applique dans le droit personnel. Il ne reste plus aux islamistes qu’à la faire triompher en matière de droit pénal ! A Dakar, une chaine télévisée francophone d’Al Jazeera va émettre prochainement.
Il est temps qu’une vue d’ensemble se manifeste sur les changements politiques qui interviennent entre Maghreb, Machreck, Moyen-Orient et Afrique Subsaharienne. C’est l’une des recommandations du rapport de la CAE. Il faut distinguer entre l’Islam et l’islamisme politique qui détourne la religion à des fins politiques. Ensuite force est de constater que celui-ci s’appuie souvent sur le salafisme, dont certains courants encouragent le djihadisme global et violent qui se place sur le terrain militaire et ne nous laisse guère le choix de la riposte.
Les priorités immédiates sont bien évidemment l’organisation de l’élection présidentielle et la réconciliation du Sud et du Nord du Mali. Ce n’est pas à la France, c’est au Mali qu’il revient de résoudre les problèmes du Mali. L’élection seule peut fonder la légitimité. Quant à la réconciliation, elle est la condition de l’éradication durable du terrorisme. Les dirigeants de Bamako donnent quelquefois l’impression que le problème, à leurs yeux, ce n’est pas le terrorisme : Ce sont les Touaregs. Qu’il soit clair que l’intégrité territoriale du Mali n’est pas en cause. Le désarmement du MNLA ne fait pas non plus question. Il doit intervenir selon des modalités à convenir dans le cours du processus de réconciliation. Il n’est guère douteux que les dirigeants du MNLA sur lesquels pèse un mandat d’arrêt ne désarmeront pas spontanément. Il y faudra, peut-être si les partenaires le demandent, la médiation de la France, dans l’intérêt du Mali tout entier. Car il faut dissocier durablement les populations des groupes terroristes armés. La lutte antiterroriste ne peut pas être menée par une armée étrangère. Il n’y a pas d’exemple d’une contre-insurrection réussie qui n’ait pas été menée par des forces autochtones.
L’armée malienne est à reconstruire. Est-on sûr d’y avoir mis les moyens ? 12,5 Millions d’euros de crédits européens laisseront à la charge des principaux contributeurs, donc de la France, l’essentiel de l’effort. Fait-on, aussi bien, une armée avec quatre bataillons ? Il est urgent de recalibrer l’effort : il faut à la fois l’augmenter et l’accélérer.
La Minusma ne se justifie que pour permettre la montée en puissance de forces armées maliennes reconstituées. Cela ne doit pas prendre cinq ans ! Le maintien d’une force de réaction rapide française, calibrée à mille hommes, ne peut être indéfiniment prolongé. Le gouvernement est sensible, j’en suis sûr, au risque de l’enlisement.
Aussi bien « l’empreinte au sol » doit être aussi limitée que possible. L’objectif, c’est de contenir la menace terroriste en dessous d’un certain seuil et, le cas échéant, d’appuyer non la Minusma, mais les forces armées maliennes dans leur lutte légitime.
La France n’a pas vocation à rester éternellement au Mali. Pour autant, j’admets un certain pragmatisme dans l’énoncé.
Encore une fois, l’aspect politique est décisif. La décentralisation doit aller avec des moyens financiers et l’aide au développement doit aussi concerner les régions du Nord.
J’espère de tout cœur qu’un patriotisme malien saura se manifester. Aucun pays ne peut compter éternellement sur la solidarité internationale. La France a fait son devoir. J’aimerais aussi que les autres fassent le leur ! Le Mali, je le dis avec amitié, doit, comme tout autre peuple, apprendre à compter sur lui-même.
C’est pourquoi, les yeux ouverts et selon les modalités définies par le gouvernement lui-même, je voterai avec mes collègues du RDSE la prolongation de l’intervention.
La phase proprement militaire s’achève, et vous avez pu annoncer un début de retrait de nos troupes. Nous nous en réjouissons. Ce n’est pas le sujet du débat mais je tiens à dire combien je me réjouis de l’arbitrage rendu par le Président de la République sur le budget de la Défense. 31,4 Milliards d’euros y seront consacrés en 2014. Sinon c’eût été le déclassement stratégique de la France, la perte d’un « avantage comparatif » inestimable, en Europe et dans le monde.
Bien sûr, nul ne pourrait prétendre que le terrorisme aujourd’hui est éradiqué ! C’est pourquoi les sénateurs du groupe du RDSE autoriseront, bien entendu, la prolongation de l’intervention des forces armées françaises au Mali. Mais le danger, immense, a été écarté. Cette intervention n’a été – faut-il le répéter – en aucune manière une ingérence dans les affaires intérieures d’un autre pays. Elle s’est faite à l’appel des autorités légitimes du Mali, en application de l’article 51 de la Charte des Nations Unies, et avec l’approbation du Conseil de Sécurité. C’est pourquoi le soutien international n’a pas fait défaut, en dehors de quelques propos vite retirés de quelques responsables – ou plutôt irresponsables - sans doute égarés par une conception étroite et bornée de la religion, trop souvent détournée à des fins politiques.
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Le plus difficile maintenant reste à faire et cette tâche vous incombe pour l’essentiel, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères. Nous connaissons votre talent. Il aura à s’exercer dans les arcanes de la vie politique et de la société maliennes, celles de l’ONU, de l’OUA, de la CDEAO, sans parler de l’Union européenne, dont le soutien est resté pour le moins « cantonné », selon l’euphémisme du rapport qu’avec M. Gérard Larcher qui coprésidait avec moi le groupe de travail sénatorial, nous avons fait approuver, à l’unanimité, par la CAEDFA, sous l’intitulé : « Mali : comment gagner la paix ? » Je me bornerai à souhaiter que l’Union européenne, faute d’avoir manifesté sa solidarité sur le plan militaire, la manifeste sur le plan financier. Peut-être pourriez-vous nous dire ce que vous attendez de la Conférence de Bruxelles du 15 mai : quel plan de reconstruction de l’Etat malien et quel plan de développement du Sahel ? Et quel montant estimez-vous pour cela, chaque année, nécessaire ? Sans développement, pas de sécurité et réciproquement ! Une politique de prévention coûtera toujours moins cher que de nouveaux conflits aisément perceptibles à l’horizon.
Je ne développerai pas les dix principales recommandations du rapport de la CAE et de la Défense. Comme je le relevais déjà le 16 janvier, dans cet hémicycle, c’est le facteur temps qu’il faut maîtriser. Le temps, Monsieur le Premier ministre, ne joue pas pour nous. Les pays du Sahel sont parmi les plus pauvres du monde. L’explosion démographique qui les caractérise, avec des taux de fécondité avoisinant sept enfants par femme, menace tous les efforts de développement que nous pourrons tenter pour enrayer les trafics de drogues et de cocaïne, souvent générateurs de plus de revenus que l’agriculture pastorale.
L’ombre d’un islamisme régressif, dont les habitants de Gao et de Tombouctou ont pu avoir un avant-goût, s’étend sur toute l’Afrique de l’Ouest. Croyez-vous que Iyad Ag Ghali n’aurait pas trouvé à Bamako des soutiens pour proclamer sa version de la charia ? D’après les informations que M. Larcher et moi-même avons puisées à bonne source, une mosquée, une madrassa, serait construite chaque semaine, au Mali. Il nous a été dit qu’une majorité « wahhabite » au Conseil des institutions islamiques de Bamako avait pu s’opposer au projet du Code de la famille progressiste proposé, en 2009, par le Président Amadou Toumani Toure. La charia s’applique dans le droit personnel. Il ne reste plus aux islamistes qu’à la faire triompher en matière de droit pénal ! A Dakar, une chaine télévisée francophone d’Al Jazeera va émettre prochainement.
Il est temps qu’une vue d’ensemble se manifeste sur les changements politiques qui interviennent entre Maghreb, Machreck, Moyen-Orient et Afrique Subsaharienne. C’est l’une des recommandations du rapport de la CAE. Il faut distinguer entre l’Islam et l’islamisme politique qui détourne la religion à des fins politiques. Ensuite force est de constater que celui-ci s’appuie souvent sur le salafisme, dont certains courants encouragent le djihadisme global et violent qui se place sur le terrain militaire et ne nous laisse guère le choix de la riposte.
Les priorités immédiates sont bien évidemment l’organisation de l’élection présidentielle et la réconciliation du Sud et du Nord du Mali. Ce n’est pas à la France, c’est au Mali qu’il revient de résoudre les problèmes du Mali. L’élection seule peut fonder la légitimité. Quant à la réconciliation, elle est la condition de l’éradication durable du terrorisme. Les dirigeants de Bamako donnent quelquefois l’impression que le problème, à leurs yeux, ce n’est pas le terrorisme : Ce sont les Touaregs. Qu’il soit clair que l’intégrité territoriale du Mali n’est pas en cause. Le désarmement du MNLA ne fait pas non plus question. Il doit intervenir selon des modalités à convenir dans le cours du processus de réconciliation. Il n’est guère douteux que les dirigeants du MNLA sur lesquels pèse un mandat d’arrêt ne désarmeront pas spontanément. Il y faudra, peut-être si les partenaires le demandent, la médiation de la France, dans l’intérêt du Mali tout entier. Car il faut dissocier durablement les populations des groupes terroristes armés. La lutte antiterroriste ne peut pas être menée par une armée étrangère. Il n’y a pas d’exemple d’une contre-insurrection réussie qui n’ait pas été menée par des forces autochtones.
L’armée malienne est à reconstruire. Est-on sûr d’y avoir mis les moyens ? 12,5 Millions d’euros de crédits européens laisseront à la charge des principaux contributeurs, donc de la France, l’essentiel de l’effort. Fait-on, aussi bien, une armée avec quatre bataillons ? Il est urgent de recalibrer l’effort : il faut à la fois l’augmenter et l’accélérer.
La Minusma ne se justifie que pour permettre la montée en puissance de forces armées maliennes reconstituées. Cela ne doit pas prendre cinq ans ! Le maintien d’une force de réaction rapide française, calibrée à mille hommes, ne peut être indéfiniment prolongé. Le gouvernement est sensible, j’en suis sûr, au risque de l’enlisement.
Aussi bien « l’empreinte au sol » doit être aussi limitée que possible. L’objectif, c’est de contenir la menace terroriste en dessous d’un certain seuil et, le cas échéant, d’appuyer non la Minusma, mais les forces armées maliennes dans leur lutte légitime.
La France n’a pas vocation à rester éternellement au Mali. Pour autant, j’admets un certain pragmatisme dans l’énoncé.
Encore une fois, l’aspect politique est décisif. La décentralisation doit aller avec des moyens financiers et l’aide au développement doit aussi concerner les régions du Nord.
J’espère de tout cœur qu’un patriotisme malien saura se manifester. Aucun pays ne peut compter éternellement sur la solidarité internationale. La France a fait son devoir. J’aimerais aussi que les autres fassent le leur ! Le Mali, je le dis avec amitié, doit, comme tout autre peuple, apprendre à compter sur lui-même.
C’est pourquoi, les yeux ouverts et selon les modalités définies par le gouvernement lui-même, je voterai avec mes collègues du RDSE la prolongation de l’intervention.