Carnet de Jean-Pierre Chevènement

M. Baker et le prince de Lampedusa



L’establishment conservateur américain dispose d’esprits déliés. Monsieur James Baker en rendant public le rapport du « groupe d’études sur l’Irak » illustre fort bien cette capacité à se projeter dans l’avenir en oubliant le passé.

Beaucoup n’oublient pas que M. Baker fut l’un des artisans de la guerre du Golfe aux côtés de George Bush père, une guerre qui a fouetté le développement de l’islamisme dans tout le monde arabo-musulman, avec Oussama Ben Laden et les attentats meurtriers qui en ont découlé.

Mais, avec plus de prudence que George Bush junior, il avait reculé à prendre un aller simple pour Bagdad, sachant qu’il n’avait pas de billet de retour. Plutôt que d’ensabler les troupes américaines dans la profondeur irakienne, il avait choisi d’écraser le pays sous un tapis de bombes, puis d’asphyxier le peuple irakien par un embargo cruel, en installant les troupes américaines en Arabie séoudite. M. Baker a été à l’origine de l’aventure irakienne. Il ne faut pas l’oublier.

A coup sûr les solides conservateurs du bushisme première manière, leur sens des intérêts bien compris du commerce pétrolier, reprennent le dessus. L’aventurisme des néoconservateurs a conduit au fiasco. Les « réalistes » à la mode d’Henry Kissinger entendent à présent reprendre la main. « Il faut bien que tout change pour que tout demeure » : comme le vieil aristocrate du Guépard, M. Baker entend faire la part du feu pour préserver l’essentiel.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Vendredi 8 Décembre 2006 à 12:47 | Lu 7838 fois



1.Posté par A2B le 08/12/2006 13:17
Bien expliqué. Merci

2.Posté par SNYCKERTE le 08/12/2006 22:47
J'engage nos amis lecteurs à lire la biographie de James BAKER sur l'encyclopédie WIKIPEDIA avec un lien en direction de CARLYLE.
En parallèle , un tout petit bémol : Robert Mc NAMARA dans une émission de la chaine HISTOIRE ( A laquelle a contribué l'excellent André KASPI ) reconnait l'erreur stratégique de l'engagement U.S. au VIETNAM.
En FRANCE , les politiques , même retirés des affaires , ne reconnaissent jamais leurs erreurs, s'enfermant dans l'auto-justification.
C'est un constat qui dérange et qui laisse à penser qu'il existe un certain manque de maturité chez les Politiques dans notre pays.
Enfin , une dernière précision : il faut donner tort par les urnes au "nul n'est prophète dans son pays". Il est clair que J.P.C. a eu notamment en matière de politique étrangère une incroyable longueur d'avance qui n'a pas toujours été comprise à l'époque de la première guerre du Golfe. Avec le recul , on se dit que cette faculté d'anticipation était franchement visionnaire.Il faut donc faire mentir aujourd'hui l'idée que la FRANCE a toujours un métro de retard...A nous de convaincre , notre Peuple le mérite.

3.Posté par Bachir le 08/12/2006 23:21
Monsieur Jean-Pierre Chevènement,
Cher concitoyen,

En bon Français lambda, je suis génétiquement "monoglotte". Alors la vue du "Rapport Baker" de 160 pages en anglais!...
Après m'être fait violence pour lire, au moins, les trois premières lignes du préambule, je n'ai pu que savourer votre analyse tant elle me conforte dans mon jugement.
Je pense qu' aux States, "les Anciens et les Modernes" de l'establishment, sont liés viscéralement par une idéologie haïssable: "l'impérialisme". Et partant de là, je crois pouvoir dire, malheureusement sans trop d'erreurs, que les Américains, d'une façon ou d'une autre, ne partiront pas du Proche-Orient tant qu'il y aura une goutte d'or noir à pomper.

4.Posté par Xavier DUMOULIN le 09/12/2006 20:31
Face aux enjeux internationaux, les petites phrases de Ségolène Royal à l'adresse de l'interlocuteur du moment sont bien légères. Jean Pierre Chevènement, lui, fait preuve d'une grande clarté et surtout d'une constance dans ses positions exigeantes et consistantes. Ses positions sur l'Irak n'ont pas manqué de hauteur et de courage dès la première guerre du Golf. Il demeure aujourd'hui le seul candidat républicain et anti-libéral vraiment qualifié pour apporter un concours de la France au règlement des questions du Proche et du Moyen Orient. Monsieur Sarkosy s'est déjà excusé auprès de WW Bush du choix de la France. Ségolène Royale reste bien confuse dans ses déclarations sur le refus du nucléaire civil à l'Iran. Quant aux anti-libéraux à la recherche d'un candidat consensuel, force est de constater qu'il ne vont pas assez au fond des questions dans leurs approches hétérogènes. Il faut décidément toute l'intelligence politique de notre candidat républicain pour éclairer les choix d'une diplomatie souveraine et à la hauteur des enjeux. Donnons à Jean Pierre Chevènement la force de frappe qui permettra aux anti-libéraux de porter dans le pays le projet républicain. Sur ces bases il sera alors peut être possible de rassembler à gauche.

5.Posté par Bachir le 09/12/2006 22:15
Monsieur Jean-Pierre Chevènement,
Cher concitoyen,

Au vu du préambule du "Rapport Baker", je ne peux qu'être en accord avec votre analyse. Néanmoins, je pense qu' aux States, "les Anciens et les Modernes" de l'establishment sont liés viscéralement par une idéologie haïssable: "l'impérialisme". Et partant de là, je crois pouvoir dire, malheureusement sans trop d'erreurs, que la logique de leur politque étrangère les amènera, d'une façon ou d'une autre, à se maintenir au Proche-Orient tant qu'il y aura une goutte d'or noir à pomper.

6.Posté par Ptilouis le 10/12/2006 20:52
Nous sommes au bord d'une guerre généralisée en Asie du Sud-Ouest et le rapport Baker-Hamilton marque dans ce contexte un virage à 180° de la politique étrangère américaine. Retrait des troupes, dialogue diplomatique et négociations régionales en vue d'un plan de sauvetage économique.
Dick Cheney, orienté par son conseiller pour le Moyen Orient Henri Kissinger, pousse les affrontemenrs intereligieux entre Shiites et sunnites dans toute la région allant même jusqu'à diviser les shiites irakiens entre eux. La politique voulu par les tuteur de Bush et Cheney, c'est le chaos et la guerre à une échelle encore jamais vue. Sous ce contrôle, la Maison-Blanche refuse tous liens diplomatiques avec la Syrie et l'Iran, ce qui est le meilleur moyen d'empêcher la paix.
Mr Chevènement devrait faire attention, se retirer de la présidentielle ne veut pas dire se retirer du monde réel.


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