Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Lettre à Jean-Luc Mélenchon



Paris, le 2 septembre 2015.

Cher Jean-Luc,

J’ai découvert par ton blog, le 1er septembre, que tu ne participeras pas à la rencontre de République Moderne initialement prévue le 26 septembre sur le thème : « Europe et souveraineté ». Il était en effet entendu entre nous que chacun ferait une communication à mon invitation et cela en toute liberté.

Tu dis craindre « la petite musique délétère des chiens de garde du système ». Ne vois-tu pas que ta décision leur donne par avance raison ?

Je n’ai jamais douté de la sincérité de tes convictions. Mais comment ne vois-tu pas qu’en refusant d’engager le débat sur le fond - Comment réorienter l’Europe en s’appuyant sur la souveraineté populaire ? – tu t’enfermes dans un espace restreint où tu finiras par être étouffé ? Crois bien que je le regretterai car je vois ce que la France et la République auraient gagné à ce que tu mettes ton talent, que j’admire, à leur service.

La réunion du 26 septembre est évidemment reportée. D’autres occasions se présenteront pour dépasser des sectarismes paralysants qui empêchent un débat libre et font, en définitive, le jeu de l’extrême-droite.

Crois bien, cher Jean-Luc, à la pensée amicale que je forme pour toi dans cette période difficile.

Jean-Pierre Chevènement


le Mercredi 2 Septembre 2015 à 14:47 | Lu 84042 fois



1.Posté par Romain NOUAR le 02/09/2015 16:44
Rien de surprenant dans la réponse de Jean-Luc Mélenchon.
Il y a un abîme entre sa posture d'opposant de gauche et la position de radicalité et de risque qu'exige le choix de la souveraineté.
Voilà, à mon avis, une des raisons pour lesquelles, il n'est pas dans une opposition sérieuse.
Il faut lire le dernier livre d'Aurélien Bernier "La gauche radicale et ses tabous, Pourquoi le Front de gauche échoue face au Front national"
pour comprendre les limites de la gauche appartenant au système européiste.
Il faut faire avec.

2.Posté par Pierre Galliez le 02/09/2015 16:46
MINISTERE DU TRAVAIL
Je comprends pas qu'il faille un MINISTRE DU TRAVAIL en France????Vu qu'il y a pas de travail et qu'on paie ceux qui ne cherchent pas de travail( attention il existe des indemnités justifiées) mais à quoi sert donc u Ministre du travail qui travaille à chercher des solutions pour trouver du travail à ceux qui n'ont pas de travail et essayer de faire donner du travail par les patrons à ceux qui cherchent du travail et aussi a faire débusquer ceux sans travail, mais qui cherchent pas de travail...Par contre pour faire payer des impots ou chercher des taxes à faire payer à ceux qui travaillent, BERCY, et maintenant Mme FLEUR PELLERIN travaillent (taxe sur les BOX???)

3.Posté par Serial mapper le 02/09/2015 17:08
Cher Jean-Pierre.

Jean-Luc a raison. On ne peut faire la république jusqu'au bout qu'en la rendant sociale. Jaurès avait raison. Il faut donc ancrer notre combat républicain à gauche et ne pas s'allier avec ceux dont on combat les idées.

Internationalement
Nicolas

4.Posté par Thierry Gasniere le 02/09/2015 17:27
La question de fond évoquée par M. Chevènement porte en elle même une bien cruelle contradiction : "Comment réorienter l’Europe en s’appuyant sur la souveraineté populaire ?"

Il va de soit qu'il n'y a aucune réorientation possible puisque la souveraineté populaire n'existe plus : nos gouvernants successifs l'ont progressivement transférée à Bruxelles qui n'a cure des émois du petit peuple français.
La France ne constitue, ne lui en déplaise, qu'un 29ème d'une Union Européenne dont la politique ne peut être réorientée qu'à la condition de l'unanimité ! A supposer que l'UE ne comporte que l'Allemagne et la France, verriez-vous Mme Merkel embrasser les thèses sociales de M. Mélenchon ou inversement, M. Mélenchon épouser celles de la chancelière allemande ?
La messe est dite, et sauf à sortir du piège infernal qu'est devenue cette union hétéroclite que les gouvernant ont imposée à leur malheureux peuple, rien ne changera.
https://www.youtube.com/watch?v=UPpXKtSJcRI

5.Posté par thierry rouby le 02/09/2015 17:35
J'aime beaucoup quand nos élites politiques et intellectuelles débattent à n'en plus finir... d'autant qu'à les entendre la situation est urgente et tout ça pendant que le peuple souffre en silence ...
Très cordialement

6.Posté par Ptiluc Filsduvent le 02/09/2015 18:05
Le débat doit exister, très certainement: c'est ce qui permettra à nos politiques d' oeuvrer pour le bien du Peuple. Sans prétendre représenter "le" peuple, je suis comme tant d'autres: "du" peuple... Et je peux vous assurer, M. Chevènement que, oui, le peuple n'en peut plus de toutes ces magouilles de soi-disant ententes ou rapprochements avec des clans proches du FN... et qu'il y a bien, comme le suggère Mélenchon, urgence à s'organiser de façon claire et radicale, sans compromis nocif à l'intérêt général : nous voulons clairement une Constituante, une nouvelle république qu'on pourra appeler la 6ème si l'on veut, et qui sera , non plus celle de chefs politiques, mais bien avant tout celle du peuple : Elle donnera également un pouvoir de contrôle sur ses porte-paroles grâce au référendum révocatoire... Voilà le sens de notre grand mouvement du M6R . Amitiés, en espérant vous convaincre de l'urgence à mener ensemble, et sans confusion, ce beau combat pour et avec le peuple.

7.Posté par Arnaud Sivade le 02/09/2015 18:08
Au moins, ils ont tous les deux le mérite de pouvoir se parler honnêtement sans petite phrase.

A ceux qui dénonce le débat infinie, c'est qu'il n'en comprennent pas les enjeu.

A ceux qui parle d’Européiste à propos du Front de gauche, c'est faux, ne faites pas semblant de ne pas comprendre, ils veulent CHANGER l’Europe, parce qu'ils considère que ça peut être une bonne chose, l'Europe. La démarche de Mélenchon en particulier est toujours la même, c'est à dire que s'ils n'arrivent pas à faire changer l'Europe, ce que l'on a le droit de penser, ils "en tireront les conclusions" dixit JLM et il n'y a qu'a lire J.GENEREUX pour s'en convaincre.

Arrêtez de simplifier tout et à l'inverse de complexifier ce qui ne l'est pas.

Pour moi, Jean-Pierre Chevènement s'égare un peu en pensant pouvoir rassembler l'irrassasiable... Mais c'est de la stratégie, et la stratégie tout le monde n'a pas la même ! :)

8.Posté par OPIAM le 02/09/2015 19:03
Mais Dupont-Aignan n'est pas républicain ! S'il veut avoir le moindre lien avec l'extrême droite, il n'a plus rien à voir avec la République. Et que dire de ses propos sur les grévistes "preneurs d'otages" ? Que dire des conspirationnistes qui pullulent dans son parti et partagent les délires soral-dieudonnistes ?

9.Posté par Jules DUNORD le 02/09/2015 19:05
« La réunion du 26 septembre est évidemment reportée. ».
Je pense que c’est une erreur . En effet, JL Mélenchon n’était qu’un invité parmi d’autres. Reporter la réunion à cause de son absence n’est pas bien vis-à-vis des autres participants. Ceci fera également ricaner les personnes non invitées et donnera encore un peu plus la grosse tête à JL Mélenchon.

A moins que ce report est dans l’attente d’un revirement de JL Mélenchon mais il ne le fera pas, il est bien trop sectaire. Il refuse même le dialogue pour défendre ses idées.

C’est ce sectarisme qui fait que le peuple ne se tourne pas en masse vers le Front de Gauche. Pourtant tous les ingrédients sont réunis : le gouvernement PS est de plus en plus libéral, Sarkozy est revenu. C’est le FN qui retire les marrons du feu avec des scores presque 3 fois plus élevé que le FG. Cherchez l’erreur.

10.Posté par Gérard Thollot le 02/09/2015 19:55
Cher Mr Chevènement,
Face à la dérive qu'induit le libéralisme devenu fou, j'apprécie pour ma part votre tentative de chercher une porte de sortie qui nous rende notre souveraineté nationale face à l'entreprise hégémonique du gouvernement Allemand via le parlement. Cette réalité de la supranationalité du parlement que nous redoutions nous les partisans du NON de 2005, nous sommes aujourd'hui de constater qu'elle est bien présente. Les peuples ne peuvent plus avec leurs bulletins de vote décider des orientations de leur propre pays. L'exemple de la Grèce montre à l'évidence que c'est l'Europe qui décide concernant les choix fondamentaux du type de société et non les peuples. Reste la question de fond: doit on continuer avec ou sans le libéralisme et c'est là qu'il y a une divergence de fond avec Mr Dupont-Aignan car lui se prononce contre les excès du libéralisme et non contre ce dernier. Historiquement parlant devions nous nous battre contre les excès du nazisme ou le combattre en tant que système générant ses propres excès. Libéralisme aujourd'hui c'est un capitalisme qui ne respecte les règles dont le seule philosophie c'est le bizness à tous prix ou tout n'est que marchandise y compris les êtres humains. Voilà ce qui nous oppose avec toute la droite et le réformisme. Le réformisme n'est pas réformable ! La sortie aujourd'hui consiste à repenser le système tout entier et non à mettre des pansements ici ou là. C'est pour cela qu'en tant qu'homme de gauche, je soutien Mr Melenchon. G.Thollot Président de nous la gauche radicale, mouvement citoyen.

11.Posté par Patrick LENORMAND le 02/09/2015 20:13
« La réunion du 26 septembre est évidemment reportée. ».
Mélanchon était d'accord avec tous les traités européens .. jusqu'à ce qu'il quitte le ps.
Encore très récemment il soutenait la zone € en inventant n'importe quoi (de l'égalité des revenus minimums entre les pays aux désordres qu'engendreraient une sortie de cette monnaie..).
CSQ => Il est logique que JPM en tant qu'internationaliste refuse de participer à un front de patriotes.
Mais pourquoi annuler la réunion prévue ? Et les autres ils comptent pour du beurre ?

12.Posté par Alfred Tchouanga le 02/09/2015 22:39
Patrick Lenormand : "Mélanchon était d'accord avec tous les traités européens .. jusqu'à ce qu'il quitte le ps"

S'il a quitté le PS que vous vomissez, de quoi vous plaignez-vous ?

13.Posté par THIERRY JAY le 02/09/2015 23:45
A Patrick Lenormand, Mélenchon a milité activement et voté pour le Non au Traité Constitutionnel Européen lors du référendum du 29 mai ... 2005 (effectivement antérieur à son départ du PS en 2008 !!)
A JP Chevènement, ton initiative initialement prévu au 26 septembre 2015 était heureuse si Nicolas Dupont Aignan n'avait pas des affinités trop complaisantes avec le FN. La nécessaire refondation de l'Europe passe par des positionnements clairs sur l'essentiel, la République ouverte, généreuse et universaliste. Ta participation à la réunion sur le Plan B pourrait permettre alors à ton initiative d'y trouver une issue positive.

14.Posté par Stéphane GRIM le 02/09/2015 23:47
Bonsoir Monsieur Chevènement,
merci pour cette tentative, merci pour ces mots aussi.
Vous essayez en haut depuis longtemps. Comme d'autres, j'essaye d'en bas. Depuis 10 ans. j'essaye au PS puis au PG avant de quitter. L'idée que le clivage dominant passe au milieu d'eux est inaudible.
Je le dis sans cruauté : la Résistance et les années qui l'encadrent sont peu voire quasi inconnues dans les différentes sections et les milieux sympathisants, sauf quelques éléments parcellaires. Paradoxalement cette approche est donc plus facile pour des personnes non engagées précédemment (c'est le cas par exemple à l'UPR) mais difficile pour des syndiqués ou des militants très structurés mentalement alors qu'ils n'ont pas de repères historiques sur cette question.
Cette analyse de Jean Luc je l'ai vu à quelques mots près à la base. Il va falloir beaucoup, beaucoup de ténacité...
Chaleureusement.

15.Posté par David Gendron le 03/09/2015 02:53
Mélanchon est un franc-maçon, c'est donc normal.

16.Posté par Stéphane Romero le 03/09/2015 05:24
Mélenchon est persuadé qu'il pourra un jour être majoritaire en France. Et pouvoir sortir des traités européens sans avoir besoin de s'allier à une autre force politique. Grand bien lui fasse, mais ça signifie qu'on ne peut pas compter sur lui.

Des gens comme Dupont-Aignan ou Asselineau semblent bien plus réalistes. Et prêts à une alliance de circonstance pour redonner à la France sa souveraineté. Quitte ensuite à programmer une nouvelle élection pour trancher les questions de politique intérieure cette fois. Avec les positions habituelles de chaque parti.

17.Posté par Jules DUNORD le 03/09/2015 08:11
Deux interventions réalistes lues sur un site d’infos :
« Lorsque le Front de Gauche a été constitué, des discussions ont été engagées avec le MRC pour qu'il le rejoigne. On aurait ainsi constitué une alliance de la gauche du non, celle qui avait mis en échec le projet de traité constitutionnel en 2005.
Le PCF n'y était pas hostile mais c'est Mélenchon qui a tout fait échouer : il préférait laisser la porte ouverte pour une future alliance avec le NPA et pour cela, il devait à tout prix couler toute tentation chevènementiste. Il n'a pas changé. »

« M. Chevènement ne s’est-il pas encore rendu compte que Mélenchon veut bien s'allier avec tout le monde, à partir du moment où c'est lui qui commande tout ce petit monde, qui se pose devant les caméras, qui fait les discours, qu'on invite, qu'on met en valeur ? Aucune "alliance" avec M. Mélenchon ne peut réussir si ceux qui s'allient avec lui n'acceptent pas de se taire et de se fondre dans l'anonymat. »

18.Posté par Patrick LENORMAND le 03/09/2015 10:18
@Alfred Tchouanga
qui a osé écrire : 'S'il a quitté le PS que vous vomissez, de quoi vous plaignez-vous '.
NON ! je n'ai aucune animosité contre le ps ni d'ailleurs aucun autre parti (si ce n'est peut-être le fn...). Je remarque juste que comme l'ump, les verts... ils ont signé tous les traités européens.
Suivant régulièrement le blog de JLM j'ai pu constater que l'Euro a longtemps été une monnaie intouchable... jusqu'aux évènements de Grèce. En outre le parti de gauche a toujours espéré un accord avec le NPA ... ce qui ne va pas précisément dans le sens du combat pour l'indépendance nationale n'est-ce pas ?
En fait je remarque que beaucoup de gens parlent de la nécessité d'un nouveau CNR ... sans faire les efforts pour cela ... A part bien sûr Monsieur Chevènement !

19.Posté par Joseph Leon le 03/09/2015 10:58
Mr. Mélanchons en ne prenant pas parti pour la sortie de la France de l'Europe et de l'euro n'est pas une réelle force d'opposition. A supposer par miracle qu'il soit élu, il aurait pieds et mains liées par la législation issue de Bruxelles, sans pouvoir ni contrôler la monnaie, ni le déficit budgétaire et serait contraint de mener au mieux une politique centriste. L'exemple de la Grèce montre bien que l'Europe se moque de la souveraineté populaire et que le droit de vote aujourd'hui est absolument vide de sens. Bonnet blanc et blanc bonnet.

20.Posté par Jp JP le 03/09/2015 13:43
SANS BERNARD HENRY LEVY VOUS N'ARRIVEREZ JAMAIS A TROUVER UNE SOLUTION.....!!! -:) -:) -:)

21.Posté par ANTOINE MANESSIS le 03/09/2015 14:30
Que JP Chevénement et JL Mélenchon aient le courage et la lucidité de dire Sortons de l'euro, de l'UE et de l'OTAN ! Sinon ils finiront enfermés dans un espace restreint où ils finiront
par être étouffés.....

22.Posté par Jp JP le 03/09/2015 15:12
IL FAUDRAIT AUSSI BIEN SÛR QUE MIREILLE MATHIEU APPORTE SON CONSEIL POUR TROUVER UNE SOLUTION....!!! -:) -:) -:)

23.Posté par Gérard D le 03/09/2015 18:29
N’ayant pas l’obligation de réserve de JP Chevènement, je vais dire ce que m’inspire M. Mélenchon et la « gauche de la gauche » dans ce combat. Je serai sûrement un peu confus, mais guère plus que JL Mélenchon dans sa lettre à JPC.
(Pour me situer, voici les 4 blogs que je lis régulièrement : Lordon, Sapir, Chevènement, Desgouilles.)

La France est un pays où le système de l’élection reine, l’élection présidentielle, permet de fournir de temps à autre un indicateur du niveau que peut atteindre la "gauche de la gauche". Qu’il s’agisse de gauchistes militants, de sociaux démocrates désireux « d’envoyer un signal à Jospin » avant un second tour couru d'avance, ou, de plus en plus rarement, d’électeurs dont la condition économique et sociale les conduit, par identification à une personnalité ou par réel espoir, à opter pour la « gauche radicale », ces diverses composantes de l’électorat viennent parfois offrir à la gauche de la gauche des scores à deux chiffres. L’ultra-personnalisation du scrutin, la bienveillance de certains médias, permettent à des personnalités indéniablement charismatiques d’apporter à cette partie de l’échiquier politique des résultats à deux chiffres. Bon candidat en 2012, Jean-Luc Mélenchon (JLM) a été le réceptacle de cette demande politique. Elle doit être stimulée par une bonne campagne et des circonstances favorables : ce fut également le cas en 2002 ; on peut d’ailleurs penser qu’une candidature Besancenot, caractère plus mordant que le sympathique Ph. Poutou, aurait conduit en 2012 à un partage du score remarquable de JLM (quoiqu’il ait alors été interprété comme un semi-échec au regard des sommets sondagiers atteints plus tôt).
On dit souvent que, vu de l’autre bord, on ne peut comprendre les nuances au sein de la gauche radicale ; notre impression est plutôt que des électeurs plus proches du NPA et même animés de sympathie pour Poutou auront fait le choix tactique de gonfler le résultat de JLM/FdG. Rien n’indique qu’il s’agisse là du niveau naturel de JLM.

Que faire de ce résultat, dont il aurait été raisonnable de penser qu’il était exceptionnellement élevé, car porté par une conjoncture favorable ?

Il faut se rappeler du coup que JLM nous a fait en 2005, sans mépriser son rôle déterminant dans la victoire du « non » – ce trésor politique inestimable du peuple français. (La verve de JLM, tout comme l’opportunisme éhonté de Laurent Fabius ou le nihilisme lepéniste, ont certainement davantage contribué à la victoire du non que l’engagement cohérent et de long terme de JP Chevènement (JPC) ou de N. Dupont-Aignan (NDA)). Le « non » ouvrait un potentiel – celui de rejeter la constitutionnalisation de certaines politiques, et de créer les conditions de la modification de certaines institutions qui rendent ces politiques nécessaires : UEM, UE courroie de transmission de la mondialisation et du capitalisme financier. Ce résultat du « non » n’a pas été acquis uniquement grâce à la gauche de la gauche. Il l’a été aussi par des voix socialistes, et, peut-être pas majoritairement, mais pas de manière négligeable non plus, par des voix gaullistes, des voix de droite, et même au-delà, ou tout simplement des citoyens qui n’éprouvent pas un besoin religieux de se proclamer de gauche.
Une stratégie pour une politique plus socialement progressiste, ou juste, aurait consisté à s’appuyer sur le « non ». Non pas d’où qu’il vienne, mais sans pour autant chercher à se l’approprier. En respectant son caractère de bien commun à tous les français (y.c. ceux qui ont voté « oui » !)
En lieu et place de quoi, à mesure qu’avançait la campagne, et tout autant ensuite, tout fut fait, en premier lieu par JLM, pour laisser accroire que le « non » était exclusivement de gauche. (On aura même rencontré des gens convaincus de voter « non », mais qui optaient en fin de compte pour le « oui » en se rendant compte que le non pouvait ne pas être exclusivement de gauche). Cette captation mensongère et sectaire, pendant la campagne puis ensuite, a contribué à transformer le « non » en clivage politique nécessairement perdant. L’opposition au « non forcément de gauche » est devenue, d’ailleurs, un étendard de ralliement pour la droite. Et ce alors même que l'apport des voix de droite fut essentiel dans la quasi victoire du non contre le calamiteux traité de Maastricht.

En 2012, insidieusement, JLM a mué, à mesure que la campagne avançait, de porte-parole des classes populaires – ceux qui ont, objectivement, besoin d’une politique de gauche – en candidat de la "gauche de la gauche" militante. Orgueil, narcissisme, religiosité gauchiste, obligation d’envoyer des signaux à son camp rassemblé place Stalingrad ? L’apogée de cette réorientation stupide a été le combat singulier que JLM s’est cru tenu d’engager contre Marine Le Pen dans le Pas de Calais – ce qui ne pouvait être perçu autrement que comme une insulte à l’encontre de la France ouvrière, celle qui s’égare dans un vote de désespoir stérile et nihiliste, tant elle a compris le tort que pouvait lui faire le continuum politique PS-UMP (même dans sa frange autoproclamée « de gauche »).

Depuis 2012, comme après le 29 mai, JLM nous épuise avec sa religiosité de gauche. Plutôt que de chercher à créer les conditions d’une transformation réelle du cadre économique pour améliorer les conditions du plus grand nombre – qui passerait, encore une fois, par une évolution radicale de l’UEM et un réagencement de la mondialisation, conditions nécessaires à une meilleure répartition de l’activité, et donc des revenus, en Europe, et à un reflux du capitalisme financier : il ne s’agit donc pas de social-démocratie telle que celle qui nous gouverne – et de tendre ainsi à terme, vers des résultats proches de ceux d’une révolution, mais sans passer par cette phase catastrophique et impossible, JLM joue à envoyer des signaux veillant à assurer son classement à gauche, à la gauche de la gauche. Autant de postures qui ne verront jamais traduction politique mais font, vu de l’autre bord (je ne parle même pas de l’autre extrême) de JLM un repoussoir évident.
Cela importe plus que de participer à une vaste lutte pour casser des institutions, un système, qui assurent une hégémonie allemande reposant sur l’austérité et l’UEM, et font un boulevard au capitalisme financier qui s’alimente de la mondialisation. La remise en cause de ce système, conditionnant un système économique et social plus stable et plus juste entre nations européennes et au sein de chacune de celles-ci – cela prendra une génération – beaucoup de gens y trouveraient ici leur compte, des authentiques socialistes aux gaullistes encore marqués par le séguinisme en passant, évidemment, par les républicains souverainistes (=chevènementistes).

Malheureusement, et paradoxalement considérant sa jeunesse trotskyste, JLM se plaît dans le rôle du KPD staliniste : le premier objectif n’est pas de triompher d’un ennemi commun mais de combattre les alliés qui pourraient revendiquer une part de la victoire contre cet ennemi. Sans pousser la comparaison trop loin, évidemment, en particulier parce que le fascisme/nazisme/nationalisme belliciste n’est PAS aux portes du pouvoir, il y a lieu de considérer que l’ennemi premier, c’est la politique portée par un axe continu qui va du PS à l’UMP, politique souhaitée par ces gens mais aussi contrainte par des structures et des institutions. Cette politique (et la société qui en découlent) semblent convenir à JLM, en fin de compte, puisqu’il estime préférable de la combattre tout seul, et donc de perdre superbement. Cela permet de faire des moulinets de gauche, tout en ne changeant objectivement rien.

D’autant que sur les grandes orientations européennes, JLM s’avère inconséquent, incohérent, inconstant. (Il y a un bon étalon dans la cohérence du vote de 1992 et de celui de 2005. Cela vaut pour JLM comme pour d’autres, même si on se retient d’aller dans une course à la pureté, et donc en admettant la possibilité de changement de camp, dans un sens comme dans l’autre, pourvu qu’existe une certaine cohérence des arguments). Qu’importe ! On voudrait pouvoir s’intéresser à sa capacité à mobiliser une partie de la gauche dans une lutte pour un changement réel dont découlerait l’amélioration des conditions économiques et sociales du plus grand nombre. Nous feindrons de croire que la leçon grecque a été bien retenue, et pourrait conduire JLM à de la cohérence dans la radicalité. C’est-à-dire pas dans l’extrémisme, mais dans la capacité à s’attaquer à la base des problèmes. Soit…

A sa décharge, l’électorat de JLM ne lui appartient pas. Il est éminemment volatil. Ce sont des composantes éclatées qui, selon les circonstances, iront se répartir entre la gauche de gouvernement, le meilleur candidat à la gauche de la gauche, et d’autres formes de vote contestataire ou de non vote. Le travail de JLM est donc d’envoyer constamment à l'étroit socle d’électorat naturel de la gauche de la gauche un flux de signaux. (Et cela est contradictoire avec une réorientation d’ensemble dont, encore une fois, on pariera sur la bonne foi). Cet électorat n’est pas prêt à le suivre sur tout. A la vérité, l’UEM, c’est ce que comprend le moins, et ce qui intéresse le moins cet électorat. Aborder la question de la souveraineté, de l’évolution de l’UEM vers une monnaie commune, cela désoriente l’électorat internationaliste.

Pour toutes ces raisons, Jean-Luc Mélenchon n’est pas un bon allié.
Ses troupes et ses militants le sont encore moins. Ni les communistes, ni les parti-de-gauch-istes

Au moindre faux pas d’un proche, d’ailleurs, c’est l’excommunication, aussi important que puisse être le fautif, comme l’a montré la sanction apparemment indispensable (en tout cas pour maintenir la solidité du groupe militant) de la malencontreuse initiative de l’un de ses plus cohérents et conséquents analystes et soutiens de JLM, Jacques Sapir. (C’est placidement, et non dans cette ambiance hystérique, que sa proposition devait être corrigée, car même replacée dans son contexte elle n’était ni tactiquement, ni temporairement habile, en même temps qu’elle était malvenue sur le fond : si l’électeur FN doit revenir dans le jeu républicain, si certaines des politiques au catalogue du FN, parfois revendiquées de manière opportuniste par lui, sont nécessaires et ne doivent pas être rejetées, il ne faut pas s’occuper du FN. Ni le combattre frontalement, ni chercher à l’imiter, ni évidemment vouloir le rallier, ou en rallier des composantes.)

L’alliance, nécessaire pour changer le cadre politique, doit provenir de républicains des deux bords, de personnalités respectées par l’autre bord. Elle doit se trouver dans le dépassement du clivage droite-gauche par des gens
- qui aiment l’Etat et la nation (la leur mais aussi celle des autres),
- ont une approche froide et réaliste de la politique étrangère et de l’usage résolu de la force (afin d’éviter les calamités que nous contribuons à créer par imprudence),
- qui veulent une Europe refondée, plus démocratique, respectueuse de la souveraineté des peuples et donc des Etats qui la composent,
- qui s’intéressent à la solidité de notre industrie et de notre tissu économique, condition tant de notre place dans le monde que du niveau de vie de nos concitoyens
- qui veillent sur certains équilibres de la société où ils vivent – ce qui exige qu’une certaine stabilité, un certain ordre et une certaine sécurité, non liberticides, soient assurés, et les flux migratoires contrôlés, en vertu d’une politique déterminée, républicaine, et modérée, mais ferme.
Ce républicanisme modéré doit s’appuyer sur un changement majeur : la remise en cause des tabous de l’européisme, de la téléologie européiste qui interdit de changer cette Europe là. Il ne s’agit pas d’être « mono-idée », mais il faut reconnaître qu’il y a deux verrous à faire sauter : la forme qu’a prise la mondialisation (relayée par l’UE) et l’architecture de l’UEM. Donc l’UE elle-même.

A ce môle pourront s’adjoindre d’autres éléments, pourvu qu’il trouvent, dans ce projet, des conditions à la réalisation du leur, tout en étant capables de modérer leur discours afin qu’une partie puisse en être respectée par l’autre bord.
(A ce titre JLM sera, peut-être, le bienvenu. Dans le camp gaulliste, on peut apprécier, discuter calmement et respectueusement, certaines de ses positions. On peut lire Lordon, et y voir, au-delà de l’ancrage, un objectif et des moyens partagés. En revanche, ce qu’on lit en ce moment de la part de JLM, sa consternante lettre ouverte, par exemple, ou de ses militants, indique clairement qu’il ne souhaite pas, ne peut pas, faire partie du premier cercle)

Le point d’équilibre de cette alliance se trouve être le seul homme d’Etat aujourd’hui apte à porter ce projet, JP Chevènement.

Ce point d’équilibre ne se trouve pas, évidemment, du côté de NDA et de son mouvement (formé de républicains authentiques, objectivement déterminés à combattre le capitalisme financier, les politiques récessives induites par le maintien de la camisole de l’UEM, et à redonner de la grandeur à la France et à la société française) ; toutefois NDA et DLF constituent une composante naturelle et de premier choix dans cette alliance. Héritier de Séguin, NDA peut, comme Chevènement, être aussi respecté parmi ceux qui ne se sentent pas de gauche que par les républicains de l’autre rive. (Moyennant la correction de quelques facilités inutiles, parfois contestables, et contre-productives).

Le réservoir citoyen de ce rassemblement, c’est la partie importante de l’électorat qui se fourvoie dans un vote FN stérile et nihiliste qui sert le système, sans adhérer nullement à son projet de fond, et la part considérable de nos concitoyens qui a abandonné tout désir de voter. Ce sont aussi une bonne partie des électeurs des grands partis de gouvernement, résignés, qui n’espèrent rien des résultats électoraux et se contentent alors des enjeux secondaires enrobés d’une communication qui crée des clivages de circonstance.
Le potentiel est gigantesque, car n’en déplaise à JLM, davantage de français attendent une sortie du carcan actuel qu’une reprise de la lutte des classes, d’autant que les grandes orientations plus partisanes peuvent être tranchées, grâce à l’un des atouts de notre système constitutionnel (que nous ne changerons pas facilement), par la couleur du parlement issu des élections législatives.


(A titre accessoire : JLM se veut un nouveau héraut de l’écologie. L’écologie est une question très complexe et radicale. Tellement qu’il faut beaucoup d’audace pour se proclamer écologiste. Il faut aussi de la cohérence. Quand on a l’approche de l’exploitation des océans que déploie depuis quelques années M. Mélenchon, on se pose, on réfléchit quelques minutes, et on se dit que cela n’a rien d’écologiste.)

24.Posté par Grrr _ le 03/09/2015 21:13
Bonjour,

La réunion du 26 septembre est évidemment reportée.


Je rejoins le message n°9, cette décision est vraiment incompréhensible. Mélenchon était donc le seul invité intéressant ? Pour ma part je pense le contraire, vous devriez faire cette rencontre avec ou sans lui.

25.Posté par Jp JP le 04/09/2015 08:58
Mr BHL passe très bien à la télé il peut remplacer Méluche (dégonflé)... et faire un tabac, drapeau en tête, en vue de construire....une République républicaine, "non-Nicolasdienne" !

26.Posté par Ombelyne De Carantilly le 09/09/2015 00:24
JLM a raté le coche de l'Histoire. Ne l'attendons plus et considérons le comme un adversaire.Des personnalités à gauche ( Sapir, Onfray ...) nous montrent la voie d'une stratégue gagnante piur la France et le projet européen sur une base clairement souverainiste. Le FDG appartient au système mondialisé; il n'est pas un potentiel allié mais un adversaire du projet républicain qui se fonde sur la nation pour être universel ( tout le contraire de l'internationalisme gauchiste ) . Nos points de divergence avec JLM sont trop nombreux pour qu'on puisse penser un seul instant à s'allier immédiatement avec eux: nous ne sommes pas parlementaristes, immigrationistes, écologistes ...

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