"Les raisons de notre présence en Afghanistan n'ont jamais été claires"
Jean-Pierre Chevènement était invité, lundi 21 mai 2012, de "Ça vous regarde" sur LCP aux côtés de Françoise Hostalier, députée UMP du Nord, Romain Rosso, grand reporter à L’Express et François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la recherche stratégique. Ils répondaient aux questions d’Arnaud Ardoin sur l'OTAN et l'Afghanistan.
- J'étais contre la première guerre d'Irak mais même en Afghanistan, je n’étais pas partisan de l'engagement de troupes au sol, même si je sais reconnaître le sentiment de légitime défense des États-Unis.
- François Hollande s'en est très bien tiré. Il a concilié à la fois le respect de la décision de retrait des troupes françaises d'Afghanistan et les meilleures relations avec notre ami américain. Stratégiquement, c'est du grand art.
- Barack Obama a annoncé de manière unilatérale la retrait d'Afghanistan en 2014 sans consulter ses alliés. D'autres, comme les Canadiens, ont retiré leurs troupes en 2010-2011. Nous sommes fondés à retirer nos troupes combattantes fin 2012.
- Quand une stratégie, la « contre-insurrection », a échoué, il vaut mieux en tirer les conséquences.
- La décision de François Hollande est justifiable. Elle se passe en bonne harmonie avec nos alliés. Il demeurera naturellement un dessein général qui est d'aider la construction d'un État Afghan.
- Les raisons de notre présence en Afghanistan n'ont jamais été claires car au départ, c'était une réaction légitime des États-Unis qui ont jeté à bas le pouvoir des talibans et Ben Laden. On a ensuite laissé les seigneurs de la guerre reprendre le pouvoir et l'intervention américaine en Irak a pollué le dossier Afghan.
- Après l'élection d'Obama on s'est reporté sur l’Afghanistan. La stratégie de la « contre-insurréction » a échoué et ce que nous devons faire à présent c'est aider à la construction d'un État Afghan. On ne peut pas prétendre y installer la démocratie des droits de l'Homme et du citoyen.
- Séparer les talibans d'Al-Qaïda, c'était l'objectif donné et la mort de Ben Laden a été un tournant.
- Si vous voulez que nous soyons là ou les choses pourraient ne pas aller dans le sens de nos convictions, il faudrait que nos armées soient partout. Il faut nous donner des objectifs accessibles !
- Le b.a.-ba de l'art militaire consiste à se donner des objectifs accessibles, sensés.
- Il faut saluer le courage de nos soldats, dire que leur combat n'a pas été vain car cela a laissé le temps de s'organiser. Maintenant c'est à l'Afghanistan de prendre en main son destin. Le principe d’autodétermination des peuples doit rester au fondement de la compréhension que nous avons des faits internationaux.
- La démocratie vient du dedans, elle ne peut pas être apportée de l’extérieur.
Rédigé par Chevenement.fr le Mardi 22 Mai 2012 à 09:12 | Lu 4038 fois