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"Les agences de notation ont raison de dire que le problème vient des écarts de compétitivité au sein de la zone euro"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité des 4 Vérités sur France 2, lundi 16 janvier 2012. Il répondait aux questions de Gilles Bornstein.


  • Je constate que notre politique se fait "à la corbeille" selon l'expression du Général de Gaulle. Nous sommes soumis aux marchés financiers. Mais il faut bien rappeler que, dans cette histoire, c'est l'arroseur arrosé: c'est M.Sarkozy qui avait fait de la conservation du triple A l'enjeu emblématique de la campagne présidentielle
  • Il faut bien apprécier les conséquences de cette perte: au delà du renchérissement du taux des emprunts que nous allons devoir contracter, c'est la contribution de la France au FESF, le seul mécanisme de sauvetage de la monnaie unique, qui va être menacée.
  • La monnaie unique, cette construction erronée selon moi et qui a été le projet commun de toutes nos élites depuis au moins 2 ou 3 décennies, pose problème.
  • Ou bien l'Allemagne accepte que la BCE intervienne massivement pour remettre à flot la monnaie unique et casser la spéculation, ou bien il faudra s'orienter vers la mutation de la monnaie unique en monnaie commune.
  • J'organiserai cette après-midi, à la maison de l’Amérique latine, une réunion d'économistes pour réfléchir à ce que pourrait être une monnaie commune.
  • Les agences de notation ont beaucoup de pouvoir, mais en même temps je ne veux pas casser le thermomètre. Elles ne disent pas que des bêtises. Par exemple, Standard & Poor's explique que ce n'est pas simplement la prodigalité budgétaire qui est en cause mais également les écarts de compétitivité, les déficits extérieurs.

  • Il faut de l’ambition pour organiser les moyens de la croissance en Europe. Il y a un moyen qui me vient à l'esprit: une moindre surévaluation de l'euro. L'euro étouffe la croissance et favorise les délocalisations industrielles.
  • Il y a un autre élément : il faut convaincre nos cousins germains de faire preuve de moins de psychorigidité. Il faut qu'il y ait un emprunt européen pour financer un plan d'investissement, que les Allemands procèdent à une relance salariale et que la BCE joue le rôle qui devrait être le sien.
  • Nous avons abandonné notre souveraineté monétaire. La BCE prête aux banques à 1% des quantités astronomiques mais refuse de prêter aux États qui, eux, doivent s'endetter à 7% comme l'Italie.
  • Il m'a semblé que, pour avoir été un des rares hommes politiques à contester le choix de la monnaie unique en 1992, ma candidature avait au moins autant de légitimité que celle de Mme Eva Joly ou d'autres.


Rédigé par Jean Pierre Chevenement le Lundi 16 Janvier 2012 à 12:32 | Lu 3698 fois



1.Posté par O POINT DE VUE le 23/01/2012 00:12
Bonjour, j'apprécie votre positionnement mais me demande si en l'occurrence la dynamique contre l'Europe néolibérale, qui m'apparaît comme un de vos axes majeurs, ne se situe pas plutôt du côté du Front de gauche, soutenu pour l'heure par 7 partis. Certes, il y a le mot gauche dans ce rassemblement mais ce rassemblement vise aussi, contrairement à ce que vous affirmez, à fédérer et relancer le pays dans une perspective authentiquement sociale et républicaine en vue de construire une Europe nouvelle, celle des peuples, et non pas de la technocratie au service de "l'establishment capitaliste". D'autre part, sa stratégie économique est claire et ouverte: rester dans l'Union et l'euro tout en recourant à des moyens cohérents qui existent pour partie déjà: ainsi, la question du coût de la dette dont on parle tellement peut être à court et moyen terme réglé par le recours à l'emprunt forcé aux banques françaises aux taux émis par la banque centrale (loi déjà présente) et une fiscalisation nouvelle plus juste socialement (ce qui est d'ailleurs aussi efficace économiquement, il suffit de se rendre compte du rôle de l'explosion des hauts patrimoines et hauts revenus qui sont à l'origine de la crise financière folle). Quant aux problèmes de compétitivité, il est bon de rappeler que le coût manufacturier d'un ouvrier français est aujourd'hui encore identique à celui d'un ouvrier allemand (même légèrement inférieur), ce qui indique que la compétitivité à chercher ne se situe pas au niveau des salaires comme vous semblez le sous-entendre et comme la droite le répète inlassablement, mais au niveau de la "compétitivité hors-prix", soit la qualité, l'image des produits, la formation, l’innovation... D’autre part, les grands groupes français à l’étranger participent il est vrai d’une certaine puissance de la France (quoique indirecte et souvent « opaque », cf Francafrique…), mais c’est aussi un angle mort de votre analyse puisque ce sont essentiellement eux qui actuellement participent d’une mondialisation néolibérale que vous dénoncez. Mais il est peut-être dommage de devoir par ces analyses en revenir à un affrontement droite/gauche et à des positions qu’il faut bien appeler marxistes ….

2.Posté par O POINT DE VUE le 23/01/2012 00:38
J'apporte une correction: les très hauts revenus ne sont évidemment pas la seule cause de la crise économique, mais il est clair qu'ils y ont participé, par les inégalités croissantes de revenus (aux USA, ce sont des "trop pauvres" qui n'ont pu payer leurs emprunts immobiliers, et actuellement des hausses de salaires permettraient de relancer consommation et croissance économique) et par les effets néfastes liés que sont les paradis fiscaux et la fraude fiscale (2 éléments qui ont indéniablement aggravé les choses jusqu'à aujourd'hui)

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