Verbatim express :
Trois questions où l'interviewé doit répondre par « oui » ou « non »
Trois questions où l'interviewé doit répondre par « oui » ou « non »
- Manuel Valls a t-il raison de vouloir interdire les spectacles de Dieudonné ? Non
- François Hollande a t-il raison de vouloir procéder par ordonnances ? Cela dépend des sujets.
- Les vœux aux Français de François Hollande marquent-ils un tournant de sa politique économique ? Non
- Il faut attendre de voir comment les orientations déjà affirmées mais très générales des vœux de François Hollande vont être concrétisées.
- François Hollande a déjà donné des orientations : le Traité budgétaire européen inscrit les finances publiques sur une certaine trajectoire de réduction des déficits.
- On a parlé de baisse des impôts à terme : ça c'est nouveau. Je demande à voir où et comment ça va se traduire, et comment cela sera compensé.
- Je pense qu'il y a deux politiques qu'il faut sanctuariser : la défense et la politique familiale. La politique familiale est l'un des succès de la politique française depuis 1945.
- En 1983, le choix est fait d'accrocher le franc à un mark surévalué. Conséquence : désindustrialisation continue du pays depuis trente ans. Je l'avais prévu, j'en ai tiré les conséquences, j'ai quitté le gouvernement.
- Évidemment l'euro est un handicap pour l'économie française aujourd'hui. C'est une monnaie surévaluée pour l'économie française. Elle ne l'est pas pour l'économie allemande qui a des créneaux de spécialisation haut de gamme, mais pour l'économie française, qui est très sensible à ce qu'on appelle l'élasticité prix, c'est à dire au niveau des prix, c'est une monnaie qui est trop chère.
- J'estime que, à travers une mutation de l'euro, on devrait arriver à une dévaluation moyenne de l'euro de 20% pour que l'Europe soit plus compétitive, et notamment les pays de l'Europe du sud, sans s'infliger des exercices de déflation interne extrêmement douloureux. Prenez l'Espagne : 27% de chômage, c'est intolérable ! Et 12,5% pour toute l'Europe !
- Le problème n'est pas de sortir de l'euro, c'est de se mettre d'accord avec l'Allemagne, qui elle-même ne veut pas de transferts. Elle l'a montré avec l'union bancaire, qui est un accord en trompe l’œil, un simulacre, un très petit accord. Vous appelez cela l'intégration solidaire ? Non, c'est une mystification.
- On ne doit pas renoncer au cap de l'unité européenne. Je pense que les peuples y sont attachés, resserrer toujours plus leur union, c'est bien. La discussion porte sur les modalités. Est-ce qu'avec la monnaie unique, on n'a pas commis un énorme contresens, en juxtaposant des économies très hétérogènes ? La richesse se concentre en un pôle et la pauvreté en un autre.
- Il faut faire avec l'Allemagne un effort de réflexion, car les Allemands ne veulent pas compromettre leur compétitivité en procédant à des transferts qui seraient massifs, si on voulait aller vers l'union fédérale dont certains parlent avec légèreté.
- L'Europe disciplinaire n'est pas tenable. Par conséquent il vaut mieux discuter à tête reposée avec nos amis allemands pour essayer de voir comment on peut corriger les erreurs qui ont été commises.
- Je vais rencontrer François Hollande prochainement. Je ne manquerai pas de lui montrer de nouveau les impasses dans lesquelles nous sommes engagés, et dont il faut bien sortir.
- Il y a un certain mérite à dire que l'on s'est trompé à un certain moment, que l'on doit revenir en arrière, pour prendre la bonne bifurcation, et on fait quelque chose qui sauvegarde le dessein européen, mais en s'appuyant sur des concepts solides, les nations, la démocratie, l'Europe européenne.
- Si nous nous laissons aller pieds et poings liés à ce qui est en cours, je ne saurais qu'être pessimiste. Mais comme je pense que la France est une nation politique, et qu'elle le montrera, je pense aussi qu'elle a des capacités de sursaut.
- Il n'y a pas aujourd'hui de contestation argumentée de la part de la France, bien entendue, de la voie qui a été choisie à l'initiative de madame Merkel. L'évocation de la croissance est sympathique, mais cela ne s'est pas traduit dans la réalité.
- François Hollande doit aller au fond des choses, avoir une vraie discussion sur l'avenir à moyen et long terme de la construction européenne. Il faut remettre les choses au clair, jouer carte sur table. Sinon c'est le laminage industriel, social, politique de la France.
- Nous ne pouvons pas l'accepter. Donc il faut parler franchement aux Allemands. Les Allemands ont besoin de la France aussi.