Verbatim express
- Le Président de la République doit intervenir dans la gestion de la crise agricole parce qu'il faut s'acheminer vers une solution. La solution, elle est dans nos rapports avec la Russie – il faut arriver à lever l'embargo et les sanctions. Et la solution, elle est avec l'Allemagne, car les conditions de concurrence sont trop inégales, du fait de l'utilisation par les exploitations allemandes d'une main d’œuvre à très bas coût venant d'Europe centrale et orientale, créant une distorsion de concurrence.
- Il ne faut pas partir de l'idée que la France a perdu de son influence. C'est à la France de faire preuve de volonté, d'intelligence, de peser. La définition de l'Europe nous appartient autant qu'aux Allemands.
- Le déficit commercial avec l'Allemagne oscille entre 20 et 30 milliards d'euros. C'est préoccupant. Cela veut dire que nous avons laissé se dégrader notre appareil productif. C'est ça le problème de fond que le gouvernement aborde, puisqu'il a mis la compétitivité de l'économie française au premier rang de ses préoccupations. Utilise t-il les bonnes méthodes ? Personnellement, j'en doute.
- Le système de la monnaie unique enrichit les riches et appauvrit les pauvres, creuse les écarts, accroît les divergences, ne favorise pas les convergences. C'est ma thèse depuis des années, et elle se vérifie. Tout ce qui se passe aujourd'hui correspond à mes prévisions, corroborée par tous les grands économistes aujourd'hui.
- L'Europe décline dans les échanges internationaux. Nous mêmes, nous déclinons au sein de l'Europe.
- Je pense qu'avec les sanctions contre la Russie, nous nous sommes tirés une balle dans le pied, pas seulement la France mais aussi les Européens, et nous l'avons fait pour le compte des Américains.
- J'ai eu l'occasion de voir M. Poutine trois heures d'affilées en tête à tête, en mai 2014, et je dois dire que les engagements qu'il a pris devant moi, il les a tenu.
- Les problèmes de l'est de l'Ukraine, dont on ne parle jamais assez, qui est peuplé de russophones orthodoxes, c'est que ces régions ne ressemblent pas du tout aux régions occidentales de l'Ukraine, composées de catholiques uniates, des régions autrefois polonaises. Par conséquent, c'est cette hétérogénéité qu'il faut traiter. Le gouvernement ukrainien s'y est engagé, mais il traîne les pieds pour appliquer les accords de Minsk. Cela, personne ne le dit.
- On devrait rétablir le dialogue avec Vladimir Poutine. C'est l'évidence. Regardez le rôle qu'a joué la Russie dans la résolution des problèmes avec l'Iran, qu'elle pourrait jouer demain pour la résolution des problèmes en Syrie. Nous avons besoin de la Russie. Nous avons un ennemi commun, qui est l'islamisme djihadiste, et nous continuons comme si la menace venait de l'est. On veut recréer une Guerre froide, ce n'est pas notre intérêt.
- La Chine a un système plus compliqué qu'on ne le croyait. C'est un système à la fois capitaliste et communiste. On voit qu'à un moment, les Chinois n'arrivent plus à maintenir leur taux de croissance. Ce n'est pas notre intérêt, d'une certaine manière. En même temps, ce qui se passe en Chine, une succession de dévaluation qui peuvent en faire une grande, va peser sur la croissance mondiale, sur la croissance en Europe. Des pays comme l'Allemagne vont en souffrir, mais la France aussi.
- Le problème de la Grèce n'est pas traité. Tsipras est dans une situation très difficile, parce qu'on lui a donné le choix entre être précipité dans les ténèbres extérieures ou capituler. Il essaye de ne pas capituler, mais en même temps quand on voit les conditions imposées... 50 milliards de privatisation, une dette qui atteint maintenant 200% du PIB, qui ne sera pas remboursée... où va t-on ?
- Je suis toujours admiratif du combat de Tsipras : c'est un homme combatif, intelligent, mais il faut écouter ce qu'il dit. Le peuple grec s'est exprimé : il faut en tenir compte, et ne pas parler comme M. Juncker lorsqu'il disait que les traités priment sur la démocratie, ou alors il faut donner un congé définitif à la démocratie en Europe !
- Je ne ressens pas la nécessité d'une entrée des Verts au gouvernement. Je pense qu'ils polluent un discours qui devrait être rationnel, appelant à l'effort. Trop souvent les Verts tirent du mauvais côté : sur les questions énergétiques, le nucléaire, etc. Je pense qu'il faut un peu de rationalité dans un gouvernement. Je ne suis pas partisan de sacrifier la cohérence gouvernementale à la participation de quelques ministres Verts inconnus.
- Marine le Pen a raison de vouloir exclure Jean-Marie le Pen du Front National. C'est un facteur de pollution de la vie politique française.