Vous êtes originaire de Belfort. Pensez-vous que la fusion entre la Bourgogne et la Franche-Comté était naturelle ?
Jean-Pierre Chevènement: Cette fusion était l’une des hypothèses envisageables. Mais elle n’était pas la seule. Nous aurions pu envisager une alliance de l’Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Cela aurait mis Belfort dans une position plus centrale. Mais le gouvernement a décidé de fusionner la Bourgogne et la Franche-Comté. La crainte que j’exprime, c’est que la région dont j’ai été l’élu pendant plus de quarante ans se trouve quelque peu marginalisée. Donc j’attire l’attention des nouveaux responsables sur le fait qu’il y a dans le nord-est de la Franche-Comté un pôle démographique important, un pôle industriel et universitaire, avec plus de 7 000 étudiants. Et naturellement, l’équilibre de la région veut qu’on en tienne compte.
Vous pensez donc que l’axe Belfort-Montbéliard est aujourd’hui en marge de cette nouvelle région ?
Il se trouve qu’on parle beaucoup de la rivalité entre Dijon et Besançon, mais qu’on ne parle pas du tout de la partie la plus industrielle de la grande région. Même si je n’oublie pas Chalon, Le Creusot et Montceau-les-Mines. Mais je pense surtout que l’inconvénient de ces fusions, c’est d’avoir dispersés les administrations de l’Etat. Notamment les directions régionales qui sont aujourd’hui éclatées sur plusieurs sites. Je pense que le modèle français a une certaine cohérence et je regrette l’effet de la fusion sur cette structure de l’Etat. Après, l’équilibre doit être respecté entre toutes les parties de la nouvelle région. Pas uniquement entre Dijon et Besançon. Il y a une logique qui consiste à tenir compte du fait qu’il y a une capitale. Après, on peut quand même maintenir le rectorat à Besançon et la préfecture de région à Dijon. Mais il ne faut pas que l’Etat soit démantelé.
Jean-Pierre Chevènement: Cette fusion était l’une des hypothèses envisageables. Mais elle n’était pas la seule. Nous aurions pu envisager une alliance de l’Alsace, de la Lorraine et de la Franche-Comté. Cela aurait mis Belfort dans une position plus centrale. Mais le gouvernement a décidé de fusionner la Bourgogne et la Franche-Comté. La crainte que j’exprime, c’est que la région dont j’ai été l’élu pendant plus de quarante ans se trouve quelque peu marginalisée. Donc j’attire l’attention des nouveaux responsables sur le fait qu’il y a dans le nord-est de la Franche-Comté un pôle démographique important, un pôle industriel et universitaire, avec plus de 7 000 étudiants. Et naturellement, l’équilibre de la région veut qu’on en tienne compte.
Vous pensez donc que l’axe Belfort-Montbéliard est aujourd’hui en marge de cette nouvelle région ?
Il se trouve qu’on parle beaucoup de la rivalité entre Dijon et Besançon, mais qu’on ne parle pas du tout de la partie la plus industrielle de la grande région. Même si je n’oublie pas Chalon, Le Creusot et Montceau-les-Mines. Mais je pense surtout que l’inconvénient de ces fusions, c’est d’avoir dispersés les administrations de l’Etat. Notamment les directions régionales qui sont aujourd’hui éclatées sur plusieurs sites. Je pense que le modèle français a une certaine cohérence et je regrette l’effet de la fusion sur cette structure de l’Etat. Après, l’équilibre doit être respecté entre toutes les parties de la nouvelle région. Pas uniquement entre Dijon et Besançon. Il y a une logique qui consiste à tenir compte du fait qu’il y a une capitale. Après, on peut quand même maintenir le rectorat à Besançon et la préfecture de région à Dijon. Mais il ne faut pas que l’Etat soit démantelé.
Que pensez-vous de la nouvelle présidente du conseil régional, Marie-Guite Dufay (PS) ?
Je la connais bien. C’est une femme de cœur et je lui souhaite bon courage.
Et François Hollande, quel bilan tirez-vous de son quinquennat jusqu’à présent ?
Je suis légitimiste et je pense que le président est élu pour cinq ans et doit aller au bout de son mandat. Maintenant, il devra dire lui-même, à la fin de l’année, sur ce qu’il entend faire. C’est sa liberté, c’est son choix. Il a d’ailleurs envisagé l’hypothèse selon laquelle il ne se représenterait pas. Alors on va attendre. Pour ce qui est de son quinquennat, je dirai que la situation était difficile en 2012. Plus, sans doute, que François Hollande ne l’estimait. Il s’était engagé à réorienter la construction européenne en renégociant le traité budgétaire européen. Mais il a considéré, à tort ou à raison, qu’il n’avait pas le rapport de force. Mais je pense que cela a pesé lourd sur la suite du quinquennat. Par exemple, la loi El Khomri, qui aujourd’hui est si vivement contestée, elle nous est évidemment imposée par la commission européenne. On nous vante aussi beaucoup le modèle allemand. Mais ce n’est pas seulement la flexibilité, c’est aussi une certaine cogestion, en associant les salariés à la gestion des entreprises. Et cela, il aurait fallu y penser, mais ce n’est pas dans la loi El Khomri. J’ajoute que ceux qui critiquent ce texte, sans critiquer le système de la monnaie unique qui nous a fait perdre quinze points de compétitivité depuis le début des années 2000, ne sont pas logiques avec eux-mêmes. Ou bien il faut donner de la flexibilité au système monétaire européen. C’est ce que propose. Ou bien, on peut difficilement s’exempter d’une flexibilité que, par ailleurs, la commission européenne a imposé à l’Espagne et à l’Italie. Et que l’Allemagne a adopté dès le début des années 2000.
Toujours concernant l’Europe, que pensez-vous d’un éventuel « Brexit » ?
C’est une possibilité, parce que c’est serré et que M. Cameron a beaucoup d’adversaires. Mais quelle que soit l’issue, je pense que la Grande-Bretagne nous donne une leçon. Je pense qu’il faut savoir exiger une certaine réorientation. Et je pense que l’exigence d’un référendum, c’est la manifestation de ce qui nous reste de souveraineté. Mais nous n’y avons plus recourt, car nous voulons éviter de faire apparaître que la construction européenne s’est déroulée de manière complètement anti-démocratique depuis 2005. Et même avant. Nous relevons de décisions prises par des instances non élues, en toute opacité. Tout cela, le peuple s’en fatigue. Pour ma part, je souhaite non pas la sortie de l’Europe, mais la réorientation de l’Europe, pour que celle-ci réponde davantage aux aspirations populaires.
Quel rôle comptez-vous jouer durant les prochains mois ?
Je dirai ce qui me semble bon pour la France. Et je n’entends pas m’exprimer avant d’y voir plus clair sur la manière dont cette élection se présente.
source : le Bien public
Je la connais bien. C’est une femme de cœur et je lui souhaite bon courage.
Et François Hollande, quel bilan tirez-vous de son quinquennat jusqu’à présent ?
Je suis légitimiste et je pense que le président est élu pour cinq ans et doit aller au bout de son mandat. Maintenant, il devra dire lui-même, à la fin de l’année, sur ce qu’il entend faire. C’est sa liberté, c’est son choix. Il a d’ailleurs envisagé l’hypothèse selon laquelle il ne se représenterait pas. Alors on va attendre. Pour ce qui est de son quinquennat, je dirai que la situation était difficile en 2012. Plus, sans doute, que François Hollande ne l’estimait. Il s’était engagé à réorienter la construction européenne en renégociant le traité budgétaire européen. Mais il a considéré, à tort ou à raison, qu’il n’avait pas le rapport de force. Mais je pense que cela a pesé lourd sur la suite du quinquennat. Par exemple, la loi El Khomri, qui aujourd’hui est si vivement contestée, elle nous est évidemment imposée par la commission européenne. On nous vante aussi beaucoup le modèle allemand. Mais ce n’est pas seulement la flexibilité, c’est aussi une certaine cogestion, en associant les salariés à la gestion des entreprises. Et cela, il aurait fallu y penser, mais ce n’est pas dans la loi El Khomri. J’ajoute que ceux qui critiquent ce texte, sans critiquer le système de la monnaie unique qui nous a fait perdre quinze points de compétitivité depuis le début des années 2000, ne sont pas logiques avec eux-mêmes. Ou bien il faut donner de la flexibilité au système monétaire européen. C’est ce que propose. Ou bien, on peut difficilement s’exempter d’une flexibilité que, par ailleurs, la commission européenne a imposé à l’Espagne et à l’Italie. Et que l’Allemagne a adopté dès le début des années 2000.
Toujours concernant l’Europe, que pensez-vous d’un éventuel « Brexit » ?
C’est une possibilité, parce que c’est serré et que M. Cameron a beaucoup d’adversaires. Mais quelle que soit l’issue, je pense que la Grande-Bretagne nous donne une leçon. Je pense qu’il faut savoir exiger une certaine réorientation. Et je pense que l’exigence d’un référendum, c’est la manifestation de ce qui nous reste de souveraineté. Mais nous n’y avons plus recourt, car nous voulons éviter de faire apparaître que la construction européenne s’est déroulée de manière complètement anti-démocratique depuis 2005. Et même avant. Nous relevons de décisions prises par des instances non élues, en toute opacité. Tout cela, le peuple s’en fatigue. Pour ma part, je souhaite non pas la sortie de l’Europe, mais la réorientation de l’Europe, pour que celle-ci réponde davantage aux aspirations populaires.
Quel rôle comptez-vous jouer durant les prochains mois ?
Je dirai ce qui me semble bon pour la France. Et je n’entends pas m’exprimer avant d’y voir plus clair sur la manière dont cette élection se présente.
source : le Bien public