Le Figaro-vox : Vous avez demandé au Premier ministre d'empêcher un «transfert de propriété» entre Alstom et General Electric. Quelles seraient les conséquences d'un tel transfert ?
Jean-Pierre Chevènement : Avant tout, l'Etat ne peut accepter de se laisser spolier par la manœuvre éclaire et inconsciente de l'actuel PDG, Monsieur Kron qui lui doit tout. En 2004 Alstom ( qui avait le même PDG qu'aujourd'hui) avait été sauvé à grands frais du dépôt de bilan par un plan de refinancement mis en place avec l'aide l'Etat. Et, du nucléaire au TGV, Alstom est le fruit de plus d'un siècle de commandes publiques.
Il est évident aujourd'hui que la France ne peut abandonner le secteur de l'énergie de production. La reprise de la branche énergie d'Alstom porterait un coup fatal à l'indépendance de notre filière électronucléaire. Elle signifierait l'abandon par la France d'un des derniers pans de son industrie d'équipement: turbines à vapeur, alternateurs de moyenne et de grande puissance ... Ce serait un curieux signe à l'heure où le gouvernement parle de transition énergétique et de lutte contre la désindustrialisation.
General Electric a déjà repris en 1999 la branche «turbines à gaz» quand Alstom a choisi de reprendre les turbines à gaz fabriquées en Suisse. Ce fut une énorme erreur à laquelle Alstom a failli ne pas survivre. Avec le recul de quinze ans, nous constatons que cette opération autorisée par le Gouvernement de l'époque a abouti à deux résultats: Alstom a vu sa part du marché dans les turbines à gaz, qu'elle fabrique désormais en Suisse, se réduire considérablement. Et General Electric, s'il a dans un premier temps développé ses fabrications à Belfort, relocalise aujourd'hui une part de ses fabrications aux États-Unis, conformément à la volonté du Président Obama.
La fuite des centres de décision est dramatique et aura à terme des conséquences sur l'emploi et sur la capacité de la France à peser dans la bataille économique mondiale.
Jean-Pierre Chevènement : Avant tout, l'Etat ne peut accepter de se laisser spolier par la manœuvre éclaire et inconsciente de l'actuel PDG, Monsieur Kron qui lui doit tout. En 2004 Alstom ( qui avait le même PDG qu'aujourd'hui) avait été sauvé à grands frais du dépôt de bilan par un plan de refinancement mis en place avec l'aide l'Etat. Et, du nucléaire au TGV, Alstom est le fruit de plus d'un siècle de commandes publiques.
Il est évident aujourd'hui que la France ne peut abandonner le secteur de l'énergie de production. La reprise de la branche énergie d'Alstom porterait un coup fatal à l'indépendance de notre filière électronucléaire. Elle signifierait l'abandon par la France d'un des derniers pans de son industrie d'équipement: turbines à vapeur, alternateurs de moyenne et de grande puissance ... Ce serait un curieux signe à l'heure où le gouvernement parle de transition énergétique et de lutte contre la désindustrialisation.
General Electric a déjà repris en 1999 la branche «turbines à gaz» quand Alstom a choisi de reprendre les turbines à gaz fabriquées en Suisse. Ce fut une énorme erreur à laquelle Alstom a failli ne pas survivre. Avec le recul de quinze ans, nous constatons que cette opération autorisée par le Gouvernement de l'époque a abouti à deux résultats: Alstom a vu sa part du marché dans les turbines à gaz, qu'elle fabrique désormais en Suisse, se réduire considérablement. Et General Electric, s'il a dans un premier temps développé ses fabrications à Belfort, relocalise aujourd'hui une part de ses fabrications aux États-Unis, conformément à la volonté du Président Obama.
La fuite des centres de décision est dramatique et aura à terme des conséquences sur l'emploi et sur la capacité de la France à peser dans la bataille économique mondiale.
Comment l'Etat peut-il concrètement empêcher cette vente ?
L'Etat peut très bien considérer que la participation faible de la caisse de dépôts lui donne le droit de s'opposer à une telle session. Cette décision peut être ratifiée par un vote du parlement pour que la volonté nationale s'exprime. Monsieur Kron n‘ira pas à l'encontre de celle-ci.
Siemens a fait une contre-proposition. Cela vous paraît-il une meilleure alternative ?
La proposition de Siemens, c'est un peu «je te donne une alouette, tu me donnes un cheval». Sans mésestimer l'importance de la division ferroviaire allemande, l'activité énergie d'Alstom est une acquisition d'une valeur stratégique incomparable. Pour l'heure, la contre-proposition de Siemens ne me paraît donc pas à la hauteur.
Existe-t-il une solution française? L'Etat doit-il nationaliser Alstom ?
L'Etat peut céder une autre participation et monter au capital d'Alstom aux conditions fixées par le droit communautaire. Safran, qui coopère déjà avec General Electric, pourrait prendre une part de l'entreprise. Enfin, je ne suis pas opposé à ce qu'Alstom soit adossé à une entreprise étrangère à condition que celle-ci demeure minoritaire et que le centre de décision reste en France.
Le gouvernement, qui avait refusé l'option de la nationalisation dans le cas d'Arcelor, semble pour l'heure essentiellement obsédé par la recherche de 50 milliards d'euros d'économies. A-t-il, selon vous, vraiment pris conscience de l'enjeu stratégique que représente l'industrie ?
L'argent public sera mieux utilisé de la sorte que par la distribution indiscriminée de 50 milliards d'euros à toutes les entreprises y compris les grandes banques ou les sociétés de grandes distributions qui ne rentrent pas dans la compétition industrielle mondiale.
Source : Le Figaro-vox
L'Etat peut très bien considérer que la participation faible de la caisse de dépôts lui donne le droit de s'opposer à une telle session. Cette décision peut être ratifiée par un vote du parlement pour que la volonté nationale s'exprime. Monsieur Kron n‘ira pas à l'encontre de celle-ci.
Siemens a fait une contre-proposition. Cela vous paraît-il une meilleure alternative ?
La proposition de Siemens, c'est un peu «je te donne une alouette, tu me donnes un cheval». Sans mésestimer l'importance de la division ferroviaire allemande, l'activité énergie d'Alstom est une acquisition d'une valeur stratégique incomparable. Pour l'heure, la contre-proposition de Siemens ne me paraît donc pas à la hauteur.
Existe-t-il une solution française? L'Etat doit-il nationaliser Alstom ?
L'Etat peut céder une autre participation et monter au capital d'Alstom aux conditions fixées par le droit communautaire. Safran, qui coopère déjà avec General Electric, pourrait prendre une part de l'entreprise. Enfin, je ne suis pas opposé à ce qu'Alstom soit adossé à une entreprise étrangère à condition que celle-ci demeure minoritaire et que le centre de décision reste en France.
Le gouvernement, qui avait refusé l'option de la nationalisation dans le cas d'Arcelor, semble pour l'heure essentiellement obsédé par la recherche de 50 milliards d'euros d'économies. A-t-il, selon vous, vraiment pris conscience de l'enjeu stratégique que représente l'industrie ?
L'argent public sera mieux utilisé de la sorte que par la distribution indiscriminée de 50 milliards d'euros à toutes les entreprises y compris les grandes banques ou les sociétés de grandes distributions qui ne rentrent pas dans la compétition industrielle mondiale.
Source : Le Figaro-vox