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L’Ecole ne joue plus depuis longtemps déjà son rôle de promotion sociale


Question crible de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur "Education et ascension sociale", séance du 30 mars 2010.


M. Jean-Pierre Chevènement : L’Ecole ne joue plus depuis longtemps déjà son rôle de promotion sociale. Pourtant, depuis les ZEP, les dispositifs correcteurs ont été multipliés soit au sein de l’Education Nationale soit dans le cadre de la politique de la ville. Certains de ces dispositifs se sont révélés heureux. D’autres sont redondants voire franchement discutables. Globalement, il n’ont pas enrayé le déclin de l’Ecole comme outil de promotion sociale.

En effet, ces dispositifs manquent l’essentiel : l’amélioration des apprentissages fondamentaux à l’Ecole primaire - lecture – écriture – calcul. Ceux-ci, depuis longtemps, ne sont plus assurés correctement. Et ces insuffisances qui frappent d’abord les enfants les moins favorisés, se répercutent ensuite en inégalités croissantes à tous les niveaux de l’enseignement.

Cette véritable destruction des fondements de l’Ecole républicaine vient de loin : elle procède du triomphe des pédagogies dites « nouvelles » depuis la fin des années soixante. Ces pédagogies nouvelles, dites encore « constructivistes » parce que l’élève est censé construire lui-même son savoir, tel un petit Champollion devant les tablettes hiéroglyphiques, ont fait la preuve de leur inefficacité : la méthode globale par exemple n’a jamais remplacé pour l’apprentissage de la lecture la méthode syllabique qui doit rester un élément essentiel de cet apprentissage.

La privilégiature peut se désintéresser de l’Ecole parce qu’elle trouve pour ses enfants des recours en dehors de celle-ci.

Toute l’expérience historique montre que les enfants des couches populaires ont d’abord besoin d’une école structurée et d’un bon enseignement des matières fondamentales.

Quelles directives fermes allez-vous donner en ce sens ? Un exemple : Votre prédécesseur avait laissé s’instaurer à l’Ecole élémentaire la semaine de quatre jours, pour ne pas dire la semaine des quatre jeudis. Or, votre circulaire de rentrée visant à « encourager le retour à la semaine de neuf demi-journées chaque fois qu’elle rencontre l’adhésion », s’énonce elle-même comme un renoncement.

On n’a jamais vu, Monsieur le Ministre, que les élèves puissent apprendre mieux en travaillant moins !


M. Luc Chatel, ministre : Je partage en grande partie vos propos. Le Gouvernement a réformé l'école primaire afin de la recentrer sur les fondamentaux : nouveaux programmes et aide personnalisée de deux heures pour les élèves qui rencontrent des difficultés.
Hier, j'ai annoncé un plan de prévention contre l'illettrisme où je replace la maternelle au coeur du dispositif avec le retour à certains fondamentaux comme le vocabulaire. A l'entrée du cours préparatoire, il y a aujourd'hui des différences majeures entres les élèves : certains, venant de milieux défavorisés, ne connaissent que 150 mots alors que d'autres en maîtrisent 700 ! Or, il est très difficile de combler cet écart par la suite. L'apprentissage du par coeur est aussi essentiel. J'ai également décidé que les élèves devraient travailler sur les grands textes de la littérature. Ainsi, l'école de la République redeviendra celle que nous avons connue. Avec les internats d'excellence, on en revient aussi aux fondamentaux en permettant aux élèves méritants d'accéder au meilleur et à l'ascension sociale grâce à leur travail.


M. Jean-Pierre Chevènement : Je n’ai pris qu’un exemple - le retour à la semaine de neuf demi-journées y compris le mercredi matin -, mais il en dit long !

L’avis des chronobiologistes, celui de l’Académie de Médecine, celui de la FCPE rejointe par d’autres fédérations de parents d’élèves, est formel. La semaine de neuf demi-journées respecte même les rythmes de l’enfant. Elle donne par définition plus de temps pour l’acquisition des apprentissages fondamentaux.

Votre circulaire, Monsieur le Ministre, ne veut rien dire.

Car ou bien il y a adhésion des Conseils d’Ecole à la semaine de neuf demi-journées et vos encouragements ne sont pas nécessaires.

Ou bien il n’y a pas d’adhésion des Conseils d’Ecole et vous prenez acte du fait accompli.

Commandez, Monsieur le Ministres, donnez des directives ! Faites revivre l’idée de Paul Langevin : « la promotion de tous et la sélection des meilleurs ». L’intérêt de l’enfant doit passer avant les corporatismes et toutes les modes du pédagogisme.

Encouragez, dans tous les Conseils d’Ecoles, y compris ceux qui ont choisi la semaine de quatre jours, ceux qui, avant tout soucieux des intérêts de l’enfant, ne demanderaient qu’à vous obéir, pour revenir à la semaine de neuf demi-journées !


Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le Mercredi 31 Mars 2010 à 11:15 | Lu 5879 fois



1.Posté par Garçon le 01/04/2010 17:06
Monsieur l'administrateur,

Je ne reçois qu'épisodiquement les interventions de M. Chevenement dans ma messagerie....

Vous est-il possible de me les envoyer systématiquement ?

Par avance merci.

2.Posté par PUJO jean-luc le 01/04/2010 18:02
Quel est ce sentiment diffus qui m'envahie ? Celui d'un immense gachis.
Gachis Chatel ... dépassé par la tâche, improvisant des réponse parfaites pour une situation de faux ministre parfait ...
Gachis Chevènement ... dans un rôle de petit souffleur - au texte juste - mais que personne plus n'écoute. De simple politesse en sourire.
Gachis Larcher... avec son couperet débile "Plus que 16 seconde cher collègue !"
Et on vous parle d'éducation, de l'avenir de la France ... ?
Mais qui s'amuse encore de cet insupportable cirque ? Allons Bon !

3.Posté par Gérard Couvert le 02/04/2010 09:21
Cet immense gâchis est le produit de la volonté d'une union de la gauche à tout crins !
Le prix à payer pour "battre la droite" c'est d'avoir renoncer au dogme, à la rigueur morale, et fait entrer tous les "ismes" destructeurs : le libéralisme, le jeunisme, le droit-de-l'homisme (!), le pédagogisme, l'anti-nationalisme, etc.
Strauss-Khan, Con-Bandit, Moscovici et tant d'autres ne sont pas socialistes voilà la vérité.
Le facteur et met l'en con sont-ils de gauche, voici une autre question ?

4.Posté par mercier le 02/04/2010 12:00
Ancien instituteur normalien,puis professeur scientifique enfin chef d'établissement je suis d'accord avec le début d'analyse de J.P.C. mais la situation est bien plus grave que cela; par exemple : il y a quarante ans j'utilisais en C.P. la méthode de lecture dite mixte apprise à l'Ecole Normale ;elle donnait entière satisfaction...pourquoi n'a-t-elle pas été conservée? Le problème de fond est le contrôle de ce qui se fait réellement avec les élèves en classe et pour quels résultats ;à ce jour on se contente de payer les moyens accordés en produisant des statistiques où la "moyenne" se trouve là ou réside le plus grand effectif !! C'est facile!! Seule l'inspection primaire peut faire ce travail qualitatif (qu'elle faisait avant je l'ai connu) mais là aussi on préfère se limiter à l'administratif pur ainsi on ne contrarie pas les personnels ni les syndicats corporatistes qui ignorent les élèves! Qui s'en soucie vraiment?? L 'esprit de service public et de promotion populaire, qui animait l'Education nationale n'existe plus ;enseigner, inspecter, n'est plus,pour le plus grand nombre, qu'un métier alimentaire comme un autre.

5.Posté par Gérard Couvert le 02/04/2010 12:14
17 % des étudiants en I.U.F.M. disent avoir la vocation.
Sont-ils responsables d'une société où le collectif est dévalué ?
Tirez les enseignements politiques, lointains, de vos ires, vous trouverez des origines aux problèmes que vous dénoncez : , libéralisme, esprit libertaire démocratisé, rejet de la culture classique (celle qui maintient vivant le lien avec le passé) ; et en cherchant vous trouverez des responsables : Europe, PS

6.Posté par Olivier Pascal le 02/04/2010 17:19
"Strauss-Khan, Con-Bandit, Moscovici et tant d'autres ne sont pas socialistes voilà la vérité. Le facteur et met l'en con sont-ils de gauche, voici une autre question ?" (Gérard Couvert)

Pour ce qui est de Mélenchon j'ai répondu dans un article de Riposte Laïque.
http://www.ripostelaique.com/Jean-Luc-Melenchon-a-deliberement.html

Nous sommes, hélas, au MRC, le dernier carré de la gauche. Nous avions et avons, si ce n'est pas trop tard, la responsabilité devant l'histoire de sauver la gauche, et à travers elle, la France.

Cette mission est compromise parce que le peuple sent bien que sur l'islam et l'immigration nous sommes à peine différents de la fausse gauche ; rien sur le rôle de l'immigration dans l'atomisation de la classe ouvrière, rien sur le droitier et gauchicide islam, formidable instrument de coercition. La critique ou le soutien à cet islam, loi et doctrine politique figée, érigée en dogme et sacralisée, à la spiritualité toute relative mais avec un liant fort qui cimente toute la oumma, devraient être parmi les marqueurs de la différence entre la gauche et la droite. A gauche les résistants à l'islam, à droite les suppôts de l'islam.

J'espère que lors de notre prochain congrès, en juin, nous entendrons une critique de gauche de l'islam. Voilà qui nous changerait du très courageux et moderne discours entendu lors du congrès de la Bidassoa en 2004, peu après la loi de mars 2004 sur la laïcité qui mettait fin à 15 ans d'errements post jospinien sur le voile à l'école, congrès où pendant 20 minutes à la tribune nous entendîmes un discours fustigeant les encycliques papales des 16e et 17e siècles !

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