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L'Allemagne, sa politique budgétaire et l'Europe


Question écrite de Jean-Pierre Chevènement sur les conséquences de l'introduction, en juin 2009, dans la loi fondamentale allemande d'une disposition limitant le déficit budgétaire à 0,35 % du PIB de la République fédérale.


L'Allemagne, sa politique budgétaire et l'Europe
M. Jean-Pierre Chevènement attire l’attention de Mme la ministre de l’économie, de l’industrie et de l’emploi sur les conséquences de l'introduction, en juin 2009, dans la loi fondamentale allemande d'une disposition limitant le déficit budgétaire à 0,35 % du PIB de la République fédérale à partir de 2016 et imposant sa suppression à partir de 2020.

Cette nouvelle disposition reviendra à interdire toute coordination des politiques budgétaires des Etats de l’Union européenne, sauf alignement sur la politique budgétaire allemande de celle des autres Etats membres.

Après la politique monétaire qui échappe entièrement aux gouvernements, c'est la politique budgétaire qui demeurera figée, contraignant l'Allemagne à un effort de rigueur démesuré qui risque de plonger le continent tout entier dans l’instabilité économique et d’entraîner une profonde régression sociale et politique. Si les autres pays et notamment la France qui, pour des raisons démographiques, a des besoins de croissance plus importants, ne s’alignent pas sur la politique budgétaire allemande, le différentiel de compétitivité et les déséquilibres commerciaux déjà très importants (le déficit français sur l’Allemagne dépasse 25 milliards d’euros par an) s’accroitront. A terme, c’est le moteur même de la construction européenne qui pourrait se trouver grippé. L’unilatéralisme de la politique allemande de surcompétitivité ne peut conduire logiquement qu’à la dislocation de la zone euro.

Il lui demande si des contacts ont été établis, préalablement à l’adoption de cet amendement constitutionnel, avec son homologue allemand : Karl-Theodor von und zu Guttemberg et si le gouvernement français compte aborder cette question, non seulement lors du prochain Conseil des ministres européens de l'économie et des finances, mais dans une enceinte bilatérale : prochain sommet franco-allemand, voire un tête à tête entre la Chancelière et le Président de la République.


Rédigé par Chevenement.fr le Mardi 8 Septembre 2009 à 15:42 | Lu 6964 fois



1.Posté par BA le 08/09/2009 21:41
JPC écrit : " A terme, c’est le moteur même de la construction européenne qui pourrait se trouver grippé. L’unilatéralisme de la politique allemande de surcompétitivité ne peut conduire logiquement qu’à la dislocation de la zone euro. "

Oui, tant mieux.

Plus vite l'euro explosera, mieux ce sera.

Le pouvoir politique de la France doit reprendre le contrôle de la monnaie de la France.

Le plus tôt sera le mieux.

2.Posté par Claire Strime le 10/09/2009 10:57
C'est 1 excellente question et je remercie M.le ministre, sénateur du Territoire de Belfort, de l'avoir posée.
Ces histoires de déficit budgétaire ne peuvent être traitées à la légère et il semble que, notamment sur la taxe carbone MM Fillon et Woerth aient marqué des points sur M.Guaino.
La décision allemande, unilatérale, pose 1 problème, de respect des traités ("Pacta sunt servanda" or ceux-ci, approuvés par référendum par certains peuples, disent -3% et non -0,45%, et dans les faits c'est bien plus ex -7% en France cette année) et de fondement démocratique de l'UE à 27.
Le Parlement allemand a-t-il le droit d'imposer 1 euromark fort (hier 1 euro= 1,45 $) à 26 autres pays?

3.Posté par François le 23/09/2009 18:37
Bonjour M. Chevenement

Heureux de vous retrouver par hasard sur ce blog.
Ceci nous renvoie à notre dicussion de.. 1996. Je vous avais exposé que:
- par sa position géoraphique et son imbrication industrielle avec les PECO, l'économie et surtout l'industrie allemandes allait surclasser ses compétiteurs européens directs
- la monnaie unique allait cristalliser des systèmes socio-économiques aux performances différentes selon les membres de l'UE
- à moins de réformes importantes de notre système socio-économique et de sacrifices tout aussi importants de la part de notre population l'industrie française allait être, à la longue, contrainte de délocaliser ou de baisser par tous les moyens ses coûts de production et surtout les salaires.

Nous y voilà depuis un bon moment, et la crise constitue aussi une occasion et un bon prétexte pour dégraisser. Pour autant nos handicaps structurels demeureront.
Je considère que la monnaie unique obtenue en échange de la réunification de l'Allemagne a été un piège pour ceux qui ont cru en tirer profit. Cela n'a amené que paresse et laxisme de la part de nos "hommes d'Etat". L'euro n'a fait que faciliter l'endettement à un coût modique pour l'Etat et fait perdre de vue à ce dernier l'urgence à réformer notre système.
Vous avez raison de vous interroger sur les conséquences de cette réforme de la loi fondamentale allemande. J'y vois les prémices de l'éclatement de l'euro suivi de la formation de deux zones monétaires, l'une germanique et l'autre latine, comme un moindre mal. Dans l'intervalle on peut imaginer le chaos monétaire et financier. Mais ce sera l'occasion de purger la dette publique des Etats latins. Malheur aux porteurs d'obligations à taux fixe.

Bien cordialement

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