L'émission peut être écoutée sur le site internet de RTL (104.3 FM à Paris) et est podcastée ci-dessus en vidéo et ci-dessous en version audio.
L'ancien ministre de l'Intérieur répondait lundi matin aux questions d'Alba Ventura. Après un témoignage-surprise laissant penser à l'existence d'autres suspects de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Jean-Pierre Chevènement a émis de sérieux doutes sur ces révélations. Il s'est demandé pourquoi ces informations ne s'étaient fait jour lors du premier procès du nationaliste. Il a aussi demandé un vote du Parlement sur le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.
Le verbatim de l'entretien :
Alba Ventura : Bonjour, Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement : Bonjour.
Vous étiez donc ministre de l'Intérieur lorsque le préfet Claude Erignac a été assassiné, en février 1998. Vendredi soir, un rebondissement est survenu au procès en appel d'Yvan Colonna avec le témoignage d'un ancien collaborateur du préfet, Didier Vinolas. Ce dernier a affirmé qu'il y avait, peut-être, deux hommes dans la nature qui ont participé à l'assassinat de Claude Erignac. Une information qui, dit-il, a transmis à plusieurs personnalités de hauts magistrats. Didier Vinolas a dit, vendredi soir, ne pas supporter de vivre avec ça sur la conscience et redoute qu'un Innocent soit condamné. Vous avez été surpris par ce témoignage ?
J'ai été surpris non pas parce que monsieur Vinolas a été un des anciens collaborateurs de Claude Erignac. Il n'intervenait pas dans les questions de sécurité ; et à mon avis, ce fait ne pèse pas davantage que le fait qu'il était un compagnon de bureau du père d'Yvan Colonna au ministère de l'Intérieur. Tout ça c'est des circonstances secondaires. Allons, au fait. Monsieur Vinolas fait état de rumeurs dont il se serait ouvert à un magistrat en 2001 et à un policier en 2004. On peut déjà s'étonner que lors du procès en première instance, il n'a rien dit après avoir juré de dire "toute la vérité, rien que la vérité".
L'ancien ministre de l'Intérieur répondait lundi matin aux questions d'Alba Ventura. Après un témoignage-surprise laissant penser à l'existence d'autres suspects de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en 1998, Jean-Pierre Chevènement a émis de sérieux doutes sur ces révélations. Il s'est demandé pourquoi ces informations ne s'étaient fait jour lors du premier procès du nationaliste. Il a aussi demandé un vote du Parlement sur le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN.
Le verbatim de l'entretien :
Alba Ventura : Bonjour, Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement : Bonjour.
Vous étiez donc ministre de l'Intérieur lorsque le préfet Claude Erignac a été assassiné, en février 1998. Vendredi soir, un rebondissement est survenu au procès en appel d'Yvan Colonna avec le témoignage d'un ancien collaborateur du préfet, Didier Vinolas. Ce dernier a affirmé qu'il y avait, peut-être, deux hommes dans la nature qui ont participé à l'assassinat de Claude Erignac. Une information qui, dit-il, a transmis à plusieurs personnalités de hauts magistrats. Didier Vinolas a dit, vendredi soir, ne pas supporter de vivre avec ça sur la conscience et redoute qu'un Innocent soit condamné. Vous avez été surpris par ce témoignage ?
J'ai été surpris non pas parce que monsieur Vinolas a été un des anciens collaborateurs de Claude Erignac. Il n'intervenait pas dans les questions de sécurité ; et à mon avis, ce fait ne pèse pas davantage que le fait qu'il était un compagnon de bureau du père d'Yvan Colonna au ministère de l'Intérieur. Tout ça c'est des circonstances secondaires. Allons, au fait. Monsieur Vinolas fait état de rumeurs dont il se serait ouvert à un magistrat en 2001 et à un policier en 2004. On peut déjà s'étonner que lors du procès en première instance, il n'a rien dit après avoir juré de dire "toute la vérité, rien que la vérité".
C'est-à-dire que vous mettez en doute les paroles de ce monsieur, de monsieur Vinolas ?
Forcément, forcément parce qu'il y a un moment où il n'a pas dit toute la vérité.
Mais il dit qu'il a transmis ces informations, mais qu'elles n'ont pas été transmises au parties ?
Il les a transmises à un magistrat qui n'était pas à ma connaissance un magistrat anti-terroriste en 2001 ; et celui-ci déclare que ces informations étaient de l'ordre du tuyau crevé puisque l'informateur demandait simplement à voir M. Sarkozy. Donc, donnons à chaque chose sa véritable place. N'oubliez pas qu'en première instance, Me Sollacaro, le défenseur d'Yvan Colonna, lui-même indépendantiste connu, a cherché à déstabiliser le procès en montrant que celui qui avait mené l'enquête, c'est-à-dire le commissaire Marion, avait exploré des pistes qui n'en étaient pas, qui ne conduisaient nulle part, la piste agricole, etc.
Mais cette piste-là de deux autres personnes dans la nature. Est-ce qu'il ne faut pas l'explorer ?
Mais bien entendu, on peut essayer de se faire une idée de ce qu'il y a derrière la déposition de monsieur Bot. Mais je vous fais remarquer qu'en 2001, date de la première confidence, les assassins du préfet Erignac, pour six d'entre eux, en tout cas sont déjà sous les verrous. Les faits apparaissent dans une clarté évidente. Et moi qui ai suivi de près cette enquête, je peux rappeler - mais cela est bien connu - que plusieurs des membres du commando...
Mais il n'y a pas de preuves !
Que plusieurs membres du commando ont désigné Yvan Colonna comme le tireur.
Et se sont rétractés.
Mais ils se sont rétractés longtemps après qu'ils ont été condamnés.
Oui, mais ils se sont rétractés !
Oui !
Est-ce que la présomption d'innocence a fonctionné dans cette affaire ?
Mais je crois qu'Yvan Colonna n'a été jugé qu'en première instance. Il bénéficie d'une procédure en appel. Mais qu'est-ce que ces rumeurs distillées en dernière minute, apportent ? A mon avis, rien du tout. Et il n'y a pas lieu de déstabiliser à nouveau l'enquête, sous prétexte qu'après 1999, quand elle a eu obtenu des résultats qui étaient absolument massifs, écrasants, elle n'aurait pas été poursuivie dans d'autres pistes qui n'apparaissaient pas crédibles. Un peu de bon sens !
C'est-à-dire qu'il n'est pas permis, Jean-Pierre Chevènement, de douter de la culpabilité d'Yvan Colonna ?
Si. Mais jusqu'au bout...
Mais à la lueur de ce que vous dites : non !
Mais je pense qu'il appartient à la cour de faire sereinement son travail. Elle peut entendre monsieur Yves Bot, le magistrat ; elle peut entendre le policier, monsieur Lambert. Son audition était d'ailleurs prévue mais il n'y a pas lieu de suspendre ce procès. Et je voudrais vous rappeler que la Corse a toujours souffert d'être un enjeu de politique intérieure, aussi bien pour la Droite que pour la Gauche, que nos concitoyens de Corse ont, je dirais, décidé clairement par la voie des urnes qu'il rejetait le statut particulier. Ils n'ont jamais donné qu'une petite minorité aux indépendantistes. Alors, je pense qu'il n'appartient à personne de refaire de la Corse un nouvel enjeu de politique intérieure sur lequel et la Droite et la Gauche...
Ce n'est pas une affaire politique, le procès Colonna ?
Eh bien... C'est une affaire politique, bien entendu. L'assassinat d'un préfet est une affaire politique ; mais il faut donner à...
Est-ce qu'on n'a pas eu besoin d'avoir un coupable à un moment donné ? Est-ce que ce n'est pas ça au fond ?
On recherche le coupable. C'est normal.
On recherche, mais est-ce que...
Beaucoup de choses ont désigné Yvan Colonna. Sa cavale de quatre ans est quand même quelque chose d'assez étonnant.
Vous, vous aviez dit en 2001 dans le Journal "Le Parisien" : "C'est un lâche" ; donc, vous l'aviez désigné comme le coupable ?
En 2001, j'avais dit cela. Je ne me souviens plus de ce que j'ai pu dire ; mais personnellement, je pense qu'il n'assume pas ses actes. Ses parents avaient écrit une lettre émouvante d'excuses à la femme du préfet Erignac. Sur tous les murs de Corse, les indépendantistes inscrivaient : "Gloire à toi, Yvan !" Cela pendant les quatre ans qui ont précédé son arrestation, 2004. Me Sollacaro est évidemment un as du barreau. Il utilise tous les moyens de la procédure pour déstabiliser ce procès ; mais la force de la République c'est qu'elle est capable de faire sereinement, enfin que la Justice républicaine doit être capable de faire sereinement son travail et de fermer les fausses portes.
Jean-Pierre Chevènement, on va passer à autre chose parce qu'il y a une question qui vous tient à cœur, je sais, c'est le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, décision voulue par Nicolas Sarkozy et qui doit être officialisée le 4 avril prochain. Vous êtes farouchement opposé. Pour vous, c'est une faute diplomatique de la part de Nicolas Sarkozy ?
Pour moi, c'est une inflexion majeure de la politique qui avait été décidée par le Général de Gaulle en 1966, je rappelle, pour éviter que la France ne soit entraînée dans des guerres qui ne soient pas les siennes. Alors, c'est ce qui est en train de se passer en Afghanistan. Et ce peut être le cas, demain, si nous reconnaissons la Géorgie, ou si nous admettons la Géorgie ou l'Ukraine au sein de l'OTAN. Je pense que rien n'est fini au Moyen-Orient. Le Président Obama hérite de lourds dossiers : Palestine, Irak, Iran, Afghnistan, Pakistan. Je pense que la réintégration de l'Organisation militaire intégrée a une forte valeur symbolique. Elle est dangereuse pour la sécurité de la France.
Mais ça veut dire quoi ? Qu'on est à la botte des Américains !
Je pense que... En tout cas, le Parlement doit se prononcer. Ca, c'est la moindre des choses.
Et un référendum ?
Alors, je ne vais pas jusqu'à exiger un référendum comme l'a fait monsieur Bayrou ; mais enfin, ça le mériterait peut-être. En tout cas, le vote du Parlement est incontournable. On le demande maintenant pour la moindre petite opération extérieure. Alors, un peu de logique. Je demande un peu de logique au Président de la République, c'est que sur cette affaire-là, le Parlement ait à se prononcer.
Merci beaucoup Jean-Pierre Chevènement.
Source : rtl.fr
Forcément, forcément parce qu'il y a un moment où il n'a pas dit toute la vérité.
Mais il dit qu'il a transmis ces informations, mais qu'elles n'ont pas été transmises au parties ?
Il les a transmises à un magistrat qui n'était pas à ma connaissance un magistrat anti-terroriste en 2001 ; et celui-ci déclare que ces informations étaient de l'ordre du tuyau crevé puisque l'informateur demandait simplement à voir M. Sarkozy. Donc, donnons à chaque chose sa véritable place. N'oubliez pas qu'en première instance, Me Sollacaro, le défenseur d'Yvan Colonna, lui-même indépendantiste connu, a cherché à déstabiliser le procès en montrant que celui qui avait mené l'enquête, c'est-à-dire le commissaire Marion, avait exploré des pistes qui n'en étaient pas, qui ne conduisaient nulle part, la piste agricole, etc.
Mais cette piste-là de deux autres personnes dans la nature. Est-ce qu'il ne faut pas l'explorer ?
Mais bien entendu, on peut essayer de se faire une idée de ce qu'il y a derrière la déposition de monsieur Bot. Mais je vous fais remarquer qu'en 2001, date de la première confidence, les assassins du préfet Erignac, pour six d'entre eux, en tout cas sont déjà sous les verrous. Les faits apparaissent dans une clarté évidente. Et moi qui ai suivi de près cette enquête, je peux rappeler - mais cela est bien connu - que plusieurs des membres du commando...
Mais il n'y a pas de preuves !
Que plusieurs membres du commando ont désigné Yvan Colonna comme le tireur.
Et se sont rétractés.
Mais ils se sont rétractés longtemps après qu'ils ont été condamnés.
Oui, mais ils se sont rétractés !
Oui !
Est-ce que la présomption d'innocence a fonctionné dans cette affaire ?
Mais je crois qu'Yvan Colonna n'a été jugé qu'en première instance. Il bénéficie d'une procédure en appel. Mais qu'est-ce que ces rumeurs distillées en dernière minute, apportent ? A mon avis, rien du tout. Et il n'y a pas lieu de déstabiliser à nouveau l'enquête, sous prétexte qu'après 1999, quand elle a eu obtenu des résultats qui étaient absolument massifs, écrasants, elle n'aurait pas été poursuivie dans d'autres pistes qui n'apparaissaient pas crédibles. Un peu de bon sens !
C'est-à-dire qu'il n'est pas permis, Jean-Pierre Chevènement, de douter de la culpabilité d'Yvan Colonna ?
Si. Mais jusqu'au bout...
Mais à la lueur de ce que vous dites : non !
Mais je pense qu'il appartient à la cour de faire sereinement son travail. Elle peut entendre monsieur Yves Bot, le magistrat ; elle peut entendre le policier, monsieur Lambert. Son audition était d'ailleurs prévue mais il n'y a pas lieu de suspendre ce procès. Et je voudrais vous rappeler que la Corse a toujours souffert d'être un enjeu de politique intérieure, aussi bien pour la Droite que pour la Gauche, que nos concitoyens de Corse ont, je dirais, décidé clairement par la voie des urnes qu'il rejetait le statut particulier. Ils n'ont jamais donné qu'une petite minorité aux indépendantistes. Alors, je pense qu'il n'appartient à personne de refaire de la Corse un nouvel enjeu de politique intérieure sur lequel et la Droite et la Gauche...
Ce n'est pas une affaire politique, le procès Colonna ?
Eh bien... C'est une affaire politique, bien entendu. L'assassinat d'un préfet est une affaire politique ; mais il faut donner à...
Est-ce qu'on n'a pas eu besoin d'avoir un coupable à un moment donné ? Est-ce que ce n'est pas ça au fond ?
On recherche le coupable. C'est normal.
On recherche, mais est-ce que...
Beaucoup de choses ont désigné Yvan Colonna. Sa cavale de quatre ans est quand même quelque chose d'assez étonnant.
Vous, vous aviez dit en 2001 dans le Journal "Le Parisien" : "C'est un lâche" ; donc, vous l'aviez désigné comme le coupable ?
En 2001, j'avais dit cela. Je ne me souviens plus de ce que j'ai pu dire ; mais personnellement, je pense qu'il n'assume pas ses actes. Ses parents avaient écrit une lettre émouvante d'excuses à la femme du préfet Erignac. Sur tous les murs de Corse, les indépendantistes inscrivaient : "Gloire à toi, Yvan !" Cela pendant les quatre ans qui ont précédé son arrestation, 2004. Me Sollacaro est évidemment un as du barreau. Il utilise tous les moyens de la procédure pour déstabiliser ce procès ; mais la force de la République c'est qu'elle est capable de faire sereinement, enfin que la Justice républicaine doit être capable de faire sereinement son travail et de fermer les fausses portes.
Jean-Pierre Chevènement, on va passer à autre chose parce qu'il y a une question qui vous tient à cœur, je sais, c'est le retour de la France dans le commandement intégré de l'OTAN, décision voulue par Nicolas Sarkozy et qui doit être officialisée le 4 avril prochain. Vous êtes farouchement opposé. Pour vous, c'est une faute diplomatique de la part de Nicolas Sarkozy ?
Pour moi, c'est une inflexion majeure de la politique qui avait été décidée par le Général de Gaulle en 1966, je rappelle, pour éviter que la France ne soit entraînée dans des guerres qui ne soient pas les siennes. Alors, c'est ce qui est en train de se passer en Afghanistan. Et ce peut être le cas, demain, si nous reconnaissons la Géorgie, ou si nous admettons la Géorgie ou l'Ukraine au sein de l'OTAN. Je pense que rien n'est fini au Moyen-Orient. Le Président Obama hérite de lourds dossiers : Palestine, Irak, Iran, Afghnistan, Pakistan. Je pense que la réintégration de l'Organisation militaire intégrée a une forte valeur symbolique. Elle est dangereuse pour la sécurité de la France.
Mais ça veut dire quoi ? Qu'on est à la botte des Américains !
Je pense que... En tout cas, le Parlement doit se prononcer. Ca, c'est la moindre des choses.
Et un référendum ?
Alors, je ne vais pas jusqu'à exiger un référendum comme l'a fait monsieur Bayrou ; mais enfin, ça le mériterait peut-être. En tout cas, le vote du Parlement est incontournable. On le demande maintenant pour la moindre petite opération extérieure. Alors, un peu de logique. Je demande un peu de logique au Président de la République, c'est que sur cette affaire-là, le Parlement ait à se prononcer.
Merci beaucoup Jean-Pierre Chevènement.
Source : rtl.fr