Verbatim express:
- (A propos de la règle des 4 jours et demi à l'école primaire) Je pense que c'est une bonne décision. Une décision de principes. Dans cette affaire compliquée, il faut toujours avoir en vue l'intérêt de l'enfant.
- (Mariage pour tous) Je ne voterai pas la loi mais je ne sais pas encore si je voterai contre ou si je m'abstiendrai simplement de prendre part au vote. Je pense qu'on ne touche pas impunément au droit de la filiation.
- (François Hollande doit-il changer de premier Ministre ?) Non, j'ai beaucoup de sympathie et d'estime pour Jean-Marc Ayrault. Sa tâche est difficile. Le choix de François Hollande qui est celui de la reconquête de la compétitivité de l'économie française est le bon. Maintenant se pose la question des moyens. Il y a une orientation courageuse qui a été donnée.
- (Chypre) La décision des Ministres des finances de la zone euro de taxer l'épargne des Chypriotes.
Cette décision devrait être prise par le parlement chypriote. J'attends qu'il se prononce.
- (Après les résultats de l'élection législative partielle de l'Oise) Le haut niveau du Front national est un phénomène ancien. Cela montre que le pays ne va pas dans la bonne direction par rapport à la monnaie unique dont il faudrait revoir les règles. Je le réclame depuis vingt ans.
- Il y a un accord général de la gauche et de la droite sur l'orientation politique que constitue la monnaie unique. Je ne peux pas répéter indéfiniment la même chose. Je pense que c'est une erreur d'avoir mises ensemble sous le même toit des monnaies qui sont celles de pays aux structures économiques extrêmement différentes.
- Nous avons une monnaie surévaluée, par conséquent une balance commerciale déséquilibrée, un chômage à 11%. Ce mécontentement se traduit par des votes de protestation qui ne débouchent sur rien. Car si vous regardez ce que propose la droite, elle ne propose rien. Il y a un trou d'air pour le gouvernement mais en même temps la droite n'en tire pas avantage.
- M. Hollande fait partie des dirigeants, qui, il y a vingt ans, ont approuvé le traité de Maastricht. Il doit être difficile de revenir en arrière. Mais nous sommes dans une situation différente aujourd'hui, et François Hollande peut oeuvrer, là où il est, pour modifier les règles du jeu au sein de la zone euro ou pour modifier l'euro lui-même. C'est une décision qu'il devra prendre car nous avons perdu 15 points de compétitivité sur l'Allemagne depuis 2000. Nous pouvons en regagner avec le plan Gallois à peu près 5 ou 6 mais cela ne suffira pas.
- Les moyens utilisés à Chypre sont envisageables puisqu'il y avait un hyper développement du secteur bancaire. Il y avait aussi beaucoup de capitaux étrangers, russes notamment. J'espère d'ailleurs que cette décision n'a pas été inspirée par des considérations tout à fait extérieures au problème de Chypre, à savoir une sorte de russophobie ordinaire.
- La solution prise est choquante, mais je rappelle tout de même que l'Allemagne, pour créer son Mark, a spolié les épargnants de 85% de leurs dépôts qui ont été confisqués en 1949, d'où le vrai trauma allemand par rapport à l'inflation qui n'est pas du tout 1923 comme on ne cesse de nous le répéter.
- L'Allemagne est en position dominante, elle impose les règles du jeu. La France devrait quand même poser les problèmes autrement. François Hollande avait pris des engagements qui étaient tout à fait contraires à ceux de Nicolas Sarkozy au moment du TSCG, que je n'ai d'ailleurs pas voté.
- Je donne du temps à François Hollande. J'ai déclaré que je le soutiendrai les yeux ouverts, ce qui ne veut pas dire la bouche cousue.
- (A propos de la fournitures d'armes aux rebelles syriens) Je ne sens pas du tout cette décision. Je ne comprends pas comment on peut combattre les islamistes au Mali et les favoriser ailleurs, alors qu'il y a un terreau pour le développement du djihadisme. Il faut le dire, en Syrie les groupes djihadistes sont les organisations les plus combattives sur le terrain. ll y a un risque de diffusion des armes qu'on avait déjà vu en Libye. Tout le sud de la Libye est aux mains de milices islamistes. Il faut tirer les leçons de ce qui s'est passé. Même le président Obama est très réservé vis-à-vis de l'armement des rebelles syriens.
- J'ai toujours été contre le droit d'ingérence. Je pense que la France doit défendre le droit international et l'ONU. Et elle aura besoin de l'ONU au Mali pour transformer la Misma (c'est-à-dire la mission d'aide de la CDAO) en opération de maintien de la paix de l'ONU.
- (l'intervention française au Mali) Chapeau aux soldats français qui font un travail formidable. Beaucoup d'admiration pour les gens que j'ai vus. Mon compliment va aussi à ceux qui doivent former un embryon d'armée malienne. Par ailleurs, je suis très vigilant sur la date des élections, il faut qu'elles aient lieu le plus vite possible. Le Mali doit avoir un gouvernement légitime et fort, et cela ne peut procéder que du suffrage universel. Deuxièmement, il y a une commission dite de dialogue et de réconciliation qui doit se mettre au travail. Quand il s'agit de réconcilier, il faut se réconcilier avec ceux avec qui on est brouillé, c'est-à-dire les Touaregs, pour arriver à définir un Mali démocratique, dont l'intégrité sera préservé, à l'abri de la charia, mais où il y ait une décentralisation qui permette aux gens de s'administrer eux-mêmes, car on ne pourra pas lutter contre le terrorisme si on n'a pas le soutien de toute la population, au Nord comme au Sud.