Presse Quotidienne Régionale : La réélection probable de Vladimir Poutine est-elle une bonne nouvelle pour la Russie ?
Jean-Pierre Chevènement : Je constate simplement que la popularité de Vladimir Poutine est grande. L’opinion publique russe est sensible au fait qu’après dix années d’anarchie, il a contribué à rétablir un Etat en Russie. J’observe que ces élections vont intervenir dans le cadre de la constitution de 1993, inspirée de la constitution française. Vingt-cinq ans après la révolution de 1789, la France avait déjà usé huit constitutions ! Et le pluralisme existe en Russie : c’est faute d’une opposition réellement convaincante que la réélection de Vladimir Poutine apparaît comme assurée.
Vous avez rencontré Vladimir Poutine. Comment le caractériser ?
Je ne décrirai pas Vladimir Poutine comme un enfant de chœur, mais assurément comme un homme d’Etat, capable de vues longues, soucieux de moderniser son pays, d’y restaurer l’Etat, capable aussi d’un grand pragmatisme. Je l’ai rencontré à Sotchi, au début de mai 2014 pour préparer la mise en place du « format de Normandie » : il a pris un certain nombre d’engagements, qu’il a tenus. Notamment l’engagement de ne pas revendiquer l’annexion du Donbass par la Russie, mais simplement souhaiter que ces gens puissent parler le russe et l’apprendre à leurs enfants. Il y a eu dans la crise ukrainienne une grande part de malentendus.
Jean-Pierre Chevènement : Je constate simplement que la popularité de Vladimir Poutine est grande. L’opinion publique russe est sensible au fait qu’après dix années d’anarchie, il a contribué à rétablir un Etat en Russie. J’observe que ces élections vont intervenir dans le cadre de la constitution de 1993, inspirée de la constitution française. Vingt-cinq ans après la révolution de 1789, la France avait déjà usé huit constitutions ! Et le pluralisme existe en Russie : c’est faute d’une opposition réellement convaincante que la réélection de Vladimir Poutine apparaît comme assurée.
Vous avez rencontré Vladimir Poutine. Comment le caractériser ?
Je ne décrirai pas Vladimir Poutine comme un enfant de chœur, mais assurément comme un homme d’Etat, capable de vues longues, soucieux de moderniser son pays, d’y restaurer l’Etat, capable aussi d’un grand pragmatisme. Je l’ai rencontré à Sotchi, au début de mai 2014 pour préparer la mise en place du « format de Normandie » : il a pris un certain nombre d’engagements, qu’il a tenus. Notamment l’engagement de ne pas revendiquer l’annexion du Donbass par la Russie, mais simplement souhaiter que ces gens puissent parler le russe et l’apprendre à leurs enfants. Il y a eu dans la crise ukrainienne une grande part de malentendus.
Quels malentendus ?
Le partenariat oriental de l’Union européenne négligeait le fait qu’il y avait déjà un régime de libre-échange entre la Russie et l’Ukraine. Et l’éviction du président Ianoukovitch, sans doute corrompu mais élu, a été considérée comme un coup d’Etat vu de Moscou. La Russie a ensuite fait prévaloir ses intérêts stratégiques, en organisant le rattachement de la Crimée à la Russie,
car elle craignait que le bail concernant le port de Sébastopol soit révoqué par le nouveau gouvernement ukrainien. C’est un défaut de communication auquel contribue une vision manichéenne de la Russie qui tend à maintenir un climat
de guerre froide en Europe.
Quelle est la relation entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ?
Le contact entre les deux hommes a été très direct, ils ont pu se jauger l’un l’autre. Je pense que Vladimir Poutine respecte Emmanuel macron, et qu’Emmanuel Macron a pris la mesure de ce que représente Vladimir Poutine… Evitons les politiques de « regime change » (volonté de changer le régime) qui ne conduisent nulle part. C’est par le développement de la Russie, de ses classe moyennes, que les idéaux auxquels nous sommes attachés peuvent le mieux progresser. Comme l’expliquait Robespierre, la France ne doit pas propager la liberté à la pointe des baïonnettes, Paris n’est pas la capitale du monde.
Entretien paru dans L'Est Républicain, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Progrès, Le Républicain Lorrain, L'Alsace, Le Bien Public, Le Dauphiné Libéré.
Le partenariat oriental de l’Union européenne négligeait le fait qu’il y avait déjà un régime de libre-échange entre la Russie et l’Ukraine. Et l’éviction du président Ianoukovitch, sans doute corrompu mais élu, a été considérée comme un coup d’Etat vu de Moscou. La Russie a ensuite fait prévaloir ses intérêts stratégiques, en organisant le rattachement de la Crimée à la Russie,
car elle craignait que le bail concernant le port de Sébastopol soit révoqué par le nouveau gouvernement ukrainien. C’est un défaut de communication auquel contribue une vision manichéenne de la Russie qui tend à maintenir un climat
de guerre froide en Europe.
Quelle est la relation entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ?
Le contact entre les deux hommes a été très direct, ils ont pu se jauger l’un l’autre. Je pense que Vladimir Poutine respecte Emmanuel macron, et qu’Emmanuel Macron a pris la mesure de ce que représente Vladimir Poutine… Evitons les politiques de « regime change » (volonté de changer le régime) qui ne conduisent nulle part. C’est par le développement de la Russie, de ses classe moyennes, que les idéaux auxquels nous sommes attachés peuvent le mieux progresser. Comme l’expliquait Robespierre, la France ne doit pas propager la liberté à la pointe des baïonnettes, Paris n’est pas la capitale du monde.
Entretien paru dans L'Est Républicain, Les Dernières Nouvelles d'Alsace, Le Progrès, Le Républicain Lorrain, L'Alsace, Le Bien Public, Le Dauphiné Libéré.