Pour accéder à l'interview de Jean-Pierre Chevènement, cliquez-ici
Verbatim express :
A propos des valeurs républicaines enseignées à l'école
Verbatim express :
A propos des valeurs républicaines enseignées à l'école
- On ne peut pas transmettre dans l'abstrait les valeurs républicaines. Hannah Arendt disait : « On ne transmet que cela à quoi on croît ». Et en France, il y a le roman des hussards noirs de la République. Il ne faut pas culpabiliser les enseignants, car tout repose sur eux.
- On ne peut transmettre les valeurs que si on transmet d'abord le savoir, les connaissances, parce que l'école laïque, la laïcité, c'est l'espace commun délivré des dogmes, où les citoyens, peu importe leurs religions, leurs appartenances diverses, se mettent d'accord par l'exercice de leur raison naturelle, sur ce qui est l'intérêt général, public.
- Il faut savoir distinguer le bon travail du mauvais. Il faut savoir défendre les enseignants contre les intrusions des parents. Autrefois les parents soutenaient systématiquement les enseignants. Aujourd'hui, c'est loin d'être toujours le cas. Il faut vraiment que l'autorité des enseignants soit vraiment affirmée comme un point tout à fait central.
- Le mot sauvageon est un vieux mot de la langue française, qui signifie « un arbre non-greffé ». En l'employant, je pointais le défaut d'éducation. Il faut prendre le problème à la base : commencer par l'école primaire, les savoirs de base.
- J'avais réintroduit l'éducation civique à l'école, pas dans un esprit de bourrage de crâne : j'avais demandé qu'on s'en tienne aussi près que possible à la loi.
- Il est essentiel que la laïcité soit bien comprise comme un principe qui distingue le domaine religieux, qui appartient à chacun, et le domaine commun à tous les citoyens, en dehors des dogmes.
A propos du service militaire
- J'ai regretté en 1996 la suppression du service national par Jacques Chirac. Cela revenait à faire une petite armée, une armée de corps expéditionnaire. Quelques fois, c'était justifié (le Mali), et d'autres fois beaucoup moins (l'Irak, dont l'intervention a abouti au chaos et à Daesh).
- On pourrait pu garder un service national, que je distingue du service militaire, qu'on aurait pu réduire encore, et développer des formules de volontariat service long, avec une armée professionnalisée et aussi une sorte de garde nationale, qui serait utile pour la surveillance des points sensibles. Beaucoup de lieux de cultes, d'édifices, sont aujourd'hui à la merci de fanatiques et d'imbéciles.
Sur le QE à l'européenne annoncée par la BCE
- Si on avait commencé par là, j'aurai été très content. Il a fallu 4 ans pour en arriver là, avec des plans d'austérités menés partout, avec des effets terrifiants.
- On va voir le résultat. Il n'est pas garanti. Je crains pour ma part qu'après une phase plutôt bénéfique, ou la baisse de l'euro, du prix du pétrole, les injections de liquidité par la Banque Centrale, auront des effets positifs, disons en 2015-2016, on ait juste après un contre-choc, quand les prix du pétrole remonteront.
- Les problèmes de la zone euro sont d'une autre nature. La zone euro est une zone hétérogène. Ces mesures ne changeront rien à la compétitivité très différente d'un pays à l'autre. Par conséquent il faut mettre de la flexibilité dans le système, repenser le système monétaire européen, pour qu'il soit conciliable avec une croissance de longue durée.
Sur la situation en Ukraine
- Je suis convaincu que les sanctions contre la Russie sont contre-productives, elles nous pénalisent.
- Il faut renouer le dialogue avec la Russie. On ne peut pas construire l'Europe contre la Russie. C'est absurde. C'est un grand pays européen.