Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Il est beau, le traité de Maastricht...



L’OCDE sonne l’alarme. L’Europe décroche dans sa politique de recherche. Mais, hors d’Europe, les dépenses augmentent. Les Etats-Unis distancent depuis longtemps l’Europe. La Chine s’est donnée les moyens de doubler le Japon et d’être demain une grande puissance scientifique.

Le constat est accablant : avec sa politique monétaire et budgétaire au service de la rente financière, l’Union européenne a organisé sa propre stagnation. Le sommet de Lisbonne (2000) ne s’est donné aucun dispositif de moyens cohérent avec l’objectif d’une dépense de recherche égale à 3 % du PIB. Triomphe du bla-bla européiste.

Comme je le propose depuis longtemps (au moins 2002), il y a pourtant un moyen simple de sortir de l’impuissance : exclure les crédits pour la recherche et le développement du plafond de dépenses publiques prévu par le traité de Maastricht. Cette proposition simple suscitera l’ire des financiers qui s’apprêtent à nouveau à resserrer le crédit : il est beau le traité de Maastricht …


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Jeudi 7 Décembre 2006 à 16:34 | Lu 7081 fois



1.Posté par Malakine le 07/12/2006 21:56
Faire sauter le plafond de 3% ne changera pas la nature du financement de l'effort de recherche. Par la dette !
Puisque l'inflation a disparue, il va falloir un jour arrêter de tout financer par l'emprunt, non seulement les investissements, mais aussi les salaires, les prestations sociales. J'ai apprécié ce que disait DSK pendant la primaire socialiste à propos de la dette. C'est l'ennemie de la gauche parce qu'elle prive l'Etat de marge de manoeuvre. Si on croit ce que l'on dit, le produit de l'impôt sur le revenu sert à financer les intérêts de la dette. Les intérêts !
Alors, je crois qu'il est temps de financer ses politiques par le déficit. Avec ou sans Maastricht ...
Ou alors il faut faire repartir l'inflation ! et c'est vrai que de ce point de vue la décision de la BCE n'est pas une bonne nouvelle.

2.Posté par Fouga Lucien le 07/12/2006 22:03
J"ai voté non et je pensais déjà comme vous lors du vote de Maasttricht nous somme qu'au début des dégats de EURO et déjà une perte énorme du pouvoir d'achat qu'on ne ratrappera jamais

3.Posté par Elie Arié le 08/12/2006 00:11
Je remarque qu'aujourd'hui, au congrès du PSE à Porto, Ségolène Royal a dit la même chose, et tourné le dos à tout son passé pro-maastrichien et pro-TCE: mieux vaut tard que jamais.

Reste que cette déclaration est capitale, et surtout devant les autres PS européens (comment ceux-ci l'ont-ils accueillie?).

Sous réserve de persévérance (parce que Ségolène Royal nous a habitués, jusqu'à présent, à des déclarations fracassantes, suivies d'un retrait le lendemain), il me semble qu'il y a les bases d'un accord programmatique avec le PS (parce qu'un programme, ça doit porter sur l'essentiel; et l'essentiel est bien là)...voir d'un retour du MRC au PS.

4.Posté par Jean Denizon le 08/12/2006 08:37
La réserve d'Elie Arié est importante : il semble bien que la déclaration de Porto ne soit que pour amuser "les gueux" par l'intermédiaire des média. Les dirigents "socialistes" réunis à Porto, en quasi-totalité oui-ouistes, ne s'y sont pas trompés, non plus que le commentateur B.Guetta, européiste de service le matin sur France inter, qui y voit une excellente façon de faire de la politique ! Il semble que les évenements de Hongrie ne leur ont rien appri, où un premier ministre a avoué avoir menti à son peuple pour être élu, mais ne pas pouvoir mettre en oeuvre la politique promise.

5.Posté par wilfried le 08/12/2006 10:45
Aujourd'hui il est de bon ton de critiquer l'Euro tout azimut : et tout le monde s'y est mis : Villepin, Sarkozy ... et maintenant Royal ! Certes reprendre les critiques de nombreux chefs d'entreprises et la défiances vis à vis de l'euro qu'éprouvent une majorité de nos concitoyens est une meilleure "attitude" que de se faire les défenseurs autains de la BCE...

Mais tout de même ! Ce sont les mêmes qui ont défendus - et avec quelle énérgie ! - les traités européens, de Maastricht au TCE, en passant par Amsterdam, traités qui ont précisément créé la situation que nous connaisons aujourd'hui.

Certes, au final, la volte face de Royal n'est finallement pas plus "surprenante" que celle de Fabius en 2005... mais il serait assez hazardeux de voir dans une déclaration à l'emporte pièce (la reine de la démocratie d'opinion n'allait tout de même saluer l'euro fort !), les esquices d'un virage politique et surtout d'une conviction qui rendrait la candidate socialiste décidée à s'opposer à l'ensemble des Partis socialistes européens : car, une fois l'élection passée, si on veur "réorienter la construction européenne" il faudra bien tapper du poing sur la table à Bruxelles et pas simplement se "mettre à l'écoute" de doxa européiste... et, là franchement, j'ai de trés gros doutes sur les capacités et la volonté profonde de Ségolène Royal.

Sans vouloir être méchant, çà me rappele l'enthousiasme dont nous faisions preuve en 1997, parceque Jospin avait dit à 7/7 qu'il voulait "l'Europe, mais sans défaire la France" (de la pure "novlangue" ) et que lors de son discours d'investiture à l'assemblée il avait à de multiples reprises sauté comme un cabri en criant "La république, la république !"

Résultat : à peine élu, Jospin signait le traité d'Amsterdam (par lequel il ne se sentait "pas lié" 2 mois plus tôt)... et le Chriac de 1995, élu sur la fracture sociale, n'avait tenu que jusqu'au mois d'ocotobre avant de se ralier à la "raison" européenne...

Il faudrait peut être en tirer des leçons... Les promesses n'engagent que ceux qu veulent y croire. JPC, l'a dit : "le PS ne marche que sous la pression"... et méchament on serait tenté d'ajouter : "et le MRC à la circoncription ?"

Madame Royal doit prochainement rencontrer Angela Merkel qui affiche ostensiblement sa volonté de remettre en selle le TCE: de ce qui ressortira de cet entretien nous pourront estimer combien de temps Ségolène Royal mettra à revenir sur la ligne européiste...

Il me semble beaucoup trop tôt pour affirmer que les conditions politiques d'un accord avec le PS soient remplies.... si elles devaient l'être un jour.

6.Posté par Chavinier le 08/12/2006 10:55
Il suffit que Ségolène remplace la formule "sous contrôle politique" qui est très/trop vague, par celle de "soumission au politique" au moins les choses seraient claires.
Mais la sainte icone virginale sondagière en a telle la réelle volonté?
personnellement je doute, mais ne demande qu'à être convaincu, l'Europe par la preuve a t'elle dit, qu'elle les fasse les preuves, qu'elle donne des gages autres que des mots!!!!

7.Posté par wilfried le 08/12/2006 11:57
çà n'a pas pris longtemps à Madame Royal pour rentrer dans le giron européiste :

Extrait dépêche Reuteurs du 7/12/06 : "La candidate socialiste, qui a été présentée comme la "prochaine présidente socialiste" quand elle est montée sur le podium, a également déclaré qu'elle demanderait à l'Europe de b[relancer la Constitution européenne si elle était élue.]
bhttp://fr.news.yahoo.com/07122006/290/segolene-royal-conteste-l-independance-de-la-bce.html

Dont acte



u[

8.Posté par Christine Tasin le 08/12/2006 12:41
Ne nous réjouissons pas trop vite, nul virage à gauche du P.S ni de Mme Royal. N'attendons aucune distance prise par rapport à la BCE et la constitution européenne. On sera(it) bons pour être, à nouveau poignardés dans le dos, au nom du "réalisme" , au nom de l'adaptation à la mondialisation".. Des paroles contredites par les actes ? Nous avons déjà connu ça avec Jospin. Nul doute qu'il en sera(it) ainsi avec la candidate du P.S.

9.Posté par Bachir le 09/12/2006 01:47
L'Histoire serait-elle un éternel recommencement? Allons nous revivre le drame de Roncevaux, 1228 ans après les faits? Je m'en inquiète en lisant, ici, certains commentaires tendancieux, de Ganelon au petit pied, suspects d'intelligences avec l'ennemi, embusqués derrière leur clavier... Sonne! sonne! encore de ton oliphant vertueux et rassembleur, citoyen. Tiens bon! les renforts arrivent! et, tous, armés du glaive républicain, notre fidèle Durendal, nous briserons les chaînes du diktat de l'establishment!...

10.Posté par wilfried le 09/12/2006 11:46
PARIS (Reuters), 8/12/06 - Ségolène Royal a déclaré qu'elle n'entendait pas remettre en cause "l'indépendance" mais "l'omnipotence" de la BCE, raison pour laquelle elle propose de "compléter" son statut.

"Il ne s'agit pas de remettre en cause l'indépendance de la Banque centrale européenne mais l'omnipotence de cette banque centrale", a-t-elle dit sur France 2.

Comme au moyen orient , il n'aura fallut que trois malheureux jours la candidate socialiste pour se déjuger, voir se contredire, et surtout se ralier offiliciellement à la pensée unique...

M. chevènement au secours !


11.Posté par Elie Arié le 09/12/2006 12:29
Je pense que la stratégie de com de Ségolène Royal est bien établie et volontaire: une déclaration fracassante un jour pour faire d'elle le centre de l'actualité, un recul le lendemain pour "recadrer" les choses.

Cette stratégie nourrit évidemment le discours sur son incompétence ("elle ne sait pas ce qu'elle veut") , mais force est de constater qu'elle marche bien en termes médiatiques, et probablement aussi électoralistes (chacun y trouve ce qui lui convient).

En cela, elle s'avère très mitterrandienne: le programme, c'est pour se faire élire;ensuite, une fois au pouvoir, on décide ce qu'on fera ( déclaration faite après un entretien avec Rocard, et précédée de " il n'a rien compris").

Nous ne pouvons pas faire grand'chose contre cette stratégie; mais nous pouvons essayer de négocier avec elle des accords politiques et programmatiques qui devraient, ensuite, l'engager.

Mais, pour pouvoir les négocier, il faut que nous soyons plus forts , que nous dépassions les 1% dans les sondages, et que nous ayons vraiment quelque chose à lui apporter, et pas seulement des idées.

12.Posté par Bachir le 09/12/2006 21:31
A Elie Arié

Vous nous expliquez, par A+B, comment fonctionne Ségolène Royale. Très bien! mais nous le savons depuis longtemps! C'est bien justement sa stratégie caméléon que nous condamnons, et son éventaire de camelote politique que nous rejetons! Vous dites qu'il faut négocier; mais négocier quoi, du vent? du bluff?... Vous même êtes assuré qu'elle ne tiendrait pas ses engagements si elle était élue! En outre, d'après vous, il faudrait qu'on lui passe la brosse à reluire, dans le sens du poil, pour dépasser les 1%. Je vous avoue que j'ai du mal à suivre!... Vous appelleriez, franchement, à voter pour elle, ce serait plus clair!...

Très sincères salutations citoyennes.

13.Posté par Elie Arié le 10/12/2006 10:29
À Bachir, précisions qui s'imposent:

Vous écrivez: "En outre, d'après vous, il faudrait qu'on lui passe la brosse à reluire, dans le sens du poil, pour dépasser les 1%. Vous appelleriez, franchement, à voter pour elle, ce serait plus clair!"

Non, je n'ai jamais dit ça.

J'ai dit qu'il faut, à partir de certaines de ses déclarations qui recoupent nos convictions (sur "la Nation comme seul cadre possible d'une politique sociale", sur les critiques faites aux pouvoirs excessifs de la BCE et à ses missions trop limitées) négocier un accord programmatique auquel il nous serait possible de souscrire.

Et, même comme ça, j'avoue que j'aurais beaucoup de mal à voter pour elle: je suis bien parti pour un bulletin blanc au deuxième tour...et même au premier en cas d'accord avec nous (bon,, mais, ça, c'est mon problème personnel, pas celui du MRC!).

14.Posté par Bachir le 10/12/2006 17:50
A Elie Arié

Dont acte!...

Très sincères salutations citoyennes.

15.Posté par Jacques Heurtault le 22/12/2006 19:31
Contrer l'omnipotence de la BCE, ça consiste à mettre sur pied un gouvernement économique européen ... c'est à dire aller plus en avant vers l'intégration européenne.


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