Verbatim express
Sur l'affaire Leonarda
Sur l'affaire Leonarda
- Nous vivons sous la dictature de l'émotion. Les associations qui soutiennent Leonarda ont une ligne politique. Ils sont sans-frontiéristes, sans-papiéristes, et ils contestent le droit qu'a la République de choisir qui peut ou ne peut pas séjourner sur son sol.
- La République octroie entre 100 et 150 000 titres de séjour par an, au moins. Et il y a une règle qui est l'opposabilité de l'emploi, nous avons 3 200 000 chômeurs. Bien entendu, si nous manquons de spécialistes dans telle ou telle branche ou pour des raisons qui tiennent à l'asile, on peut accueillir des étrangers qui souhaitent venir s'installer en France.
- En l'occurrence, cette famille a fait une demande d'asile, il y a presque cinq ans, qui a été rejetée, puis une seconde. Ensuite un arrêté préfectoral de reconduite à la frontière a été fait par le préfet, qui a été contesté devant un tribunal administratif, sans succès. Enfin un nouvel appel a été rejeté. Donc il arrive un moment où il faut bien appliquer la loi.
- Je pense qu'il y a beaucoup d'excès dans les réactions à cette affaire. Le mot rafle est une référence à la période de l'occupation nazie, ça n'a donc rien à voir. Le Kosovo est un État créé par l'OTAN, que reconnaissent les Occidentaux, ce n'est ni la Corée du Nord, ni l'Afghanistan, par conséquent la demande d'asile a été rejetée.
- Naturellement il peut y avoir des considérations humanitaires de toutes sortes, il peut y avoir des examens complémentaires, mais au bout de quatre ans et demi, il faut savoir appliquer la loi.
- La police n'est pas montée dans le car, selon les informations dont je dispose. Je connais le préfet du Doubs, puisque c'est ma région, c'est un homme tout à fait respectable.
- Aujourd'hui, ne pas avoir un minimum de fermeté dans l'application de la loi, je n'hésite pas à le dire : c'est faire le jeu du Front National. Je pense qu'il faut que le Parti Socialiste se comporte comme un parti de gouvernement, et qu'il manifeste une raisonnable fermeté.
- Nous ne sommes pas dans un monde idéal. Il y a des problèmes de développement qui se posent en Afrique. Des problèmes qu'on ne va pas résoudre du jour au lendemain. Et cela, ce n'est pas du ressort du ministre de l'Intérieur.
Sur Manuel Valls
- Je pense que Manuel Valls est un atout pour la gauche et je pense qu'on devrait respecter la difficulté de son travail. Dans ce genre d'exercice la tâche d'un ministre de l'Intérieur n'est pas facile : j'en parle d'expérience.
- Je suis derrière Manuel Valls dans la difficulté qui doit être la sienne, car ce n'est pas facile de se faire envoyer à la figure toutes sortes de noms d'oiseaux. Une attitude responsable s'impose et doit être rappelée à un certain nombre de députés de gauche que j'ai entendu s'exprimer.
- C'est ne rien comprendre au problème que de dire que Manuel Valls fait du Sarkozy. Historiquement tous les gouvernements ont instauré des législations qui n'avaient pas pour but d'instaurer la liberté de s'installer sur le sol de la France pour quiconque le souhaiterait. Soyons un peu sérieux.
La France et l'Europe dans le monde bipolaire du XXIe siècle
- Mon livre est une réflexion, à bonne hauteur, du déclin des nations européennes. Regardez les nations des pays qu'on dit émergents, ce sont des nations conquérantes. En Europe, les nations rasent les murs. On le voit d'ailleurs dans l'affaire dont on vient de parler : les frontières, on veut les effacer. Mais en réalité on en a besoin pour exister dans le monde du XXIe siècle.
- Nous sommes dans un monde qui redevient bipolaire, marqué par la montée de la Chine et le lent déclin des États-Unis. C'est cette bipolarité qui invite à se demander si en temps qu'Européens nous allons exister.
- Mon livre est optimiste : je dis que nous pouvons exister en faisant une Confédération de peuples libres, du Maghreb jusqu'à la Russie, nous organisant ainsi pour ne pas dépendre complètement de la Chine ou des États-Unis.
- La France doit retrouver confiance en elle-même. François Hollande doit faire davantage appel au patriotisme des français, parce qu'il est par définition l'homme de la Nation. Il faut qu'il montre qu'il y a une place très importante pour la France en Europe, parce que l'Europe sans la France, ça ne marche pas.
- L'Euro monnaie unique est un tonneau des Danaïdes que nous allons encore traîner quelques temps, mais il faut passer à une autre organisation. Dans mon livre j'explique comment cela peut se faire, avec l'accord de l'Allemagne parce que ce pays ne va pas sacrifier sa compétitivité à renflouer tous les États et toutes les banques en difficulté.
- Il faut laisser le temps à François Hollande, qui a toutes les qualités pour être à la hauteur. Je pense qu'il doit affirmer son autorité, mais sans autoritarisme.
- La France a encore un avenir. En réalité un projet d'Europe européenne implique la France. Je l'ai souvent dit à François Hollande mais François Hollande n'écoute pas que moi.
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