"François Hollande a bougé sur un point: il a rejeté le projet de nouveau traité européen de M.Sarkozy"
Jean-Pierre Chevènement était l'invité de 12/13 Dimanche sur France 3, dimanche 11 décembre 2011. Il répondait aux questions de Francis Lettelier.
- A propos de la situation entre la Grande-Bretagne et la France: ce n'est pas vraiment l'Entente Cordiale. C'est dommage car je pense qu'une Europe équilibrée nécessite une bonne relation avec l'Allemagne mais aussi avec la Grande-Bretagne.
- La Grande-Bretagne a refusé les transferts de souveraineté qu'impliquent les nouveaux traités. On ne peut pas leur reprocher de défendre leur souveraineté nationale avec plus d’énergie que nous.
- J'ai tout de même un point de vue nuancé : sur l'aspect financier, les exigences britanniques ne me vont pas du tout. Je suis pour la régulation de la finance.
- Mme Merkel a réussi à imposer une conception essentiellement disciplinaire de l'Europe à M. Sarkozy et à tous les autres européens, sauf à M. Cameron.
- J'ai relevé un point supplémentaire de ce nouveau traité: il faudra que chaque pays se désendette jusqu'à 60% de son PIB c'est à dire, pour la France qui est endettée à 87%, à un rythme de 1,5% par an pendant 20 ans. C'est une condamnation à l’austérité à perpétuité.
- Il faut se méfier de ces agences de notation qui introduisent des critères politiques à côté de critères économiques.
- Le projet de traité européen ne répond pas à l'urgence. C'est une usine à gaz. C'est hypocrite et surtout insuffisant.
- N.Sarkozy n'a pas obtenu de contrepartie suffisante. Il est évident que ce traité ne répond d'abord pas à l'urgence et, ensuite, qu'il n'est pas conforme à la Constitution : il faudrait un référendum.
- J'ai été ministre de l'industrie et j'ai démissionné pour protester contre les orientations économiques du gouvernement, notamment le franc fort. Je pense qu'il y a une corrélation entre la force de la monnaie et la perte de l'importance de l'industrie dans l'économie française.
- La France a misé sur le très haut de gamme et a favorisé ses grands groupes qui ont investi dans les pays à très bas coûts. Je voudrais que ces grands groupes renvoient l'ascenseur, se préoccupent de leurs sous-traitants, qu'ils favorisent les entreprises de leur filière. Nous devrions également favoriser notre tissu de PMI.
- Je suis contre l'anonymat des signatures de maires. Je pense qu'ils ont suffisamment de courage pour prendre position et accorder leur parrainage, quitte à dire qu'ils ne partagent pas les opinions du candidat qu'ils parrainent mais qu'ils veulent favoriser le débat démocratique.
- J'observe si les lignes bougent. François Hollande a bougé au moins sur un point : il a rejeté le projet de traité européen qu'a mitonné M. Sarkozy. Maintenant, j’aimerais qu'il mette davantage l'accent sur la cherté de l'euro.
- Je crains que la campagne ne dégénère en feuilleton d'affaires et que ces affaires ne finissent par polluer le débat et empêchent qu'on parle du fond.
- Au Parti Socialiste, il y a un risque de dérive clientéliste. Il est très dur pour sa direction de changer cela car elle-même procède des votes des fédérations et des sections.
- Les socialistes ont un peu délaissé le terrain des idées. Je les incite à y revenir.
- A propos du droit de vote des étrangers : je veux bien que l'on ait ce débat mais ce qui compte c'est l'intégration. Je suis pour faciliter la naturalisation aux étrangers qui souhaitent devenir Français. Ils ont la citoyenneté avec tous ses attributs : ses droits et ses devoirs.
- Il y a une grande criminalité qui doit être réprimée sans pitié mais la solution n'est pas au niveau du réarmement des policiers. Il faut des peines sévères et incompressibles.
- Je pense qu'il y a une évolution chez les responsables socialistes. Ils se défont d'une tradition d'angélisme.
- J'ai entendu parler d'une réforme du code pénal des mineurs. Il n'y a pas lieu de le faire. C'est prendre un marteau-pilon pour écraser une mouche.
- Concernant la délinquance, c'est le défaut d'éducation que je pointe. C'est une responsabilité de l’École, des parents, de la société et des médias. Il y a beaucoup à faire. Le spectacle qui est donné à la jeunesse est souvent désastreux.
Rédigé par Chevenement.fr le Dimanche 11 Décembre 2011 à 21:10 | Lu 5036 fois