Le Parisien : Etes-vous favorable au renforcement des troupes françaises engagées en Afghanistan ? Jean-Pierre Chevènement. Non. Je suis d'ailleurs surpris car l'annonce du chef de l'Etat est contradictoire avec les déclarations du candidat Sarkozy durant la campagne présidentielle. Le 26 avril 2007, il affirmait sur France 2 : « La présence à long terme des troupes françaises à cet endroit du monde ne me semble pas décisive. » J'ajoute que cette annonce a été faite devant le Parlement britannique, les parlementaires français étant pour le moment frustrés d'un débat tout à fait légitime.
Craignez-vous un enlisement du conflit ?
Il est malheureusement avéré. L'invasion de l'Irak, dégénérant en conflit de civilisations, a pollué l'intervention en Afghanistan. Il n'y a aucune solution politique et militaire en vue. L'engagement de la France sur un théâtre d'opérations aussi lointain, alors que le cadre général de la mission, ses objectifs, son calendrier ne sont pas bien fixés, est dangereux. Quatorze soldats français sont déjà morts : on peut doubler les effectifs et doubler le nombre de victimes. Sans compter les risques pour nos intérêts de sécurité en France même.
« La défaite est interdite, même si la victoire est difficile », estime Nicolas Sarkozy...
Face au terrorisme international, bien sûr. Mais là, nous sommes face à un problème politique. Les Etats-Unis ont longtemps soutenu les talibans à des fins essentiellement pétrolières. Il serait prudent d'attendre que le prochain président américain définisse sa politique pour engager de nouveaux soldats français.
Craignez-vous un enlisement du conflit ?
Il est malheureusement avéré. L'invasion de l'Irak, dégénérant en conflit de civilisations, a pollué l'intervention en Afghanistan. Il n'y a aucune solution politique et militaire en vue. L'engagement de la France sur un théâtre d'opérations aussi lointain, alors que le cadre général de la mission, ses objectifs, son calendrier ne sont pas bien fixés, est dangereux. Quatorze soldats français sont déjà morts : on peut doubler les effectifs et doubler le nombre de victimes. Sans compter les risques pour nos intérêts de sécurité en France même.
« La défaite est interdite, même si la victoire est difficile », estime Nicolas Sarkozy...
Face au terrorisme international, bien sûr. Mais là, nous sommes face à un problème politique. Les Etats-Unis ont longtemps soutenu les talibans à des fins essentiellement pétrolières. Il serait prudent d'attendre que le prochain président américain définisse sa politique pour engager de nouveaux soldats français.
A droite comme à gauche, certains dénoncent un alignement de Paris sur Washington...
Il y a d'autres signes de subordination à la politique américaine, la réintégration de la France dans l'organisation militaire de l'Otan par exemple. Dans l'affaire afghane, il y a un arrière-plan diplomatique et pétrolier dont les effluves parviennent jusqu'à mes narines.
Sur la forme, êtes-vous favorable à un vote du Parlement sur l'engagement de nouvelles troupes ?
Je demande un débat en séance plénière. Et je souhaite qu'un vote intervienne à son issue. François Mitterrand, en 1991, avait sollicité un vote du Parlement avant d'engager la France au côté de la coalition dans la première guerre du Golfe. Certes, le président de la République est le chef des armées, il peut prendre beaucoup d'initiatives. Mais, in fine, il doit en référer au Parlement. Un vote est donc souhaitable.
Et si le gouvernement refuse le vote ?
L'autre solution est que l'opposition dépose une motion de censure. Il est sûr que la majorité présidentielle ne la soutiendrait pas. Mais ce serait une leçon de démocratie et une manière de fixer les responsabilités.
Propos recueillis par Eric Hacquemand
Il y a d'autres signes de subordination à la politique américaine, la réintégration de la France dans l'organisation militaire de l'Otan par exemple. Dans l'affaire afghane, il y a un arrière-plan diplomatique et pétrolier dont les effluves parviennent jusqu'à mes narines.
Sur la forme, êtes-vous favorable à un vote du Parlement sur l'engagement de nouvelles troupes ?
Je demande un débat en séance plénière. Et je souhaite qu'un vote intervienne à son issue. François Mitterrand, en 1991, avait sollicité un vote du Parlement avant d'engager la France au côté de la coalition dans la première guerre du Golfe. Certes, le président de la République est le chef des armées, il peut prendre beaucoup d'initiatives. Mais, in fine, il doit en référer au Parlement. Un vote est donc souhaitable.
Et si le gouvernement refuse le vote ?
L'autre solution est que l'opposition dépose une motion de censure. Il est sûr que la majorité présidentielle ne la soutiendrait pas. Mais ce serait une leçon de démocratie et une manière de fixer les responsabilités.
Propos recueillis par Eric Hacquemand