L'ancien ministre socialiste de l'Éducation nationale (1984-1986) défend la réforme des programmes proposée par Xavier Darcos.
Les programmes de 2008 seront plus lisibles, selon l'ancien ministre, en dépit des critiques de Luc Ferry et de Jack Lang, auteurs des derniers textes de 2002.
Le Figaro : Le projet des derniers programmes du primaire a été très critiqué. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Pierre Chevènement : Je suis surpris par la violence des expressions de Luc Ferry et de Jack Lang : ils parlent de programmes populistes et de vide abyssal. Ces critiques sont excessives. L'amour-propre d'auteurs blessés doit passer après les questions de fond : que valent les programmes du point de vue de la réussite des élèves ? La lecture des programmes de 2002 décourage par la longueur et le jargon pédagogiste employé. Que signifie par exemple «instaurer des dialogues didactiques» entre le maître et l'élève ? Il y a un progrès très net entre les programmes de 2002 et le projet d'aujourd'hui. Celui-ci a le mérite de définir des contenus précis tout en étant assez clair et moins jargonnant. Jack Lang assure que l'apprentissage du français était au cœur de ses programmes. Mais il était noyé dans l'ensemble des matières ! Le recentrage sur les fondamentaux, la mémorisation de petits textes vont dans le bon sens.
Les programmes de 2008 seront plus lisibles, selon l'ancien ministre, en dépit des critiques de Luc Ferry et de Jack Lang, auteurs des derniers textes de 2002.
Le Figaro : Le projet des derniers programmes du primaire a été très critiqué. Qu'en pensez-vous ?
Jean-Pierre Chevènement : Je suis surpris par la violence des expressions de Luc Ferry et de Jack Lang : ils parlent de programmes populistes et de vide abyssal. Ces critiques sont excessives. L'amour-propre d'auteurs blessés doit passer après les questions de fond : que valent les programmes du point de vue de la réussite des élèves ? La lecture des programmes de 2002 décourage par la longueur et le jargon pédagogiste employé. Que signifie par exemple «instaurer des dialogues didactiques» entre le maître et l'élève ? Il y a un progrès très net entre les programmes de 2002 et le projet d'aujourd'hui. Celui-ci a le mérite de définir des contenus précis tout en étant assez clair et moins jargonnant. Jack Lang assure que l'apprentissage du français était au cœur de ses programmes. Mais il était noyé dans l'ensemble des matières ! Le recentrage sur les fondamentaux, la mémorisation de petits textes vont dans le bon sens.
Les détracteurs évoquent un retour en arrière…
La volonté de remettre au goût du jour une morale laïque, déjà chère à Jules Ferry, ne me déplaît pas, ni l'apprentissage du futur antérieur ou du plus-que-parfait en CM2. Une école structurée et ambitieuse est d'autant plus nécessaire aux enfants lorsqu'ils sont issus d'un milieu modeste. Ils ont besoin d'être soutenus et ne peuvent qu'être perdus quand les programmes sont longs, flous, complexes.
La réduction du nombre d'heures de cours liée à la suppression du samedi va-t-elle dans le bon sens ?
Je ne pense pas que les élèves puissent apprendre plus en travaillant moins. L'idée de réduire les horaires du primaire sous prétexte qu'on en fait moins ailleurs en Europe est un argument de gestionnaire. C'est au contraire une chance. Dans les programmes de 2008, il y a malheureusement encore des réminiscences pédagogistes. Quelle que soit la bonne volonté du ministre, celui-ci risque de rester prisonnier de toute la nomenklatura pédagogiste. Les programmes scolaires doivent être simples, compréhensibles à la fois par les parents et par les enseignants. C'est l'objectif que j'avais donné à ceux de 1985, les plus courts de tous. La formule pédagogiste qui place «l'élève au centre de l'école » n'est pas de gauche, Elle est démagogique. Et la droite est souvent incapable de corriger autrement qu'en paroles des dérives nuisibles aux enfants. J'espère que ces nouveaux programmes marqueront une prise de conscience et permettront de lutter contre la dégradation du niveau de maîtrise de la langue française. Mais faut-il le redire ? Tout n'est pas dans les programmes même s'il faut commencer par là.
Propos recueillis par M.-E. P
La volonté de remettre au goût du jour une morale laïque, déjà chère à Jules Ferry, ne me déplaît pas, ni l'apprentissage du futur antérieur ou du plus-que-parfait en CM2. Une école structurée et ambitieuse est d'autant plus nécessaire aux enfants lorsqu'ils sont issus d'un milieu modeste. Ils ont besoin d'être soutenus et ne peuvent qu'être perdus quand les programmes sont longs, flous, complexes.
La réduction du nombre d'heures de cours liée à la suppression du samedi va-t-elle dans le bon sens ?
Je ne pense pas que les élèves puissent apprendre plus en travaillant moins. L'idée de réduire les horaires du primaire sous prétexte qu'on en fait moins ailleurs en Europe est un argument de gestionnaire. C'est au contraire une chance. Dans les programmes de 2008, il y a malheureusement encore des réminiscences pédagogistes. Quelle que soit la bonne volonté du ministre, celui-ci risque de rester prisonnier de toute la nomenklatura pédagogiste. Les programmes scolaires doivent être simples, compréhensibles à la fois par les parents et par les enseignants. C'est l'objectif que j'avais donné à ceux de 1985, les plus courts de tous. La formule pédagogiste qui place «l'élève au centre de l'école » n'est pas de gauche, Elle est démagogique. Et la droite est souvent incapable de corriger autrement qu'en paroles des dérives nuisibles aux enfants. J'espère que ces nouveaux programmes marqueront une prise de conscience et permettront de lutter contre la dégradation du niveau de maîtrise de la langue française. Mais faut-il le redire ? Tout n'est pas dans les programmes même s'il faut commencer par là.
Propos recueillis par M.-E. P