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Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Figaro : «Bayrou a tout intérêt à ce que notre candidate soit élue»


Chevènement: «Bayrou a tout intérêt à ce que notre candidate soit élue», propos recueillis par Myriam Lévy, Le Figaro, à paraître mardi 24 avril 2007.


Le Figaro : Ségolène Royal peut-elle gagner l’élection présidentielle ?
Jean-Pierre Chevènement : Ségolène Royal aborde ce deuxième tour en position favorable. Car si l’on fait le total des voix qu’elle a obtenues et de celles des candidats qui ont appelé directement à se prononcer pour elle au deuxième tour, on arrive à peu près à 36%. Nicolas Sarkozy, même si l’on comptait les voix de M. de Villiers, mais c’est loin d’être acquis, ne serait qu’à 34%. Donc, cette compétition est ouverte.

Sur quels thèmes la candidate socialiste doit-elle faire campagne pour ce deuxième tour ?
Les Français ont à choisir entre deux projets de société. Le modèle social français a besoin d’être modernisé, il n’a pas besoin d’être démantelé. Il faut une forte volonté pour préserver le tissu industriel, pour éviter que les centres de décision ne quittent la France. J’y ajouterai la Sécurité sociale, le service public. Mais il y a aussi un thème très important, celui de la démocratie. M. Sarkozy est soutenu par les grandes familles qui possèdent une bonne partie du CAC 40. S’il était élu, ce serait une formidable concentration de pouvoirs – économique, financier, politique, médiatique – qui aurait peu de précédents. Ségolène Royal propose une République rééquilibrée avec un Parlement qui légifère et contrôle, un gouvernement qui gouverne et rend des comptes, une justice indépendante et des médias pluralistes. Tout cela compose une autre perspective : celle d’une démocratie où l’on respire. J’ajoute qu’en cas de victoire, nous avons l’intention d’introduire une dose de proportionnelle dans le mode de scrutin aux législatives. Il faut que les différentes sensibilités de notre pays soient mieux représentées.

Lorsque Brice Hortefeux a proposé l’instauration d’une dose de proportionnelle, le PS a poussé des hauts cris. Y a-t-il une différence entre sa proportionnelle et la vôtre ?
Avec la gauche, les choses prennent une allure tout à fait différente. Les propos de M. Hortefeux faisaient partie d’une campagne de débauchage des voix du Front national qui a d’ailleurs réussi. M. Sarkozy a capté une part très importante des voix du FN avec sa proposition d’un ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale. J’aurais préféré que M. Sarkozy n’importe pas dans la droite républicaine une thématique d’extrême droite.

Même avec le soutien de tous les petits candidats de gauche, Ségolène Royal aura besoin des voix du centre. Comment parler à l’extrême gauche et au centre en même temps?
Ségolène Royal parlera à tous les Français, au nom de l’intérêt général de la France. Il y a des gens qui ont voté pour M. Bayrou en pensant qu’il serait une meilleure protection contre Nicolas Sarkozy. Cet argument a été très fort. Et puis soyons francs: il y a beaucoup de gens qui pensent que la droite est là pour corriger la gauche et la gauche pour corriger la droite. Et beaucoup d’électeurs de droite modérée ont pensé que M. Sarkozy était une correction excessive. Simone Veil elle-même l’a jugé quelquefois trop brutal.

Pour convaincre les électeurs de François Bayrou, Ségolène Royal doit-elle sortir du clivage gauche-droite ?
Elle doit parler le langage de la République. Le candidat à l’élection présidentielle s’adresse à tous les Français. Il est l’homme de la nation, comme disait le général de Gaulle. Donc, au deuxième tour, il doit s’adresser à chaque Français pris en particulier. Il n’y en a aucun qui doive être abandonné. Ségolène Royal parle le langage de la République, une République rénovée, sociale, qui donne à l’égalité homme-femme un contenu en portant pour la première fois une femme à la présidence de la République. C’est un choix très novateur et optimiste. Certains peuvent en avoir peur. Mais c’est un choix d’audace qui dans tous les domaines apportera ses bienfaits. La France a besoin de se renouveler et de se réconcilier avec elle-même. Elle le fera mieux avec Ségolène Royal qui rassemble qu’avec Nicolas Sarkozy qui divise.

Doit-elle aujourd’hui tendre la main à l’UDF et, par exemple, à ses députés, pour constituer dès aujourd’hui une majorité présidentielle élargie ?
C’est à chacun de se déterminer librement. Maintenant, c’est la responsabilité de M. Bayrou. Malgré le score tout à fait remarquable qu’il a réalisé, il ne peut pas être présent au deuxième tour. Donc, il doit se prononcer en fonction d’une vision de long terme : s’il veut ancrer sa sensibilité dans le paysage politique, il a tout intérêt à ce que Ségolène Royal, qui veut faire place à toutes les sensibilités, soit élue.


Rédigé par Chevenement.fr le Lundi 23 Avril 2007 à 21:09 | Lu 7571 fois



1.Posté par stratégie suicidaire (suite...et fin?) le 23/04/2007 23:48
Nous sommes un certain nombre à gauche à avoir vraiment pris au sérieux la menace qu'une victoire de Nicolas Sarkozy ferait peser sur notre modèle républicain.

Nous l'avons tellement prise au sérieux, que, anciens électeurs du PS, du MRC, du PRG, nous avions décidé de qualifier François Bayrou au second tour, parce que, dès le début de la campagne, il s'était positionné en faveur d'un gouvernement d'ouverture, où la gauche pourrait avoir une place, et qu'il permettait donc au second tour de rassembler tous les électeurs anti-Sarkozy: du centre, de la droite modérée, de gauche.

On nous a traités de social-traître, de débiles, de niais. Il y a encore quinze jours, au sein du PS, et par la bouche de Mme Royal elle-même, un accord avec l'UDF était "hors de question", "insensé", "impensable". Et on méprisait ainsi l'ensemble des électeurs du Centre.

Et voilà que la donne a changé. François Bayrou a réussi ce que Chevènement ne réussit pas à faire en 2002 avec le Pôle Républicain: créer un parti au-dessus des partis, mettre la République au-dessus de la droite et de la gauche. Et depuis dimanche, Ségolène et le PS tout entier, et le MRC même! de chercher à caresser l'électorat Bayrou dans le sens du poil.

Que les choses soient claires: les électeurs de Bayrou originaires de la gauche voteront à une très large majorité (et je voterai) pour Ségolène Royal. Mais les électeurs de Bayrou originaires du Centre et de la droite modérée, avec quelle difficulté, vous le comprendrez bien, ils se tourneront maintenant vers une candidate et une équipe qui leur a témoigné un tel mépris!... Et certains d'enre eux préféreront ainsi voter blanc.

J'entends déjà ici et là dire: si Ségolène n'est pas élue, ce sera la faute des électeurs de Bayrou. MAIS DE QUI SE MOQUE-T-ON? Comment exiger d'électeurs du Centre et de la droite modérée de faire ce que des socialistes n'ont pas su faire, préférant garder leurs mains "propres", leurs belles mains de gauche si "propres", plutôt que de les "salir" à rejoindre Bayrou, plutôt que d'assurer une victoire quasi certaine sur Sarko, ? Comment les attirer après tant de mépris pour ceux-là qui voulaient justement mettre la République avant tout esprit de parti?

En vérité, si Sarkozy l'emporte, il faudra d'abord s'en prendre à ces électeurs qui ont préféré voter en SAUVANT LEUR BONNE conscience DE "GAUCHE".

De deux choses l'une: si Ségolène est élue, il faudra quand même "remercier" le Centre (et le MRC aura le sentiment d'avoir fait tout ça pour rien...!) ; si Sarko en revanche est élu, nous ne manquerons pas, nous, électeurs de gauche ayant eu l'audace de voter Bayrou pour tenter de battre Sarkozy à tout prix, de nous rappeler à leur bon souvenir et à leur mauvaise conscience (mais la mauvaise foi les empêchera peut-être d'avoir mauvaise conscience...), charter après Kärcher, Kärcher après charter.

Je ferai évidemment pendant ces quinze jours tout ce que je peux pour convaincre ceux des électeurs de Bayrou, rencontrés pendant la campagne, qui sont originaires du centre et de la droite modérée, de voter pour Ségolène, (ou) contre Sarko: mais VRAIMENT on ne nous aura pas facilité la tâche...

Aurélien Delsaux

2.Posté par HM 34 le 24/04/2007 11:25
Merci à Aurélien Delsaux pour son analyse.Comment s'y retrouver dans le grand écart du dernier moment entre Laguillier et Bayrou?Un grand écart ça se travaille, autrement gare aux adducteurs et on ne se reléve pas.
Avant le 2eme tour il y a le 1er mai.Va-t-on voir Bayrou défiler à côté des archaîques de la CGT(excellent article sur le "suicide" du port de Marseille dans le dernier Nouvel OBS) et des sectes d'extrême gauche.
Quelle attitude prendront les vrais républicains si au soir du 6 mai les émeutes de banlieue reprennent comme le craignent fortement les RG en cas de victoire de Sarko?
N'oublions pas que les excés de mai 68 ont amené aux législatives du juin suivant le plus grand parlement de droite.

3.Posté par Sylvain le 24/04/2007 13:21
Dans les dix jours qui viennent, il ne s’agit pas d’ajouter des courants aux courants, ou de coller de nouvelles étiquettes sur d'anciennes. Il ne s’agit pas de savoir si Ségolène Royal doit être moins sociale-républicaine, plus sociale-démocrate ou que sais-je encore. Tous ceci est dérisoire.
Ségolène Royal est la candidate du renforcement du pacte social, de l’approfondissement de l’égalité citoyenne, d’une République fraternelle et juste. D’une France harmonieuse et sereine, fidèle à son héritage humaniste des Lumières, fière de sa contribution singulière à la construction d'une Europe des peuples et de son rôle international au service du droit, de la paix et du dialogue des cultures. Ségolène Royal n’est pas à la tête d’une coalition de partis, pas plus qu'elle n'a été désignée par des courants internes à son parti. Elle trancende les différences pour incarner une espérance.
C’est pourquoi j’ai beaucoup apprécié le discours de Melle, l’émotion maîtrisée qui l’accompagnait, son désir d’un dialogue public et transparent avec toutes les forces de progrès. Comme la déclaration de Jean-Pierre Chevènement dans Le Figaro de ce matin sur "le langage de la République". Et pourtant je ne suis pas du sérail de la gauche !

4.Posté par Elie Arié le 24/04/2007 15:46
Il y a un cas de figure qui, aujourd'hui, n'est plus inimaginable: c'est l'élection, aux Législatives, d'un groupe parlementaire UDF assez nombreux pour empêcher le PS comme l' UMP de disposer d'une majorité absolue, et qui serait alors incontournable pour gouverner, quel(le) que soit le/la Président(e) élu(e).

Ce serait le retour du parti-charnière (les radicaux-socialistes sous la III è République, peu nombreux mais toujours tous Ministres).

On n'est peut-être pas au bout des surprises que nous ménage l'électorat.

5.Posté par HM 34 le 24/04/2007 20:55
Pour constituer un groupe il faut 20 députés.Le groupe UDF est actuellement de 29 dont au minimum 10 ont rejoint Sarkosy ou vont le faire tout simplement parce que leur suppléant est UMP.Dans toutes les régions et départements dirigés par la gauche l'UDF est dans l'opposition.Mëme si l'électorat veut créer une surprise encore faut-il trouver un candidat implanté pour l'incarner ou alors tous les élus UDF retournent leur veste ......et celà en 5 semaines.
L'électorat a des pesanteurs quand il vote sur un candidat qu'il peut rencontrer tous les jours ce qui n'est pas le cas d'un président de la république.
Sans dose de proportionnelle M.Arié votre surprise est impossible ou nécessite une longue préparation politique
Ce qui pend au nez des députés UDF est le sort des députés et sénateurs .......du MRC.Les UDF seront responsables de la défaite de Sarko ou de Ségo.JPC ne l'était même pas de celle de Jospin

6.Posté par Jocelyne le 24/04/2007 21:33
A Aurélien Delsaux
Je suis de ces "nouveaux socialistes", ou "socialistes à 20 balles" comme les surnomme un certain Mélanchon, qui ajoute que ce sont ces socialistes tout neufs qui sont allés grossir les ranges de l'UDF. (Il vient encore de faire des siennes en menaçant de quitter le PS s'il y avait une alliance avec F Bayrou...Sans doute ne se rend il pas compte que ses crises de nerfs et jugements à l'emporte pièce n'intéressent plus qu'un petit nombre de personnes). Cela aurait été vrai, dans mon cas, si S Royal n'avait pas été investie: les coups bas de "camarades" m'avaient stupéfaite. J'avais et j'ai gardé une grande estime pour l'intégrité de FB, qui, comme SR, balaye les vieilles poussières des combines d'appareil dans le dos des électeurs. Ils ont tous deux ce grand point commun dans les valeurs qui les font agir, celle ci n'est pas des moindres. Que décidera-t-il, je crois le pressentir. Le courage que S Royal et sa résistance aux traîtrises - j'ose le mot - nous le connaissons tous. Le courage de F Bayrou a déja été montré. La liberté qu'ils conservent tous deux est évidente aussi. J'espère que son entreprise - dont j'ose dire également qu'elle m'a semblé utopique - n'aura pas à pâtir d'un choix courageux. Mais soyons clairs, F Bayrou a beaucoup à craindre, aussi, des stratégies sordides du maître de l'UMP.
Bien cordialement.

7.Posté par rajeev le 24/04/2007 23:09
Ségolène Royal a raison d'appeler à un débat public entre l'UDF et les soclialistes sur la base d'un projet.

Mais elle n'exclut pas de prendre des ministres UDF au gouvernement. Cette prise de position ne risque-t-elle pas de faire fuir les électeurs de Besancenot, Laguiller et Buffet ? Je crains que ce que l'on gagne d'un côté, on le perde de l'autre.

8.Posté par dominique78 le 25/04/2007 00:07
je viens de lire ceci sur LCI, qui, en règle générale, "roule" pour Sarkosy :

Sarkozy envisagerait la création d'"un nouveau parti centriste"

Selon certains élus notamment ex-UDF intégrés à son équipe de campagne, Nicolas Sarkozy voudrait favoriser la création "d'un nouveau parti centriste" formé à côté de l'UMP, à partir des UDF ayant rejoint l'UMP. Selon un des élus sarkozystes, deux stratégies sont possibles : "soit on a suffisamment d'UDF qui nous rejoignent à l'UMP et on reprend l'UDF de l'intérieur". Dans le cas contraire, "on additionne les UDF qui viennent de nous rejoindre avec ceux qui nous ont rejoints depuis 2002 et avec eux, on forme un nouveau parti". Selon cet élu, la première stratégie paraît difficile parce que les statuts de l'UDF sont "ultra-verrouillés".
(fin du message LCI).

Et puis demain, il pourra créer un nouveau PS avec les traitres qui l'ont rejoint (Besson) et pourquoi pas un nouveau MRG avec Tapie.
Les électeurs de F. Bayrou apprécieront. Il serait bien de leur ouvrir les yeux pour qu'ils sachent à quelle sauce ils seront mangés.

Non content d'avoir les finances, les médias .. de son côté, Sarkosy veut maintenant controler les partis politiques. C'est une dérive vers une dictature.

9.Posté par Alain Forestier le 25/04/2007 18:39
25 avril. Bayrou annonce la création du parti démocrate et une présentation autonome de candidats dans toutes les circonscriptions législatives. Cà nous rappelle quelque chose. JPC lui s'appuie sur ses accords avec...le PS? Royal? Rejouerait-on 2002 à fronts renversés?
A la différence que le "centre démocrate" n'est pas le "dépassement du clivage droite/gauche par dessus les partis" comme il est proposé plus haut. A la différence que le projet démocrate est au projet républicain ce qu'est l'eau tiède à la dialectique.
Quand JPC fera-t-il son aggiornamento? Quand mettra-t-il sa pratique politique héritée de son milieu énarchique dont l'analyse qu'il avait faite dans les sixties reste intacte en accord avec l'analyse politique aboutie avecfeu le MDC? L'agressivité de l'impérialisme américain, l'affaissement pour ne pas parler de kapoisation de l'Europe, l'acceptation de la déshérence des civilisations méditerranéenes et moyen-orientales, la capitulation des nations au profits de "tigres" capitalistes....tout ce qu'on a vu depuis 5 ans confirme les lendemains que refusaient le MDC et qu'a accepté JPC un beau jour de décembre 2001 à Vincennes (dont il faut se méfier de ses célèbres fossés) en décidant de se fourvoyer dans l'aventure du pole républicain (qui consistait à inviter les militants du MDC à s'esbaudir d'être mis en tutelle de notables auto-proclamés seuls capables, je suppose, de rassurer JPC sur son audience populaire).
JPC a tout essayé : hors PS pour exister, in PS pour l'influencer, tout sauf s'appuyer sur les militants pour avancer. Espère-t-il réellement faire bouger ce machin mitterandien qu'il prenne figure Royal Straus ou Fabius? Combien de députés MRC espère-t-il compter auprès de lui en juin? N'est-il pas temps de rameuter tous les naufragés de "Sa petite entreprise" en leur donnant comme mot d'ordre de se présenter partout? N'est-il pas temps que si on a été capable de forger un discours clair (jusqu'en 2001) c'est que les électeurs (qui vivent la même chose que nous) sont capables de l'entendre et que peut-être ils l'attendent? Vieilles lunes? Quand on on dit que le projet révolutionnaire lancé depuis 2 siècles est toujours à mettre en oeuvre : non!


10.Posté par Charleston (de Paris) le 25/04/2007 19:25
Contre Sarkozy-Trissotin, votons Royal.
Je me sentais bien seul aux Échos quand Peyrelevade pontifiait sur Bayrou en voulant scuder Royal. J’étais sûr de la présence de Royal au 2e tour face à Sarkozy avec une argumentation serrée. Eh bien, il me semble avoir eu raison.

Maintenant, je suis certain de la victoire de Royal. Tout le monde le verra le 3 mai au matin après le débat télévisé (on a déjà vu un petit avant-goût en 1993 visible sur daily motion) et notre peuple l’enregistrera le 6 mai au soir à 20 heures (avec joie). Et voici pourquoi de ce fait on ne peut attribuer l’esprit de Mitterrand qu’à Royal et non pas à Sarkozy. En fait, si Mitterrand doit beaucoup à Machiavel, Sarkozy est la transposition présidentielle du Trissotin des Femmes savantes de Molière. Relisez cette pièce qui redouble d’actualité.

La France veut choisir. Elle va le faire. Elle n’a pas fait un tel choix depuis 1981. Mitterrand contre Giscard. Machiavel contre Combines Inc. Mitterrand avait quarante ans et plus de vie politique complexe et un projet précis : prendre le pouvoir, bien sûr, comme les autres, et surtout vampiriser le PCF qui est alors un tout autre parti que le FN actuel. Il n’y a rien de commun entre le PCF et le FN à moins de considérer que les éléphants et les pâquerettes sont semblables du fait de leur tige commune. Mitterrand a pris le contrôle du PS par un mouvement enveloppant de droite à gauche. Il a continué cette stratégie avec le PCF. Avancer à gauche avec le mouvement de 68 et à droite avec les gaullistes étatistes anti-Giscard. Machiavel était derrière Mitterrand.

Rien à voir avec Sarkozy. Si Mitterrand existe encore sur le plan pratique en 2007, c’est chez Royal. Elle a conquis le PS et est en train de s’appuyer sur la gauche du PS pour attirer le centre social de Bayrou et surtout son électorat pour engager une dynamique qui sera victorieuse le 6 mai. L’électorat de Bayrou n’ira pas conforter Sarkozy car il y a du Trissotin chez lui. Et ce côté Trissotin va lui enlever quelque chose d’important. L’électorat féminin. Car on oublie trop cet aspect dans le débat qui s’en vient. L’électorat féminin avait aimé Bayrou. Il a le choix entre Trissotin et la fille politique de Mitterrand.

Sarkozy-Trissotin n’a pas pris l’électorat de Le Pen. Il a profité des médias pour bloquer son ascension. Le Pen a gardé son électorat. Il n’est pas certain du tout que Le Pen appelle à voter Sarkozy. Et que Chirac au fond ne préfère pas Royal à Trissotin-Sarkozy. La droite n’est pas fière de Sarkozy. La gauche est fière de Royal. Là est la différence. Sarkozy veut garder le pouvoir qu’il a déjà. Royal veut prendre le pouvoir pour le changer. C’est Prodi qui le dit en Italie. Et cela est dans l’esprit du temps. Et Chirac qui aurait volontiers voté Bayrou au final va maintenant faire la même chose pour Royal en 2006 que ce qu’il avait accompli contre Giscard en 1981.

Ségolène Royal renouvelle la vie politique en France. Et tout le monde le souhaite. Ses critiques de droite ne savent plus comment l’agresser. Les entrepreneurs ont compris cela et savent que le futur gouvernement mis en place avec Royal va débloquer le pays en évitant les troubles sociaux. Le prévu est certain. L'imprévu beaucoup moins. Méfions nous maintenant de l'imprévu!

11.Posté par Elie Arié le 26/04/2007 00:07
Si Bayrou avait accepté la proposition de Ségolène Royal de rénégocier son programme pour le rendre UDF-compatible et d'avoir des Ministres UDF au gouvernement, j'aurais voté blanc au 2 è tour.

12.Posté par Elie Arié le 26/04/2007 02:18
À moins que l'explication de toutes ces étonnantes ouvertures vers Bayrou ( ministres, désistements réciproques aux législatives) ne réside dans le fait qu'on sait très bien qu'il ne les acceptera pas, et qu'il ne s'agisse que d'un message à la seule adresse de ses électeurs du 1er tour: " vous voyez bien que rien ne nous sépare de votre candidat, on est prêts à gouverner ensemble"?
Dans ce cas, ce serait assez subtil (peut-être trop?)

13.Posté par victor le 26/04/2007 16:20
Bravo Ché !

TSS c'est porteur mais ca ne va pas mener loin une fois élue.

S'il y a des ministres UDF dans le gouvernement de la présidente Royal tu crois encore qu'il y aura une négociation d'un TCE moins libéral ?




14.Posté par chris28 le 27/04/2007 10:29

Quel avenir voulons nous ?
La vie politique en France a de tout temps été caractérisée par une opposition entre la droite et la gauche. Cependant, à l'occasion de ce premier tour, François Bayrou a réussi le pari de rassembler autour de sa candidature des gens d'horizons divers. Ceci montre l'aspiration d'une grande partie des Français à un profond changement dans l'organisation et la vie poitique de notre pays. Il faut retenir cela.

C'est pourquoi , je ne suis pas choquée que chaque candidat pendant la campagne ait défendu "son camp", le contraire aurait été difficilement compréhensible. On ne peut donc pas reprocher à Nicolas Sarkozy d'avoir mené campagne à droite (voire jusqu'à l'extrème!), à Ségolène Royal d'avoir mené sa campagne à gauche et à François Bayrou d'avoir voulu mener la sienne au centre !.... Chacun a eu sa légitimité, les résultats le prouvent.

Mais aujourd'hui il ne reste que deux candidats. Un à droite, qui n'entend pas créer d'ouverture ( et qui préfère la méthode du débauchage ou de la menace ).... et l'autre à gauche, respectueuse des opinions et du vote des français, et qui ouvre une nouvelle perspective de travail en commun pour l'avenir du pays. L' important est là !!!

Alors, quand on lit certaines réactions évoquant le mépris des électeurs de la part de telle ou de telle personne .... on comprend leurs sentiments mais il me semble que ceux qui sont profondément attachés à la République et à ses valeurs, doivent résolument regarder vers l'avenir et ne retenir que l'essentiel. (François Bayrou a d'ailleurs dit des choses très importantes lors de son intervention.)

Nous avons un vrai choix de société à faire. C'est pourquoi il est important de s'exprimer, car on peut considérer que l'abstention favorise les gagnants (on l'a vu en 2002!). Et quelle politique sera faite demain avec Nicolas Sarkozy si c'est lui qui l'emporte? Nous la connaissons déjà et nous la subissons chaque jour. Beaucoup de français se sont prononcés contre. J'espère donc que ceux qui ont rejeté cette politique hier ne vont pas l'accepter demain .
Il ne s'agit pas de chercher les coupables de demain (cela n'a mené à rien en 2002 !), il s'agit de voir ensemble l'avenir que nous envisageons pour notre pays gagne. Et je crois qu'avec Ségolène Royal cela est parfaitement réalisable.

15.Posté par Nanard le 27/04/2007 12:58
Autant j’étais inquiet après le passage de Ségolène sur A2 où elle a répôndu d'une façon confuse et laborieuse au sujet du nucléaire (question posée par A.Chabaud) Autant je suis rassuré aujourd’hui après son passage sur la une. Ca n’était plus la même Ségolène La réponse qu’elle a apportée à la même question posée par PPDA me satisfait pleinement. Elle a été claire et convaincante. Il faut savoir que les réserves d’uranium s’épuiseront comme le pétrole, mais que l’on peut trouver du combustible après retraitement de l’uranium sorti des centrales. Il s’agit à mon avis du plutonium (inépuisable) qui serait utilisé dans les centrales de 4éme génération.
J’espère que ségo sera aussi à l’aise au cours du débat du 2/05. Il faut qu’elle se méfie de A. Chabaud qui pose des questions importantes en fin d’émission et qui demanderait du temps pour apporter une réponse claire.

16.Posté par Snyck le 27/04/2007 21:12
Sur l'Europe comme sur la Laïcité , on peut quand même se poser un certain nombre de questions. Quoiqu'il en soit , c'est donc le Centre qui va déterminer le sort du second tour. Le Centre , cela ne veut pas dire grand chose. C'est trés composite. Une approche plus fine permet de dire qu'il s'agit sociologiquement des classes moyennes. Quoi de neuf par rapport à toute cette série de questions occultées: les 35 heures ? La baisse des prélèvements obligatoires ? Les riches de Monsieur Hollande ? etc....
Dernière chose : ce n'est pas parce que l'on aborde ces sujets que l'on perd de vue les enjeux essentiels et que l'on peut se faire taxer de "boutiquier". Le jour où les Français comprendront que les convergences au delà des clivages sont primordiales dans une perspective de rassemblement des bonnes volontés , ce sera gagné.

17.Posté par Claire Strime le 30/04/2007 11:26
Sarkozy veut mener jusqu'au bout l'opération UMP menée par Chirac, Raffarin et Douste-Blazy, liquider tout ce qui à droite et au centre gêne leur volonté hégémonique, faire 1 "Forza Italia avec les méthodes de l'UNR-UDR-RPR".
Les Français pourront sans doute encore s'exprimer sur internet mais les institutions et les médias de masse seront totalement sous contrôle.
M.Sarkozy prétend "rompre avec mai 68" (comment d'ailleurs peut-on fuir l'histoire et réécrire un ensemble d'évènements qui se sont passés il y a 40 ans?), en fait c'est pour revenir sur 36 et les 40 heures.
C'est aussi pour glorifier les années 80, "années fric, années frime", dont Tapie fut hélas 1 des emblèmes.
En échangeant Tapie contre Bayrou, la gauche aura largement gané au change même du point de vue de la morale.




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