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Entretien de Jean-Pierre Chevènement à La Provence : «Les Irlandais ont parlé pour les autres peuples»


Entretien de Jean-Pierre Chevènement à La Provence, propos recueillis par Philippe Reinhard, dimanche 29 juin 2008.


La Provence : Lors du congrès du MRC, le week-end dernier, vous avez brandi le drapeau irlandais. Y a-t-il vraiment des raisons de se réjouir du non des Irlandais au traité de Lisbonne ?
Jean-Pierre Chevènement :
Le peuple irlandais a parlé pour tous les autres peuples. Au-delà même du traité de Lisbonne, il a contesté le fonctionnement très peu démocratique, pour ne pas dire antidémocratique des institutions européennes. Ni la commission, ni la banque centrale, ni la cour de justice ne rendent de compte à personne. Dans le même temps, les Irlandais ont contesté l’orientation très peu sociale de l’Europe.

Cette critique d’une Union technocratique et antisociale est partagée dans l’Europe entière. Les peuples veulent que l’Europe se fasse avec eux. Ils préfèrent une Europe à géométrie variable. On peut ainsi très bien construire une Europe dotée d’un gouvernement économique au niveau de la zone euro pour créer un espace de relance keynésienne. On peut aussi créer une Europe de la défense à la carte. Le non irlandais traduit une volonté démocratique qui débouche sur une autre conception de l’Europe. On assiste à une remise à plat de la construction européenne que M. Sarkozy avait cru pouvoir éviter avec, hélas, la complaisance d’une majorité des élus socialistes. Mais quand on va contre la volonté des peuples, il y a toujours des accidents.

En saluant la victoire du non irlandais, ne rendez-vous pas encore plus difficile votre rapprochement avec le Parti socialiste, nécessaire à la constitution d’un « parti de toute la gauche » que vous appelez de vos vœux?
Le rapprochement avec le Parti socialiste ne se fera pas à n’importe quelle condition. Il se fera sur la base d’un accord de principe. Et la réorientation de la construction européenne est évidemment à la base de la reconstruction de la gauche.

Ce « parti de toute la gauche », comment et avec qui comptez-vous le construire ?
Ce qui est important d’abord, c’est que l’une des cinq formations qui se réunissent périodiquement au sein du comité de liaison de la gauche – en l’occurrence le MRC – affirme clairement le cap. Dans la perspective de la constitution d’un parti de toute la gauche, le MRC est en mesure de jouer le rôle d’aiguillon et de catalyseur.

À partir de là, nous savons bien qu’il y aura des obstacles à surmonter. Le Parti socialiste est hégémonique à gauche, mais il ne peut pas accéder au pouvoir dans les conditions actuelles. Cela lui fait une belle jambe d’être le parti le plus puissant de la gauche si la gauche est condamnée à demeurer durablement minoritaire. Il faut donc créer un électrochoc qui, comme le congrès d’Epinay de 1971, provoque une dynamique et entraîne des centaines de milliers de sympathisants et fasse basculer l’électorat. Mais cela ne suffit pas ; il faut aussi de clairs repères républicains afin de reconquérir l’appui des couches populaires.

Le « parti de toute la gauche » devra-t-il englober le Parti communiste ?
Concernant le PC, il ne faut pas qu’il s’enferme sur lui-même, sinon, il va courir à de nouvelles déconvenues. Combien plus efficaces seraient les militants communistes, dont chacun connaît la valeur et le dévouement, s’ils pouvaient militer à l’intérieur d’un vaste ensemble de la gauche.

Le 13 juillet, la conférence sur le projet d’union de la Méditerranée se tiendra à Paris. Approuvez-vous cette initiative de Nicolas Sarkozy ?
L’idée en elle-même était bonne. Mais on constate que, pour l’essentiel, l’Allemagne de Madame Merckel a vidé cette union de la Méditerranée de son contenu. Il n’y aura pas de crédits supplémentaires et tous les projets devront être instruits par la commission de Bruxelles. On est retombé de la sorte dans le processus de Barcelone qui s’est soldé par un échec. Nous sommes confrontés à ce que M. Sarkozy a accepté, à savoir à la rupture de l’équilibre fondateur entre la France et l’Allemagne. Après le traité de Lisbonne et en vertu de critères démographiques, la France ne pèsera plus que les ¾ de l’Allemagne. Et l’on voit dès aujourd’hui que l’Allemagne s’octroie un véritable droit de veto sur des initiatives comme celle de l’union de la Méditerranée, qui, en elle-même, était louable.

Etes-vous choqué par la présence à Paris, le 14 juillet, du chef de l’Etat syrien, Béchir Al-Assad ?
Il aurait mieux valu commencer par une formule moins ambitieuse que cette réunion à quarante, et, par exemple, par une formule à 5 + 5, les cinq pays du Maghreb et les cinq pays européens riverains de la rive nord de la Méditerranée. Cela aurait certainement été plus efficace dans un premier temps. Et puis on aurait élargi au Proche-Orient où les problèmes sont loin d’être résolus.

Il ne suffit pas d’une prestation de M. Sarkozy à Jérusalem pour régler le problème de la création de l’Etat palestinien. M. Sarkozy a pris un risque. Maintenant, je ne vais pas le critiquer. Je pratique une opposition constructive. Dès lors qu’il a pris ce risque, je l’approuve.

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Voir l'entretien sur le site de La Provence


Rédigé par Chevenement.fr le Dimanche 29 Juin 2008 à 11:02 | Lu 5687 fois



1.Posté par BA le 29/06/2008 13:14
Thomas Coutrot est économiste, membre du Conseil scientifique de l’association ATTAC. Le jeudi 26 juin 2008, il écrit :

« Depuis plusieurs années, les prix de certains produits agricoles étaient orientés à la hausse. Mais, avec l’absurde emballement de 2007-2008, la hausse change de nature : elle ne résulte plus d’un déséquilibre entre l’offre et la demande de certains produits, mais d’une ruée sur les titres indexés sur ces produits.

Après la « nouvelle économie » et l’immobilier, c’est maintenant sur les matières premières et agricoles que les spéculateurs s’abattent comme un nuage de criquets dévastateurs. Pas moins de 140 fonds indexés partiellement ou totalement sur les prix des matières premières agricoles ont été lancés en février 2008 dans l’Union Européenne. A Paris, sur le marché à terme de 2005 à 2007, le nombre des contrats sur le blé est passé de 210 000 à 970 000. C’est la spéculation financière, et non la Chine, ni même les agrocarburants, qui transforme les tensions et déséquilibres, présents sur divers marchés pour des causes spécifiques ou ponctuelles, en une hausse effrénée et générale des cours.

Jusqu’à présent, les médias et les autorités ont réussi à masquer cette dure réalité, qui porterait un grave coup à la légitimité déjà chancelante du néolibéralisme. Reconnaître la responsabilité des marchés financiers dans cette tourmente planétaire obligerait les pouvoirs publics à mettre en débat les mesures nécessaires : interdire les paradis fiscaux, instaurer des taxes sur les transactions financières, casser la spéculation sur les produits dérivés, remettre les banques centrales et tout le système financier sous le contrôle de la société. »

http://www.politis.fr/La-Chine-a-bon-dos,4038.html?var_recherche=coutrot

2.Posté par Playtime le 29/06/2008 15:27
Le club de football londonien "Arsenal investit en mer du Nord. Les Gunners achètent des lots de cabillaud, un poisson devenu denrée rare, qui s'échangent comme des actions en Bourse. Le club londonien a acheté des stocks et attend de voir leur valeur grimper avant de les revendre..."

(France-Football, n°3240, mai 2008, page 10)

3.Posté par BA le 29/06/2008 22:26
Dimanche 29 juin 2008, sur le site du journal Ouest-France :

Sondage : les Français peu confiants dans l'Europe.

Alors que notre pays prend mardi 1er juillet la présidence de l'Union Européenne, les Français doutent plus que d'autres des bienfaits de la construction européenne, selon un sondage BVA.

Pour un Français sur trois, l'Europe est une source de crainte. Parmi les Vingt-Sept, nous sommes l'un des peuples les plus inquiets. À en croire l'Eurobaromètre de printemps, même les Irlandais, un mois avant de dire « non » au traité de Lisbonne, étaient 65 % à avoir une image positive de l'Union. Nous ne sommes que 30 % à y puiser de l'espoir, soit moitié moins qu'il y a cinq ans (61 %). Le sentiment des Français à l'égard de la construction européenne s'est considérablement dégradé.

Au moment où notre pays prend la présidence de l'Europe, les résultats de notre sondage sont « politiquement dévastateurs », selon Jérôme de Sainte-Marie, consultant de BVA opinion.

Il semble que la perception des effets de la mondialisation sur la situation personnelle des personnes interrogées soit un critère fort de différenciation. Ainsi, 13 % seulement des ouvriers voient une chance dans la construction européenne, contre 49 % des cadres supérieurs.

http://www.ouest-france.fr/Sondage-les-Francais-peu-confiants-dans-l-Europe/re/actuDet/actu_3631-655364------_actu.html

Je sais bien que ça ne plaît pas à tout le monde sur ce site, mais il faut peut-être prendre Jean-Michel Aphatie au sérieux : il y a quelques jours, sur son blog, Jean-Michel Aphatie écrivait une chronique intitulée « Europe, une idée morte ».

Qu'on le veuille ou non, qu'on s'en félicite ou qu'on le déplore : en France, l'idée européenne est morte.

4.Posté par BA le 01/07/2008 08:58
Une des règles de base du droit international : un traité entre en vigueur quand tous les pays concernés l’ont ratifié.

Le 12 juin 2008, l’Irlande vote NON au traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne est mort.

Le 1er juillet 2008, la Pologne annonce qu’elle ne ratifiera pas le traité de Lisbonne. Le traité de Lisbonne est mort et enterré.

5.Posté par Claire Strime le 01/07/2008 09:26
High upon the gallows tree swung the noble-hearted three.
By the vengeful tyrant stricken in their bloom;
But they met him face to face, with the courage of their race,
And they went with souls undaunted to their doom.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall!1
Girt around with cruel foes, still their courage proudly rose,
For they thought of hearts that loved them far and near;
Of the millions true and brave o'er the ocean's swelling wave,
And the friends in holy Ireland ever dear.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall!
Climbed they up the rugged stair, rang their voices out in prayer,
Then with England's fatal cord around them cast,
Close beside the gallows tree kissed like brothers lovingly,
True to home and faith and freedom to the last.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall!
Never till the latest day shall the memory pass away,
Of the gallant lives thus given for our land;
But on the cause must go, amidst joy and weal and woe,
Till we make our Isle a nation free and grand.
"God save Ireland!" said the heroes;
"God save Ireland" said they all.
Whether on the scaffold high
Or the battlefield we die,
Oh, what matter when for Erin dear we fall!
1Also 'Oh, no matter when for Ireland dear we fall!'

[edit] References
^ T. D., A. M., and D. B. Sullivan, Speeches from the Dock, re-edited by Seán Ua Cellaigh, M. H. Gill & Son, Dublin, 1953 (from the original in 1882), pp. 366–370.

6.Posté par BA le 01/07/2008 10:40
Claire Strime, tu as un lien où on pourrait écouter la musique ? Merci.

7.Posté par BA le 01/07/2008 12:19
Depuis l’automne 2007, les avis positifs sur l’appartenance à l’Union Européenne sont en baisse dans 24 États membres sur 27.

1- Jamais autant de pays européens n'avaient été autant négatifs sur l'Union Européenne.

2- Jamais la côte de popularité de l'Union Européenne ne s'était autant effondrée, avec des baisses énormes. Par exemple, l'Union Européenne perd 9 % d'opinions positives au Luxembourg.

L'Union Européenne perd 11 % d'opinions positives en Italie.

L'Union Européenne perd 12 % d'opinions positives en France.

L'Union Européenne perd 15 % d'opinions positives en Grèce.

Une petite remarque sur ce sondage Eurobaromètre, commandé par l'Union Européenne. En Autriche, seuls 36 % des habitants de l’Autriche pensent qu’appartenir à l’Union Européenne est une bonne chose ( - 2 % par rapport au précédent sondage).

Vous vous rendez compte ?

Page 84 de ce sondage :

http://ec.europa.eu/public_opinion/archives/eb/eb69/eb_69_first_fr.pdf

Or, le chancelier autrichien et le président du parti au pouvoir viennent de se déclarer en faveur d'un référendum en Autriche si le traité de Lisbonne devait subir des modifications...

Dans notre analyse de la situation française, nous devons peut-être prendre en compte cette hypothèse : l'éclatement de l'Union Européenne, la fin de la monnaie unique, etc.

Patrick Artus et Marie-Paule Virard écrivent cette hypothèse en sous-titre de leur dernier livre : " Globalisation : le pire est à venir. "

Je recopie simplement la quatrième de couverture :

" Le pire est à venir de la conjonction de 5 caractéristiques majeures de la globalisation :

1- une machine inégalitaire qui mine les tissus sociaux et attise les tensions protectionnistes ;

2- un chaudron qui brûle les ressources rares, encourage les politiques d'accaparement, accélère le réchauffement de la planète ;

3- une machine à inonder le monde de liquidités, et à encourager l'irresponsabilité banquaire ;

4- un casino où s'expriment tous les excès du capitalisme financier ;

5- une centrifugeuse qui peut faire exploser l'Europe. "

Nous devons commencer à envisager sérieusement cette hypothèse : l'éclatement de l'Union Européenne dans les années qui viennent.

8.Posté par Claire Strime le 01/07/2008 12:33
sur wikipedia (en anglais à l'article "God save Ireland"), il y a 1 lien en WMA en bas
mais ce n'est pas la meilleure interprétation, je prèfère celle des Dubliners et, mieux, des Wolfe Tones (j'ai 1 lien qui permet d'écouter le début)

9.Posté par Claire Strime le 01/07/2008 12:40
A télécharger :

http://www.mediataskmaster.com/co/real/01/rhapsodyLU_loading.asp?sid=LULDros


et direct (les Dubliners) :

http://musique.fluctuat.net/the-dubliners/god-save-ireland-ecoute195434.html

10.Posté par BA le 01/07/2008 17:53
Merci, Claire Strime !

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