Le Pays : Selon vous, quel impact a eu cette grève sur le paysage industriel, politique et social ?
Jean-Pierre Chevènement : Il faut se rappeler qu’au départ, la grève du centenaire a été un mouvement spontané, un réflexe de dignité. Les travailleurs d’Alsthom ont eu le sentiment d’avoir été traités par-dessus la jambe et n’ont pas été associés aux festivités. À partir de là, les élus et la population se sont mobilisés derrière les syndicats. On a eu le sentiment d’une union intime entre la ville et l’entreprise. François Mitterrand a rendu visite aux piquets de grève. Je revois l’accueil très sympathique que ceux-ci ont fait au premier secrétaire du Parti socialiste, autour des braseros. Il est évident que l’élection de 1981 a traduit positivement dans les urnes ce mouvement de sympathie. Alsthom était filiale de la CGE qu’il était prévu de nationaliser dans le projet socialiste. Ce fut chose faite en février 1982. Monsieur Dufour, très loyalement, a continué à servir les intérêts de l’entreprise et du site de Belfort. C’était avant tout un patriote. La recherche-développement sur les turbines a été transférée du Bourget vers Belfort, et le maintien du programme électronucléaire a assuré grosso modo le maintien du plan de charge jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.
Si elle n’avait pas eu lieu, ce paysage aurait-il été le même aujourd’hui ?
La grève Alsthom a créé une profonde solidarité entre le monde du travail, les élus de gauche et le reste de la population qui s’est associée par une grève symbolique des commerces au mouvement des syndicats. Il n’est pas douteux que si le Territoire de Belfort est resté à gauche aux élections législatives jusqu’en 2002, c’est aussi à cette exceptionnelle conjonction qu’on le doit. Il y avait une union profonde de sentiments. Cela s’est encore vu à l’occasion des dernières élections municipales.
Jean-Pierre Chevènement : Il faut se rappeler qu’au départ, la grève du centenaire a été un mouvement spontané, un réflexe de dignité. Les travailleurs d’Alsthom ont eu le sentiment d’avoir été traités par-dessus la jambe et n’ont pas été associés aux festivités. À partir de là, les élus et la population se sont mobilisés derrière les syndicats. On a eu le sentiment d’une union intime entre la ville et l’entreprise. François Mitterrand a rendu visite aux piquets de grève. Je revois l’accueil très sympathique que ceux-ci ont fait au premier secrétaire du Parti socialiste, autour des braseros. Il est évident que l’élection de 1981 a traduit positivement dans les urnes ce mouvement de sympathie. Alsthom était filiale de la CGE qu’il était prévu de nationaliser dans le projet socialiste. Ce fut chose faite en février 1982. Monsieur Dufour, très loyalement, a continué à servir les intérêts de l’entreprise et du site de Belfort. C’était avant tout un patriote. La recherche-développement sur les turbines a été transférée du Bourget vers Belfort, et le maintien du programme électronucléaire a assuré grosso modo le maintien du plan de charge jusqu’à la fin des années quatre-vingt-dix.
Si elle n’avait pas eu lieu, ce paysage aurait-il été le même aujourd’hui ?
La grève Alsthom a créé une profonde solidarité entre le monde du travail, les élus de gauche et le reste de la population qui s’est associée par une grève symbolique des commerces au mouvement des syndicats. Il n’est pas douteux que si le Territoire de Belfort est resté à gauche aux élections législatives jusqu’en 2002, c’est aussi à cette exceptionnelle conjonction qu’on le doit. Il y avait une union profonde de sentiments. Cela s’est encore vu à l’occasion des dernières élections municipales.
Reste-il encore des traces de cette grève ?
Il y a la Mairie de Belfort et une majorité de gauche au conseil général. Par ailleurs, la combativité des « Alsthom » a impressionné le patronat. Quand Monsieur Bilger a voulu démanteler l’entreprise en 1999, il s’est heurté à forte résistance. Il m’a même accusé dans son livre Pour quelques millions d’avoir transformé Belfort en « Fort Alamo industriel ». J’ai obtenu de Dominique Strauss Khan et de Christian Pierret, alors secrétaire d’État à l’Industrie, que Claude Darmon (alors directeur général d’Alsthom) s’engage à maintenir à Belfort les turbines à vapeur et les alternateurs de petite puissance. Cet engagement a été tenu. Par la suite, la valeur symbolique d’Alstom-Belfort a été assez forte pour que Jacques Chirac en 2003 et Nicolas Sarkozy en 2004 interviennent et pour qu’Alstom évite la faillite.
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Voir aussi l'article consacré à la grève sur le site lepays.fr.
Il y a la Mairie de Belfort et une majorité de gauche au conseil général. Par ailleurs, la combativité des « Alsthom » a impressionné le patronat. Quand Monsieur Bilger a voulu démanteler l’entreprise en 1999, il s’est heurté à forte résistance. Il m’a même accusé dans son livre Pour quelques millions d’avoir transformé Belfort en « Fort Alamo industriel ». J’ai obtenu de Dominique Strauss Khan et de Christian Pierret, alors secrétaire d’État à l’Industrie, que Claude Darmon (alors directeur général d’Alsthom) s’engage à maintenir à Belfort les turbines à vapeur et les alternateurs de petite puissance. Cet engagement a été tenu. Par la suite, la valeur symbolique d’Alstom-Belfort a été assez forte pour que Jacques Chirac en 2003 et Nicolas Sarkozy en 2004 interviennent et pour qu’Alstom évite la faillite.
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Voir aussi l'article consacré à la grève sur le site lepays.fr.