Nicolas Sarkozy et David Cameron ont scellé un partenariat militaire franco-britannique inédit mardi. Et un rapprochement d’importance, dicté par les contraintes budgétaires mais qui se traduit par des mesures spectaculaires : partage de technologies nucléaires, création d’une force expéditionnaire conjointe, mutualisation des porte-avions… Jean- Pierre Chevènement, figure souverainiste qui démissionna en 1991 de son poste de ministre de la Défense pour protester contre l’engagement de la France sous la bannière américaine en Irak, commente cette nouvelle "entente cordiale". Surprise : il la juge positive… Mais c’est pour mieux souligner ses dangers.
Jean-Pierre Chevènement :
J’approuve cet accord. Parce que c’est un accord à long terme qui peut générer d’importantes économies si l’on s’y prend assez tôt pour lancer études et programmes en commun - sur les sous-marins, les missiles, les drones… Et parce que la France et la Grande-Bretagne partagent beaucoup d’intérêts stratégiques. Bien sûr, il faut garder à l’esprit qu’il peut aussi y avoir des divergences. D’où la nécessité de préserver notre autonomie de décision: nous ne devons pas être obligés de suivre Londres en toute circonstance.
Il me semble que les accords signés préservent cette liberté. Après, c’est une question de volonté. Encore faut-il l’affirmer côté français, et ne pas laisser aux seuls Britanniques le soin de rappeler que leur souveraineté est entière. Nous sommes les alliés des Américains et des Britanniques, mais nous ne sommes pas des caniches. Nous devons veiller à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage de la relation spéciale américano-britannique.
Jean-Pierre Chevènement :
J’approuve cet accord. Parce que c’est un accord à long terme qui peut générer d’importantes économies si l’on s’y prend assez tôt pour lancer études et programmes en commun - sur les sous-marins, les missiles, les drones… Et parce que la France et la Grande-Bretagne partagent beaucoup d’intérêts stratégiques. Bien sûr, il faut garder à l’esprit qu’il peut aussi y avoir des divergences. D’où la nécessité de préserver notre autonomie de décision: nous ne devons pas être obligés de suivre Londres en toute circonstance.
Il me semble que les accords signés préservent cette liberté. Après, c’est une question de volonté. Encore faut-il l’affirmer côté français, et ne pas laisser aux seuls Britanniques le soin de rappeler que leur souveraineté est entière. Nous sommes les alliés des Américains et des Britanniques, mais nous ne sommes pas des caniches. Nous devons veiller à ne pas mettre le doigt dans l’engrenage de la relation spéciale américano-britannique.
Prenez le groupe aéronaval. Il y aura deux porte-avions, l’un français, l’autre britannique, qui feront l’objet d’une utilisation "partagée". Sommes-nous sûrs que nous aurons toujours la volonté d’engager un porte-avions en même temps que les Britanniques? Lors de la guerre d’Irak en 2003, nous avons pris des décisions opposées. Cela peut se reproduire, c’est une perspective que l’on doit garder à l’esprit. Quant au corps expéditionnaire combiné qu’il est prévu de créer avec des états-majors conjoints, cette capacité de projection ne peut être mise en œuvre, là aussi, que s’il y a une volonté politique commune.
Je mets donc un bémol - un bémol enthousiaste, mais un bémol quand même - à mon approbation. Les Britanniques aussi: ils n’entendent absolument pas abdiquer leur souveraineté, et ils le rappellent à cor et à cri! Quand on lit la presse anglaise, on voit qu’ils sont très attentifs à ce que cette coopération ne soit pas l’embryon d’une défense européenne qui saperait l’Otan.
Il faut rappeler que les tentatives de rapprochement franco-britannique viennent de loin. J’ai moi-même essayé, comme ministre de la Défense, de promouvoir la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires d’attaque. Cela n’a jamais marché, car ce projet suscitait une forte hostilité dans les états-majors britanniques. La tentative faite par Jacques Chirac à Saint-Malo en 1998 a, elle aussi, tourné court. Il faut espérer que cette fois sera la bonne. Soyons comme saint Thomas: on verra dans la durée si ça marche.
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source : LeJdd.fr
Je mets donc un bémol - un bémol enthousiaste, mais un bémol quand même - à mon approbation. Les Britanniques aussi: ils n’entendent absolument pas abdiquer leur souveraineté, et ils le rappellent à cor et à cri! Quand on lit la presse anglaise, on voit qu’ils sont très attentifs à ce que cette coopération ne soit pas l’embryon d’une défense européenne qui saperait l’Otan.
Il faut rappeler que les tentatives de rapprochement franco-britannique viennent de loin. J’ai moi-même essayé, comme ministre de la Défense, de promouvoir la coopération dans le domaine des sous-marins nucléaires d’attaque. Cela n’a jamais marché, car ce projet suscitait une forte hostilité dans les états-majors britanniques. La tentative faite par Jacques Chirac à Saint-Malo en 1998 a, elle aussi, tourné court. Il faut espérer que cette fois sera la bonne. Soyons comme saint Thomas: on verra dans la durée si ça marche.
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source : LeJdd.fr