L'Est républicain: Entre François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, qu’est-ce qui vous a fait pencher pour le premier ?
Jean-Pierre Chevènement: Seul François Hollande peut aujourd’hui battre Nicolas Sarkozy et devenir président de la République. En me portant candidat le 5 novembre, j’entendais faire bouger les lignes. Après le discours de Hollande au Bourget et l’énoncé de ses 60 engagements, j’ai constaté des infléchissements positifs : redresser la France et pour cela relancer la production, réorienter la construction européenne en renégociant le désastreux traité signé à Bruxelles par Nicolas Sarkozy, synonyme de régression économique et sociale, rétablir la justice, redonner espoir à la jeunesse, porter haut la voix et les valeurs de la France dans le monde. Comment ne reconnaîtrais-je pas là les orientations que de tout temps j’ai préconisées ?
Et vous ne les retrouviez pas chez Jean-Luc Mélenchon ?
J’ai de l’estime pour le parcours qu’il a effectué depuis le traité de Maastricht, même si je ne partage pas ses positions sur la sortie du nucléaire ou la régularisation de tous les sans-papiers. J’exprime une sensibilité républicaine et je ne cherche pas à être « la gauche de la gauche ». Jean-Luc Mélenchon parle beaucoup de la République, mais je ne suis pas sûr qu’il y mette la même exigence. La souveraineté nationale est à mes yeux un point d’appui essentiel. Aussi bien, tout le monde sait que Mélenchon soutiendra Hollande au second tour. Je préfère donc apporter d’emblée mon soutien à Hollande. C’est un homme chaleureux qui a l’intelligence des hommes et des choses. C’est un homme politique réaliste et talentueux. Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini d’évoluer. Il fait, comme Arnaud Montebourg, partie de l’avenir.
Jean-Pierre Chevènement: Seul François Hollande peut aujourd’hui battre Nicolas Sarkozy et devenir président de la République. En me portant candidat le 5 novembre, j’entendais faire bouger les lignes. Après le discours de Hollande au Bourget et l’énoncé de ses 60 engagements, j’ai constaté des infléchissements positifs : redresser la France et pour cela relancer la production, réorienter la construction européenne en renégociant le désastreux traité signé à Bruxelles par Nicolas Sarkozy, synonyme de régression économique et sociale, rétablir la justice, redonner espoir à la jeunesse, porter haut la voix et les valeurs de la France dans le monde. Comment ne reconnaîtrais-je pas là les orientations que de tout temps j’ai préconisées ?
Et vous ne les retrouviez pas chez Jean-Luc Mélenchon ?
J’ai de l’estime pour le parcours qu’il a effectué depuis le traité de Maastricht, même si je ne partage pas ses positions sur la sortie du nucléaire ou la régularisation de tous les sans-papiers. J’exprime une sensibilité républicaine et je ne cherche pas à être « la gauche de la gauche ». Jean-Luc Mélenchon parle beaucoup de la République, mais je ne suis pas sûr qu’il y mette la même exigence. La souveraineté nationale est à mes yeux un point d’appui essentiel. Aussi bien, tout le monde sait que Mélenchon soutiendra Hollande au second tour. Je préfère donc apporter d’emblée mon soutien à Hollande. C’est un homme chaleureux qui a l’intelligence des hommes et des choses. C’est un homme politique réaliste et talentueux. Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini d’évoluer. Il fait, comme Arnaud Montebourg, partie de l’avenir.
Votre soutien est-il lié au récent accord législatif conclu entre le MRC et le PS ?
Je me suis déterminé sur le fond, et bien avant que soit conclu l’accord que vous qualifiez de « législatif » entre le PS et le MRC. Cet accord comporte d’abord un volet politique. Il reprend les points que nous jugeons essentiels : monnaie compétitive, rôle accru de la BCE pour racheter la dette, soutenir la croissance et agir sur le change, réaffirmation du rôle du Parlement pour voter le budget, construction d’une Europe non pas en dehors des nations mais dans leur prolongement. Le volet électoral est en ligne avec l’accord conclu en décembre 2006 : neuf circonscriptions en dehors du Pas-de-Calais où interviendra, je l’espère, un accord particulier.
Sur le fond, reste-t-il des désaccords entre François Hollande et vous ?
Les accords et les valeurs communes l’emportent largement sur les désaccords. Ceux-ci concernent la nature de la monnaie unique, construction viciée, selon moi, dès l’origine mais nous sommes d’accord pour en changer les règles. Je fais confiance au pragmatisme et au patriotisme de François Hollande pour prendre les décisions les plus conformes aux intérêts du pays. Sur la sécurité, il a repris l’idée d’une police de proximité dont on oublie souvent de mentionner que c’est moi qui l’ai conçue et mise en place en 1999.
Comment entendez-vous peser ensuite ?
Je n’ai aucune ambition ministérielle, même si je ne renonce pas à exercer une influence. J’ai eu le temps d’assouvir mon désir d’action à la tête de cinq ministères, de 1981 à 2000. J’ai toujours été un homme d’études et de recherche. Je continuerai à m’occuper de la Fondation « Respublica » et, tant que j’en resterai l’élu, du Territoire de Belfort.
Certains à gauche disent encore « douter » de la capacité de Hollande à exercer la fonction…
Je lui fais confiance pour être un Président dans lequel les Français pourront se reconnaître. Nicolas Sarkozy a commis l’erreur de vouloir désacraliser la fonction. François Hollande l’exercera avec dignité. Je sais qu’il s’adaptera très vite. Sa tâche sera difficile. Mais il a de la ressource. Je le soutiendrai les yeux ouverts, mais sans démagogie, avec le seul souci de lui faire entendre des arguments auxquels d’autres n’auraient pas pensé. J’ai assez de pratique pour savoir qu’en dernier ressort, le Président de la République est maître de la décision.
Propos recueillis par Jean-Pierre Tenoux
Je me suis déterminé sur le fond, et bien avant que soit conclu l’accord que vous qualifiez de « législatif » entre le PS et le MRC. Cet accord comporte d’abord un volet politique. Il reprend les points que nous jugeons essentiels : monnaie compétitive, rôle accru de la BCE pour racheter la dette, soutenir la croissance et agir sur le change, réaffirmation du rôle du Parlement pour voter le budget, construction d’une Europe non pas en dehors des nations mais dans leur prolongement. Le volet électoral est en ligne avec l’accord conclu en décembre 2006 : neuf circonscriptions en dehors du Pas-de-Calais où interviendra, je l’espère, un accord particulier.
Sur le fond, reste-t-il des désaccords entre François Hollande et vous ?
Les accords et les valeurs communes l’emportent largement sur les désaccords. Ceux-ci concernent la nature de la monnaie unique, construction viciée, selon moi, dès l’origine mais nous sommes d’accord pour en changer les règles. Je fais confiance au pragmatisme et au patriotisme de François Hollande pour prendre les décisions les plus conformes aux intérêts du pays. Sur la sécurité, il a repris l’idée d’une police de proximité dont on oublie souvent de mentionner que c’est moi qui l’ai conçue et mise en place en 1999.
Comment entendez-vous peser ensuite ?
Je n’ai aucune ambition ministérielle, même si je ne renonce pas à exercer une influence. J’ai eu le temps d’assouvir mon désir d’action à la tête de cinq ministères, de 1981 à 2000. J’ai toujours été un homme d’études et de recherche. Je continuerai à m’occuper de la Fondation « Respublica » et, tant que j’en resterai l’élu, du Territoire de Belfort.
Certains à gauche disent encore « douter » de la capacité de Hollande à exercer la fonction…
Je lui fais confiance pour être un Président dans lequel les Français pourront se reconnaître. Nicolas Sarkozy a commis l’erreur de vouloir désacraliser la fonction. François Hollande l’exercera avec dignité. Je sais qu’il s’adaptera très vite. Sa tâche sera difficile. Mais il a de la ressource. Je le soutiendrai les yeux ouverts, mais sans démagogie, avec le seul souci de lui faire entendre des arguments auxquels d’autres n’auraient pas pensé. J’ai assez de pratique pour savoir qu’en dernier ressort, le Président de la République est maître de la décision.
Propos recueillis par Jean-Pierre Tenoux