Alors que la Grèce est en proie à de violentes manifestations, après l’annonce d’un plan de rigueur drastique, le sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre et président du MRC, Jean-Pierre Chevènement, préfère une « relance à l’échelle de la zone euro », plutôt que des plans de rigueur. Il dénonce les dirigeants européens qui « ne sont pas à la hauteur » et « enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe ». Entretien.
Public Sénat : La commissaire européenne aux Affaires économiques, Olli Rehn, s’est prononcée, comme Angela Merckel, pour un renforcement du Pacte de stabilité et de croissance, suite à la crise grecque. Vous avez toujours milité au contraire pour son assouplissement. Avez-vous changé d’avis ?
Jean-Pierre Chevènement : Je pense qu’il faut concevoir la zone euro comme une zone économique susceptible de bénéficier de politiques contracycliques. Les politiques keynésiennes ont réussi à chaque fois qu’elles étaient appliquées dans un cadre vaste. Plutôt que de multiplier les pactes de stabilité qui se traduisent par des plans de récession, il faudrait mieux concevoir des politiques économiques basées sur des relances à l’échelle de la zone euro. Il faut certes que la Grèce fasse des efforts pour rétablir ses comptes. Mais les grands pays devraient faire des efforts pour participer à la relance de l’économie à l’échelle européenne et mondiale.
On ne peut pas programmer dans tous les pays de la zone euro des plans de retour à la rigueur sans que cela ne signifie une récession généralisée dont l’Allemagne fera les frais au final. Elle exporte plus de la moitié de sa production en Europe, donc elle n’a pas intérêt à ce que la croissance européenne soit mise en berne.
Public Sénat : La commissaire européenne aux Affaires économiques, Olli Rehn, s’est prononcée, comme Angela Merckel, pour un renforcement du Pacte de stabilité et de croissance, suite à la crise grecque. Vous avez toujours milité au contraire pour son assouplissement. Avez-vous changé d’avis ?
Jean-Pierre Chevènement : Je pense qu’il faut concevoir la zone euro comme une zone économique susceptible de bénéficier de politiques contracycliques. Les politiques keynésiennes ont réussi à chaque fois qu’elles étaient appliquées dans un cadre vaste. Plutôt que de multiplier les pactes de stabilité qui se traduisent par des plans de récession, il faudrait mieux concevoir des politiques économiques basées sur des relances à l’échelle de la zone euro. Il faut certes que la Grèce fasse des efforts pour rétablir ses comptes. Mais les grands pays devraient faire des efforts pour participer à la relance de l’économie à l’échelle européenne et mondiale.
On ne peut pas programmer dans tous les pays de la zone euro des plans de retour à la rigueur sans que cela ne signifie une récession généralisée dont l’Allemagne fera les frais au final. Elle exporte plus de la moitié de sa production en Europe, donc elle n’a pas intérêt à ce que la croissance européenne soit mise en berne.
Le plan d’aide à la Grèce est-il arrivé trop tard ?
Oui, il aurait pu arriver plus tôt, mais il y a eu des résistances. On a fait le jeu des marchés financiers et de la spéculation. De plus, le taux d’intérêt auquel on prête est trop élevé.
Les dirigeants européens ont-ils été à la hauteur ?
A mon avis, ils ne sont pas à la hauteur. Ils n’ont pas une vue d’économie d’ensemble. Ils sont enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe, qui va leur faire imposer des plans de rigueur. Le résultat sera une récession généralisée, une crise sociale et politique dont je ne vois pas l’issue.
La Grèce pourrait-elle sortir de la zone euro ?
Tout ce qui est fait actuellement est fait pour qu’elle ne sorte pas de l’euro. Mais on ne peut rien exclure. Si elle se retrouve en défaut de paiement, elle peut choisir d’elle-même d’en sortir. Mais ce n’est pas souhaitable. Je ne suis pas pour la politique du pire. La monnaie unique, vis-à-vis de laquelle j’ai été très critique, est une monnaie qui ne repose pas sur une identité politique solide. Mais aujourd’hui, il faut essayer de trouver le moins mauvais remède.
Voir l'entretien sur le site de Public Sénat.
Oui, il aurait pu arriver plus tôt, mais il y a eu des résistances. On a fait le jeu des marchés financiers et de la spéculation. De plus, le taux d’intérêt auquel on prête est trop élevé.
Les dirigeants européens ont-ils été à la hauteur ?
A mon avis, ils ne sont pas à la hauteur. Ils n’ont pas une vue d’économie d’ensemble. Ils sont enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe, qui va leur faire imposer des plans de rigueur. Le résultat sera une récession généralisée, une crise sociale et politique dont je ne vois pas l’issue.
La Grèce pourrait-elle sortir de la zone euro ?
Tout ce qui est fait actuellement est fait pour qu’elle ne sorte pas de l’euro. Mais on ne peut rien exclure. Si elle se retrouve en défaut de paiement, elle peut choisir d’elle-même d’en sortir. Mais ce n’est pas souhaitable. Je ne suis pas pour la politique du pire. La monnaie unique, vis-à-vis de laquelle j’ai été très critique, est une monnaie qui ne repose pas sur une identité politique solide. Mais aujourd’hui, il faut essayer de trouver le moins mauvais remède.
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