Carnet de Jean-Pierre Chevènement

Communiqué de Jean-Pierre Chevènement : "Cette vague d'attentats ne sera pas, hélas, la dernière"



Cette vague d’attentats terroristes n’est pas la première et ne sera pas non plus, hélas, la dernière. Ma pensée va d’abord aux victimes et à leurs familles ».

C’est la guerre qui nous est faite mais une guerre asymétrique. Nous n’avons pas les moyens de la gagner rapidement. Mais nous devons la gagner, d’abord en manifestant notre unité nationale derrière les mesures prises par le Président de la République et par le Gouvernement, ensuite en montrant sang froid, détermination au long cours et, s’il le faut, bravoure.

Les défis se situent à l’intersection des conflits du monde arabo-musulman et des tensions internes de notre société. La menace vise la France et la République. La réponse c’est la France et c’est la République. C’est en appliquant nos principes et nos lois dans toute leur rigueur que nous préserverons la cohésion nationale. Nous finirons par isoler une poignée de criminels fanatiques semeurs de haine.

Le patriotisme et le civisme du peuple français tout entier, c’est-à-dire de la communauté des citoyens dans leur ensemble, permettront de les éradiquer.


Mots-clés : terrorisme
le Samedi 14 Novembre 2015 à 13:49 | Lu 6448 fois



1.Posté par Michel RICHEBOEUF le 14/11/2015 14:33
M Chevenement,
nous sommes comme des moutons à l'abattoir.nous ne nous sentons plus en sécurité,
au sein de notre pays.
nous subissons ce que le Donbass, la Syrie, l'Irak ,et le Liban etc subissent depuis longtemps.

2.Posté par Brigitte FERRY le 14/11/2015 14:45
Ce n'est hélas pas le dernier...Quand pouvons-nous espérer que nos politiques vont enfin oser parler vrai et non le politiquement correct et prendre les mesures nécessaires et pas forcément bien acceptées face à une guerre ouvertement déclarée?

3.Posté par Jules DUNORD le 14/11/2015 15:40
Une idée de mesure non politiquement correcte : la suppression de la double nationalité. Presque tous les terroristes ayant opéré en France ont un point commun : ils sont binationaux. Ceci peut se concevoir pour la première génération (né à l’étranger puis devenu Français). Par contre cette double nationalité transmissible à la deuxième, troisième .. (jusqu’à quand ?) génération est inconcevable.

Comment ces personnes peuvent-elles se sentir françaises quand elles sont Franco-Autre Nationalité ? Française pour les avantages que leur procure la France et autre nationalité pour tout le reste. Jamais ces jeunes ne s’intégreront car leur cœur est ailleurs. Rappelons-nous certaines réactions dans des écoles au lendemain de Charlie. La solution serait de demander à ces personnes, dès l’âge de 10-12 ans de choisir la nationalité qu’elles souhaitent : française ou autre. Et bien évidemment de retirer la nationalité française aux binationaux figurant parmi les 4000 fichés pour leurs liens avec le terrorisme.

Cette idée est politiquement non correcte car elle est (je pense) proposée par le FN. Ne vaux-t-il pas mieux que ce soit des démocrates républicains qui la mette en application plutôt que le FN ? La politique de l’autruche et le laxisme, cela suffit !!

4.Posté par P CHAROULET le 14/11/2015 16:05
Dans les cas graves, il convient de réfléchir avant de réagir. Commençons par recenser nos troupes et nos armes, et à dresser la liste de celles qui nous manquent pour lancer le moindre assaut... Or, la France est bien démunie et ce n'est pas demain la veille que nous retrouverons les moyens de combattre. Pas la peine de déclarer la guerre, ou de répondre à une déclaration de guerre quand on n'est pas en mesure de la mener.

5.Posté par Jp JP le 14/11/2015 16:36
FH est capable de faire face. Fera-t-il face ?

6.Posté par Jp JP le 14/11/2015 19:25
"ZONES DE NON DROIT" ! dans notre propre pays ! va-t-on encore tolérer cela longtemps ???

7.Posté par Laroussi SATI le 15/11/2015 12:22
Monsieur le Ministre,

Bien sûr qu'il faut l'unité nationale, mais expliquez moi comment et j'oserais dire pourquoi quand depuis un petit moment en france on divise pour régner, que sous prétexte de démocratie on crée du communautarisme que les maghrébin'(e)s, les noirs... même celles et ceux qui sont pourtant nés sur le territoire français doivent tous les jours rappeler, préciser et maintenant prouver qu'ils sont français tant la suspicion et la délation leurs pèsent. On est en guerre, bien sûr on est en guerre mais en guerre civile aussi. C'est malheureux, affreux et dramatique, comme cette marche des "Qui est Charlie" et qui n'était autre que du rejet de l'autre. Comme cette loi sur le renseignement qui n'est ni plus ni moins que de l'appel à délation: fantasme, paranoïa et peur de l'autre voilà ce que cela a généré. Fallait t il attendre un tel événement où toutes et tous sont touchés: français de souche ou du moins ce qu'il en reste, noirs, maghrébins, femmes, enfants, hommes pour q'enfin la république dise je suis une et indivisible. Je croyais que c'était déjà le cas. Enfin, je croyais. Le juge Trévidic a tout dit sur france 2. On a crée un monstre et j'ajoute avec nos passions, nos haines, nos préjugés et maintenant il est là et ma crainte est qu'il ne soit plus fort que nous tant que l'on aura pas résolu la guerre civile qui sévit en france depuis près de 50 ans et que jusqu'alors certain politiques ont attisés (diviser pour mieux régner). Réglons notre haine avec nous même, acceptons nous tel que nous sommes et alors peut être que l'on pourra gagner contre ces fous, dangereux et grotesques.

8.Posté par Jp JP le 15/11/2015 12:45
Un Livre qui contient des appels à la mort d'êtres humains désignés
est-il compatible avec la PAIX recherchée par la majorité de l’HUMANITE ?
N’est-ce pas un terrible fondement du problème qui fait réfléchir (ou pas), Valls, FH, et autres personnalités aux commandes de notre pays ?

9.Posté par Gérard RAINIER le 15/11/2015 14:47
"La réponse c'est la France et la République", jolies paroles mais au delà des paroles quid de la politique de la France de MM. Hollande et Fabius (et avant de celle de M. Sarkozy) ?

Quid de nos relations avec l'Arabie Saoudite, avec le Qatar et a contrario de notre absence de relations constructives avec Assad, avec la Russie, avec l'Iran ?


Au delà des ces paroles ("paroles, paroles..." comme chantait Dalida ), quand M. Chevenement va-t-il se désolidariser de la politique extérieure du gouvernement actuel ? Politique absurde qui nous a conduit à cette situation gravissime ?

10.Posté par Subirano AGORREGI le 15/11/2015 15:01
Il faut rétablir le service national (Armée, Police, Douane) dans des modalités comparables à la Suisse. Ce n'est pas avec nos effectifs actuels que notre pays pourra assurer efficacement sa sécurité intérieure.
Nous connaissons tous les intérêts majeurs de la conscription à la fois terreau de l'intégration mais également moyen de détection des éléments déviants de notre société.
Il faut également, dès aujourd'hui, faciliter le recrutement de réservistes permettant de démultiplier rapidement nos effectifs de sécurité et soulager ceux déjà en opérations.
Arrêtons les discours, passons aux actes efficaces.

11.Posté par Michel Frontère le 15/11/2015 17:09
Il faudrait que la France revienne à ce que l'on a appelé du nom de "diplomatie gaullo-mitterrandienne", c'est-à-dire une politique qui ne soit pas exclusivement suiviste à l'égard des États-Unis qui, eux, semblent avoir retrouvé le sanctuaire qu'ils constituaient avant le 11 septembre, ni hostile à la Russie - fût-elle celle de Poutine- mais cherche à retrouver, voire à initier, avec l'ensemble des parties concernée,s les chemins de la paix en Syrie et en Irak.

Je crains que notre pays ne tombe dans le piège redoutable que lui tendent les terroristes, à savoir être en première ligne dans le combat contre Daesch. Je me méfie des va-t-en-guerre et des déclarations à l'emporte-pièce "On va détruire Daesch".

C'est là que des politiques comme Jean-Pierre Chevènement, Hubert Védrine, Dominique de Villepin, voire François Fillon, ont un rôle essentiel à jouer pour éclaircir les idées de notre peuple sur les enjeux actuels.

12.Posté par Jules DUNORD le 15/11/2015 17:20
@ Laroussi SATI (post 7)
Grotesque : qui fait rire par son apparence bizarre, qui est absurde, ridicule (définition du Larousse).
Les terroristes, assassins fanatiques, ne font rire personne, j’ose espérer qu’il en est de même pour vous.

Non, la France n’est pas en guerre civile depuis 50 ans. Non, la France n’a pas créé le communautarisme. La France, terre des lumières, est tolérante pour qui veut intégrer ses valeurs.

Soyons clair et direct. Il n’y a pas eu de gros problèmes d’intégration lors de l’arrivée massive de Polonais, d’Espagnols, d‘Italiens ou de Portugais. Le communautarisme est apparu avec l’arrivée de populations originaires d’Afrique du Nord. Certains se sont très bien intégrés (surtout la première génération) et se sentent Français. Ils ont gardé leurs différences mais dans le respect de la République. D’autres malheureusement refusent de s’intégrer et essaient de changer la France de l’intérieur par le communautarisme. Ceci est inacceptable. C'est la source des problèmes actuels.

13.Posté par Paul PIERRET le 15/11/2015 19:10
A situation exceptionnelle, solution exceptionnelle.
Seriez-vous pour la création d'une Garde Nationale, en puisant par exemple dans le vivier de la Réserve de l'Armée, moyennant formation suivie de prestation de serment, qui autoriserait au port d'arme ses membres, capables alors, fondus dans le public, de riposter aux agressions terroristes?

14.Posté par Laroussi SATI le 19/11/2015 02:38
@Jules DUNORD (post 12)

"Les terroristes, assassins fanatiques, ne font rire personne, j’ose espérer qu’il en est de même pour vous": Oui, je ne fais rire personne et pourtant je ne pense pas être un terroriste
"Non, la France n’a pas créé le communautarisme." Pas tout à fait. Vous me semblez mal informé. Renseignez vous
"La France, terre des lumières,": les lumières qui sont à l'origine du mot "racisme" ?
"lors de l’arrivée massive de Polonais, d’Espagnols, d‘Italiens ou de Portugais.": dont certains pour ne pas dire la plupart parmi les pires des racistes aujourd'hui (j'en sais quelque chose, on en parle)
"Le communautarisme est apparu avec l’arrivée de populations originaires d’Afrique du Nord." c'est vrai que pour ces populations vivre dans le repli à cause du rejet c'est se communautariser !
"essaient de changer la France de l’intérieur par le communautarisme." la France se débrouille pas mal aussi par elle même. De quelle France parle t on ?
"C'est la source des problèmes actuels." Tarissons la source c'est tellement mieux, virons tous les maghrébins ! (combien vous me donnez ? avant que de faire mes valises moi qui suis né français)

15.Posté par Jules DUNORD le 20/11/2015 19:13
@ Laroussi SATI (post 14)

Ma seule réponse à votre diatribe est un copié collé du figaro.fr de ce vendredi, tout est dit :

« Dans un sermon vigoureux d'environ une demi-heure, en arabe puis en français, l'influent imam de Bordeaux, considéré comme le théoricien d'un "islam occidental", a appelé les musulmans de France à "changer leur logiciel" et se défaire d'une "culture d'assiégés" dans laquelle beaucoup ont grandi ou ont été élevés. »

"J'ai l'impression que le monde musulman souffre de l'intérieur. Les musulmans n'ont pas le logiciel qui leur permet de vivre normalement avec les autres". La responsabilité, selon Tareq Oubrou, incombe en partie aux "savants de l'islam". C'est à eux qu'il revient de "reformuler un logiciel qui permette aux musulmans d'être en harmonie avec Dieu tout en étant en harmonie avec les autres".

16.Posté par Laroussi SATI le 22/11/2015 01:00
@jules DUNORD post 14
Merci pour votre réponse. Effectivement, c'est un argument d'autorité ? Argument qui repose sur une interprétation pour le moins subjective. cf "j'ai l'impression".
J'ai un logiciel et je m'efforce de ne pas oublier les mises à jours qui vont avec.
Je vous rappelle que des musulmans figurent parmi les victimes. Heureusement disent certains, ce qui me fait émettre des réserves d'autant et m'inquiète. Vraisemblablement pour vous s'il y avait eu un tri cela ne changeait rien. Après tout, c'est toujours quelques musulmans de moins et vous avez raison.
Maintenant, chacun voit midi à sa porte. Cependant, quand on vient vous dire qu'à midi il est midi et que vous êtes convaincu et persuadé du contraire libre à vous mais faites moi la grâce de qualifier de diatribe mon propos quand j'exprime très humblement les faits rien que les faits: amen.
Bien à vous.

17.Posté par Jules DUNORD le 22/11/2015 10:04
@ Laroussi SATI (post 16)

Vous vous sentez vraiment persécuté et un peu (ou beaucoup) parano.

Ais-je écris quelque part « c'est toujours quelques musulmans de moins » ?
Nous avons tous le droit de vivre sur cette terre, en paix et dans le respect de l’autre. Nos différences sont une richesse.

Tout mon post 15 concerne les propos de Tareq Oubrou, imam de Bordeaux. Pas de doute, vous avez le logiciel qu’il décrit (« culture d'assiégés dans laquelle beaucoup ont grandi ou ont été élevés »). Changez-en, comme il le dit, pour être en harmonie avec Dieu tout en étant en harmonie avec les autres. Une simple mise à jour ne suffira pas.
Vous verrez, vous serez alors beaucoup plus heureux, tolérant, en paix avec les autres et d’abord avec vous-même.

18.Posté par Laroussi SATI le 22/11/2015 22:17
Un grand merci Jules DUNORD (post 16) pour cette séance de psy. Vous m'avez permis de prendre conscience que j'avais un problème.
Je me sens presque plus heureux, tolérant, en paix avec les autres et d'abord avec moi-même.
Bien à vous.

PS: Pitié, relisez vous, notamment relisez les inepties de votre premier post et surtout ne m'écrivez pas, ne m'écrivez plus.

19.Posté par Philippe GERARD le 24/11/2015 14:47
Attentats terroristes : comment assurer la sécurité de la population avec un appareil judiciaire imprévisible ?
Dans la lutte contre le terrorisme, notamment pour assurer la protection des populations et préserver l'ordre public, une faiblesse majeure du dispositif institutionnel de l'Etat demeure. Cette faiblesse c'est l'institution judiciaire. Rien n'est plus incertain en effet que l'application de la loi pénale par les tribunaux : c'est l'horoscope judiciaire qui prévaut. On observe depuis des décennies que, dans le même tribunal, selon la chambre qui aura à connaître d'affaires semblables mettant en cause des personnes aux profils similaires, les condamnations des prévenus pourront varier énormément. Par exemple, de l'emprisonnement ferme pour les uns à une peine de substitution symbolique voire à une dispense de peine pour les autres. Il n'y a pas de peine-plancher liée à la nature de l'infraction commise — réforme nécessaire discréditée en partie par l'exploitation démagogique que Sarkozy en a fait — et chaque juge choisit la nature de la peine prononcée et son niveau selon ses vues personnelles. Il n'y a donc pas de politique pénale possible pour le gouvernement, quel que soit le gouvernement.
Ce système permet d'user et d'abuser d'une mystification que tous les politiques utilisent depuis des années pour nous persuader de leur action résolue contre le crime : l'augmentation des peines encourues. Ils savent pertinemment que c'est totalement inopérant : ils ne maîtrisent rien dans ce domaine, hormis des maxima très exceptionnellement appliqués, puisque le Parlement a abandonné de fait, par la loi, à la magistrature, ses attributions constitutionnelles sur la détermination des peines applicables.
Le Président de la République vient de nous refaire le coup en annonçant l'aggravation des peines encourues en matière de trafic d'armes. Mais cela n’empêchera pas des juges de prononcer une peine ridicule au regard de la gravité des faits de trafic d’armes commis. Il faut savoir que, pour de trop nombreux magistrats, l'ordre public est un gros mot qui ne saurait être pris en considération pour prononcer une peine. Les jugements sont pourtant censés être rendus au nom du peuple français, mais les attentes du peuple sont qualifiées de populistes quand elles s'écartent du prêt-à-penser judiciaire. Les mesures alternatives aux poursuites, le contrôle judiciaire, les modalités de détermination des peines appliquées et les “aménagements” des peines de prison ferme prononcées par les tribunaux, forment un système destiné à désengorger les tribunaux et les prisons : c'est le but de la manoeuvre depuis plus de trente ans auquel tous les partis politiques “de gouvernement” adhèrent malgré un échec évident. Les tribunaux sont de plus en plus surchargés, les prisons surpeuplées et la violence criminelle de plus en plus prégnante. On voit ces résultats tous les jours, au prix de la sécurité de la population.
Ce que l'on apprend sur certains des auteurs des attentats de Paris est une énième illustration de cette dérive mortifère. Le principal commanditaire présumé a été condamné à deux ou trois ans de prison en 2010 suite à un vol à main armée. C'est, d'après le code pénal, un crime qui relève de la cour d'assises, mais on le "correctionnalise", pratique très courante, en passant sous silence les circonstances aggravantes comme la menace d'une arme qui en font un crime. Il faut croire que se retrouver avec un pistolet sur le ventre c'est anodin, ça ne trouble pas vraiment l'ordre public, on voit ça dans tous les films et séries télé ; les victimes sont des fâcheux qui n'ont pas leur place dans l'entre-soi des gens de basoche.
Un autre de ces auteurs, qui aurait séjourné en Syrie en 2013, a fait l'objet de huit condamnations pour des délits de droit commun sans jamais avoir été emprisonné. Il se serait ensuite radicalisé à Chartres. Pourquoi le suivi des peines de substitution qui résultent de ces huit condamnations n'a-t-il pas permis de déceler son évolution vers la radicalisation ? Pourquoi le juge de l'application des peines n'a-t-il rien vu de cette évolution ? On sait pourtant depuis plusieurs années que ce sont surtout des délinquants qui se radicalisent avant d'être aspirés par la secte djihadiste. Et il y a des milliers de ces délinquants dans la nature.
Un autre encore, qui se serait rendu en Syrie en 2010, a été mis en examen en octobre 2012 pour participation à une association de malfaiteurs en vue d'un projet terroriste. Ce genre d'incrimination doit être véniel, puisque le juge saisi ne l'a pas placé en détention provisoire — la notion d'ordre public a-t-elle eu un effet repoussoir ? Il est vrai que la gestion de détenus dans une information judiciaire est beaucoup plus contraignante pour le magistrat qu'une mesure de contrôle judiciaire. C'est ce contrôle qui a été choisi — par le juge d'instruction ou le juge des libertés et de la détention, on ne sait pas — et la personne mise en examen a pu s'y soustraire tranquillement en 2013 et participer aux attentats de Paris.

Qu’est-ce qui a motivé cette décision de contrôle judiciaire ? L’absence de condamnations au casier judiciaire du malfaiteur ! Critère bureaucratique ahurissant mettant sur le même pied le terroriste et le voleur de poule, décision d’autant plus incompréhensible quand on sait que nombre de condamnations prononcées par les tribunaux ne sont pas inscrites au casier judiciaire. Le contrôle judiciaire sert trop souvent à masquer une pure et simple remise en liberté, en raison du caractère habituellement difficilement vérifiable, ou peu contraignant voire symbolique, des obligations qui s'y attachent.
N'allez surtout pas penser que les terribles attentats de Paris vont entraîner une remise en question d’un système judiciaire à bout de souffle. Les politiques ne veulent pas affronter la magistrature parce qu'il ne faut pas insulter l'avenir — pour beaucoup leur avenir personnel s'entend, les peines-plancher pourraient s'appliquer aussi aux délits économiques et financiers... Et il faut lire le communiqué de presse du Syndicat de la Magistrature du 16 novembre dernier qui, les cadavres des victimes des attentats à peine refroidis, s'élève contre la proclamation de l'état d'urgence : "la France a tout à perdre à cette suspension, même temporaire, de l'état de droit" peut-on lire. Depuis quand la loi sur l'état d'urgence est-elle étrangère à notre corpus juridique ?
Pour ce syndicat, toute loi de la République qui contrevient à son idéologie est illégitime et porte atteinte à l'état de droit. Ne comptez pas sur ces magistrats pour avancer des solutions concrètes et réalistes aux problèmes auxquels les Français sont confrontés, ils sont dans un pseudo-juridisme radical hors sol, bien à l'abri derrière leur irresponsabilité statutaire.
Si les conditions d'application de la loi pénale dans les tribunaux n'évoluent pas, la création de postes supplémentaires de magistrats et l'affectation de moyens supplémentaires n'y changeront rien. C'est aux politiques de prendre leurs responsabilités pour imposer, par la loi, des conditions d'application de la loi pénale adaptées à la situation. Sinon, on continuera de constater régulièrement que des décisions du bateau ivre qu'est devenue la justice réduisent parfois à néant le travail réalisé par les autres institutions pour assurer la sécurité de la population exposée à la délinquance, à la criminalité et au terrorisme. C'est un volet indispensable à une action cohérente et efficace de l'Etat républicain qui est confronté à une menace d'une gravité sans précédent.

20.Posté par Paul PIERRET le 25/11/2015 13:21
Je ne connais rien à la Justice, comme beaucoup trop de français, malheureusement. Mais le tableau qu'en fait Philippe GERARD rejoint de nombreuses critiques à cet égard. Serait-elle empêchée de se réformer par les auteurs du "Mur des cons" ?
Le pouvoir judiciaire se doit d'être indépendant des deux autres pouvoirs, alors où est la solution ?

21.Posté par Philippe GERARD le 25/11/2015 15:31
Ce n'est pas seulement le syndicat de la magistrature qui s'oppose à toute réforme du système, même s'il est aux avant-postes de ce "combat". La plupart des magistrats veulent conserver le maximum de liberté dans leurs décisions et les hommes politiques ont un intérêt objectif à cette situation qui les exonère en apparence de toute responsabilité vis-à-vis des dérives du système. On pourrait aussi parler de toutes les chicanes juridiques formelles introduites dans notre droit par des parlementaires sous la coupe du lobby des avocats (ils sont nombreux au Parlement) pour soi-disant protéger les droits de l'homme mais pour en fait entraver les investigations et éviter in fine l'application du code pénal quand on parvient ainsi à torpiller la procédure. Ce sont les affaires économiques et financières qui sont visées par ces dispositions législatives déjà anciennes (juin 2000 notamment), mais elles profitent aussi à la criminalité organisée et à la délinquance. C'est le choix de la défense des droits de l'homme criminel plutôt que la défense des droits de l'homme victime du crime : c'est un choix politique.
Pour revenir au pouvoir judiciaire, qui n'est qu'une autorité d'après la Constitution mais est devenu un pouvoir de fait, il doit certes rester indépendant. Mais il ne doit pas être un électron libre. La constitution confie au Parlement (les députés et les sénateurs) la définition des crimes et délits et la détermination des peines qui leur sont applicables. D'une manière générale, toutes les règles du droit pénal et de la procédure pénale sont des lois votées par le Parlement. Pour éviter des décisions de justice incohérentes mettant en jeu la sécurité des Français, il faut mettre en place un système de peines-plancher, c'est-à-dire un minimum en deçà duquel le magistrat ne peut pas descendre.
On pourrait décider par exemple que la violence contre les personnes est inadmissible dans un pays comme le nôtre et définir des planchers de peines en conséquence selon la gravité des infractions. Mais les magistrats et les avocats sont vent debout contre un tel projet avançant leur sophisme habituel : ce serait porter atteinte au principe de l'individualisation des peines. On ne voit pas pourquoi les juges ne pourraient pas individualiser une peine dans une fourchette allant par exemple de six mois à cinq ans d'emprisonnement ferme.
Le Parlement serait dans son rôle en imposant une telle mesure par la loi. Mais l'idéologie largement partagée par les milieux judiciaires et la classe politique, pour des raisons souvent très différentes, dit qu'il faut à tout prix éviter la prison pour réinsérer les délinquants dans la société et éviter la récidive. Ils s'entêtent malgré le naufrage avéré de cette politique qui est régulièrement aggravée avec constance depuis une bonne trentaine d'années (encore récemment avec la création de la contrainte pénale).
Les tenants de cette politique ont baptisé principes leurs préjugés et refusent de voir la réalité du développement et même de l'emprise du crime dans notre société. Les hommes politiques ont les moyens de changer cet état de choses dans le cadre de notre système républicain. Encore faut-il qu'ils en aient les capacités et plus encore la volonté.

22.Posté par Laroussi SATI le 26/11/2015 22:42
On dit que la justice est "indépendante" et qu'elle se prononce "au nom du peuple français". En cette période, me semble t il, de forte "martialisation" des passions, haines et préjugés, je veux croire qu'elle continuera de le faire, si toutefois on lui accorde non pas des lois mais des moyens (dixit le Juge antiterroriste Monsieur TREVIDIC).

23.Posté par Philippe GERARD le 29/11/2015 19:25
Sans les lois qui permettent de les utiliser, les moyens sont inopérants.

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