Verbatim express :
- Alstom n'a pas le couteau sous la gorge. Il faut savoir que le groupe a 50 milliards de commandes, 3 ans de plan de charge, une marge bénéficiaire, une rentabilité de 4%. On nous présente le problème comme : est-ce Siemens ? Est-ce General Electric ? Non, le problème ne se pose pas du tout comme ça !
- Le contrôle du capital doit rester français. Pour moi, il est hors de question que le contrôle du capital passe sous pavillon étranger, qu'il soit américain ou allemand.
- Je veux dire à Arnaud Montebourg que l'offre Siemens me paraît très déséquilibrée.
- Le secteur de l'énergie c'est 70% du chiffre d'affaires d'Alstom, et c'est l'avenir, car on aura toujours besoin de l'énergie, et l'énergie est au cœur de l'industrie. Si la France abandonne l'énergie, c'est un pan entier de nos industries d'équipements, c'est tout l'électro-nucléaire qui disparaît.
- C'est une bien curieuse façon d'engager la « transition énergétique » que de commencer par brader ce qui est notre principal actif !
- Il y a d'autres solutions. L’État peut monter au capital. L'Etat peut obtenir d'autres entreprises françaises qu'elles montent au capital d'Alstom. Ca peut être Areva, ça peut être Safran, qui fait des turbines pour les avions - c'est une technologie très voisine, et Safran travaille déjà avec General Electrics pour produire le CFM 56, un très gros moteur d'avion qui a beaucoup de succès.
- Safran a toutes les capacités techniques, financières, managériales pour monter au capital d'Alstom. Naturellement il faut lever des fonds. L'Etat peut y aider, mais il est parfaitement possible d'avoir une solution française, s'adossant ou non à un investisseur extérieur – ça peut être General Electrics beaucoup plus que Siemens dans le contexte actuel, dont l'offre est profondément déséquilibrée.
- Montebourg est parfaitement légitime à demander du temps. Une entreprise comme Alstom est installée à Belfort depuis 1880 (locomotives), avant de faire des turbines, des alternateurs, des armements... La richesse d'Alstom est constituée de l'effort national depuis un siècle et demi.
- Ce sont des opérations purement financières visant à faire monter le cours de l'action, et peut être, à délocaliser le siège social, ce qui autorise de plus grandes rémunérations pour les dirigeants – je ne parle pas précisément d'Alstom, mais de Lafarge.
- L'Etat doit intervenir absolument : c'est le principe d'une politique industrielle. Nous avons perdu l'aluminum, Pechiney, dans des conditions invraisemblables. Le PVC, Arkema, filiale de Total passée sous contrôle étranger, le ciment, Lafarge, l'acier avec Arcelor Mittal, maintenant l'électro-mécanique : mais jusqu'où ne descendrons nous pas ?
- La France devient insignifiante parce qu'elle l'a bien voulue. C'est la croyance en la France, c'est la volonté de prendre des décisions à l'aune des intérêts de la France qui fait défaut. Nous ne sommes pas le pistolet sur la tempe.
- Alors qu'on se prépare à donner 35 milliards aux entreprises, sans aucune contrepartie, de manière indiscriminée, aussi bien aux grandes banques qu'aux grands groupes de distribution, alors que nous avons 60 milliards de déficit commercial, on laisserait partir à l'étranger un centre de décision majeur ?
- Le défaut de compétitivité de l'économie française vient très largement de la surévaluation de l'euro. Elle tient aussi à beaucoup d'autres facteurs, mais dans l'immédiat la France supporte un euro surévalué. Et ce que va procurer aux entreprises le transfert de 35 à 40 milliards d'euros, représente 3 ou 4 centimes de variation de l'euro. Or, pensez que l'euro est passé de 82 centimes de dollar en 2002 à 1,60 en 2006 et aujourd'hui à 1,40 !
- Le compte n'y est pas, notre politique n'est pas bien calibrée. PMF disait : « il n'y a pas de politiques sans risque, mais il y a des politiques sans chances ».