Carnet de Jean-Pierre Chevènement

A la merci d’une voix claire et véridique



Nicolas Sarkozy hier, dans les Ardennes, s’est efforcé de rattraper Ségolène Royal, en flétrissant l’euro cher, « les dérives financières » et la politique de la Banque Centrale Européenne.

M. Trichet a répondu par avance, le 17 décembre, à Berlin : « Nous sommes indépendants parce que nos régimes démocratiques l’ont voulu ainsi ». En déclarant à la réunion du PSE à Porto : « Ce n’est pas à M. Trichet de décider de l’avenir de nos économies, c’est aux dirigeants démocratiquement élus », Ségolène Royal a implicitement pointé la nécessité de modifier le texte des traités européens concernant les statuts de la BCE.

Il n’est pas possible de prétendre respecter « l’indépendance » de la Banque Centrale, en critiquant seulement son « omnipotence ». Sans doute faut-il affirmer une volonté politique au niveau de l’Eurogroupe qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, voire du Conseil des ministres ou du Conseil Européen, afin d’affirmer la compétence des autorités politiques élues en matière de politique de change. C’est la démission de ces autorités politiques qui a conduit la Banque Centrale à utiliser à son profit l’ambiguïté relative du traité de Maastricht sur cette question du change. Mais on ne pourra pas échapper à la réforme des statuts de la Banque Centrale pour introduire parmi ses missions le soutien à la croissance et à l’emploi, sur le modèle du Federal Reserve Board américain ! C’est ce que prévoit l’accord MRC-PS. Cet enjeu doit être clairement énoncé, si nous voulons créer un rapport de forces au sein de l’Union européenne.

En restant dans l’ambiguïté, nous donnerions des armes à ceux qui veulent remettre sur le métier le projet de Constitution européenne. Tel était l’objectif d’une réunion convoquée la semaine dernière par deux pays ayant adopté la Constitution par référendum : le Luxembourg et l’Espagne, regroupant dix-huit Etats-membres, dont seize ayant utilisé la voie parlementaire. Cette manœuvre de l’Establishment européen ne peut tromper que les naïfs : Le Luxembourg et l’Espagne sont, avec l’Irlande, les pays qui ont tiré les plus gros avantages de la construction européenne. le Luxembourg a drainé institutions européenne et, par une fiscalité avantageuse, banques et sièges sociaux (son revenu par habitant est aujourd’hui de 241% de la moyenne de l’Union). Quant à l’Espagne, elle est le plus gros bénéficiaire net des fonds européens (2,5 % de son PIB). Il eût fallu que Luxembourgeois et Espagnols fussent « masos » pour rejeter une Constitution dont nul ne leur a d’ailleurs expliqué la portée autrement que José Luis Zapatero : « Quand on construit dix kilomètres d’autoroutes en Espagne, l’Europe en paye six ». Avec cela, le taux de participation au référendum espagnol n’a été que du tiers des inscrits ! Un peu de sérieux : si le texte du traité avait été présenté au référendum populaire en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Pologne et dans bien d’autres pays, il eût été rejeté. Il suffit pour s’en convaincre de regarder les sondages d’« Euro baromètre » ! La « doxa » est fragile. A la merci d’une voix claire et véridique.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mardi 19 Décembre 2006 à 13:52 | Lu 7091 fois



1.Posté par xavier le 19/12/2006 17:55
Bonjour

Vous avez éffectivement raison.

Afin d'améliorer ses performances dans le domaine économique ,l'Union Européenne doit s'inspirer du pragmatisme manifesté par l'ancien directeur de la FED américaine,Alan Greespan qui adaptait la politique monétaire du pays aux objectifs poursuivis en matière de lutte contre le chômage notamment.même si la lutte contre l'inflation est un objectif à ne pas perdre de vue,il serait sans doute aussi souhaitable de ne pas déconnecter la politique monétaire des autres politiques,notamment budgétaires,des états et faire preuve de davantage de pragmatisme en la matière.

Merci

2.Posté par Malakine le 19/12/2006 19:05
Sarkozy n'a pas critiqué que la politique monétaire, mais aussi le libre échange, la désindustrialisation, la politique communautaire de la concurrence, le primat de la finance sur l'industrie. Il a appelé à la préférence communautaire et à la constitution d'un gouvernement économique européen, à une nouvelle politique industrielle ...
Samedi Dominique de Villepin invitait Emmanuel Todd à faire un exposé lors de la conférence sur l'emploi et les revenus sur les effets du libre échange mondialisé sur les salaires ...
Vous n'êtes plus dans la course, mais manifestement vos idées y sont toujours. A droite, malheureusement.

3.Posté par gourbier le 19/12/2006 20:19
Je crains fort qu'il n'y ait pas d'autre moyen de faire cpmprendre la détermination du peuple français et celle des autres peuples europeens qui grondent sourdementaqui ont été privéde referendum sre cette chose proposéeen 2005 que de menacer de sortir de certains traités.
Les anglais et d'autres europérns du Nord ont eu plus de discernement que nous aavnt de s'y engouffrer pour la gloriole

4.Posté par tonson le 20/12/2006 07:07
camarde la droite ump udf on tous les pouvoir assemble national senat parlement europèen et plus les presse ect leurs promesse qui ne sont factif il font rien et en 2007 ils en feron t encore moi tous pour les tres riche et les pauvre et rien et presque rien on peutmourire il faut la gauche passe el se rassemble a la victoire gauche des gauche un socialiste

5.Posté par Toto le 20/12/2006 12:39
Sauf, Malakine que si Villepin et Sarko luttent vraiment contre le chomage, cela se saurait...Le seul objet de leur lutte est de faire entrer la jeunesse sur un marché de l'emploi déstabilisé par les mesures qu'ils prennent afin d'être en mesure de justifier l'inexorabilité de la précarité....

6.Posté par Claire Strime le 21/12/2006 11:01
c'était déjà le but des stages Barre en 1979 et des TUCs en 1984...
Souvenirs, souvenirs...

7.Posté par Jorg Schumacher le 21/12/2006 11:16
Juste une question: Est-il vraiment nécessaire qu'un fonctionnaire européen d'origine française comme M. Trichet, qui doit son poste actuel au soutien de son pays, profite de chaque occasion pour s'exprimer en anglais? Quoi attendre de la part d'un Monsieur ayant oublié ses origines et dédaignant de s'exprimer dans sa langue maternelle - qui a pourtant un statut de langue officielle de l'Europe.
Désolé d'attirer votre attention sur une question de forme, mais qui en dit assez long sur le caractère de M. Trichet.

8.Posté par justin le 22/12/2006 09:25
En complément de ce que dit J Schumacher : Le Gaelic, parlé par moins de 5% d'Irlandais, est devenu la Nième langue officielle de l'Europe. Avec le Roumain et le Bulgare qui arrivent, on peut donc s'attendre à ce que suivent Basque, Catalan, Galicien pour le moins et pourquoi pas Corse, Breton, Alsacien ou Occitant pour ce qui nous concerne. Pourquoi pas ?
Le résultat de cette fuite en avant typiquement Européenne c'est qu'il devient impossible de traduire tous les textes et encore moins toutes des discutions. Trouver un interprète Hongrois/Maltais ou Letton/Flamand est impossible. Alors un Gaelic/Bulgare ou un futur Finno/Corse... Et bien au final : On a jamais autant parlé Anglais en Europe. Plus il y a de langues officielles, plus on en parle qu'une : l'Anglais. Toujours la meme recette du capitalisme. Changement et diversité à gogo pour qu'en fait rien ne change et que tout s'uniformise.


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