Pour ma part, je ne m’indigne pas que nos grands musées veuillent partager avec les publics de Shanghai, Atlanta, Abou Dhabi, Sao Paolo l’accès au patrimoine artistique inaliénable dont ils ont la garde. Ils contribuent ainsi au rayonnement de la culture française dans le monde, et des valeurs dont elle est porteuse. Cette façon de diffuser l’esprit des Lumières, lequel est à l’origine de l’invention des musées, relève d’un bon usage de la mondialisation.
Je ne suis pas choqué non plus qu’en retour nos musées tirent de cette coopération internationale des recettes supplémentaires qui serviront à restaurer leurs collections ou à mieux accueillir leur public.
Plutôt que d’entrer dans une vaine polémique, je préfère m’interroger sur la façon dont en France même se partage l’accès au patrimoine, aux valeurs, aux émotions artistiques qui fondent une communauté de culture.
Nos musées reçoivent de plus en plus de visiteurs, mais cette hausse, dont on doit se réjouir, est surtout due à la fréquentation touristique internationale, et bien peu à une fréquentation de proximité qui traduirait un élargissement sociologique de leur public.
Je ne suis pas choqué non plus qu’en retour nos musées tirent de cette coopération internationale des recettes supplémentaires qui serviront à restaurer leurs collections ou à mieux accueillir leur public.
Plutôt que d’entrer dans une vaine polémique, je préfère m’interroger sur la façon dont en France même se partage l’accès au patrimoine, aux valeurs, aux émotions artistiques qui fondent une communauté de culture.
Nos musées reçoivent de plus en plus de visiteurs, mais cette hausse, dont on doit se réjouir, est surtout due à la fréquentation touristique internationale, et bien peu à une fréquentation de proximité qui traduirait un élargissement sociologique de leur public.
L’observation vaut pour la plupart des services publics culturels et des spectacles subventionnés : à l’augmentation de l’offre ne répond pas une augmentation parallèle de la fréquentation. En revanche, les Français passent de plus en plus de temps devant l’écran de leur téléviseur, de leur ordinateur, et même de leur téléphone. Par ces appareils, ils ont accès à toutes sortes de services, y compris et massivement, à des services de nature culturelle.
Le résultat, c’est une séparation de plus en plus sensible entre deux cultures : d’une part une culture élitaire, où des publics peu nombreux fréquentent des œuvres reconnues comme capitales, d’autre part une culture populaire, où toutes les autres catégories sociales, et notamment celles tenues pour marginales, défavorisées ou exclues, consomment des productions culturelles tenues elles aussi en marge de la culture cultivée, souvent formatées en Amérique, et qui disposent d’un formidable avantage économique : leur caractère industrialisable.
Jamais la distance entre culture cultivée et culture populaire n’a paru aussi grande. Et pourtant, pour faire vivre la République, les citoyens doivent aussi partager un socle commun d’émotions artistiques et de références culturelles.
Comment réduire cette fracture ?
On ne le remarque pas assez, les bibliothèques de lecture publique sont les seuls équipements culturels dont la fréquentation augmente régulièrement depuis une vingtaine d’années. A la différence des musées, le public qui les fréquente est un public de proximité, et on y observe beaucoup plus de mixité sociale.
En outre, les bibliothèques deviennent des médiathèques, qui permettent à leurs usagers d’accéder à Internet aussi bien que d’emprunter ou de consulter tous les supports analogiques ou numériques. On peut y voir des expositions et elles sont souvent dotées d’un auditorium qui peut accueillir conférences, projections, lectures, concerts ou spectacles de petite forme.
Aujourd’hui, chaque bibliothèque municipale ou intercommunale a vocation à devenir un lieu d’accueil de toutes les disciplines artistiques en même temps qu’un lieu où se crée du lien social autour du savoir, de la culture et des arts.
C’est en s’appuyant sur ce réseau qu’on peut travailler à réduire « la fracture culturelle ». Une grande ambition de la gauche devrait être demain de faire une médiathèque dans chaque canton, dans chaque cité, voire dans chaque quartier.
Le résultat, c’est une séparation de plus en plus sensible entre deux cultures : d’une part une culture élitaire, où des publics peu nombreux fréquentent des œuvres reconnues comme capitales, d’autre part une culture populaire, où toutes les autres catégories sociales, et notamment celles tenues pour marginales, défavorisées ou exclues, consomment des productions culturelles tenues elles aussi en marge de la culture cultivée, souvent formatées en Amérique, et qui disposent d’un formidable avantage économique : leur caractère industrialisable.
Jamais la distance entre culture cultivée et culture populaire n’a paru aussi grande. Et pourtant, pour faire vivre la République, les citoyens doivent aussi partager un socle commun d’émotions artistiques et de références culturelles.
Comment réduire cette fracture ?
On ne le remarque pas assez, les bibliothèques de lecture publique sont les seuls équipements culturels dont la fréquentation augmente régulièrement depuis une vingtaine d’années. A la différence des musées, le public qui les fréquente est un public de proximité, et on y observe beaucoup plus de mixité sociale.
En outre, les bibliothèques deviennent des médiathèques, qui permettent à leurs usagers d’accéder à Internet aussi bien que d’emprunter ou de consulter tous les supports analogiques ou numériques. On peut y voir des expositions et elles sont souvent dotées d’un auditorium qui peut accueillir conférences, projections, lectures, concerts ou spectacles de petite forme.
Aujourd’hui, chaque bibliothèque municipale ou intercommunale a vocation à devenir un lieu d’accueil de toutes les disciplines artistiques en même temps qu’un lieu où se crée du lien social autour du savoir, de la culture et des arts.
C’est en s’appuyant sur ce réseau qu’on peut travailler à réduire « la fracture culturelle ». Une grande ambition de la gauche devrait être demain de faire une médiathèque dans chaque canton, dans chaque cité, voire dans chaque quartier.