Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Info mardi 2 septembre 2014. Il répondait aux questions de Philippe Vandel.




Verbatim express :
  • A propos de la démission en bloc du gouvernement Valls-I : je ne suis pas sûr qu'il n'eût pas été possible de recueillir la démission de un ou deux ministres sans forcément changer tout le gouvernement. Mais c'est la prérogative du président de la République.
  • Il est évident qu'il y a des marges de manœuvre en politique, simplement il faut savoir où on les prend. Quand j'entends M. Cambadélis dire que le mot « social-libéral » n'a pas sa place au PS, excusez-moi, mais le PS est devenu social-libéral dans les années 1980, dans la réalité.
  • Quant on a été ministre, on s'efforce de ne pas attaquer nommément les personnes. On les attaque sur les politiques qu'ils font ou qu'ils ont fait. Par exemple, moi je ne ménage par Jacques Delors, parce que je considère qu'il est le grand architecte, comme ministre de l'Economie puis président de la Commission européenne, du tournant de 1983 et ensuite de la monnaie unique.
  • Cecile Duflot est une femme sympathique, mais elle a toujours été dans cette logique sociale-libérale, même si elle se racontait quelques histoires, au prétexte de l'écologie. Il fallait mâtiner son discours gouvernemental d'un certain nombre d'ingrédients qui faisaient « jeune », « moderne », « dynamique », « branché ». Curieusement, ce qui est branché aujourd’hui, c'est ce qui hier était réactionnaire : le principe de précaution, la décroissance plutôt que la croissance...
  • Je connais bien François Hollande, depuis longtemps, j'ai avec lui des relations amicales, et il ne m'est jamais venu à l'esprit qu'il m'appellerait un jour à Matignon. Et j'exclue totalement de revenir au gouvernement.
  • Je cite Pierre-Mendès France pour faire le bilan de l'action de cette première moitié de quinquennat : « s'il n'y a pas de politique sans risques, il y a des politiques sans chance ». Je crois qu'une dévaluation interne ne peut pas permettre à la France de regagner sa compétitivité.

Les actes du colloque du 28 avril 2014 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "La guerre des monnaies ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica
  • Risque de guerre, chance de paix ? par Jacques Mistral, économiste, Senior fellow, Brookings Institution, Conseiller à l'Institut Français des Relations Internationales, et auteur de « Guerre et paix entre les monnaies »

le 1 Septembre 2014 à 16:52 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à "Marianne", le 28 août 2014. Propos recueillis par Eric Conan.


"L'action de la gauche a participé au désarroi français"
Marianne : Vous avez publié peu avant l’élection présidentielle de 2012 La France est-elle finie ? (Fayard). Deux ans après la victoire de François Hollande la question se pose plus que jamais vue la situation très inquiétante de notre pays. Ne faut-il pas ajouter une autre question – la gauche française est-elle finie ? – étant donné ce mélange de panique et d’impuissance dont elle fait preuve, qu’il s’agisse de la dernière crise du gouvernement Valls ou de l’ambiance délétère régnant au Parti socialiste qui se réunit ce week-end à La Rochelle ?
Jean-Pierre Chevènement : Ces soubresauts étaient prévisibles mais ce n’est que l’écume des choses. Aucun redressement n’est possible sans une prise de conscience beaucoup plus profonde. Car le désarroi français vient de très loin. Je le résumerai ainsi : nous ne savons plus qui nous sommes. A cette désorientation intime, l’action des gouvernements de gauche depuis trente ans n’est malheureusement pas étrangère. Me revient un propos de François Mitterrand prononcé sur le ton de la confidence, en 1979, à la veille du Congrès de Metz : « Nous sommes d’accord sur tout, Jean-Pierre, à une différence près : je ne crois pas qu’à notre époque, malheureusement, la France puisse faire autre chose que de passer à travers les gouttes ». Hubert Védrine, dans un remarquable ouvrage [1], a fort bien décrit le changement de paradigme opéré, de 1983 à 1985, par François Mitterrand et par le Parti socialiste à sa suite : substituer à un dessein national de transformation sociale l’ambition de « construire l’Europe », fût-ce sur la base du néolibéralisme qui triomphait alors dans le monde anglo-saxon. Là est la racine du mal : l’abandon de notre Etat stratège et la profonde désindustrialisation du pays.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au Figaro Magazine, le 8 août 2014. Propos recueillis par Patrice de Méritens.


"La France est-elle toujours une nation ?"
Le Figaro Magazine : La question même de la nation doit-elle être posée pour la France ?
Jean-Pierre Chevènement : On n’efface pas comme cela une nation, même si la nôtre connaît une réelle éclipse depuis la fin de la Première Guerre mondiale. La France est alors entrée dans une crise de longue durée. La paix de Versailles a d’emblée été fragilisée par le refus des Etats-Unis d’abord d’honorer la garantie donnée par Wilson à Clemenceau, ensuite de ratifier le traité de Versailles et enfin d'entrer à la Société des nations (SDN). Saignée à blanc par la Grande Guerre, la France, déjà démographiquement affaiblie, a sombré dans un pacifisme à courte vue, à droite comme à gauche. Les Français se sont détournés de la République pour aller chercher des exemples à Moscou, à Rome ou à Berlin. L’effondrement de 1940 a sanctionné la division de la France contre elle-même autant que son isolement diplomatique. Le coup aurait pu être fatal, et c’est à De Gaulle, comme en son temps à Jeanne d’Arc, que nous devons la survie de la France.

La parenthèse gaullienne s’est refermée quand un jeune Président a expliqué à la France qu’elle ne représentait plus que 1 % de la population mondiale. Les accords de la Jamaïque (1976) ont instauré le dollar comme monnaie mondiale, tandis que le franc s’accrochait au mark, monnaie trop forte pour une économie française aux pôles de compétitivité encore mal assurés. L’abandon de l’Etat stratège a suivi dans les années 80. Avec la réunification allemande et l’élargissement à l’Est, la France a perdu sa position centrale en Europe. L’abandon de notre souveraineté monétaire en 1992 s’avère avoir été un choix désastreux. Une monnaie surévaluée plombe aujourd’hui notre économie. La Ve République a peu à peu tourné le dos à l’intention première de De Gaulle de soustraire le gouvernement à l’influence des partis. La situation s’est retournée au point qu’aujourd’hui la logique des partis domine l’Etat. Même si l’on glose sur l’arrivée du FN au premier tour de la présidentielle, la victoire au second tour reviendra encore en 2017 à l’un des deux partis dits de gouvernement. Mais dans ce système dont le FN est lui-même partie prenante, l’intérêt de la France se perd. Notre pays a désappris à penser mondial, en oubliant que la France est d’abord l’aînée de la grande famille des nations humaines et non pas seulement une nation occidentale parmi d’autres.

le 7 Août 2014 à 20:11 | Permalien | Commentaires (9)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, mercredi 6 aout 2014. Il répondait aux questions de Jean-Philippe Balasse.


Verbatim express :

  • La France a le droit de dire qui peut, ou ne peut pas, s'installer à demeure sur son sol. C'est un principe de base. A partir de là, il faut traiter la politique migratoire sans démagogie, avec fermeté mais avec humanité.
  • On ne peut pas sortir des problèmes d'immigration sans chercher à résoudre, bien en amont, les problèmes de développement, de sécurité, qui génèrent ces flux, à travers notamment la Méditerranée. En particulier, tant que la zone sahélienne ne sera pas stabilisée, à travers une politique générale, on ne pourra pas faire front à cette immigration désordonnée.
  • Prenons un exemple, la Libye, dont la situation actuelle est chaotique. La Libye de Khadafi avait beaucoup de défauts, mais elle exerçait un contrôle sur ses frontières. Nous avons détruit la Libye !
  • La France, l'Angleterre, sous l'impulsion, il faut le dire, de M. Sarkozy, peut-être de Bernard Henri-Lévy, ont décidé qu'il fallait faire le ménage. On a violé la résolution des Nations Unies, qui nous donnait le droit de protéger les populations civiles de Benghazi, et on est allé jusqu'au changement de régime. Résultat de l'ingérence : aujourd'hui c'est le désordre complet.
  • La politique d'ingérence est à la mode depuis très longtemps. Regardez la situation de l'Irak aujourd'hui. On vient se plaindre du sort des chrétiens d'Irak. Mais on a préféré la guerre à la paix. Aujourd'hui l'Irak n'est plus un Etat : beau résultat de la politique d'ingérence !

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Les déclarations de Monsieur Cameron et du Département d’Etat américain concernant les Mistrals français constituent une ingérence grossière et inacceptable dans les affaires de la France. Que valent les accords de Lancaster House dès lors qu’un partenaire s’autorise de telles pratiques ?

La résiliation du contrat concernant la vente de deux coques non armées à la Russie porterait un grave coup à la signature internationale de la France. C’est peut-être là le but recherché : mettre nos industries de défense en difficulté sur les marchés très concurrentiels à l’exportation.

La priorité est encore une fois d’y voir clair dans l’origine du crash et surtout d’amener l’Ukraine à la table des négociations pour faire place à ses citoyens de l’est russophone.

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



L’affaire du crash de l’avion malaisien en Ukraine doit être examinée sérieusement. Aucune décision ne peut être prise avant le décryptage des boites noires et la production d’éléments complémentaires.

Aujourd’hui l’hypothèse la plus probable est celle d’une erreur, bien qu’on ne puisse exclure celle d’une provocation.

L’urgence c’est le cessez-le-feu à partir duquel pourront s’engager les négociations réclamées le 10 mai 2014 par Angela Merkel et François Hollande visant à une solution politique telle qu’une régionalisation de l’Ukraine.
Mots-clés : russie ukraine

le 22 Juillet 2014 à 10:01 | Permalien | Commentaires (1)

Les actes du colloque du 31 mars 2014 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Guerres de religions dans le monde musulman ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica
  • Introduction par Pierre Conesa, Membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
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