Carnet de Jean-Pierre Chevènement

M. Sarkozy redécouvre « la plus-value » et met Marx au service des patrons


M. Sarkozy prétend relever « la valeur travail ».


Notons d’abord que le candidat de l’UMP distingue soigneusement « la valeur travail » de la valeur du travail que les économistes appellent « salaire ». Il ne propose évidemment ni de relever le SMIC ni le niveau général des salaires.

Bizarrement il propose de détaxer les heures supplémentaires pour que ceux qui travailleront plus puissent gagner plus. Cela coûte cher (4,6 milliards d’euros) mais ne donnera pas de travail à ceux qui n’en ont pas.

M. Sarkozy par ailleurs ne dit mot de la pression des pays à très bas salaires qui constitue la véritable cause de la dévalorisation du travail dans les pays socialement avancés. Rien sur les moyens d’enrayer les délocalisations, à la différence de Ségolène Royal qui évoque « une Europe qui protège et nous protège », l’inclusion de normes sociales et environnementales dans les règles de l’OMC et surtout une dynamisation de l’offre à l’échelle européenne par une politique de soutien à la croissance et à l’emploi et par des politiques communes notamment en matière industrielle.

M. Sarkozy croit tellement à « la valeur travail » qu’il propose de réserver aux détenteurs de gros patrimoines qui n’ont pas besoin de travailler l’essentiel de ses mesures fiscales :
-Suppression de fait de l’impôt sur les successions dans lequel Léon Blum voyait, dans A l’échelle humaine (1946), un des principaux leviers pour réduire les inégalités sociales, en abolissant le privilège des fortunes héréditaires.
-Bouclier fiscal à 50 % du revenu et exonérations de l’ISF (impôt sur la fortune) à hauteur de 50 000 euros, mesures qui signeraient la fin de ce dernier.

Tout cela est parfaitement cohérent : M. Sarkozy a lu Le Capital : il veut accroître la différence entre le travail effectué et le travail payé, ce que Marx (et Ricardo avant lui), appelait « la plus-value ». Il met Marx au service des patrons.


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Mardi 13 Février 2007 à 16:50 | Lu 9131 fois



1.Posté par PARENT YVES le 13/02/2007 22:18
Ce débat est essentiel et n'est pas suffisamment mis en avant:
- le leader de l'UMP est-il vraiment un défenseur du travail, comme je l'ai vu écrit sérieusement dans une revue par ailleurs incontestable? ou bien sa posture n'est-elle pas une imposture?

Il n'est en effet pas anodin, que le leader de l'UMP, pour revaloriser le travail, propose d'exonèrer non pas celui qui travaille, mais celui qui en hérite! Quel aveu!

Pourtant, la gauche n'a-t-elle pas sa responsabilité dans la dévalorisation morale et matérielle qui affecte le travail depuis vingt ans?
- Le travail est-il nécessairement une maladie honteuse ou une souffrance ?
- N'est-il pas un des instruments privilégié de la liberté: travail personnel, ouvrage collectif,...

Je laisse chacun à cette réflexion, pour lui-même, et pour la collectivité qui est la nôtre.

Salutations républicaines.

Yves PARENT

2.Posté par Claire Strime le 14/02/2007 10:40
Le PC chinois a lui aussi mis Marx et sa connaissance de la théorie de la plus-value au service des patrons ("nouvelles forces productives" si c'est bien traduit du chinois).
C'est peut-être M.Glucksmann qui a expliqué Marx à Sarkozy; reste à savoir l'utilisation qu'il fera des pensées du président Mao.

3.Posté par justin le 15/02/2007 14:16
Votre analyse est très juste mais etait-ce suffisant pour ce rallier à une candidate qui se contente "évoquer une protection européenne" ?
n'avez vous pas la crainte qu'une "évocation" n'engage encore moins la candidate qu'une promesse ?
Quand on sait ce que le PS fait de ses promesses...

4.Posté par Elie Arié le 16/02/2007 09:45
À propos de fiscalité, trouver ce texte sur le site de LCI:
Vu sur le site de LCI:

"Philippe Bruneau, auteur de l'essai "Le travail ne paie pas" (Editions
Denoël), juge inapplicable le projet de Ségolène Royal d'un impôt sur l'exil
fiscal.
Propos recueillis par Marianne COTIS - le 15/02/2007 - 18h13


LCI.fr : Ségolène Royal trouve "intéressante" l'idée d'un impôt sur l'exil
fiscal. Le Fisc français est-il investi de compétences extraterritoriales ?

Philippe Bruneau : La réponse est non. La France, en tant que membre de
l'Union européenne, a signé le Traité de Rome de 1957. Ce traité garantit le libre choix du lieu de séjour ou d'établissement. On contrarierait ce choix par une telle taxation si les revenus qui n'ont pas leur source en France devaient être soumis à l'impôt français. En outre, la France a signé des conventions fiscales de non double imposition. Et ces conventions attribuent à l'Etat de résidence le pouvoir de taxer les revenus, ne laissant à la France qu'un droit résiduel d'imposer les revenus de source française à un taux forfaitaire.

LCI.fr : Cela signifie-t-il qu'il est impossible de taxer l'exil fiscal ?

P.B. : La France fait usage de ce droit résiduel que je viens d'évoquer. Il
existe en effet déjà des retenues à la source sur les revenus de source
française. Celles-ci s'élèvent en général aux alentours de 15%. Ainsi,
Johnny Hallyday paye 15% de taxes sur ses prestations réalisées en France, même s'il réside en Suisse. La seule marge de manoeuvre de Ségolène Royal, c'est augmenter le taux de ce prélèvement et de le faire passer à 20%, 25%, voire plus.


LCI.fr : Ségolène Royal affirme dans Paris Match que "tous les citoyens
américains expatriés paient l'impôt aux Etats-Unis ".

P.B. : Premièrement, les Etats-Unis ne font pas partie, que je sache, de
l'Union européenne. Deuxièmement, les Etats-Unis ont un principe
constitutionnel qui fait passer la législation américaine avant les
conventions internationales. En France, c'est l'inverse : les conventions
internationales ont une valeur supranationale. Les Etats-Unis ne sont donc pas du tout dans le même cas de figure que la France.

LCI.fr : La candidate socialiste veut taxer uniquement les exilés fiscaux et
non l'ensemble des expatriés. Est-ce possible ?

P.B. : Cette distinction me semble impossible à mettre en ouvre dans les
faits. Comment faire la différence entre une personne qui s'expatrie, parce qu'elle est mutée professionnellement à l'étranger, et celle qui veut fuir la sévérité de notre système fiscal ?"

3 commentaires perso:

1- DSK est-il incompétent, ce qui est difficile à croire d'un avocat d'affaires et prof de Fac d'économie, ou a-t-il voulu volontairement planter Ségolène?

2- À noter quand même que cette taxation reste possible pour les Français résidant en Suisse, qui ne fait pas partie de l' UE.

3- Prendre exemple sur les USA (mais oui, parfois...) : " les Etats-Unis ont un principe constitutionnel qui fait passer la législation américaine avant les conventions internationales. En France, c'est l'inverse : les conventions internationales ont une valeur supranationale".

5.Posté par Claire Strime le 16/02/2007 15:46
Et Monaco?? Il est tellement facile à certaines personnes d'en avoir la nationalité (alors que ce n'est pas 1 état-nation). Le général De Gaulle en avit organisé le blocus au début des années 60 (mesure répétable de nos jours même sans 2ème porte-avions).

6.Posté par Elie Arié le 16/02/2007 16:22
À Claire Stream: non, il est extrêmement difficile d'obtenir la nationalité monégasque ( y être né ne suffit absolument pas), ni même la résidence officielle. (non, je n'ai pas essayé...).

7.Posté par MERCIER Jean-louis le 19/02/2007 10:57
et si nous parlions un peu, aussi, de ceux qui ont travaillé... des retraités, à qui on se plait de jouer de bons tours... et des remboursement, par exemple, de la "sécurité sociale" et qu'en plus on veut priver de tabac... et ceci et cela... non mais... , cela suffit. Sans blagues !


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