Le sommet européen sur la crise de la dette dans la zone euro n’a pas abouti à une solution ce week-end. Un nouveau sommet est convoqué pour mercredi. Voyez-vous une porte de sortie à la crise ?
Jean-Pierre Chevènement: Il y a une porte de sortie possible, c’est celle qui a été proposée par la France, à savoir l’adossement du Fond européen de stabilité financière (FESF) à la BCE. C’est le seul moyen de casser la spéculation. Malheureusement Mme Merkel et M. Trichet l’ont écartée. La politique d’austérité à perpétuité qu’on propose aux Etats en difficulté ne peut déboucher que sur la récession et l’aggravation de la situation, comme l’a d’ailleurs remarqué Joseph Stiglitz (prix Nobel d'économie 2001, ndlr).
Il me semble que les dirigeants européens travaillent en aveugles. Ils ne voient pas que la crise de l’euro procède de son vice constitutif : la monnaie unique a juxtaposé des économies trop différentes par leur structure et la culture des peuples concernés. Je ne voix pas d’autres solutions durables que la transformation de la BCE (Banque centrale européenne) pour en faire l’équivalent de la FED (Federal Reserve Act). A défaut, la seule perspective est l’effilochage de la zone euro.
Selon le journaliste Jean Quatremer, Nicolas Sarkozy et Angela Merckel ont critiqué Schröder, Jospin et Chirac pour avoir fait entrer la Grèce dans la zone euro. Croyez-vous possible une explosion de la zone avec une sortie de la Grèce ?
C’est une critique superficielle. Le problème était posé d’emblée, en 1989, quand le Conseil européen de Madrid a adopté les statuts de la monnaie unique, qui par définition supprime toute possibilité d’ajustement entre les pays. J’entends bien Nicolas Sarkozy incriminer ses prédécesseurs : « Ils avaient peut-être une vision, mais ils ont omis de régler des questions qui n’étaient pas des détails », a-t-il dit. L’erreur était de signer le Traité de Maastricht. Mais Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à l’avoir commise.
Jean-Pierre Chevènement: Il y a une porte de sortie possible, c’est celle qui a été proposée par la France, à savoir l’adossement du Fond européen de stabilité financière (FESF) à la BCE. C’est le seul moyen de casser la spéculation. Malheureusement Mme Merkel et M. Trichet l’ont écartée. La politique d’austérité à perpétuité qu’on propose aux Etats en difficulté ne peut déboucher que sur la récession et l’aggravation de la situation, comme l’a d’ailleurs remarqué Joseph Stiglitz (prix Nobel d'économie 2001, ndlr).
Il me semble que les dirigeants européens travaillent en aveugles. Ils ne voient pas que la crise de l’euro procède de son vice constitutif : la monnaie unique a juxtaposé des économies trop différentes par leur structure et la culture des peuples concernés. Je ne voix pas d’autres solutions durables que la transformation de la BCE (Banque centrale européenne) pour en faire l’équivalent de la FED (Federal Reserve Act). A défaut, la seule perspective est l’effilochage de la zone euro.
Selon le journaliste Jean Quatremer, Nicolas Sarkozy et Angela Merckel ont critiqué Schröder, Jospin et Chirac pour avoir fait entrer la Grèce dans la zone euro. Croyez-vous possible une explosion de la zone avec une sortie de la Grèce ?
C’est une critique superficielle. Le problème était posé d’emblée, en 1989, quand le Conseil européen de Madrid a adopté les statuts de la monnaie unique, qui par définition supprime toute possibilité d’ajustement entre les pays. J’entends bien Nicolas Sarkozy incriminer ses prédécesseurs : « Ils avaient peut-être une vision, mais ils ont omis de régler des questions qui n’étaient pas des détails », a-t-il dit. L’erreur était de signer le Traité de Maastricht. Mais Nicolas Sarkozy n’est pas le seul à l’avoir commise.
Le chef de l’Etat est-il à la hauteur ?
Je pense qu’il a fait une proposition intéressante, celle d’adosser le FESF, transformé en banque, aux ressources de la BCE. Les moyens du FESF ne sont pas suffisants. Il a 440 milliards d’euros alors que le total des dettes des pays en difficultés est de 3.400 milliards…
Les Allemands bloquent sur l’augmentation du FESF...
Les Allemands ont une culture de stabilité, ils ont l’obsession de l’inflation. L’Europe méditerranéenne n’a pas la même culture.
Et sur le risque d’explosion de la zone euro, est-elle possible ?
Malheureusement, oui. Très peu de gens réalisent que c’est un risque bien réel. Il faut imaginer les solutions, j’en ai proposées deux dans mon nouveau livre, Sortir la France de l’impasse : le recours à la Banque centrale, ou à défaut, la transformation de l’euro de monnaie unique en monnaie commune. Si la Grèce fait défaut et reprend sa liberté monétaire, on aura accompli un premier pas dans cette direction. On pourrait garder l’euro comme toit européen commun, c’est-à-dire un panier de monnaie pour les échanges internationaux. Puis cette monnaie commune pourrait accueillir la Grande-Bretagne ou les pays du sud de la Méditerranée. Puis, il faut penser l’après crise.
A court terme, pensez-vous que les dirigeants européens trouveront une solution à la crise de la dette de la zone euro ?
Je crains qu’ils ne trouvent que des rustines.
Propos recueillis par François Vignal.
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Source: Public Sénat
Je pense qu’il a fait une proposition intéressante, celle d’adosser le FESF, transformé en banque, aux ressources de la BCE. Les moyens du FESF ne sont pas suffisants. Il a 440 milliards d’euros alors que le total des dettes des pays en difficultés est de 3.400 milliards…
Les Allemands bloquent sur l’augmentation du FESF...
Les Allemands ont une culture de stabilité, ils ont l’obsession de l’inflation. L’Europe méditerranéenne n’a pas la même culture.
Et sur le risque d’explosion de la zone euro, est-elle possible ?
Malheureusement, oui. Très peu de gens réalisent que c’est un risque bien réel. Il faut imaginer les solutions, j’en ai proposées deux dans mon nouveau livre, Sortir la France de l’impasse : le recours à la Banque centrale, ou à défaut, la transformation de l’euro de monnaie unique en monnaie commune. Si la Grèce fait défaut et reprend sa liberté monétaire, on aura accompli un premier pas dans cette direction. On pourrait garder l’euro comme toit européen commun, c’est-à-dire un panier de monnaie pour les échanges internationaux. Puis cette monnaie commune pourrait accueillir la Grande-Bretagne ou les pays du sud de la Méditerranée. Puis, il faut penser l’après crise.
A court terme, pensez-vous que les dirigeants européens trouveront une solution à la crise de la dette de la zone euro ?
Je crains qu’ils ne trouvent que des rustines.
Propos recueillis par François Vignal.
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Source: Public Sénat